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Aloys Ntiwiragabo

Aloys Ntiwiragabo, né en [1], est responsable des renseignements militaires rwandais de juin 1993 à juillet 1994 pendant le génocide des Tutsi au Rwanda[2] - [3].

Aloys Ntiwiragabo
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Biographie
Naissance
Nationalité
Formation
École d'État-major de CompiĂšgne (1983-1984); École supĂ©rieure militaire de Paris (1988-1990)
Activité
Conjoint
Catherine Ntiwiragabo [Tibot]
Autres informations
Grade militaire
Colonel
Conflit

Il est nommé dans les actes d'accusations du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) en tant que co-responsable du génocide de 1994 au Rwanda[4] - [5].

Une enquĂȘte prĂ©liminaire est ouverte le 24 juillet 2020, pour « crimes contre l’humanitĂ© » contre Aloys Ntiwiragabo[2] - [6] - [7]. Le Rwanda Ă©met un mandat d'arrĂȘt international Ă  son encontre le 21 dĂ©cembre 2021 pour crime contre l'humanitĂ©[8]. Il est recherchĂ© par Interpol pour crime contre l'humanitĂ© et gĂ©nocide[1].

Biographie

Il est né au Rwanda à Satinskyi/Gisenyi dans le district de Ngororero[1].

Selon sa propre biographie[9], il est issu de la 10e promotion des officiers des Forces Armées Rwandaises (1969-1971). En 1973, il intÚgre la Garde nationale puis la Gendarmerie nationale en 1976[9].

Responsabilités pendant le génocide des Tutsis

Aloys Ntiwiragabo commande les gendarmes de Kigali jusqu’en 1993, dont le capitaine Pascal Simbikangwa qui fĂ»t condamnĂ© en France Ă  25 ans de prison pour gĂ©nocide. En juin 1993, Aloys Ntiwiragabo est le chef des renseignements militaires rwandais (G2) et chef d’état-major adjoint de l’armĂ©e rwandaise[3]. Le G2 dĂ©finit une liste d'ennemis de l'intĂ©rieur et de l'extĂ©rieur, oĂč figurent notamment les Tutsi et dont la paternitĂ© est attribuĂ© Ă  Aloys Ntiwiragabo par le Tribunal pĂ©nal international pour le Rwanda. Le G2 diffusent Ă©galement de fausses informations Ă  la radio[3]. Aloys Ntiwiragabo est partie prenante des rĂ©unions quotidiennes de l’état-major des forces armĂ©es rwandaises pendant le gĂ©nocide. Il appartient au cercle du pouvoir prĂ©sidentiel de l'Akazu, qui rĂ©pandra l’idĂ©ologie d’extrĂ©mistes radicaux rwandais qui conduira au gĂ©nocide[3].

Le procureur du Tribunal pĂ©nal international pour le Rwanda cite Aloys Ntiwiragabo parmi 11 individus qui « dĂšs la fin de 1990 et jusqu’à juillet 1994 [
] se sont entendus entre eux et avec d’autres pour Ă©laborer un plan dans l’intention d’exterminer la population civile tutsi et d’éliminer les membres de l’opposition et de se maintenir au pouvoir. [
] Ils ont organisĂ©, ordonnĂ© et participĂ© aux massacres »[3].

Cavale internationale et poursuites

AprĂšs le gĂ©nocide, Aloys Ntiwiragabo passe par le Kenya, le sud du Soudan (1997) puis au ZaĂŻre oĂč comme de nombreux responsables militaires de l’ancien rĂ©gime Rwandais, il participe Ă  la crĂ©ation de la rĂ©bellion hutue rwandaise FDLR dont il devient gĂ©nĂ©ral-major lors de la seconde guerre du Congo en 1998, en collaboration du rĂ©gime de Laurent-DĂ©sirĂ© Kabila[4] - [3].

Le Tribunal pĂ©nal international pour le Rwanda (TPIR) ne parviendra jamais Ă  capturer Aloys Ntiwiragabo. Il est l’un des deux seuls participants de l’état-major des forces armĂ©es rwandaises de l'Ă©poque Ă  n’avoir jamais Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s ni jugĂ©s[3].

Il demande en 2001 des visas aux ambassades françaises de Khartoum (Soudan) et Niamey (Niger), mais il n'est pas inquiĂ©tĂ© pour autant en s'y rendant en personne[3]. Ces demandes seront refusĂ©es en 2011. Quelques annĂ©es prĂ©cĂ©dant ses demandes pour accĂ©der au territoire français, son Ă©pouse Catherine Nikuze s'installe dans la rĂ©gion d’OrlĂ©ans en France aprĂšs avoir obtenu l’asile le 22 septembre 1999[3]. Elle obtient la nationalitĂ© française en 2005, alors qu'elle prend part Ă  des activitĂ©s d'extrĂ©mistes en exil selon Mediapart[3].

En 2001, il est en RDC, le juge français Jean-Louis BruguiĂšre le rencontrant dans le cadre de l’enquĂȘte sur l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion du dictateur rwandais JuvĂ©nal Habyarimana, qui fut l’acte dĂ©clencheur du gĂ©nocide[3].

Aloys Ntiwiragabo a dĂ©clarĂ© Ă  l'Ofpra d'avoir vĂ©cu au Soudan jusqu’en 2011[10].

En 2012, le tribunal de Paris a cherchĂ© Ă  l'entendre comme tĂ©moin dans une enquĂȘte menĂ©e par le pole "crimes contre l'humanitĂ©" et a sollicitĂ© le Rwanda, qui a rĂ©pondu qu'il Ă©tait rĂ©fugiĂ© dans un pays africain, selon une source judiciaire interrogĂ© par TV5 Monde[5].

Aloys Ntiwiragabo a déclaré à l'Ofpra d'avoir vécu au Niger de 2011 à 2017, puis d'avoir regagné la France par un Visa délivré par le consulat belge de Ouagadougou (Burkina Faso). Le 25 juillet 2020, Mediapart révÚle sa présence à Orléans[3], qui pourrait dater de 2006[10].

A la suite des rĂ©vĂ©lations de Mediapart sur la prĂ©sence en France de Aloys Ntiwiragabo, le parquet national antiterroriste a ouvert une enquĂȘte prĂ©liminaire pour « crimes contre l’humanitĂ© » contre lui[3]. Le procureur gĂ©nĂ©ral rwandais, Aimable Havugiyaremye, dĂ©clare le 21 dĂ©cembre 2021 que le Rwanda a Ă©mis un mandat d'arrĂȘt international Ă  l'encontre de Aloys Ntiwiragabo[4]. Enfin, Interpol lance une fiche rouge Ă  son nom pour 2 chefs d’accusation de crime de gĂ©nocide (gĂ©nocide par meurtre des membres du groupe; conspiration en vue de commettre le gĂ©nocide) et 2 chefs d'accusation de crimes contre l’HumanitĂ© (crime contre l’HumanitĂ© de meurtre; crime contre l’HumanitĂ© d’extermination)[1].

RĂ©sidence en France

Selon Mediapart, Aloys Ntiwiragabo n'est pas la seule personne suspectĂ©e de gĂ©nocide par le Rwanda et vivant en France sans ĂȘtre inquiĂ©tĂ©e: plusieurs centaines d’extrĂ©mistes rwandais seraient organisĂ©s dans des rĂ©seaux associatifs Ă  travers le pays[11] - [2]. DĂ©jĂ  sous la prĂ©sidence française de François Mitterrand, la veuve de l’ancien prĂ©sident JuvĂ©nal Habyarimana, Agathe Kanziga, alors suspectĂ© de gĂ©nocide, est accueillie en France sans ĂȘtre expulsĂ©e alors qu'elle ne dispose pas de papier et a Ă©puisĂ© tous les recours Ă  sa disposition[10].

Alors que Aloys Ntiwiragabo est suspectĂ© de crimes, il a pu dĂ©poser en 2020 une demande d'asile en France, qui lui a Ă©tĂ© refusĂ©e le 17 aout 2020, l'administration française estimant qu’il existait des raisons sĂ©rieuses de penser qu'il se serait rendu coupable Ă  la fois de « crime contre l’humanitĂ© », mais Ă©galement de « crimes de guerre » pendant mais aussi aprĂšs le gĂ©nocide des Tutsis de 1994 (confimĂ© par la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) en septembre 2021)[10]. Cependant, avant 2020 et depuis la fin du Tribunal pĂ©nal international pour le Rwanda (TPIR), Aloys Ntiwiragabo n'Ă©tait pas recherchĂ© ni par Interpol, ni par la justice française ou rwandaise[7].

En avril 2021, le cabinet d'avocat Cunningham Levy Muse LLP, mandaté par le Rwanda, déplore le choix fait, selon eux, par la France « de protéger et non poursuivre les génocidaires », ainsi que de « dissimuler des documents cruciaux »[10] - [12].

En janvier 2023, un procÚs se déroule devant le tribunal correctionnel de Paris à la suite de la plainte déposée par Aloys Ntiwiragabo contre la journaliste Maria Malagardis pour « injures publiques » pour l'avoir comparé à un Nazi[13] - [14] - [15]. Le , Malagardis est relaxée par la Cour[16].

Notes et références

  1. « Notice rouge d'Interpol. NTIWIRAGABO, ALOYS. Recherché par Rwanda. », sur www.interpol.int (consulté le )
  2. Maria Malagardis, « Rwanda : «Il y aurait une centaine de génocidaires supposés en France» », sur Libération (consulté le )
  3. Theo Englebert, « La France ouvre une enquĂȘte pour «crimes contre l’humanité» Ă  l’éga... », sur Mediapart (consultĂ© le )
  4. « Génocide au Rwanda : Aloys Ntiwiragabo, un vieux monsieur si tranquille », sur TV5MONDE, (consulté le )
  5. « Rwanda : mandat d'arrĂȘt international contre Aloys Ntiwiragabo, prĂ©sumĂ© gĂ©nocidaire », sur TV5MONDE, (consultĂ© le )
  6. « GĂ©nocide rwandais : enquĂȘte ouverte contre Aloys Ntiwiragabo pour "crimes contre l'humanitĂ©" », sur France 24, (consultĂ© le )
  7. « Crimes contre l’humanitĂ© : un ex-haut responsable rwandais, cachĂ© en France, visĂ© par une enquĂȘte », sur leparisien.fr, (consultĂ© le )
  8. Theo Englebert, « Le Rwanda rĂ©clame l’arrestation et l’extradition d’Aloys Ntiwiragabo », sur Mediapart (consultĂ© le )
  9. Aloys Ntiwiragabo, Rwanda le mal de la région des grands lacs: de la guerre d'octobre 1990 au génocide des réfugiés 1996-2002, Editions Scribe, , 560 p. (ISBN 978-2-930765-28-0, lire en ligne), QuatriÚme de couverture
  10. Theo Englebert, « Génocide des Tutsis : Ntiwiragabo, le colonel sans papiers toléré e... », sur Mediapart (consulté le )
  11. Theo Englebert, « Rwanda: le «Hutu Power» a survécu en France », sur Mediapart (consulté le )
  12. Maria Malagardis, « Rwanda : «La France a rendu possible un génocide prévisible» », sur Libération (consulté le )
  13. « Suspecté de génocide et en cavale, il porte plainte contre une journaliste », Survie,
  14. « EnquĂȘte sur les responsables du gĂ©nocide rwandais : le SNJ soutient Maria Malagardis », Syndicat national des journalistes,
  15. Pierre Lepidi, « Au tribunal de Paris, une journaliste poursuivie par un responsable du régime génocidaire rwandais », Le Monde,
  16. (en) James Karuhanga, « Genocide fugitive in France loses case over ‘African Nazi’ label », The New Times,

Voir aussi

Articles connexes

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