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Alain Burosse

Alain Burosse est un homme de médias, et notamment de télévision à Canal +, considéré comme un défricheur et un découvreur de talents en particulier dans l'art émergent de la vidéo. Ayant commencé par la radio à Europe 1, il est aussi réalisateur de documentaires, photographe de polaroids, auteur de livres, organisateur de festivals et commissaire d'expositions. Il est également un activiste gay, à l'origine de la Nuit Gay de Canal+.

Alain Burosse
Biographie
Naissance
Nom de naissance
Alain Burosse
Nationalité
Activité

Biographie

Alors qu'il poursuit des études d'histoire de l'art et d'archéologie[1], Alain Burosse travaille à la magnétothèque d'Europe 1, puis y réalise une émission hebdomadaire de rock pour Pierre Lescure et anime sous l'égide de Marc Garcia Les Mille et deux nuits[2] le week-end avec Bertrand Merino-Peris[3].

Cette première expérience dans les médias lui ouvre des portes sur la télévision : en 1982, Pierre Lescure lui confie la production artistique d'un programme mensuel surfant sur la scène visuelle punk, new wave et art vidéo, avec Bertrand Merino-Peris[4] et Michel Eli au sein des Enfants du Rock sur Antenne 2, Haute Tension[5] - [1] .

Canal+

En 1984, Pierre Lescure et Alain de Greef lui proposent la fonction, nouvelle dans l’audiovisuel, de responsable des programmes courts Ă  Canal+, deux mois avant l'ouverture de l'antenne. Il s’agit alors de remplir la case alĂ©atoire des « Surprises », avec des programmes originaux allant de 10 secondes Ă  25 minutes (pastilles interstitielles/shorts, courts mĂ©trages de fiction, animation ou vidĂ©o, clips indiens, etc.).

Signe d'une certaine notoriété au sein de la chaîne, Les Nuls le citent dans l'accroche d'Objectif Nul[6] en 1987 :

« À des millions d'années-burosse de la Terre, un équipage, Zeitoun, Panty, Syntaxeror, le Mercenaire et le capitaine Lamar, dérivent à bord du Libérator. Leur objectif ? NUL ! »

Le succès financier de la chaîne rend possible le préachat de courts métrages (Jan Kounen, Gaspar Noé) ou la production d'émissions spécifiques, à commencer par « Avance sur image », émission consacrée à l’art vidéo (Marc Caro, Michel Jaffrennou…) avec la collaboration de Jean Marie Duhard, produite par Ex Nihilo (1988-1990). La première émission est consacrée à Zbigniew Rybczyński[7].

L'Ĺ’il du cyclone

En 1991, jusqu’en 2000, il conçoit comme directeur artistique, avec Patrice Bauchy, Pascale Faure et Joëlle Matos, l’Œil du cyclone, programme hebdomadaire de 26 minutes diffusé le samedi en mi-journée[8] - [9]. Avec des productions et des réalisateurs différents (Jérôme Lefdup, Vincent Hachet, Jean-Baptiste Erreca, Jean-Christophe Averty, Luc Moullet, etc.), l’émission se distingue par son avant-garde visuelle et thématique très éclectique[10] - [11].

Après l’arrêt de l'émission, sabordée à l'arrivée d'une nouvelle direction à Canal+, plusieurs programmes reprennent l’idée du détournement d’images d’archives, utilisées suivant les sujets : Message à caractère informatif (Nulle part ailleurs, Canal+) ou Dr CAC (France 5). En 1993, Michel Hazanavicius réalise également La Classe américaine : le grand détournement, suivant le même procédé.

Les Programmes courts

Les Programmes courts produisent d'autres émissions parmi lesquelles on peut citer : Imagina, réalisé chaque année par Jérôme Lefdup (1990-2000) autour du forum international des nouvelles images de Monte-Carlo[12] ; Cicciolinissima et Derrière Lahaie ; L’Homophobie, ce douloureux problème, réalisée par Lionel Bernard ; La Nuit la plus short, la Nuit de la lune et la Nuit la +, qui donnent lieu à des fêtes mémorables ; la Nuit cyber[13] mise en forme par Jean-Baptiste Erreca en collaboration avec les Nouveaux Programmes d’Alain Le Diberder. Avec Jean-Pierre Dionnet, qui l'appelle « l'homme le plus transgressif de Canal+ et de la télévision française », il organise des nuits de la transgression et de l'horreur[14].

De nombreux festivals reçoivent alors le soutien financier de Canal+ à travers les Programmes courts, essentiellement le festival de courts métrages de Clermont Ferrand et le festival d’animation d’Annecy[15] - [16]. En 1993, Canal Plus devient la chaîne du court-métrage avec une programmation supérieure à 43 heures, ce qui représente 300 films chaque année, à raison de 2500 francs la minute en moyenne[17].

La Nuit Gay

Alain Burosse devient très tôt une personnalité du monde gay, puisqu'il se retrouve en couverture du n°0 du Gai Pied[18] - [19] après avoir découvert le militantisme homosexuel au FHAR en 1971 et jeté une poubelle sur Jean Poiret à la sortie de La Cage aux folles[20].

L'Œil du cyclone consacre une émission sur l’histoire du mouvement homosexuel depuis les émeutes de Stonewall, « Fier.e.s de l’être », présentée par Alex Taylor et diffusée le jour de la Gay Pride en 1994.

En 1995, sa position à la télévision et la volonté de Canal+ de se démarquer lui donnent la possibilité de suggérer une première Nuit Gay, où il a carte blanche, avec Joëlle Matos et en collaboration avec Nicolas Plisson[21]. L'émission est mise en forme par Jean-Baptiste Erreca et diffusée le 23 juin. C'est un succès, battant le record d'audience de la Nuit Johnny. Les rues du Marais, quartier gay à Paris, sont vides ce soir-là mais les bars sont pleins, l'émission étant diffusée en crypté[22] - [23]. L’émission se termine par un montage, inédit à la télévision francaise, de vidéos X gay.

En 1996, « A vous Cognacq-Gay » suit en direct la Gay Pride de Paris en direct sur Canal+. En 1997, l’émission « Eurogayvision » fait le tour de l’Europe - réalisés par Jean-Baptiste Erreca; d’autres Nuits Gay suivront sur Canal+, y compris après son départ en 2000, sous l’égide de Pascale Faure.

Autres activités

RĂ©alisateur

Il passe lui-même derrière la caméra[24], uniquement pour des documentaires car dit lui-même n'être pas à l'aise avec la fiction[1].

  • Glozel ou le mythe au logis[25] ;
  • Branlements progressifs du plaisir, co-rĂ©alisĂ© avec Lionel Bernard[26] ;
  • Siwa, une oasis Ă©gyptienne[27] ;
  • Poubell's girls[28] ;
  • I Love Keith Haring[29] ;
  • L'ĂŽle de la jeunesse Ă©ternelle[32], en collaboration avec Danielle Palau.

Festivals, expositions

Son activité à Canal+ l'amène à fréquenter assidûment les festivals de courts métrages. Il y participe de plus en plus activement, en tant qu'intervenant aux débats, parfois en tant que partenaire comme à Annecy[33] et Clermont-Ferrand[34] - [35] (2003-2013).

De 2004 à 2008, il est « présidente » du FFGLP (Festival du film gay et lesbien de Paris, devenu Chéries Chéris)[36].

Le MK2 lui confie la programmation d'un festival[37] ; il est membre de la commission des œuvres électroniques de la SCAM[38] (2004-2011), président de la commission des prix de qualité aux courts métrages du CNC (2008), ainsi que du jury du FICAM à Meknès (Maroc) en 2017 [39] et du festival international du film Cine Pobre de Gibara (Cuba)[40].

Il est l'un des programmateurs de l'Étrange festival[41] au Forum des images de Paris[42], et vice-président depuis 2009.

En 2019, il est commissaire général de l’exposition Champs d’amours[43], avec Jean-Baptiste Erreca, Laurent Bocahut, Didier Roth-Bettoni et Michèle Collery, qui présente à l'Hôtel de ville de Paris le cinéma LGBT dans tous ses états depuis ses origines en 1919.

Polaroids

En tant que photographe, sa démarche se rapproche des programmes vidéos proposés sur Canal+ en travaillant sur des Polaroids trafiqués et peints et sur des images numériques. Ses photos ont souvent pour cadre le Maroc où il réside fréquemment. Il est le sujet du Cinématon #973 de Gérard Courant[44] où on l'y voit travailler sur un Polaroid.

Il est invité à plusieurs expositions personnelles et collectives, entre autres : Zerbia, du Maroc à la Goutte d'or[45] ; Douarnenez[46] ; Enfilenthropies à Paris[47] ; Institut français d'Agadir[48] ; Sidi Ifni[49] ; résidence à Meknès[50]…

Livres

Ses Polaroids sont édités chez Corridor Éléphant et chez Éditions de l'Œil.

Il est l'auteur d'une pièce de théâtre, Babal Imperatrix forever[51] qui met en scène Héliogabale, l'empereur romain décadent, dans un langage vernaculaire moderne. Son roman policier, Fleur de coin-coin, traversé de nombreuses références au Bas-Empire romain, est teinté de sa passion pour la numismatique.

Musique

Membre du groupe underground La Fondation, il est l'auteur de la pochette et des paroles des 3 titres du vinyl « Suis-je normale ? » de Nini Raviolette (Celluloïd, 1980)[52].

Notes et références

  1. « Je me suis retrouvé un peu par hasard dans le monde merveilleux des médias mais ce que je voulais faire c'était égyptologue », sur Format court
  2. « Archives sonores et visuelles », sur La Fondation
  3. « Anciennes grilles - saison 1982-1983 », sur Europe 1
  4. « Bertrand Merino-Peris », sur IMDb
  5. Bruce Couturier, Une scène-jeunesse : Culture-jeune, état des lieux, FeniXX, (lire en ligne)
  6. « Objectif nul - Série TV 1987 », sur AlloCine
  7. « Avance sur image, le club des inventeurs », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  8. « 10 émissions mythiques lancées par Alain de Greef », sur Les Inrocks
  9. « Le Freak du mois : Alain Burosse dans l’Oeil du cyclone ! », Gonzaï, no 8,‎ (lire en ligne)
  10. « L'Œil du cyclone », sur Toute la télé
  11. « L'Œil du cyclone, trente minutes décapantes laissent parler l'image », sur Le Temps
  12. « Imagina, en attendant le jeu », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  13. Béatrice Bocard, « Soirée spéciale consacrée aux créations multimédia », Libération,‎ (lire en ligne)
  14. Jean-Pierre Dionnet et Christophe Quillien, Mes Moires, Hors Collection, (lire en ligne)
  15. Philippe Dana et Léon Mercadet, Les Invités de la fête, Média Diffusion, (lire en ligne)
  16. « Canal + fête le court métrage », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  17. « Canal + ranime le court métrage », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  18. « Années 70 : 78-79 », sur Mémoires des sexualités
  19. « Le Gai Pied (couvertures du n°0 au n°44) », sur Mémoires des sexualités
  20. « Drôles pour toujours : Maillan, Poiret, Serrault », sur Telescoop
  21. Béatrice Bocard, « Canal + annonce une «Nuit gay» en juin », Libération,‎ (lire en ligne)
  22. « Alain Burosse, créateur de la «Nuit Gay»: «Le soir de la diffusion de la première Nuit Gay, les rues du Marais étaient vides» », sur Komitid,
  23. Dominique Simonnet, « La Nuit gay de Canal », L'Express,‎ (lire en ligne)
  24. « Alain Burosse », sur IMDB
  25. « Glozel ou le mythe au logis », sur Film documentaire
  26. « L'Œil du cyclone - Branlements progressifs du plaisir », sur IMDb
  27. Thérèse-Marie Deffontaines, « Siwa, une oasis égyptienne », sur Le Monde,
  28. « L'Étrange festival programme complet », sur Forum des images
  29. « I love Keith Haring », sur Télérama
  30. « Farrah, l'être ange », sur Cinémathèque
  31. « Libérations sexuelles, révolutions visuelles », sur Cinémathèque
  32. « Notice bibliographique La isla de la juventud eternal », sur BNF
  33. « Le Film d'animation à Annecy », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  34. « Programme de Clermont FilmFest04 », sur Festival de Clermont
  35. Catalogue Clermont FilmFest04, Clermont FilmFest (lire en ligne)
  36. « Renseignements Festival Chéries-chéris », sur Chéries-chéris
  37. « Carte rose à Alain Burosse », sur MK2
  38. « Les Prix 2009 », sur Yumpu
  39. « Palmarès FICAM 2017 », sur FICAM
  40. (es) « Los Premios Lucía ya tienen dueños », sur Arte por excelencias
  41. « Alain Burosse, de l'Étrange Festival », sur Komitid
  42. « Attention, l'Étrange festival va très loin », sur RFI
  43. « "Champs d'amour", l'exposition qui retrace un siècle de cinéma LGBT », sur France TV Info
  44. « Alain Burosse by Gérard Courant - Cinématon #973 », sur Youtube
  45. « Le Maroc à la Goutte-d'Or », Le Parisien,‎ (lire en ligne)
  46. « Du cinéma, mais pas que ça… », Ouest France,‎ (lire en ligne)
  47. « Alain Burosse commente les photos de son expo Enfilenthropies », sur Komitid,
  48. « Nuits de Ramadan 2004 à l'Institut français d'Agadir : Dialogue artistique entre Orient et Occident », Le Matin,‎ (lire en ligne)
  49. « Brassens au milieu des chants et de la poésie amazigh », Le Matin,‎ (lire en ligne)
  50. « Hommage : Sept artistes s’inspirent des carnets de voyage de Delacroix pour valoriser cet héritage historique », Aujourd'hui Le Maroc,‎ (lire en ligne)
  51. « Notice bibliographique Héliogabale », sur BNF
  52. « Alain Burosse », sur Discogs
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