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Apsara

Dans le Sanātana Dharma (à€žà€šà€Ÿà€€à€š à€§à€°à„à€ź), c'est-Ă -dire l'hindouisme, une apsara (à€…à€Șà„à€žà€°à€žà„) est une nymphe cĂ©leste d'une grande beautĂ©, nĂ©e selon les lĂ©gendes ou de la fantaisie du dieu Brahma ou du Rishi Daksha ou de Kashyapa[1]. Les apsaras sont apparues dans la littĂ©rature vĂ©dique plus prĂ©cisĂ©ment le Rig-VĂ©da, mais aussi le Mahabharata.

Une apsara d'un temple de l'Uttar Pradesh (Inde).
Apsaras, bas-relief du Bayon, Angkor.

On dit des apsaras qu'elles sont capables de changer leur forme à volonté, et de régner sur les fortunes du jeu et des paris[2]. Urvashi, Menaka, Rambha, Tilottama et Anjanù sont les plus célÚbres d'entre elles[3]. Les apsaras sont parfois comparées aux muses de la GrÚce antique, chacune des vingt-six apsaras de la cour d'Indra représentant un aspect distinct des arts de la scÚne. Elles sont associées à des rites de fertilité.

Il existe deux types d'apsaras : la laukika (terrestre), dont trente-quatre sont spécifiées, et la daivika (céleste), dont on en connait dix[2]. En bouddhisme, ce sont surtout des esprits des nuages et des eaux.

Les divinités représentées en bas-relief sur les murs des temples khmers par le nom d'apsara sont plutÎt des devata, divinités secondaires sous forme de danseuses.

Origine

Étymologie

Les apsaras sont, en sanskrit, « celles qui glissent sur l’eau ». Elles naissent du « barattage de la mer de lait » qui est reprĂ©sentĂ© Ă  Angkor Vat, le plus grand temple d’Angkor au Cambodge.

Les devata (dieux en sanskrit) qui Ă©taient alors mortels, Ă©puisĂ©s par leur lutte pour la maĂźtrise du monde, ont dĂ©cidĂ© d'unir leurs forces Ă  celles des asuras (ĂȘtres divins et puissants principalement connus pour faire le mal) afin d'extraire la liqueur d’immortalitĂ©, appelĂ©e l’amrita. AprĂšs de nombreux efforts, le barattage produisit des objets et des ĂȘtres merveilleux dont les apsaras. Il faut savoir que les devas et les asuras Ă©taient opposĂ©s les uns aux autres.

Les apsaras sont ainsi associĂ©es aux riviĂšres et Ă  la mer. C’est la raison pour laquelle, on leur adjoint des oiseaux comme le cygne.

Les apsaras sont Ă©galement les filles de Sattva et les Ă©pouses des gandharvas. Ces derniers sont des hommes-chevaux qui peuvent ĂȘtre chanteurs ou musiciens. Les apsaras sont reprĂ©sentĂ©es en tant que danseuses et sont cĂ©lĂšbres pour leur beautĂ© ; elles pourraient ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme l'Ă©quivalent des nĂ©rĂ©ides de la mythologie grecque.

LĂ©gende

Selon la lĂ©gende[4], les apsaras Ă©mergent des eaux pour sĂ©duire les hommes ; ceux qui les repoussent deviennent fous, tandis que ceux qui les acceptent comme maĂźtresse ou Ă©pouse gagnent l’immortalitĂ©.

Apsaras dans l’empire khmer

Les apsaras s’inscrivent dans l’art khmer, en Asie du Sud-Est et principalement au Cambodge. L’art khmer puise ses origines dans l’art indien et Ă©voluera en art du Bayon. Il se dĂ©finit autour du nom Angkor, la capitale de l’empire.

Les fondements de cette architecture sont, non pas de bĂątir des Ă©difices utilitaires dans le but d’accueillir de nombreux fidĂšles, mais bien de matĂ©rialiser la maison des dieux Ă  leur image. Les Khmers construisent des temples d’une ampleur souvent colossale dont l'architecture se prĂ©sente cependant en simples sanctuaires carrĂ©s, ouverts du cĂŽtĂ© est.

Les apsaras introduisent une nouvelle souplesse dans l’architecture khmùre.

Différentes apsaras

Rambha

Rambha est la reine des apsaras. Elle était souvent appelée par le roi des dieux, Indra, pour briser la tapasyù (« souffrance spirituelle ») des sages afin que l'ordre des trois mondes reste intact. Rambha demeure inégalée dans l'art de la musique, de la danse et de l'amour.

Urvashi

Urvashi est la plus belle et la plus connue des apsaras. Les légendes concernant sa naissance sont nombreuses, celle qui suit est la plus répandue. Le roi des dieux, Indra, ne voulait pas que les sages Narayana et Nara acquiÚrent des pouvoirs divins grùce à la méditation ; ainsi, il envoya deux apsaras pour les distraire. Un des sages a frappé sur sa cuisse et créa alors une femme si belle que les apsaras d'Indra furent laissées sans égal. Cette créature se nomme Urvashi, du sanskrit, « Uru » signifiant en effet « cuisse ». La méditation du sage fut alors à son apogée et Urvashi occupa la place d'honneur dans la cour d'Indra.

Urvashi est aussi le nom d'une femme qui conquiert le cƓur. Selon le poĂšte Ramdhari, Urvashi peut Ă©galement signifier une dame qui invoque le dĂ©sir absolu chez les hommes.

Elle devint l'épouse d'un roi humain, Pururavas. Ils se sont unis avec pour seule condition qu'il ne découvre pas sa nudité.

Le Rig Veda, le plus ancien texte hindou, fait allusion Ă  cette histoire.

Tilottama

Selon l'Ă©tymologie sanskrite, Tilottama signifie l'ĂȘtre dont la plus petite particule est la plus belle ou l'ĂȘtre qui possĂšde les plus belles et les plus prestigieuses qualitĂ©s. Elle est rĂ©putĂ©e avoir Ă©tĂ© crĂ©Ă©e par Vishvakarma, le dieu prĂ©sidant les divinitĂ©s de tous les artisans et architectes.

Tilottama était chargée de la destruction mutuelle de deux Asuras, Sunda et Upasunda, deux frÚres qui voulaient dominer le monde. Elle réussit à sauver le monde de ce conflit grùce à sa beauté. Ils se sont battus pour elle, jusqu'à ce qu'ils s'entretuent. L'ordre est ainsi revenu.

Menaka

Dans la mythologie hindoue, Menaka est l'une des plus belles apsaras, aprÚs Urvashi[5]. Elle fut envoyée par Indra, dieu des Deva, dont le but était de briser la méditation de Vishvamitra, sage de l'antiquité en Inde. C'est lorsqu'il la vit nue, nageant dans un lac prÚs d'une cascade, qu'elle réussit à susciter la luxure et la passion chez Vishvamitra et par conséquent le détourner de sa méditation. Ils ont ensuite connu l'amour pour de longues années ; Menaka est alors tombée sincÚrement amoureuse de lui.

Cependant, Vishvamitra réalise qu'il a été dupé par Menaka, furieux, il la maudit et lui impose de se séparer de lui pour toujours bien qu'elle eût perdu toute intention détournée depuis longtemps.

AnjanĂą

AnjanĂą est une apsara de la mythologie hindoue et la mĂšre de HanumĂąn.

Symbolique

Les apsaras ont connu différents rÎles à travers le temps.

Elles symbolisent dans tous les cas l’excĂšs et sont reprĂ©sentĂ©es comme des tentatrices, quel que soit l’objet de leurs interventions.

Elles reprĂ©sentaient une famille mortelle jouissant d’une libertĂ© sexuelle assez grande. Elles ont par aprĂšs jouĂ© le rĂŽle de sĂ©ductrices envoyĂ©es par Indra dans le but de distraire les saints personnages de leur mĂ©ditation.

Les apsaras deviennent guerriÚres en assistant les combattants de leurs choix dans les conflits et en recueillant les guerriers morts héroïquement.

GrĂące Ă  leur beautĂ©, elles peuvent parfois aider les dieux Ă  Ă©loigner des ĂȘtres puissants.

Le culte et la représentation

Dans certaines régions, les apsaras sont vénérées dans le cadre du culte de la déesse-mÚre, en association avec les hiérodules, qui sont les prostituées du temple. En effet, les arts de la danse et de la musique étaient fortement présents dans les inscriptions khmÚres. Il est souvent fait mention de danseurs ou de danseuses, de musiciens ou de musiciennes dans la liste des offrandes faites à un sanctuaire.

Dans certains temples cambodgiens, toucher les seins d’une apsara peut porter bonheur.

Les reprĂ©sentations d’apsaras sont situĂ©es sur les bas-reliefs des temples. Dans certains cas, elles s’inscrivent dans un contexte iconographique prĂ©cis, comme la danse de Shiva et dans d’autres cas, elles symbolisent une offrande de spectacle Ă©ternel aux dieux. Il faut toutefois savoir que le mot apsara n’est pas toujours bien utilisĂ©. On a pris l’habitude d’associer cette dĂ©nomination Ă  tous les gracieux personnages fĂ©minins des grands temples angkoriens.

Au niveau de leurs tenues, les apsaras sont trĂšs richement vĂȘtues. Elles portent en effet de somptueux costumes et sont parĂ©es de bijoux aussi dĂ©licats que luxueux. Elles sont caractĂ©risĂ©es par leurs courbes sensuelles et se prĂ©sentent souvent les seins nus.

Danseuse cambodgienne incarnant une apsara.

Apsaras de nos jours

Apsara, la dĂ©esse dansante, et les sculptures des autres divinitĂ©s dansantes d’Angkor sont les modĂšles des danseuses apsaras d’aujourd’hui qui apprennent cette discipline. Ces danseuses centralisent leurs chorĂ©graphies sur les mouvements des mains et des pieds, tout en ayant le dos cambrĂ©.

Cependant, la danse traditionnelle khmĂšre a pour but de danser mais aussi de faire passer un message ou une histoire qui peut ĂȘtre trouvĂ©e Ă  plusieurs endroits sur les murs des temples d'Angkor.

Il y a quatre types de danses traditionnelles khmĂšres ; le thĂ©Ăątre de l’ombre, le Lakhon Khol, la danse folk et la danse classique qui inclut la danse des apsaras. C’est une danse unique khmĂšre dont les thĂšmes et les histoires s’inspirent du Reamker (en), la version cambodgienne du Ramayana et de l’Âge d’Angkor. La complexitĂ© de cette danse reflĂšte aussi la vie religieuse Ă  la cour des rois khmers, oĂč les danses apsaras ont leur place depuis 1 500 ans.

Bibliographie

  • Baumont H., HeldS., Java Bali, Vision d’üles des dieux, Paris, Éditions HermĂ©, 1997.
  • Girard-Geslan M., Klokke M.J., Le Bonheur A., L’art de l’Asie du Sud-est, Paris, Éditions Citadelles & Mazenod, 1994, Collection L’art et les grandes civilisations.
  • Giteau M., Les khmers: sculptures khmĂšres: reflets de la civilisation d’Angkor, Paris, BibliothĂšque des Arts, 1965.
  • Glaize M., Angkor, Paris, Éditions Jean Maisonneuve, 2003.
  • Groslier B.-P., Arthaud J., Angkor: hommes et pierres, Paris, Éditions Arthaud, 1968, Collection Art et archĂ©ologie.
  • Groslier B.-P., L’art khmer – L’art khmer aprĂšs Angkor [lire en ligne] (Page consultĂ©e le )
  • Jacques C., Freeman M., Angkor, citĂ© khmĂšre, Paris, Éditions River Books Guides, 2000.
  • Jacques C., Geoffroy-Schneiter B., Zephir T., L’ABCdaire d’Angkor et de l’art khmer, Paris, Éditions Flammarion, 1997, Collection L’ABCdaire.
  • Jacques C., Lafond P., L’Empire khmer, Paris, Éditions Fayard, 2004, Collection CitĂ©s et sanctuaires V et XIII siĂšcles.
  • Mazzeo D., Silvi Antonini C., Khmer, Paris, Éditions Nathan, 1976, Collection Merveilles du monde.
  • Prodomides M., Angkor, chronique d’une renaissance, Paris, Éditions Kailash, 1997, Collection Civilisations et sociĂ©tĂ©s.
  • Cambodge, le royaume des nuances [dvd], BROUWER P., Paris: Hachette Media 9.
  • Apsara, EncyclopĂ©die Microsoft Encarta 2010
  • Aspara Dance : Traditional Khmer Dance-Drama and Dance-Drama Performances [lire en ligne] (Page consultĂ©e le )

Notes et références

  1. Encyclopedia of Hinduism par C.A. Jones et J.D. Ryan publié par Checkmark Books, pages 41 et 42, (ISBN 0816073368).
  2. Chisholm, Hugh, ed. (1911). "Apsaras". EncyclopĂŠdia Britannica. 2 (11th ed.). Cambridge University Press. p. 231.
  3. K.S. Gautam (edt.), India through the ages, Publication Division, Ministry of Information and Broadcasting, Government of India, , p. 68
  4. « Apsara, Encyclopédie Microsoft Encarta 2010 ».
  5. Devdutt Pattanaik, The Goddess in India: The Five Faces of the Eternal Feminine, Inner Traditions / Bear & Co, , p. 67

Voir aussi

APSARA (AutoritĂ© pour la Protection du Site et l'AmĂ©nagement de la RĂ©gion d'Angkor) est Ă©galement le nom de l'Établissement Public National pour la Protection du Site et l'AmĂ©nagement de la RĂ©gion d'Angkor, crĂ©Ă© par dĂ©cret royal du roi Norodom Sihanouk en .

Articles connexes

Liens externes


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