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Arbres des Premiers ministres français

La plantation d'un arbre par le Premier ministre français dans le jardin de l'hôtel de Matignon est une tradition de la vie politique française depuis .

Histoire

La tradition est inaugurée par Raymond Barre en 1978. Elle est suivie après l'alternance de , Pierre Mauroy plantant un chêne lors du deuxième anniversaire de son arrivée à Matignon[1].

La seule rupture dans la tradition est due à Jacques Chirac, qui n'en plante pas lorsqu'il devient Premier ministre de la première cohabitation[2]. Gilles Boyer interprète ce refus comme un manque de temps, ou alors, comme le signe de la volonté de Jacques Chirac de ne pas rester à Matignon mais d'aller à l’Élysée[3].

Lionel Jospin décide de planter un orme offert par l'Institut national de la recherche agronomique[4]. À l'occasion de la couverture de l'évènement par le Le Figaro et Le Parisien, Le Monde écrit en 1998 que pour « tout premier ministre [...], pour peu qu'il fasse la preuve de sa longévité, six mois de Matignon sont exigés par un code non écrit » pour planter un arbre[5].

Plusieurs des arbres ont dû être abattus, comme le chêne de Hongrie de Pierre Mauroy, qui a tenu trois ans. Chaque arbre tombé a été replanté sur ordre du Premier ministre[6] - [7].

Liste des arbres

Symbolique

Dans leur livre L'Heure de vérité, Édouard Philippe et Gilles Boyer font remarquer que, outre le portrait qui figure dans le grand livre du premier étage, l'arbre est « la seule trace visible qui restera de leur passage [à l'hôtel Matignon] »[18].

Roland Dumas et François Dessy remarquent la symbolique de l'arbre dans la mythologie politique française, remontant au chêne de Saint-Louis[19].

Dans un article de titré « Du chêne à l'orme », le journal Le Monde écrit que par le choix de l'orme par Michel Rocard, « il s'agit de montrer [...] que, face à la “maladie des ormes” qui décime ces arbres, on ne baisse pas les bras. C'est, en somme, à l'échelon végétal, l'affirmation du combat de la vie »[20]. Jean Amadou rapporte que le choix du copalme, arbre peu connu, avait également pour but d'étonner ses visiteurs et de marquer sa culture. Il aurait déclaré que « Mitterrand, qui prétend s'y connaître en arbre, ne sait rien sur le copalme. Ça vous situe le personnage ! »[21].

Le Monde, couvrant la plante du ginkgo biloba d'Édith Cresson, remarque que la Première ministre avait insisté, en le plantant, sur le fait que les seuls arbres qui avaient résisté aux bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki au Japon étaient des ginkgo biloba, afin de témoigner de sa propre résistance face aux heurts du poste de Premier ministre[22].

Le journal souligne aussi que le choix de Lionel Jospin pour un orme est dû à ce que l'arbre « était en voie de disparition en France avant que les chercheurs de l'INRA ne le sauvent »[5].

Le chêne est l'arbre qui a été le plus choisi, avec cinq arbres (Pierre Mauroy, Laurent Fabius, Dominique de Villepin, Manuel Valls et Élisabeth Borne), du fait de sa symbolique de longévité[23].

Jean-Marc Ayrault choisit le magnolia grandiflora, espèce venue d'Amérique et transportée pour la première fois par le port de Nantes, dont Ayrault a été maire.

En , Édouard Philippe choisit un pommier normand. L'espèce de l'arbre est un hommage à l'un des slogans de campagne de Jacques Chirac, et ses racines normandes, au fief politique de Philippe[23].

Le frêne de Jean Castex est présenté par le ministre comme « un bois qui tient bien au feu, qui est très résistant, solide, qui s'abîme peu », en écho à la difficile situation sanitaire relative à la pandémie de Covid-19[16].

Postérité

La plantation de chaque arbre est couverte par les médias depuis les années 1980[1] - [20].

Les arbres plantés par les Premiers ministres sont devenus des symboles de la passation de pouvoir entre Premiers ministres. Ils apparaissent dans diverses œuvres de fiction, comme Le Maître d'hôtel de Matignon de Gilles Boyer, ou encore Les Derniers Jours de la Cinquième République de Christian Salmon[24].

Références

  1. A. R., « Les Bucoliques de M. Mauroy », Le Monde, no 12184,‎ , p. 8 (lire en ligne, consulté le ) [lire en ligne].
  2. « Qu'est-ce que Matignon, lieu symbolique de la politique française? », Le Journal du dimanche (consulté le ).
  3. Gilles Boyer, Le maître d'hôtel de Matignon, J.-C. Lattès, , 200 p. (ISBN 978-2-7096-5653-5, lire en ligne).
  4. Barbara Victor, Le Matignon de Jospin, Flammarion, , 479 p. (ISBN 978-2-08-067475-3, lire en ligne).
  5. Pierre Georges, « L'orme pluriel », Le Monde, (consulté le ).
  6. Bruno Jeudy, « Auprès de son arbre, Fillon vit heureux à Matignon », Le Figaro, (consulté le ).
  7. Baptiste Giroudon, « Huit jours avec Manuel Valls », Paris Match,‎ 16 au 22 juin 2016, p. 60-67.
  8. AP, « François Fillon aura son cornouiller des pagodes à Matignon », Le Nouvel Observateur, (version du 14 décembre 2007 sur Internet Archive).
  9. « François Fillon a planté son arbre à Matignon », sur politique.net, (version du 17 décembre 2007 sur Internet Archive).
  10. « Coups de pelle à Matignon - Jean-Marc Ayrault plante un magnolia », Le Point.
  11. Alexandre Boudet, « Manuel Valls plante un arbre à Matignon: quand les premiers ministres jouent au jardinier », sur HuffPost, .
  12. Freddy Mulongo, « Bernard Cazeneuve a planté un "Magnolia kobus" à Matignon ! », blogs.mediapart.fr, 24 mars 2017.
  13. « Plantation de l'arbre de M. Bernard Cazeneuve », sur Gouvernement.fr (consulté le ).
  14. « Pour son arbre à Matignon, Edouard Philippe choisit un pommier normand », sur France 3 Normandie (consulté le ).
  15. « Six mois après sa nomination, Jean Castex a planté un arbre à Matignon », Le Figaro (consulté le ).
  16. « Perpétuant la tradition, Jean Castex a planté un arbre à Matignon », BFM TV (consulté le ).
  17. « "Anticipant le dérèglement climatique", Elisabeth Borne plante un chêne vert au feuillage "persistant" à Matignon », sur Franceinfo, (consulté le ).
  18. Édouard Philippe et Gilles Boyer, L'Heure de vérité, Flammarion, , 447 p. (ISBN 978-2-08-123772-8, lire en ligne).
  19. Roland Dumas, le virtuose diplomate : Conversations entre confrères avec maître François Dessy, La Tour-d'Aigues, Éd. de l'Aube, 269 p..
  20. « Du chêne à l'orme », Le Monde, (consulté le ).
  21. Jean Amadou, Et puis encore... que sais-je ?, Groupe Robert Laffont, , 233 p. (ISBN 978-2-221-11767-5, lire en ligne).
  22. « L'arbre aux mille écus », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  23. Paul Guyonnet et Matthieu Balu, « Édouard Philippe a planté son arbre à Matignon et il a innové », sur HuffPost, (consulté le ).
  24. Christian Salmon, Les Derniers Jours de la Ve RĂ©publique, Fayard, , 240 p. (ISBN 978-2-213-68542-7, lire en ligne).
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