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Albatrellus ovinus

Polypore des brebis

Albatrellus ovinus
Description de cette image, également commentée ci-après
Un Polypore des brebis en Souabe,
dans le sud de l'Allemagne.

Espèce

Albatrellus ovinus
(Schaeff.) Kotl. & Pouzar, 1957

Le Polypore des brebis (Albatrellus ovinus) est un champignon basidiomycète de la famille des Albatrellaceae. L'intĂ©rieur de son chapeau est couvert de pores minuscules, ce qui a conduit Ă  le classer parmi les polypores, mais contrairement Ă  ce groupe, il ne pousse sur le bois mais au sol. C'est un champignon tout blanc, souvent confluent (comme un « troupeau de brebis Â»), qui a la particularitĂ© de se colorer en jaune lorsqu'on le touche. Il apparaĂ®t au pied des conifères, surtout des Ă©pinettes, principalement dans les forĂŞts borĂ©ales. C'est un comestible assez apprĂ©ciĂ©, qui contient plusieurs composĂ©s bioactifs Ă  potentiel mĂ©dicinal encore Ă  l'Ă©tude.

Taxinomie

Illustration de 1896 du Polypore confluent (haut, chapeau orangé) et du Polypore des brebis (bas).

En raison de ses tubes, l'espèce est initialement classée parmi les bolets. C'est le botaniste allemand Jacob Christian Schäffer qui en fait la première description en 1774 sous le nom de Boletus ovinus. D'autres mycologues le citent ensuite sous d'autres noms : Boletus crispus (Batsch, 1783), Boletus fragilis (J. F. Gmelin, 1792) ou Boletus albidus (Persoon, 1801). En 1821, Elias Magnus Fries le transfère dans le genre Polyporus. La même année, Samuel Frederick Gray crée le genre Albatrellus en prenant le champignon décrit par Persoon comme espèce type : Albatrellus albidus. La nomenclature actuelle est établie en 1957 par les mycologues tchèques František Kotlaba et Zdenek Pouzaret admet comme basionyme l'espèce initialement décrite par Schäffer[1] .

Description

Le chapeau, qui mesure entre 4 et 15 cm de diamètre, est rĂ©niforme Ă  irrĂ©gulier[2]. Il est convexe ou Ă©talĂ©, glabre ou un peu veloutĂ©, et complĂ©tement blanc lorsque le champignon est jeune[3]. Avec l'âge, il devient Ă©cailleux, tan ou chamois Ă  grisâtre pâle, et ses meurtrissures se teintent de jaune verdâtre Ă  olivacĂ© pâle. La marge est enroulĂ©e au dĂ©but, puis Ă©talĂ©e et mince, concolore au chapeau[2]. Les tubes sont très dĂ©currents, avec des pores ronds et blanchâtres, et ne se dĂ©tachent pas de la chair[4]. La sporĂ©e est blanche. Le stipe mesure entre 3 et cm de long pour 1 Ă  cm d'Ă©paisseur. Il est souvent latĂ©ral et irrĂ©gulier, lisse ou finement tomenteux[3]. Il a une couleur crème, puis jaunâtre Ă  brunâtre, et teintĂ©e d'orangĂ© vers la base[2]. La chair est Ă©paisse et blanche, Ă  odeur et saveur agrĂ©ables. Le champignon prend une teinte jaune citrin au froissement, Ă  la coupe et Ă  la cuisson[4].

Espèces proches

Gros plan sur les pores minuscules d'un jeune spécimen récolté au Montana.

Le Polypore des brebis peut être facilement confondu avec le Polypore confluent (Albatrellus confluens (en)), qui se différencie par ses teintes orangé pâle et qui ne jaunit pas, et le Polypore rougissant (Albatrellus subrubescens (en)), qui a une saveur douce-amère et devient orangé au froissement. Le premier est comestible, alors que le second est modérément toxique[2]. Ces polypores se distinguent des bolets par leurs tubes qui ne se séparent pas facilement du chapeau[3].

Écologie et distribution

C'est une espèce mycorhizienne qui pousse sur le sol des forêts de conifères d'altitude ou des zones boréales. Elle est surtout associée au genre Picea (épicéa ou épinette) en Amérique du Nord, parfois avec Pinus en Europe[2]. C'est un champignon à croissance grégaire et plusieurs spécimens sont souvent réunis par le pied ou le chapeau[4]. Il fructifie d'août à octobre[3].

Comestibilité

Structure du scutigeral.

Le Polypore des brebis est un champignon comestible, jugé excellent par certains auteurs[4]. Lorsqu'il est jeune, il offre une texture assez tendre et un léger parfum d'amande, bien que la chair devienne un peu gluante à la cuisson. Avec l'âge, il devient coriace et un peu amer, et doit être blanchi pour être consommé[3]. Aucun cas d'empoisonnement le mettant en cause n'a été reporté[5].

L'espèce contient des phénols, notamment la grifoline (en) et le scutigeral, qui ont montré in vitro une affinité pour les récepteurs dopaminergiques du système nerveux central[6], un effet inhibiteur sur diverses lignées cellulaires cancereuses[7], ainsi qu'une activité anti-inflammatoire, antioxydante et antibactérienne. Les effets, bénéfiques ou non, de ces composés chez les individus consommant le champignon n'ont cependant pas été évalués[5].

Notes et références

  1. V. Robert, G. Stegehuis and J. Stalpers. 2005. The MycoBank engine and related databases. https://www.mycobank.org/, consulté le 2 avril 2020
  2. Roland Labbé, « Albatrellus ovinus / Polypore des brebis », sur Mycoquébec.org, (consulté le ).
  3. Yves Lamoureux et Matthieu Sicard, Connaître, cueillir et cuisiner les champignons sauvages du Québec, Fides, , 365 p. (ISBN 2-7621-2617-7 et 978-2-7621-2617-4, OCLC 58053351, lire en ligne), p. 314-315.
  4. Roger Larivière, Champignons comestibles de la forêt boréale : odeurs, couleurs, formes, saveurs, Rouyn-Noranda, L'ABC de l'édition, , 228 p. (ISBN 978-2-922952-83-4, 2-922952-83-5 et 978-2-922952-84-1, OCLC 991194393, lire en ligne), p. 157-159.
  5. (en) Jørn Gry et Christer Andersson, Mushrooms traded as food, vol. II, t. 2, Copenhague, Nordic Council of Ministers, , 471 p. (ISBN 978-92-893-2705-3, DOI 10.6027/tn2014-507, lire en ligne), p. 72-75.
  6. (en) Kim Dekermendjian, R. Shan, M. Nielsen, M. Stadler, O. Sterner et M.R. Witt, « The affinity to the brain dopamine D1 receptor in vitro of triprenyl phenols isolated from the fruit bodies of Albatrellus ovinus », European Journal of Medicinal Chemistry, vol. 32, no 4,‎ , p. 351–356 (DOI 10.1016/S0223-5234(97)89088-5, lire en ligne, consulté le ).
  7. (en) Xiang-jian Luo, Li-li Li, Qi-pan Deng, Xin-fang Yu et al., « Grifolin, a potent antitumour natural product upregulates death-associated protein kinase 1 DAPK1 via p53 in nasopharyngeal carcinoma cells », European Journal of Cancer, vol. 47, no 2,‎ , p. 316–325 (DOI 10.1016/j.ejca.2010.09.021, lire en ligne, consulté le ).

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