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Alfred Duquesnay

Biographie

Formation

Alfred Duquesnay naît le à Rouen, où ses parents tiennent un commerce[1] - [2] de chaudronnerie. Il est le septième enfant de Jacques Aimable Laurent Duquesnay, et le quatrième enfant de Marie Rose Françoise Siroux, son épouse en secondes noces[3]. Son père meurt alors qu'il est très jeune ; il est donc élevé par sa mère et sa famille, les Siroux, originaires de Picardie, qui jouissent d'une relative aisance matérielle[1] - [2]. Toute sa vie, il continuera à faire preuve d'une piété filiale remarquable envers sa mère[2]. Dans sa famille, le souvenir de la Révolution française et de ses déprédations est resté vif, plusieurs de ses ascendants ayant eu à souffrir de l'exil ou de la prison, ce qui influence ses convictions politiques[4].

La mort de son père ayant entraîné son retour à Amiens, il étudie chez les Jésuites, au renommé collège de Saint-Acheul, puis au lycée de la ville, suivant en cela un parcours commun dans les enfants de la bourgeoisie locale[2]. À partir de 1830, il commence ses études de prêtrise au séminaire d'Issy, puis au séminaire Saint-Sulpice, où il est le condisciple du futur cardinal Louis-Édouard Pie. Il partage avec lui des opinions légitimistes très marquées ; fidèle à la branché aînée des Bourbons, il désapprouve les dérives anticléricales dont fait preuve la Monarchie de Juillet à ses débuts[4].

Orateur sacré

Au séminaire, il se passionne pour l'éloquence sacrée, pour laquelle il a un talent certain. Aussi, une fois ordonné prêtre, à Paris, le , il entre dans la Société des missionnaires de France, fondée en 1814 par le père Jean-Baptiste Rauzan[5] - [4]. Après l'avoir quittée, il devient premier aumônier du lycée Henri-IV en 1845, où il fait la connaissance de l'abbé Darboy, lui aussi aumônier. En 1851, il est promu aumônier de l'École normale supérieure ; il succède au père Gratry, reconnu comme un des prêtres les plus éloquents de son temps[1] - [4].

En 1853, l'abbé Maret — un des tenants du catholicisme libéral — devient doyen de la faculté de théologie catholique de la Sorbonne. Immédiatement, sous son impulsion, la moitié de l'équipe professorale est renouvelée : y entrent des personnalités telles que l'abbé Bautain et l'abbé Lavigerie, futur artisan du Ralliement. À l'occasion de ce remaniement du corps enseignant, Alfred Duquesnay reçoit la chaire d'éloquence sacrée[6]. Il devient également le premier doyen du chapitre de Sainte Geneviève[1] - [4] ; en effet, le chapitre est lié de la faculté de théologie[7]. L'obtention de cette fonction dans le chapitre semble démontrer qu'il bénéficie des faveurs de Mgr Sibour, l'archevêque de Paris[8]. Un établissement de formation à la prédication dépend du chapitre de Sainte-Geneviève ; son concours d'entrée est supervisé par un jury dans lequel l'abbé Duquesnay se voit offrir un siège, en qualité de doyen du chapitre. Présidé par l'abbé Léon Sibour, vicaire général de Paris, ce jury compte onze membres et rassemble les plus illustres orateurs sacrés du temps : Bautain, Lecourtier, Ravignan, Lacordaire, Hamon, Deguerry et Duquesnay lui-même[9].

Curé de Saint-Laurent

Albert Duquesnay quitte néanmoins rapidement ses fonctions de professeur à l'université en 1854, car il est nommé curé de la paroisse Saint-Laurent de Paris, fréquentée par une population essentiellement ouvrière. Son activité de prédication devant des auditoires populaires le fait rapidement connaître, tout comme son action volontariste de développement des œuvres de charité. Ces qualités contribuent à sa renommée dans les milieux parisiens aisés du Second Empire, où hommes et dames d'œuvres s'emploient à améliorer la condition ouvrière[4].

Ainsi, l'abbĂ© Duquesnay fonde une Ĺ“uvre, l'ArchiconfrĂ©rie de Notre-Dame des Malades, installĂ©e au 119, rue du Faubourg-Saint-Martin, qui compte jusqu'Ă  6 000 membres, dont un grand nombre de visiteurs Ă  domicile, et qui dĂ©cide la fondation d'un dispensaire gratuit pour les pauvres. L'abbĂ©, qui aurait Ă©tĂ© guĂ©ri d'une maladie par l'homĂ©opathie, en offre la direction Ă  quatre homĂ©opathes. C'est en que le dispensaire commence Ă  accueillir les malades. Dès le premier mois, il reçoit un millier de patients et le chiffre augmente rĂ©gulièrement au cours de cette première annĂ©e. L'ArchiconfrĂ©rie de Notre-Dame des Malades finançait entièrement le dispensaire et payait mĂŞme les frais de pharmacie, mais ces consultations Ă©taient rĂ©servĂ©es aux indigents[3].

La guerre de 1870 interrompit cette œuvre de bienfaisance. Pendant la Commune, les insurgés, n'ayant pu s'emparer de l'abbé Duquesnay, dévastèrent son presbytère.

Évêque de Limoges

Nommé au siège épiscopal de Limoges le , sacré évêque à Saint-Sulpice par Mgr Bernadou, archevêque de Sens, il fit son entrée solennelle à Limoges le .

Ses armoiries épiscopales sont « [d]e gueules à l'ange d'argent, auréolé d'or, posé sur une terrasse de sinople, tenant de la dextre un glaive d'or, et de la sénestre un livre ouvert du même, marqué des lettres Alpha et Oméga de sable, l'ange surmonté d'une étoile à six rais, rayonnante d'or »[10]. Il adopte la devise Gladium Spiritus Verbum Dei[10], référence à la Vulgate (Éphésiens 6:17), ce qui peut être traduit par : « La parole de Dieu est l'épée de l'Esprit »[11]. Ce choix peut s'expliquer par l'importance accordée par le nouvel évêque à l'éloquence sacrée[4].

ArchevĂŞque de Cambrai

Archevêque de Cambrai le , il y décède le et est inhumé dans la cathédrale (dans la crypte de la chapelle du Sacré-Cœur).

Distinction

Sources

Bibliographie

  • Louis Pataux (chanoine), Vie de Monseigneur Alfred Duquesnay, archevĂŞque de Cambrai, Limoges, , 514 p..
  • Jacques Gadille, « Monseigneur Duquesnay et la RĂ©publique (1872-1884) », Revue du Nord, vol. 45, no 178,‎ , p. 187-207 (lire en ligne).
  • Paul d'Hollander, « L'Église dans la ville : Les processions Ă  Limoges au XIXe siècle », Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine, vol. 46, no 3,‎ , p. 478–513 (DOI 10.3406/rhmc.1999.1974, lire en ligne).
  • Paul d'Hollander, « Les ostensions en Limousin au XIXe siècle », Revue de l'histoire des religions, vol. 217, no 3,‎ , p. 503–516 (DOI 10.3406/rhr.2000.1044, lire en ligne).
  • Jacques-Olivier Boudon, Paris, capitale religieuse sous le Second Empire, Éditions du Cerf, , 560 p. (ISBN 978-2-204-06662-4, lire en ligne).
  • Louis PĂ©rouas, « Le catholicisme social en Limousin de 1875 Ă  1914 », Annales du Midi, vol. 114, no 239,‎ , p. 319–329 (DOI 10.3406/anami.2002.2772, lire en ligne).

Références

  1. Boudon 2001, p. 494.
  2. Gadille 1963, p. 188.
  3. Pataux 1889.
  4. Gadille 1963, p. 189.
  5. Catholic-Hierarchy, « Archbishop Alfred Duquesnay », sur www.catholic-hierarchy.org (consulté le )
  6. Boudon 2001, p. 73.
  7. Boudon 2001, p. 91.
  8. Boudon 2001, p. 87.
  9. Boudon 2001, p. 86.
  10. Aymard de Saint-Saud, Armorial des prélats français du XIXe siècle, Paris, , 415 p. (lire en ligne), p. 105.
  11. Louis Segond, « Ephésiens Chapitre 6 (Vulgate et traduction française) », sur bibleglot.com (consulté le ).
  12. « Recherche - Base de données Léonore », sur www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )
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