Al-Munafiqun
Al-Munafiqoon (arabe : المنافقون, français : Les Hypocrites) est le nom traditionnellement donné à la 63e sourate du Coran, le livre sacré de l'islam. Elle comporte 11 versets. Rédigée en arabe comme l'ensemble de l'œuvre religieuse, elle fut proclamée, selon la tradition musulmane, durant la période médinoise.
63e sourate du Coran Les Hypocrites | |
Le Coran, livre sacré de l'islam. | |
Informations sur cette sourate | |
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Titre original | المنافقون, Al-Munafiqoon |
Titre français | Les Hypocrites |
Ordre traditionnel | 63e sourate |
Ordre chronologique | 104e sourate |
Période de proclamation | Période médinoise |
Nombre de versets (ayat) | 11 |
Ordre traditionnel | |
Ordre chronologique | |
Origine du nom
Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourate Les Hypocrites[2], en référence au contenu du premier verset : « 1. Quand les hypocrites viennent à toi, ils disent : « Nous attestons que tu es certes le Messager d'Allah. » Allah sait que tu es vraiment Son messager ; et Allah atteste que les hypocrites sont assurément des menteurs. ».
Historique
Il n'existe à ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. Néanmoins selon une chronologie musulmane attribuée à Ǧaʿfar al-Ṣādiq (VIIIe siècle) et largement diffusée en 1924 sous l’autorité d’al-Azhar[3] - [4], cette sourate occupe la 104e place. Elle aurait été proclamée pendant la période médinoise, c'est-à-dire schématiquement durant la seconde partie de la vie de Mahomet, après avoir quitté La Mecque[5]. Contestée dès le XIXe par des recherches universitaires[6], cette chronologie a été revue par Nöldeke[7] - [8], pour qui cette sourate est la 104e.
Pour Nöldeke[Note 1], Schwally et Blachère, cette sourate est composée de deux parties d’époques différentes assemblées lors de l’édition finale du Coran[9].
Interprétations
Versets 1-8 : polémique contre les hypocrites
L’interprétation de la tradition musulmane, reprises par un certain nombre de chercheurs, est que les huit premiers versets sont en rapport avec une expédition de Mahomet contre les bédouins[9].
Les premiers versets de ce passage évoquent les hypocrites (munāfiqūn). Le verset 2 connaît une variante de lecture attribuée à Al-Hassan al-Basrî différente de la lecture canonique. Si Bell préfère celle-ci, Neuenkirchen considère que la variante non-canonique est plus logique au regard du verset suivant[9].
Le verset 4 contient néanmoins une description plutôt élogieuse des hypocrites. Selon l’interprétation traditionnelle, cette description ne concerne que le chef de ceux-ci. Neuenkirchen remarque tout de même que le Coran utilise la troisième personne du pluriel qui ne peut évoquer que les hypocrites, évoqués au verset 1[9]. Cette description contient plusieurs hapax qui rendent la lecture complexe[9].
Le verset 8 évoque une ville. Le terme al-madina a été traduit par le nom propre de Médine, alors que cela n’a aucune justification textuelle. Seule la tradition musulmane postérieure identifiera la ville du verset à Yathrib[9].
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- P. Neuenkirchen, "Sourate 63", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1733 et suiv.
- R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 2].
Liens externes
- Texte de la sourate 63 en français, d'après la traduction de Claude-Étienne Savary de 1783.
Notes et références
Notes
- Les islamologues ont utilisé plusieurs approches pour tenter de dater les différentes sourates du Coran. Paret et Neuwirth appartiennent à l’« école allemande » qui, à la suite de Nöldeke, s’appuie sur la chronologie traditionnelle et sur un récit « laïcisé » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans les études islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie présent ». Les auteurs du Coran des historiens appartiennent davantage à l’autre courant (dit « sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir : Historiographie de l'islam et du Coran
- En 2019, seuls deux ouvrages peuvent être considérés comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publié en 1991 (aujourd'hui daté) et du Coran des historiens publié en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de Blachère, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate
Références
- A. Chouraqui, Le Coran, traduction et commentaires, 1990, p. 15.
- A. Chouraqui, Le Coran : L'appel, France, Robert Laffont, , 625 p. (ISBN 2221069641)
- G.S. Reynolds, « Le problème de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p. 477-502.
- R. Blachère, Introduction au Coran, p. 244.
- R. Blachère, Le Coran, 1966, p. 103.
- M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
- G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
- E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorâns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p. 13.
- P. Neuenkirchen, "Sourate 63", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1733 et suiv.