Alliance (religion)
Dans les religions abrahamiques, l'Alliance est un pacte formel conclu par Dieu avec un peuple ou une communauté en particulier, ou bien avec l'humanité tout entière. Ce concept, situé au cœur des trois religions abrahamiques, vient de la Bible.
A priori, seuls le judaïsme et le christianisme croient au caractère sacré de la Bible, cependant l'islam se manifeste également volontiers comme descendant de cette tradition biblique.
Présentation
Étymologie
Alliance est le mot vernaculaire pour désigner et traduire le mot hébreu berith. Ce mot est utilisé dans le texte massorétique 264 fois[1]. Le mot équivalent dans la Septante et dans le Nouveau Testament grec est διαθήκη, diathiki[2].
Concept
Le concept d'Alliance garde tout le long de la Bible quelques caractéristiques permanentes :
- Elle est conclue à l'initiative de Dieu qui demande aux hommes de croire en lui et en certaines propositions religieuses.
- Elle engage l'homme à respecter des pratiques rituelles et sociétales particulières ; ce sont dans la Bible des commandements.
- Selon le respect de sa lettre par l'homme, l'Alliance s'assortit de sanctions ou récompenses, rétributives ou salutaires.
- Si l'homme a la foi en Dieu et observe ses commandements, il est selon la Bible récompensé ; il en recueille les fruits d'abord dans sa vie intérieure qui l'aident à mieux vivre, et le salut est la récompense après la mort.
Judaïsme
Dans la Torah, le terme hébreu בְּרִית (bĕriyth), qui signifie « alliance », vient du verbe « couper » parce que la coutume était de conclure les pactes avec des morceaux de chair coupés lors d'un sacrifice animal[3].
Des chercheurs supposent que l'ablation du prépuce (la circoncision, en hébreu la brit milah, hébreu : בְרִית מִילָה) représente symboliquement la conclusion d'un pacte avec Dieu[4].
Le Dieu d'Israël conclut et réactualise l'Alliance avec différents prophètes :
- Tout d'abord, après le Déluge, avec Noé et sa descendance (autant dire selon la Bible l'humanité tout entière) ; cette première Alliance s'étend même à tous les êtres vivants rescapés de l'arche, que Dieu promet de ne plus exterminer en masse ; le signe de l'Alliance est un arc-en-ciel.
- Comme la Terre était léguée à Noé, le pays de Canaan est promis à Abraham, descendant de Sem qui est un fils de Noé[5], et à sa descendance ; le signe de l'Alliance est alors la circoncision.
- L'alliance se transmet par le fils d'Abraham, Isaac, puis par le fils de celui-ci, Jacob, qui prit le nom d'Israël.
- Dans le Tanakh (appelé Ancien Testament par les chrétiens), parmi les descendants de Jacob-Israël, c'est Moïse qui reçoit la plus importante manifestation de l'Alliance. Après la révélation de sa mission lors de l'épisode du Buisson ardent, Moïse reçoit de Dieu le Décalogue ; par l'intermédiaire de Moïse qui mène son peuple hors d'Égypte, Dieu accomplit sa promesse de l'installer dans le pays de Canaan.
La mise en place et les dispositions de l'Alliance avec le peuple d'Israël sont récapitulées dans les cinq premiers livres de la Bible hébraïque, ou Torah (Pentateuque). Son contenu est parfois appelé Loi mosaïque ou encore les 613 Commandements.
Christianisme
La Nouvelle Alliance est une interprétation biblique dérivée d'une phrase dans le Livre de Jérémie, dans la Torah. Pour la théologie chrétienne, la Nouvelle Alliance a été instituée à l'issue de la Cène, dans le cadre de l'Eucharistie.
Pour les chrétiens, Jésus est le médiateur de la Nouvelle Alliance, et du sang du Christ versé à sa crucifixion est le Sang requis pour l'Alliance. Comme toutes les alliances entre Dieu et l'homme décrites dans la Bible, la Nouvelle Alliance est considérée comme « un lien sacré dans le sang souverainement administré par Dieu »[6]. Certains théologiens indiquent que la Nouvelle Alliance est la Loi du Christ telle qu'elle a été enseignée lors du Sermon sur la montagne[7].
La théologie de l'alliance, un système théologique au sein du christianisme réformé, maintient que Dieu se rapporte à l'homme principalement par le biais de trois alliances : l'Alliance de la Rédemption, l'Alliance des Œuvres, et l'Alliance de la Grâce. Dans ce système théologique, une alliance (covenant) peut être définie comme « un contrat immuable conclu entre Dieu et l'homme, qui stipule les conditions de leur relation »[8].
Annexes
Bibliographie
- Karl Barth, Christ et Adam, Genève, Labor et Fides, 1960
- Martin Noth, Die Gesetze im Pentateuch, in Studien 1, p. 9–141.
- Geerhardus Vos, « The Doctrine of the Covenant in Reformed Theology » in R. B. Gaffin, Jr. (Ed.), Redemptive History and Biblical Interpretation: The Shorter Writings of Geerhardus Vos, Phillipsburg, Presbyterian & Reformed, 2001 (ISBN 0-87552-513-X)
Articles connexes
Lien externe
- La théologie de l'Alliance dans le Nouveau Testament par le cardinal Joseph Ratzinger ()
Notes et références
- (en) « Strong's Search: H1285 », sur www.newjerusalem.org (consulté le )
- (en) « G1242 - diathēkē - Strong's Greek Lexicon (KJV) », sur Blue Letter Bible (consulté le )
- Concordance de Strong.
- Covenants in biblical times were often sealed by severing an animal, with the implication that the party who breaks the covenant will suffer a similar fate. In Hebrew, the verb meaning to seal a covenant translates literally as "to cut". It is presumed by Jewish scholars that the removal of the foreskin symbolically represents such a sealing of the covenant. - "Circumcision." Mark Popovsky. Encyclopedia of Psychology and Religion. Ed. David A. Leeming, Kathryn Madden and Stanton Marlan. New York: Springer Publishing, 2010. p. 153-154.
- Gn 11,10-29
- (en) C. Matthew McMahon, « An Overview of O. Palmer Robertson's Book "The Christ of the Covenants" », sur web.archive.org,
- (en) George R. Law, The Form of the New Covenant in Matthew, American Theological Inquiry,
- Wayne A. Grudem, Systematic theology : an introduction to biblical doctrine, Inter-Varsity Press, (ISBN 0-310-28670-0, 978-0-310-28670-7 et 0-85110-652-8, OCLC 29952151, lire en ligne)