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Amphitryon

Dans la mythologie grecque, Amphitryon est le fils du roi de Tirynthe AlcĂ©e, l’époux d’AlcmĂšne et le pĂšre d’IphiclĂšs.

Amphitryon
Hercule Ă©touffant les serpents (Raoul LefĂšvre, Histoire de Troyes), enluminure de Robinet Testard.
Hercule Ă©touffant les serpents (Raoul LefĂšvre, Histoire de Troyes), enluminure de Robinet Testard.

Famille Alcée (pÚre)
AlcmĂšne (femme)
IphiclĂšs (fils)
HĂ©raclĂšs (fils adoptif)

Étymologie et anthroponymie

En grec ancien, le prĂ©fixe áŒ€ÎŒÏ†ÎŻÏ‚ / amphĂ­s signifie « des deux cĂŽtĂ©s Ă  la fois » et le verbe τρύω / trĂșĂŽ signifie « Ă©puiser, extĂ©nuer »[1]. Le sens exprime « le doublement extĂ©nuant ».

Une Ă©volution anthroponymique a lieu lorsque « ce mot [
] est devenu François d'une maniĂšre proverbiale, pour exprimer celui qui donne Ă  manger ou qui paye pour plusieurs une certaine dĂ©pense. C'est MoliĂšre qui, sans y penser, a Ă©tĂ© l'Auteur de ce mot [
][2] ».

Mythe

Amphitryon veut Ă©pouser AlcmĂšne, fille d’Électryon roi de MycĂšnes. Pour consommer le mariage, elle demande Ă  son Ă©poux de venger la mort de ses frĂšres tuĂ©s par des habitants de l’üle de Taphos venus leur voler des troupeaux. Électryon envoie Amphitryon Ă  Élis pour rĂ©cupĂ©rer les troupeaux que les Taphiens cachent. De retour avec le bĂ©tail, Amphitryon jette un bĂąton sur l’une des bĂȘtes et tue accidentellement son beau-pĂšre. SthĂ©nĂ©los, le frĂšre d’Électryon, bannit Amphitryon pour meurtre et s’empare du trĂŽne de MycĂšnes.

Amphitryon doit s’enfuir avec AlcmĂšne Ă  ThĂšbes, oĂč CrĂ©on le purifie. La mort des frĂšres d’AlcmĂšne n’est toujours pas vengĂ©e. Cette tĂąche revient Ă  Amphitryon. AlcmĂšne se refuse Ă  lui tant qu’il ne l’aura pas accomplie. Il demande l’aide de CrĂ©on, que celui-ci accorde, Ă  condition qu’Amphitryon dĂ©barrasse ThĂšbes de la renarde de Teumesse, envoyĂ©e par HĂ©ra ou Dionysos, qui ravage la campagne environnante. Elle dĂ©vore un jeune homme tous les mois. CĂ©phale, roi d’AthĂšnes, possĂšde un chien de chasse, LĂ©laps, capable d’attraper tout ce qu’on lui dĂ©signe comme proie. Amphitryon l’emprunte en lui offrant une part du butin qu’il prendra aux Taphiens. La course entre un chien infaillible et une renarde insaisissable crĂ©e un paradoxe que Zeus rĂ©sout en transformant les deux animaux en pierre. CrĂ©on accorde son aide contre les Taphiens. Les autres alliĂ©s sont CĂ©phale, l’oncle d’Amphitryon, HĂ©lĂ©os, PanopĂ©e et quelques Locriens. L’armĂ©e fait voile sur les Ăźles de Taphos, oĂč le roi PtĂ©rĂ©las (en) rĂšgne sur les TĂ©lĂ©boens. Ce roi a dans sa chevelure un cheveu d’or qu’il faut couper pour qu’il meure. Tant qu’il est vivant, sa citĂ© est imprenable. Sa fille ComĂ©tho (en) tombe amoureuse d’Amphitryon et coupe le cheveu auquel tient la vie de son pĂšre. Amphitryon, loin d’accepter l’amour de la jeune fille, la met Ă  mort pour sa traĂźtrise et donne les Ăźles Ă  ses alliĂ©s : CĂ©phallĂ©nie Ă  CĂ©phale, et les autres Ă  HĂ©lĂ©ios. Lorsqu’il revient Ă  ThĂšbes, Amphitryon est trĂšs Ă©tonnĂ© de constater qu’AlcmĂšne n’est pas surprise de le voir. Elle affirme qu’il est revenu la nuit prĂ©cĂ©dente. De plus, selon elle, il a enfin consommĂ© leur mariage. Amphitryon consulte TirĂ©sias, qui vit Ă  ThĂšbes. Le vieux prophĂšte lui rĂ©vĂšle que Zeus a passĂ© la nuit avec AlcmĂšne, ayant pris la forme du hĂ©ros. En outre, il a allongĂ© la nuit de deux fois sa durĂ©e, afin d’engendrer un grand hĂ©ros. Amphitryon accepte l’explication. Plus tard, AlcmĂšne met au monde un enfant. Et cet enfant est HĂ©raclĂšs.

Dans sa piĂšce de thĂ©Ăątre la Folie d'HĂ©raclĂšs, Euripide raconte que Lycos usurpe le trĂŽne de CrĂ©on, et menace de tuer toute la famille d’HĂ©raclĂšs tandis que le hĂ©ros est retenu dans l'HadĂšs oĂč il doit amadouer le redoutable CerbĂšre. Or, HĂ©raclĂšs revient et sauve les siens. Puis HĂ©raclĂšs devient fou, et il tue ses enfants et sa femme MĂ©gara. Il souhaite aussi tuer Amphitryon, mais AthĂ©na l’en empĂȘche en l’assommant d’une pierre. Pour Sophocle, en revanche, c’est pour ces crimes qu’HĂ©raclĂšs doit accomplir ses travaux. Amphitryon pĂ©rit dans une bataille contre le roi Erginos d’OrchomĂšne et les Minyens.

Évocations littĂ©raires

L’auteur latin Plaute met en scùne le mariage d’Amphitryon et d’Alcmùne dans son Amphitryon.

Amphitryon incarne Ă©galement, dans une comĂ©die de MoliĂšre inspirĂ©e de Plaute, la figure pathĂ©tique du mari trompĂ© (Amphitryon, 1668). Cette Ɠuvre a Ă©galement inspirĂ© un sens courant au mot, puisque le terme d’« amphitryon » dĂ©signe, dans un niveau de langage soutenu, l’hĂŽte qui offre Ă  dĂźner (« le vĂ©ritable Amphitryon est l’Amphitryon oĂč l’on dĂźne », Ibid.).

De la lĂ©gende d’Amphitryon sont nĂ©es de nombreuses autres versions, dont celles des dramaturges espagnols des XVe et XVIe siĂšcles, et celle de Jean Giraudoux qui prĂ©tend en fournir la trente-huitiĂšme et derniĂšre avec son Amphitryon 38 (1929).

Jean-Luc Godard s'est inspiré du mythe pour son film Hélas pour moi, sorti en 1993.

Georges Brassens, l'utilise dans sa chanson Le Cocu, pour souligner tous les efforts commis pour son épouse et son foyer sans qu'on se préoccupe de lui, dans la phrase « cocu tant qu'on voudra, mais pas Amphitryon ».

Notes et références

  1. Voir Dictionnaire Ă©tymologique de la mythologie grecque online (DEMGOL, http://www.demgol.units.it/) mĂ j 2013 http://demgol.units.it/pdf/demgol_fr.pdf
  2. Informations lexicographiques et étymologiques de « amphitryon » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.

Voir aussi

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