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Affaire de la régale

L'affaire de la régale est un conflit qui opposa Louis XIV et Innocent XI au sujet du droit de régale.

Historique

Depuis le concordat de Bologne de 1516, le roi de France nommait les évêques qui recevaient leur investiture canonique du pape. Jusqu'en l'an 1673, certains évêchés étaient exempts du droit de régale (Provence, Dauphiné, Languedoc, Cambrai et Besançon), tandis que d'autres s'en étaient rachetés. En fait, en cas de vacance de ces évêchés, les revenus étaient versés jusqu'en 1641 à La Sainte-Chapelle de Paris, puis aux économats qui étaient des caisses chargées de financer la conversion des protestants au catholicisme. Quant aux nominations, elles étaient le plus souvent laissées aux décisions des chapitres des cathédrales.

Naissance du conflit

Par la déclaration de Saint-Germain du , Louis XIV, reprenant une décision de 1608, étend le droit de régale à tout le royaume (sauf les évêchés « rachetés »). La Sorbonne et le Parlement de Paris soutiennent le roi tandis que deux évêques (celui d'Alet - Nicolas Pavillon - et celui de Pamiers - François de Caulet), soutenus par le pape Innocent XI, s'opposent à la décision royale et font appel à Rome, mais leurs interventions restent sans effets[1].

En 1680, à Pamiers, après la mort de l'évêque, le chapitre refuse de reconnaitre le vicaire général nommé par l'archevêque de Toulouse et installé dans ses fonctions par l'intendant de Montauban. Le chapitre désigne trois grands vicaires pour assurer l’intérim. Les pères Rech et d’Aubarède furent chargés, par leurs confrères, d’administrer le diocèse. Aussitôt, Foucault, intendant de Montauban, et le marquis de Mirepoix, gouverneur du Pays de Foix, vont à Pamiers avec quatre compagnies de cavalerie et embastillent le vicaire capitulaire d’Aubarède (il restera 6 ans en prison à Caen où il devint aveugle). Pour le remplacer, le , les chanoines réguliers nomment alors le père Jean Cerle vicaire général et official du diocèse (c’est-à-dire responsable de la discipline du clergé) et Antoine Charlas. Jean Cerle, auparavant, avait été vicaire, à Tarascon, du prieur Caulet, frère de l’évêque défunt. Rech est enfermé au château d’Ax.

DĂ©claration des quatre articles

Pour rĂ©gler cette affaire, le roi convoque une assemblĂ©e en 1681. François de Maucroix en sera le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral. En sortira, un an plus tard, la « DĂ©claration des quatre articles de 1682 Â», en grande partie rĂ©digĂ©e par Bossuet. Le clergĂ© de France y proclame l'indĂ©pendance du roi face Ă  la papautĂ©, la supĂ©rioritĂ© des conciles sur le pape, et confirme les libertĂ©s de l'Église catholique de France par rapport Ă  la papautĂ©. La dĂ©claration devait ĂŞtre lue dans toutes les Ă©glises et servir de matière d'examen pour les futurs prĂŞtres.

En rétorsion, Innocent XI refuse d'investir les évêques nommés par Louis XIV. En 1688, trente-cinq évêchés sur cent-dix étaient sans titulaire, et les antagonismes entre royauté et papauté rendent la vie religieuse chaotique dans une partie du royaume.

Suite et fin

En 1687-1688, le pape annule les libertés dont profitaient les quartiers d'ambassade à Rome et Louis XIV riposte en faisant occuper Avignon.

Au plus fort du conflit le pape fait remarquer Ă  l'ambassadeur de France que :

« si les conciles sont supérieurs aux papes qui tirent leur pouvoir de Dieu, les états généraux devraient avoir loisir de formuler la même revendication à l'encontre du roi[2]. »

Le conflit prend fin en 1693, par un compromis. Le nouveau pape Innocent XII accepte l'extension de la régale temporelle et d'investir canoniquement les membres du clergé français, tandis que Louis XIV renonce à la régale spirituelle et à la Déclaration des quatre articles.

Notes et références

  1. Louis-Paul Du Vaucel, Relation de ce qui s’est passé touchant l'affaire de la régale, dans les diocèses d'Alet et de Pamiers, jusqu'à la mort de M. l'évêque d'Alet, (présentation en ligne)
  2. Aimé-Georges Martimort, Le gallicanisme de Bossuet, cité par Dale K. Van Kley, Les origines religieuses de la Révolution française.

Bibliographie

  • Marc Dubruel, « La provision des Ă©vĂŞchĂ©s français après la rĂ©conciliation des cours de France et de Rome sous Innocent XII », dans Revue d'histoire de l'Église de France, 1911, no 7, p. 39-65, no 9, p. 302-332
  • Marc Dubruel, « L'extension de la rĂ©gale Ă  tous les Ă©vĂŞchĂ©s de France. L'obligation imposĂ©e aux Ă©vĂŞques de faire enregistrer leur serment de fidĂ©litĂ© Ă  la chambre des comptes. Lettres inĂ©dites des Ă©vĂŞques de Pamiers et de Grenoble et du P. de la Chaize », dans Bulletin de littĂ©rature ecclĂ©siastiques, 1911, tome 12, p. 365-379, p. 413-434
  • Marc Dubruel, « La Cour de Rome et l'extension de la rĂ©gale », dans Revue d'histoire de l'Église de France, 1923, no 43, p. 161-184, no 45, p. 465-492
  • AimĂ©-Georges Martimort, Le gallicanisme de Bossuet.
  • Pierre Blet, Les assemblĂ©es du clergĂ© et Louis XIV de 1670 Ă  1693.
  • Dale K. Van Kley, Les origines religieuses de la RĂ©volution française.
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