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Aginter Press

Aginter Press est une agence de presse fondée à Lisbonne en septembre 1966. Aussi appelée « Centrale Ordre et Tradition », elle prend part à la « stratégie de la tension » en Italie, débordant ainsi les frontières du Portugal de Salazar[1].

Aginter Press
Histoire
Fondation
Dissolution
Cadre
Type
Siège
Pays
Organisation
Directeur

Histoire

S'il existait bien une activité d'agence de presse (collection d'information et diffusion de celles-ci aux abonnés d'une lettre d'information confidentielle, payante), il s'agissait d'une officine sous-traitant des opérations de renseignement, d'entraînement militaire et de mercenariat dans le monde entier pour des régimes autoritaires de droite (Salazar, Franco, colonels grecs, etc.). Ses agents opéraient sous des couvertures de journalistes ou de photographes leur permettant de se déplacer et d'enquêter[2]. Ces agents étaient pour la plupart d'anciens parachutistes ou légionnaires français, vétérans de la seconde guerre mondiale et des guerres d'Indochine et d'Algérie. Le financement provenait de valises de devises, remises à Lisbonne en mains propres. Certains auteurs l'on considérée comme un équivalent aux réseaux stay behind de l'OTAN (réseau destiné à agir derrière les lignes du Pacte de Varsovie en cas d'invasion de l'Europe de l'Ouest par ses troupes)

Un document d'Aginter Press, titrĂ© Notre ActivitĂ© Politique, est dĂ©couvert fin 1974 et dĂ©crit son implication dans la stratĂ©gie de la tension: « Notre croyance est que la première phase de l'activitĂ© politique devrait ĂŞtre de crĂ©er les conditions favorisant l'instauration du chaos dans toutes les structures du rĂ©gime (…) le premier mouvement que nous devrions faire serait de dĂ©truire les structures de l'Ă©tat dĂ©mocratique sous couverture d'activitĂ©s communistes et pro-chinoises (…) En outre, nous avons des personnes qui ont infiltrĂ© ces groupes d'extrĂŞme gauche Â». Aginter Press thĂ©orisait ainsi les actions dites « false flags Â».

Selon un rapport du SĂ©nat italien sur Gladio, la CIA a soutenu Aginter Press au Portugal. Aginter Press Ă©tait « en rĂ©alitĂ©, selon les derniers documents obtenus (…), un centre d'information directement liĂ© Ă  la CIA et au service secret portugais, spĂ©cialisĂ© dans les opĂ©rations de provocation » Jean-Yves Camus prĂ©cise pour sa part qu'Aginter Press Ă©tait une « centrale contre-rĂ©volutionnaire qui effectuait pour le compte de plusieurs États occidentaux les sales besognes qu'ils ne pouvaient (ou ne voulaient) pas assumer. Y compris le travail d'infiltration, voire de manipulation de certains groupuscules gauchistes […] Â»[3].

Membres

Le groupe était dirigé par Yves Guérin-Sérac, un militant catholique anti-communiste, ex-officier de l'armée française qui avait pris part dans la guerre d'Indochine (1945-54), dans la guerre de Corée (1950-53) et dans la guerre d'Algérie (1954-62). Le terroriste néo-fasciste italien Stefano Delle Chiaie était aussi un membre fondateur d'Aginter Press. Engagé en par Franco, Yves Guérin-Sérac opta ensuite pour le Portugal de Salazar, selon lui le dernier bastion contre le communisme et l'athéisme.

Vers 1966, l'écrivain Jean Brune devient rédacteur en chef de l'agence pour 3 ans environ.

Actions

Aginter Press a été engagé aussi bien contre les mouvements de libération nationale de l'Empire colonial portugais - en particulier entrainement de mouvements anti-guérilla en Guinée-Bissau, à partir de la Casamance Sénégalaise - qu'en Italie.

Une opération de déstabilisation au Congo Brazzaville, a avorté à la suite d'informations fournies au gouvernement du pays par les services français de Jacques Foccart, qui pourchassent les anti-gaullistes de l'Aginter Press. Plusieurs membres sont capturés et manquent d'être exécutés, ils sont finalement relâchés après intervention extérieure.

On soupçonne ainsi Aginter Press d'avoir assassiné, entre autres, Humberto Delgado, leader de l'opposition portugaise, le célèbre leader anticolonialiste Amilcar Cabral et Eduardo Mondlane, leader indépendantiste du FRELIMO marxiste au Mozambique, tué en 1969.

Attentat de la Piazza Fontana

Le juge italien Guido Salvini, chargĂ© de l'enquĂŞte sur l'attentat de la piazza Fontana de , expliqua aux sĂ©nateurs italiens que les recherches montraient que « Guido Giannettini [un des responsables nĂ©o-fascistes suspectĂ© de l'attentat] avait des liens avec GuĂ©rin-SĂ©rac au Portugal depuis 1964. Les recherches ont montrĂ© que des instructeurs d'Aginter Press (…) sont venus Ă  Rome entre 1967 et 1968 et ont instruit les membres activistes d' Avanguardia Nazionale dans l'utilisation d'explosifs Â».

Le juge Salvini concluait que Aginter Press, « vitrine de la CIA Â», avait jouĂ© un « rĂ´le dĂ©cisif dans les opĂ©rations de guerre secrète [secret warfare operations] en Europe de l'Ouest et avait commencĂ© les grands massacres afin de discrĂ©diter les communistes in Italie Â».

La fin

Lors de la RĂ©volution des Ĺ’illets en , Yves GuĂ©rin-SĂ©rac, JoĂŁo Da Silva et leurs associĂ©s quittèrent Lisbonne en catastrophe pour Albufereta, siège de l'organisation espagnole Paladin group, près d'Alicante. Avec des faux-passeports français, ils s'envolèrent pour Caracas, avec « la bĂ©nĂ©diction des rĂ©seaux Foccart Â»[4]. Les archives de l'organisation furent saisies et « les ambassades de France et des États-Unis au Portugal [exercèrent] « des pressions discrètes mais fermes pour que le contenu des documents ne soit pas publiĂ© », en raison des liens existants entre ce groupe d'extrĂŞme droite et les services de renseignements des deux pays Â»[3].

Notes et références

  1. Aginter Press et l'agent Guérin-Sérac au service de l'Occident chrétien, publié par le site web de RésistanceS
  2. (B… comme barbouzes, de Patrice Chairoff. Éditions Alain Moreau, 1975. p. 253)
  3. Jean-Yves Camus, « L'assassinat de Pierre Goldman, entre barbouzerie et fascisme », Rue89, 27 janvier 2010.
  4. B... comme barbouzes, de Patrice Chairoff. Éditions Alain Moreau, 1975. p. 254 & 256.

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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