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Alimentation durable

L'alimentation durable est une alimentation viable sur le plan économique et social, qui préserve l’environnement, la santé et la diversité culturelle.

Schéma d'un système électrochimique de production de nourriture à partir de CO2.

Historique et définition

Les Trente Glorieuses ont fait émerger ce qu'on appelle la consommation de masse, qui consiste à acheter des produits divers en quantités toujours plus importantes. En ce qui concerne l'alimentation, cela s'est traduit par une agriculture productiviste, une chaîne de transformation industrielle et l'avènement de la grande distribution. L'industrie alimentaire dans les pays riches ne correspond plus aux critères de durabilité prônés par le développement durable; économie, écologie et éthique. Elle se traduit en effet par un allongement de la distance entre le producteur/transformateur et l'acheteur, un régime alimentaire très consommateur d'énergies, et un gaspillage des ressources considérable. À ces préoccupations s'ajoute celle de la santé. L'industrie alimentaire telle qu'elle est aujourd'hui regorge de produits raffinés, sucres rapides, graisses saturées, sel, viandes. Elle est pauvre en céréales complètes, en fibres et micronutriments essentiels (sels minéraux et vitamines)[1]. Ce régime alimentaire développe de nombreux diabète et maladies cardiovasculaires, et a surtout fait exploser les chiffres de l'obésité[2].

La FAO (organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) a entamé une réflexion sur l'alimentation durable, et en a donné en 2010 cette définition : "Les régimes alimentaires durables contribuent à protéger et à respecter la biodiversité et les écosystèmes, sont culturellement acceptables, économiquement équitables et accessibles, abordables, nutritionnellement sûrs et sains, et permettent d’optimiser les ressources naturelles et humaines"[3].

L’alimentation durable est donc un concept émergeant qui répond aux critères suivants :

  • une alimentation accessible Ă  tous, saine et Ă©quilibrĂ©e, rĂ©pondant aux besoins nutritionnels humains ;
  • un système qui prĂ©serve l'environnement, le climat, les sols, l’eau, la biodiversitĂ© ;
  • une alimentation appliquant le principe de subsidiaritĂ© : qui s’appuie au niveau local, national, europĂ©en et international sur des modes de production agricole durables, assurant un revenu Ă©quitable pour les producteurs, et prĂ©servant le tissu rural et le dĂ©veloppement local.

Une alimentation pauvre en consommation d'Ă©nergie

L'alimentation durable implique la consommation de produits locaux. En effet, un produit à proximité du lieu d'achat minimise la pollution générée par les transports. C'est aussi une consommation de produits de saison, puisqu'un produit consommé hors saison est soit cultivé dans une serre fortement chauffée, soit importé. Or, un melon importé d'Amérique centrale entraîne une dépense énergétique cinquante fois supérieure à celle d'un melon de Charente[4]. Par ailleurs, les aliments industrialisés, même finalisés à proximité du lieu d'achat, subissent fréquemment des transformations dans des pays lointains. Par exemple, les pommes de terre du Danemark épluchées au Maroc et vendues sous forme de frites surgelées en Belgique. Que le trajet se fasse en bateau ou en avion, le gaspillage énergétique est considérable.

Une alimentation qui protège le patrimoine végétal et les océans

L'alimentation durable implique une consommation modĂ©rĂ©e de viande. Au cours des cinquante dernières annĂ©es, la consommation de viande est passĂ©e de 44 millions Ă  221 millions de tonnes dans le monde[4]. Les pays riches sont les plus concernĂ©s. Cela n'est pas sans consĂ©quences sur l'environnement; la FAO estime que l’élevage est responsable de 18 % des Ă©missions de gaz Ă  effet de serre au niveau mondial[5]. Par exemple, il faut 8 kilos de vĂ©gĂ©taux et 20 000 litres d'eau pour produire un kilo de bĹ“uf. D'autres viandes sont moins nocives pour la planète, par exemple, un kilo de poulet ne nĂ©cessite que deux kilos de vĂ©gĂ©taux. En Europe, 75 % des terres arables sont utilisĂ©es pour cultiver du fourrage. De plus, 90 % de la production mondiale du soja est destinĂ©e Ă  l'Ă©levage, ce qui accĂ©lère la dĂ©forestation. En plus d'ĂŞtre bĂ©nĂ©fique Ă  l'environnement, une consommation limitĂ©e de viande rĂ©duit le risque de maladies cardiovasculaires et de certains cancers[5].

Le poisson n'est pas forcément la solution à privilégier. L'association WWF France affirme en effet que 3/4 des produits aquatiques consommés sont «surexploitées ou en passe de l’être»[6]. Il y a donc un risque d'appauvrissement voire d'épuisement des stocks. Les protéines animales peuvent être en partie remplacées par les protéines végétales. Celles-ci sont présentes dans les légumineuses (lentilles, petits pois, soja) mais aussi dans les céréales, graines, noix, algues, et légumes[7].

Les insectes comestibles issus de l'élevage peuvent également constituer une source d'alimentation durable pour la planète. La FAO (organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) recommande ce type de nourriture[8]. Dans le monde, de nombreuses fermes d'élevage durable émergent : Tiny Farms, All Things Bugs, ASPIRE Food Group, Micronutris, Big cricket farms, etc.

L'alimentation durable, c'est aussi lutter contre le gaspillage alimentaire. En moyenne, les Français jettent chaque annĂ©e 20 kg d'aliments, dont kg de produits encore emballĂ©s[9]. Pour Ă©viter cela, il convient d'acheter des quantitĂ©s adaptĂ©es, vĂ©rifier les dates de pĂ©remption, cuisiner les restes, respecter la chaĂ®ne du froid…

Il ne faut pas non plus négliger le type d'emballage. En effet, sur les 500 kilos de déchets en moyenne générés par année et par personne, 30 % proviennent des emballages. Pratiquer l'alimentation durable, c'est donc privilégier les aliments en vrac ou conditionnés avec des emballages recyclables et/ou réutilisables[10].

L'agriculture biologique est durable par définition puisqu'elle garantit un mode de production sans engrais chimiques ni pesticides. Or, l'utilisation de ces derniers pollue l'air, les nappes phréatiques, les cours d'eau... D'ailleurs, selon le Portail de l'alimentation durable du gouvernement français", l'alimentation durable est "une alimentation de saison, qui privilégie les produits locaux issus d’une agriculture raisonnée, les circuits courts et le bio".

Une préoccupation d'ordre éthique

L'alimentation durable comme le développement durable répond aussi à des critères éthiques. Cette notion est donc notamment liée à celle de commerce équitable, qui a pour objectif de rééquilibrer les échanges entre pays du Nord et pays du Sud. Le commerce équitable consiste donc à acheter des produits à des producteurs désavantagés des pays en développement dans un cadre réglementé qui leur garantit des conditions de travail et une rémunérations décentes.

Articles connexes

Notes et références

  1. Yveline Nicolas, « Qu'est-ce qu'une alimentation durable », Adequations.org, (consulté le ).
  2. Christian Rémésy, « Développer une politique d'alimentation durable », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  3. « Les régimes alimentaires durables », sur FAO.org (consulté le ).
  4. Claude-Marie Vadrot, Pensez durable: Économisez, Hachette Livre, Paris, 2008.
  5. « La viande, problème écologique », sur adéquations.org, (consulté le ).
  6. Camille Peyrache, « Un guide du WWF pour bien acheter son poisson », lefigaro.fr, (consulté le ).
  7. « PROTÉINES VÉGÉTALES Besoins et sources d'apport », sur lefigaro.fr (consulté le ).
  8. Food and Agriculture Organization of the United Nations, « Les insectes pour l’alimentation humaine et animale », sur www.fao.org (consulté le )
  9. « Stop au gaspillage alimentaire », sur site du ministère de l'agriculture,de l'agroalimentaire et de la forêt, (consulté le ).
  10. Renaud De Bruyn, « L'alimentation durable », ecoconso.be, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Christian RĂ©mĂ©sy, L'alimentation durable pour la santĂ© de l'homme et de la planète, Odile Jacob, 2010
  • Chiffoleau Y & Prevost B (2012) Les circuits courts, des innovations sociales pour une alimentation durable dans les territoires. Norois. Environnement, amĂ©nagement, sociĂ©tĂ©, (224), 7-20.
  • GaignĂ©, C. (2011). 6 - Urbanisation et durabilitĂ© des systèmes alimentaires. Dans : Catherine Esnouf Ă©d., Pour une alimentation durable: RĂ©flexion stratĂ©gique duALIne (pp. 123-142). Versailles, France: Editions Quæ. doi:10.3917/quae.esnou.2011.01.0123.

Vidéographie

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