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Anwar al-Bunni

Anwar al-Bunni ou Anouar al-Bounni (en arabe : ŰŁÙ†ÙˆŰ± Ű§Ù„ŰšÙ†ÙŠ , nĂ© en 1959 Ă  Hama ) est un avocat syrien des droits de l'homme qui a dĂ©fendu de nombreux dissidents et opposants politiques, parmi lesquels l'opposant politique Riad al-Turk, Riad Seif, propriĂ©taire de The Lamplighter, (journal indĂ©pendant fermĂ© par le gouvernement syrien), et des manifestants kurdes[1].

Anwar al-Bunni
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Biographie
Naissance
Nom dans la langue maternelle
ŰŁÙ†ÙˆŰ± Ű§Ù„ŰšÙ†ÙŠ
Nationalités
RĂ©publique syrienne (-)
syrienne (depuis )
Activités
Fratrie
Autres informations
A travaillé pour
Centre syrien d’études et de recherches juridiques (d)
Lieu de détention
Distinctions

Il fonde et dirige le Centre de recherches et d'Ă©tudes juridiques. AprĂšs avoir Ă©tĂ© dĂ©tenu comme prisonnier d'opinion, il obtient l'asile en Allemagne, oĂč il coopĂšre avec la justice pour des crimes commis en Syrie durant la guerre civile, il s'agit notamment de disparitions forcĂ©es, crimes de guerre et crimes contre l'humanitĂ© commis par l'État islamique et par le rĂ©gime de Bachar el-Assad.

Biographie

Anwar Al-Bunni est issu d'une famille chrĂ©tienne grecque-orthodoxe et socialiste[2]. Son frĂšre, Akram Al-Bunni, un auteur de gauche, a Ă©galement Ă©tĂ© prisonnier politique durant plus de 20 ans et est actuellement disparu dans les prisons du rĂ©gime[3]. Il explique dans une interview avec le journaliste amĂ©ricain Robin Wright s'ĂȘtre intĂ©ressĂ© Ă  la dĂ©fense des dissidents aprĂšs avoir Ă©tĂ© battu, Ă  coup de baĂŻonnette et s'ĂȘtre fait incendier la barbe par des soldats syriens lors d'un balayage militaire de Hama en 1981[2]. Le journaliste le dĂ©crit comme ayant passĂ© « la majeure partie de sa vie » Ă  dĂ©fendre les dissidents politiques syriens, souvent Ă  titre gracieux, et ajoute qu'il a vendu sa voiture et son bureau pour payer ses factures[4].

À la fin des annĂ©es 1990, Anwar al-Bunni participe Ă  la fondation, et dirige « l'Association syrienne des droits de l'homme », financĂ©e en partie par des fonds europĂ©ens. Il est alors le seul de ses quatre frĂšres et sƓur Ă  ne pas ĂȘtre en prison », dans une famille d'opposants politiques de gauche[2]. Anwar al-Bunni dirige le Centre de recherches et d'Ă©tudes juridiques, centre de formation de courte durĂ©e financĂ© par l'Union europĂ©enne qu'il avait fondĂ© avec son collĂšgue et ami Khalil Maatouk[5], jusqu'Ă  sa fermeture par le gouvernement aprĂšs son arrestation en 2006[6].

Anwar Al-Bunni dĂ©fend Aref Dalila, militant du printemps de Damas, lors de son procĂšs en 2002. AprĂšs avoir prĂ©sentĂ© un mouchoir tachĂ© de sang comme preuve que Dalila avait Ă©tĂ© battu en prison, il est envoyĂ© devant la cour par un juge et est interdit de pratiquer devant la Cour suprĂȘme de sĂ©curitĂ© de l'État[7].

DĂ©tention de 2006 Ă  2011

En mai 2006, Anwar al-Bunni est arrĂȘtĂ© par les forces de sĂ©curitĂ© aprĂšs avoir signĂ© la DĂ©claration de Damas appelant Ă  une rĂ©forme dĂ©mocratique. Son arrestation est un enlĂšvement[8] : il est rapidement apprĂ©hendĂ© par un groupe d'hommes armĂ©s, dans une rue passante de Damas, les yeux bandĂ©s. Au tribunal, un policier lui glisse le nom du chef du groupe responsable de son arrestation : Anwar Raslan[9]. Un an plus tard, il est condamnĂ© Ă  cinq ans de prison pour « diffusion de nouvelles fausses ou exagĂ©rĂ©es qui pourraient affaiblir le moral national, affiliation Ă  une association politique non autorisĂ©e Ă  caractĂšre international, discrĂ©dit d'institutions de l'État et contact avec un pays Ă©tranger », selon son avocat[10]. Il est Ă©galement condamnĂ© Ă  une amende Ă©quivalant Ă  2 000 $ US pour avoir exploitĂ© le Centre de recherche et d'Ă©tudes juridiques sans l'autorisation du gouvernement. Les analystes dĂ©crivent sa peine comme plus sĂ©vĂšre que celles prĂ©cĂ©demment prononcĂ©es pour des infractions similaires, ce qui en fait un « avertissement sĂ©vĂšre Ă  l'opposition syrienne »[6]. Son expĂ©rience personnelle des salles de torture lui permettra, quelques annĂ©es plus tard, de tĂ©moigner au procĂšs de Coblence[11].

Amnesty International le désigne prisonnier d'opinion[12].

Le président américain George W. Bush, dans un discours, cite le cas d'Anwar al-Bunni comme prisonnier politique injustement emprisonné par la Syrie[13].

Anwar al-Bunni est libéré en mai 2011, aprÚs avoir effectué sa peine de 5 ans, pendant les débuts du soulÚvement révolutionnaire. Il se prononce aussitÎt en faveur de la lutte pour la démocratie, et réaffirme son attachement au pacifisme : « ma premiÚre préoccupation aujourd'hui est que l'on trouve un rÚglement pacifique aux troubles en Syrie, avec le moins de victimes possible »[14].

AprĂšs sa libĂ©ration, Anwar al-Bunni continue Ă  dĂ©fendre les dĂ©tenus. En 2014, Anwar al-Bunni apprend que deux services de renseignement sont Ă  sa recherche. Son frĂšre est arrĂȘtĂ©. Anwar al-Bunni se cache en Syrie puis finit par dĂ©cider de quitter le pays[8].

Travail en Allemagne

Il s'enfuit de Syrie fin 2014, et travaille actuellement en Allemagne sur les dossiers des criminels de guerre en Syrie et pour une justice de transition[15]. Anwar al-Bunni dĂ©fend Ă©galement des familles de victimes de l’État islamique, qui serait responsable de prĂšs de 8 000 disparitions. En 2019, aprĂšs la reprise du territoire Ă  l'organisation terroriste, il affirme que l'on peut dĂ©sormais « demander des comptes aux pays de la coalition internationale et aux Forces dĂ©mocratiques syriennes qui contrĂŽlent le terrain » et demande que des mĂ©decins lĂ©gistes et experts puissent venir, ce qui est nĂ©cessaire pour identifier les corps enterrĂ©s dans des charniers[16].

À Berlin, il croise l'officier des services de renseignement qui l’avait kidnappĂ© en pleine rue ; il a dĂ©sertĂ© et vit Ă©galement comme rĂ©fugiĂ© en Allemagne[9]. Pour Anwar al-Bunni, cet homme est un des rouages d'un appareil de torture[8]. De nombreux Syriens ont signalĂ© la prĂ©sence de tortionnaires aux autoritĂ©s allemandes, mais, selon Anwar al-Bunni, les autoritĂ©s allemandes et en particulier « l’unitĂ© de luttes contre les crimes internationaux dispose de moyens extrĂȘmement limitĂ©s. Quelques personnes avec un petit budget ».

Ce sont les autoritĂ©s allemandes qui le contactent pour lui demander de tĂ©moigner[8]. Il s'occupe donc de recouper des preuves et tĂ©moignages et les remet aux autoritĂ©s allemandes, car il estime que, mĂȘme en travaillant des annĂ©es, un enquĂȘteur allemand seul ne pourra pas reconstituer l'ensemble des informations et tĂ©moignages, notamment de personnes dont il Ă©tait dĂ©jĂ  l'avocat en Syrie et qui ont confiance en lui : « seuls des Syriens peuvent recouper et vĂ©rifier des informations : quelle prison, quel service de sĂ©curitĂ© responsable, quel donneur d’ordres, etc. ». Avec l’aide du ECCHR (Centre europĂ©en des droits constitutionnels et des droits humains), Anwar al-Bunni s’appuie sur le principe de compĂ©tence universelle instaurĂ© par le Code pĂ©nal allemand, principe qui stipule qu’un crime commis Ă  l’étranger par des ressortissants Ă©trangers peut faire l’objet de poursuites[17].

DĂ©but 2019, l'officier qui l'avait arrĂȘtĂ© en Syrie, Anwar Raslan, fait partie des 3 personnes interpelĂ©es en France et en Allemagne, soupçonnĂ©es d'ĂȘtre d'anciens tortionnaires et qui devront ĂȘtre jugĂ©es[17] - [18]. Le procĂšs d'Anwar Rasan et Eyad al-Gharib, pour lequel Anwar al-Bunni fait partie des tĂ©moins, s'ouvre le jeudi 23 avril 2020 Ă  Coblence, en Allemagne[18]. En janvier 2022, Anwar Raslan est reconnu coupable de meurtre et de crime contre l'humanitĂ© et condamnĂ© Ă  la prison Ă  perpĂ©tuitĂ©.

RĂ©compenses

En 2008, il reçoit le Front Line Award for Human Rights Defenders at Risk (prix Front Line pour les défenseurs des droits humains en danger)[19].

L'année suivante, il reçoit le prix des droits de l'homme de l'Association allemande des Juges[20].

En 2018, il reçoit le prix franco-allemand des droits de l’Homme et de l’État de droit[21].

Références

  1. Wright, Robin, Dreams and Shadows: the Future of the Middle East, Penguin Press, 2008, p. 257, 8, 9.
  2. « Pourquoi portes-tu la barbe si tu es chrétien ? », sur Creativememory (consulté le )
  3. (en) Khaled Yacoub Oweis, « Activists say Syrian security forces abduct prominent dissident », Reuters,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  4. Wright, Robin, Dreams and Shadows : the Future of the Middle East, Penguin Press, 2008, p. 257.
  5. syrie, « Un dĂ©fenseur syrien des Droits de l’Homme enlevĂ© par les moukhabarat », sur Un oeil sur la Syrie, (consultĂ© le )
  6. Hassan M. Fattah, « Syria jails lawyer over reports of torture », The New York Times, (consulté le )
  7. « Syria: Amnesty International Welcomes Release of Prisoner of Conscience », Amnesty International, (consulté le )
  8. « Colonel Raslan », le podcast sur les traces de « La traque », sur Les Jours, (consulté le )
  9. « À la recherche d’Anwar Raslan, tortionnaire syrien », sur Les Jours, (consultĂ© le )
  10. « Syria jails human rights activist », BBC News, (consulté le )
  11. (en) « ‘My goal is justice for all Syrians’: one man’s journey from jail to witness for the prosecution », sur the Guardian, (consultĂ© le )
  12. « Syria: Release and drop charges against human rights lawyer Anwar al-Bunni », Amnesty International, (consulté le )
  13. « Road to Damascus », The New York Sun, (consulté le )
  14. « Libéré aprÚs 5 ans de prison, Anwar al-Bunni veut poursuivre la lutte », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  15. « En Allemagne, la traque des tueurs en Syrie », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  16. « Les familles victimes de Daech s’unissent », sur LibĂ©ration.fr, (consultĂ© le )
  17. « Anwar al-Bunni, chasseur de tortionnaires d'Assad réfugiés en Allemagne », sur RFI, (consulté le )
  18. Hala Kodmani, « ProcÚs historique en Allemagne de deux tortionnaires du régime syrien », sur Libération.fr, (consulté le )
  19. « Dublin: 2008 Front Line Award goes to imprisoned Syrian human rights lawyer Anwar al-Bunni », Front Line Defenders, (consulté le )
  20. « Anwar al-Bunni » [archive du ], Amnesty International (consulté le )
  21. AuswĂ€rtiges Amt, « Prix franco-allemand des droits de l’Homme : les laurĂ©ats 2018 », sur allemagneenfrance.diplo.de (consultĂ© le )

Liens externes

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