Anti-Ă©cologisme
L'anti-écologisme (ou anti-environnementalisme) est un tendance libérale qui, sans avoir une volonté de nuire à l'environnement[1], favorise une réglementation environnementale souple au profit d'avantages économiques.
Cette tendance s'oppose donc aux politiques de préservation de l'environnement prônant une réglementation environnementale stricte. Elle repose notamment sur une volonté de convaincre le public que ces politiques ont un impact négatif sur la société[2] ou du moins de diminuer leur préoccupation sur les questions environnementales, et de persuader les politiciens de ne pas augmenter les réglementations environnementales[3].
La préoccupation essentielle des tenant de cette mouvance est la crainte d'une diminution de la croissance économique. Ils accordent globalement plus d'importance aux avantages économiques des entreprises qu'aux conséquences de l'absence de réglementation sur l'environnement et les habitants[2].
Le tenant de cette doctrine considèrent que les humains n'ont pas besoin d'interférer avec les processus naturels de la Terre (notamment parce qu'ils soutiennent que les écosystèmes ne sont pas aussi fragiles que prétendu par les écologistes, et qu'ils peuvent se restaurer naturellement) et que, par conséquent, aucune réglementation environnementale n'est nécessaire[4].
Anti-écologisme au XXIe siècle
En France
Élisabeth Schneiter, dans une tribune de Reporterre, souligne l'importance des pensées de Luc Ferry sur l'anti-écologisme en France, en induisant suspicions sur les réflexions sur la nature s'opposant à sa vision[5]. Celui-ci dénonce une « écologie de la peur » et défend la croissance face aux marchés chinois ou indiens[5]. Élisabeth Schneiter condamne également l'initiative de « l’anti écologiste notoire » Claude Allègre, de créer en 2010 la "fondation pour l'écologie productive" avec Alstom (alors impliquée dans les centrales thermiques, Limagrain (agroalimentaire spécialisée dans les OGM), PSA Peugeot et Schlumberger (entreprise pétrolière)[5].
Emmanuel Macron défend en 2022 l'importance de l'environnement et de l'écologie[6], malgré les mesures peu favorables mises en place sous ses mandats et de nombreuses critiques de ses opposants écologiques dans ce domaine.
En 2020, divers acteurs du monde associatif et chercheurs regroupés au sein d'un observatoire des libertés associatives publient un rapport listant les entraves (disqualification, les entraves matérielles, judiciaires ou administratives, policières ou physiques) à leurs activités[7], en particulier dans le domaine environnemental[8]. Les parlementaires LREM précisent ne pas partager la situation « d’une oppression ou d’un manque de liberté associative », contrairement aux parlementaires de gauche[8]. Le philosophe Philippe Descola dénonce de son côté une « répression de l’appareil de l’État » contre les mouvements écologistes militants et altermondialistes[9]. Les gouvernements du premier quinquennat d'Emmanuel Macron sont fortement critiqués par les associations de conservation de la nature pour le manque d'actions en faveur de l'environnement, en fort décalage avec leurs annonces et discours. Lors de sa démission en 2018, le ministre de l'environnement Nicolas Hulot, dénonce la présence importante des lobby[10].
Au début des années 2020, la journaliste Morgan Large[11], tout comme la secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts, Marine Tondelier[12], subissent des intimidations de la part d'acteurs du secteur agricole soutenant une agriculture intensive[13]. La Haute autorité pour la transparence de la vie publique souligne la forte présence des lobby du secteur agricole, avec une prédominance de la FNSEA[14] (prônant une augmentation de la production, un refus de l'interdiction de certains pesticides, etc[15]), qui serait presque dans une situation de « cogestion avec le ministère de l'agriculture »[16]. Selon le journal le Monde, l'agro-industrie, en Bretagne en particulier, fait peser des « pressions, intimidations, entraves, harcèlement, sabotages, etc. » sur les agriculteurs qui souhaitent travailler hors de ce cadre[17].
Le président de la Fédération nationale des chasseurs considère que les élus souhaitant interdire la chasse le dimanche veulent régenter les vies des chasseurs et enlever leurs « libertés individuelles »[18]. Les associations de protection de la nature notent au début du XXIe siècle siècle une augmentation de la violence envers leurs militants et les riverains anti-chasse de la part de chasseurs, avec un sentiment « que le sujet n’est pas très pris au sérieux par la justice »[19]. L'ancien ministre de l'environnement Nicolas Hulot dénonce la forte présence du lobbyiste pro-chasse Thierry Coste auprès d'Emmanuel Macron[10], qui était également proche de Nicolas Sarkozy et de François Hollande[10].
À la suite d'une décision du Conseil d'État de fermer des zones de pêche pour limiter la prise accessoire de dauphins, des militants de l'association Sea Shepherd sont agressés par des pêcheurs[20]. En lien avec ce sujet, ainsi que le projet de plan d'action de la Commission européenne de limiter le chalutage dans les aires marines protégées, les locaux du site brestois de l'Office français de la biodiversité (dédié aux sujets marins) sont criblés de projectiles et incendiés[21] - [22]. Le secrétaire d’État à la mer, Hervé Berville, est accusé par ses opposants d'avoir fait peur inutilement aux professionnels du secteurs qui ont mené ces actions, en prétendant les défendre et en se présentant « en vainqueur » contre un texte qui n'avait de toute façon rien de contraignant[23].
Voir aussi
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Anti-environmentalism » (voir la liste des auteurs).
- Yves-Marie Péréon, L’« anti-environnementalisme », nouveau thème des conservateurs américains, Ifri, , 37 p. (lire en ligne)
- (en) Sharon Beder, « Anti-Environmentalism/ Green Backlash », dans John Barry et E. Gene Frankland (eds.), International Encyclopedia of Environmental Politics, Londres, Routledge, (lire en ligne)
- (en) « anti-environmentalism », ismdictionary.com (consulté le )
- (en) Julian Baggini, The Big Questions: Ethics, Londres, Quercus Editions Ltd., , p. 122–130
- Élisabeth Schneiter, Luc Ferry ressasse l’anti-écologisme, reporterre.net, 19 novembre 2011
- « Macron à Marseille : «ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas!» », sur parismatch.com (consulté le )
- « Observatoire des libertés associatives - L.A. Coalition », sur www.lacoalition.fr (consulté le )
- Reporterre, « Poursuites judiciaires, intimidations… le gouvernement harcèle les associations écolos », sur Reporterre, le média de l'écologie (consulté le )
- Reporterre, « Philippe Descola : « Darmanin fait de la vieille politique au service du vieux monde » », sur Reporterre, le média de l'écologie (consulté le )
- « La démission de Nicolas Hulot : « Je ne veux plus me mentir » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Ludovic Séré, « La voiture de la journaliste Morgan Large à nouveau sabotée : «Un mode d’action de plus en plus décomplexé» », sur Libération (consulté le )
- Andy Smith, « Derrière les menaces à Marine Tondelier, l’inquiétante radicalisation des agriculteurs irrigants », sur Libération (consulté le )
- Reporterre, « Passages à tabac, intimidations... Les écologistes pris pour cible », sur Reporterre, le média de l'écologie (consulté le )
- Ivan Logvenoff, « DÉCRYPTAGE. Quelle est l’importance des lobbies agricoles en France ? », sur ouest-france.fr, (consulté le )
- « « Le lobby agricole s’arc-boute sur le vieux monde » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « Lobbying et agriculture : qui sont les acteurs les plus influents | Agra Presse », sur www.agra.fr (consulté le )
- « Dans les champs bretons, l’industrie agroalimentaire et la culture de la peur », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « Le président de la Fédération nationale des chasseurs trouve "extrêmement choquant" de vouloir interdire la chasse le dimanche », sur Franceinfo, (consulté le )
- Reporterre, « Intimidations, agressions… Quand les chasseurs font leur loi », sur Reporterre, le média de l'écologie (consulté le )
- « Des militants de Sea Shepherd agressés par un groupe de pêcheurs en Vendée », sur France 3 Pays de la Loire (consulté le )
- « Brest - Incendie de l’OFB à Brest : « Une erreur de casting » pour les conseillers départementaux écologistes brestois », sur Le Telegramme, (consulté le )
- Frédérique Guiziou, « Ce que l’on sait après l’incendie qui a ravagé l’immeuble de l’OFB à Brest », sur ouest-france.fr, (consulté le )
- « Chalutage dans les aires marines protégées : l’attitude du gouvernement français crée une polémique », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )