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Arbre de Guernica

L'Arbre de Gernika (Gernikako Zuhaitza en basque) est un chêne de la ville basque de Gernika qui est l'emblème officiel de Biscaye. Il est surtout connu en tant que symbole des libertés traditionnelles des Biscayens, et par extension des Basques, depuis que les seigneurs de Biscaye, les rois de Castille et d'Espagne puis les lehendakariak (présidents) de la Communauté autonome du Pays basque, y ont prêté serment lors de leur prise de fonction.

Arbre de Gernika
L'arbre de Gernica en 1997
L'arbre de Gernica en 1997
GĂ©ographie
Pays Drapeau de l'Espagne Espagne
Communauté autonome Pays basque
Province Biscaye
Commune Gernika
CoordonnĂ©es gĂ©ographiques 43° 18′ 47″ N, 2° 40′ 47″ O
Caractéristiques
Espèce Chêne
Intérêt arbre ayant survécu au Bombardement de Guernica en
Ă‚ge 146 ans
Mort 2003

GĂ©olocalisation sur la carte : Espagne
(Voir situation sur carte : Espagne)
Arbre de Gernika
L'Arbre de Gernika figure sur le Blason de Biscaye

Il a été remplacé quatre fois et existe toujours sur le petit promontoire de la ville où se trouve la « Casa de Juntas » (maison des juntes).

Histoire

L’Arbre Père (XIVe siècle-1742)

La tradition situe au XIVe siècle la naissance de l’arbre le plus ancien sur lequel nous possédons une documentation, appelé l’Arbre Père[1]. Il est remplacé en 1742, par un arbre planté à l’endroit où était planté son prédécesseur. Le nouvel arbre est appelé le Vieil Arbre, le tronc de l’Arbre Père se trouve à la maison des Juntes de Gernika.

Le Vieil Arbre (1742-1860)

Rejeton de l’arbre originel de Gernika à Buenos Aires, planté face à la statue de Juan de Garay, face au siège du gouvernement argentin.

Il est planté en 1742, pour remplacer l’Arbre Père. En 1839 la régente Marie-Christine de Bourbon prêta serment sur les Fueros au nom de la reine Isabelle II d'Espagne. C’est la dernière fois que ce rituel a été accompli. Cet arbre est enlevé en 1860.

L’Arbre Fils et ses successeurs

Son remplaçant voit le lendakari Aguirre prêter serment et supporte le bombardement de Guernica en 1937. Quand les troupes franquistes prennent Gernika en 1937, au cours de la guerre civile espagnole, la rumeur court que des phalangistes se préparent à couper l’Arbre à la hache, le considérant comme un symbole nationaliste. Le capitaine du Tercio de Begoña, Jaime del Burgo Torres (père du député navarrais Jaime Ignace del Burgo) a formé une unité qui a entouré l'Arbre et a empêché qu'il soit endommagé.

Le , on déclare son jubilé, et il est remplacé par un de ses rejets le .

Il existe plusieurs arbres qui descendent de cet arbre, plantés dans le monde entier par diverses communautés de la diaspora basque.

Lieu de réunion des premières assemblées

Ce chêne, qui se trouvait à l'origine dans un ermitage chênaie de l'elizate de Luno, où il existait un endroit appelé Gernikazarra (littéralement vieux Gernika), a d'abord abrité les assemblées plénières destinées à décider des intérêts de la communauté, comme cela était de coutume dans la plupart des cités basques et de nombreuses autres de l'Europe médiévale.

Lieu de serment

Il est devenu un symbole de la liberté du peuple basque lorsque les seigneurs de Biscaye (devenus plus tard rois de Castille) ont commencé à prêter serment sous cet arbre de respecter les lois provinciales (fors, fueros), consacrant ainsi l'autonomie juridique et fiscale des provinces basques. En effet selon leurs fors, ces provinces levaient leurs propres impôts (reversant une part minime -l'abonnement- au roi), édictaient leurs propres lois, menant même une diplomatie indépendante. Tout édit royal devant être soumis à approbation des assemblées basques pour être appliqué sur leur territoire.

Sous cet arbre on a rédigé les lois biscaïennes jusqu'en 1876, sous les auspices de tous les peuples, qui envoyaient deux représentants (Junteros) aux sessions des Juntes Générales. Ce rassemblement qui se perpétue depuis des temps immémoriaux fut l'un des premiers témoignages de démocratie où jadis élus du peuple et anciens de toute la Biscaye se réunissaient. Le chêne qui accueillait les premières juntes de la seigneurie de Biscaye s'est affirmé au fil des siècles comme le symbole de l'existence d'un peuple et des institutions face aux avatars de l'histoire que les Basques ont connus dans leur passé en tant que collectivité. L'Arbre de Gernika a dépassé le cadre géographique de la Biscaye pour devenir le point de référence de tout le Pays basque. Il en fut ainsi pour les cérémonies qui les réunissaient.

De nos jours, les lehendakariak (présidents) de la Communauté autonome du Pays basque continuent à prêter serment sous cet arbre lors de leur prise de fonction[2]. Une plaque rappelle les paroles formulées en 1936 par José Antonio Aguirre, premier Lehendakari de Euskadi, qui est devenu la formule protocolaire pour prêter ce serment jusqu'en :

"Humilié devant Dieu
debout sur la terre basque
sous l'arbre de Gernika
devant vous
représentants du peuple
en souvenir des ancĂŞtres
je jure d'accomplir fidèlement ma mission"

Le "lehendakari" Patxi López a utilisé, lors de sa prise de fonction, le , une formule différente en supprimant la première ligne faisant mention à Dieu, en remplaçant le mot « peuple » par « citoyenneté basque » et la dernière ligne par "je promets en respectant la loi d'accomplir fidèlement ma charge de lehendakari"[3].

Valeur symbolique

Ce symbole de démocratie et de respect à la liberté a été glosé par le philosophe Jean-Jacques Rousseau, le poète William Wordsworth[4], le dramaturge Tirso de Molina[5] et le barde José Maria Iparraguirre[6] (dans son hymne Gernikako Arbola).

Références symboliques

Le logo du parti social-démocrate de gauche, l'Eusko Alkartasuna, ainsi que l'ancien logo de l'organisation des jeunes nationalistes, le Jarrai, présentent une feuille de chêne.

Notes et références

  1. Euskadi.net - Personas
  2. « Le chêne de Gernika a été décrété mort », sur la Dépêche, (consulté le )
  3. El PaĂ­s du 07/05/2009.
  4. William Wordsworth, né le 7 avril 1770 à Cockermouth (Cumberland), mort le 23 avril 1850 à Ambleside (Cumbria), est un poète anglais. Il lance, avec Samuel Taylor Coleridge, la période romantique de la littérature anglaise lors de la publication de Lyrical Ballads (1798). Sa pièce maîtresse est The Prelude, un poème autobiographique de sa jeunesse.
  5. Tirso de Molina (24 mars 1583 - 12 mars 1648), de son vrai nom Gabriel Téllez est, avec Lope de Vega et Pedro Calderón de la Barca, l'un des grands auteurs de théâtre du Siècle d'or espagnol. Il est célèbre pour avoir écrit la première pièce de théâtre sur le personnage mythique de Don Juan, avant Molière : El Burlador de Sevilla.
  6. José María Iparraguirre Balerdi (1820 - 1881), poète et musicien basque. Iparraguirre, considéré comme le barde basque a souligné par ses compositions en langue basque, l'euskara, le célèbre hymne Gernikako Arbola (littéralement l'arbre de Gernika).

Voir aussi

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