Aegle marmelos
Le Maja ou Bael (Aegle marmelos) (Bengali àŠŹà§àŠČ) (Hindi:à€Źà€żà€Čà„à€”) est un arbre aromatique et Ă©pineux de taille moyenne. Cet arbre fruitier est l'unique espĂšce du genre Aegle, de la famille des Rutaceae.
L'arbre porte plusieurs noms communs fruit de Beli, Coing du Bengale, Orange-miel, Vilvon etc.
Il est appelé Bilva, Bilwa, Bel, Kuvalam, Madtoum en Inde.
Il possĂšde aussi plusieurs dĂ©nomination en Sanscrit : Bilva, ĆalÄtu, Háčdyagandha, Karkaáča, SamirasÄraka, Ćivadruma, TriĆikha, ĆiveáčŁháča, DĆ«rÄruha, LakáčŁmÄ« phala, Ćalya, MahÄkapithya etc[1].
Habitat et répartition
L'arbre pousse naturellement dans les forĂȘts tropicales sĂšches des plaines et des collines Ă une altitude de 250 Ă 1 200 m au sud et au centre de lâInde, en Birmanie, au Pakistan et au Bangladesh. Il est prĂ©sent Ă©galement au sud du NĂ©pal, au Sri Lanka, et dans les forĂȘts mixtes de diptĂ©rocarpes de la pĂ©ninsule indochinoise (Myanmar, ViĂȘt Nam, Laos, Cambodge, ThaĂŻlande).
Il est assez largement cultivĂ© en Inde, principalement prĂšs des temples Ă cause de son statut d'arbre sacrĂ© du dieu Shiva. Des mentions Ă©crites de sa culture remontent Ă 800 av. J.-C. Il est Ă©galement cultivĂ© au Sri Lanka, au nord de la pĂ©ninsule Malaise, Ă Java et aux Philippines depuis le XVIIIe siĂšcle. On peut aussi le voir dans quelques jardins en Ăgypte, au Surinam et sur l'Ăźle de la TrinitĂ©. Plusieurs spĂ©cimens sont maintenus Ă travers le monde dans les collections de Citrus.
Description
Le bael est un arbre Ă croissance lente d'une taille de 8-12 m mais pouvant occasionnellement atteindre 18 mĂštres de haut. Son tronc est assez court et mince. Son port est assez ouvert avec des branches courtes portant de nombreuses Ă©pines de plus de 3 cm de long Ă la base des feuilles. Les branches du bas s'Ă©laguent naturellement. Les jeunes rameaux portent de nombreuses Ă©pines droites.
L'écorce est gris bleuté se détachant en plaques.
Une gomme ressemblant à la gomme arabique s'exsude des blessures en long fils se solidifiant naturellement. Cette gomme à un goût sucré mais est irritante pour la gorge.
Les feuilles caduques prĂ©sentent un dimorphisme trĂšs fort au sein de l'espĂšce. Elles sont alternes naissant solitaires ou par bouquets de deux-trois. Elles sont composĂ©es de trois parfois mais rarement 5 folioles opposĂ©es ovales, pointues de 4 Ă 10 cm sur 2 Ă 5 cm. Les jeunes feuilles sont brillantes, marron rose. Les feuilles froissĂ©es ont une odeur pouvant ĂȘtre douce et agrĂ©able sur certains plants et au contraire nausĂ©euse sur d'autres. Le pĂ©tiole de certains individus est ailĂ©. Cette variabilitĂ© suggĂšre qu'il y aurait peut-ĂȘtre plusieurs sous-espĂšces (Swingle, octobre 1941).
Les fleurs odorantes apparaissent d'avril à juillet (en Inde) en petits panicules érigés, lùches axillaires ou en cymes terminales de 4 à 7 sur les jeunes branches. Elles ont 5 parfois 4 pétales incurvés charnus blanc verdùtre à l'extérieur, blanc crÚme à l'intérieur avec une cinquantaine d'étamines jaune verdùtre.
Les fruits sont mûrs au bout d'un an. Ils sont ronds, ovales ou piriformes d'un diamÚtre de 5 à 7,5 cm chez les sujets sauvages, peuvent atteindre 20 centimÚtres chez certains spécimens de culture. Gris vert avant maturité, ils deviennent ensuite jaunes ou orange et possÚdent une coque ligneuse de 3 mm d'épaisseur plus ou moins dure selon les variétés avec des glandes contenant une huile aromatique. L'intérieur est divisé en 8 à 20 segments triangulaires délimités par une mince peau parcheminée orange foncé contenant une pulpe orange, pùteuse et résineuse, sucrée, aromatique, plus ou moins astringente.
Noyés dans la pulpe, se trouvent 10 à 15 graines ovales aplaties d'à peu prÚs 1 cm de long couvertes de poils fibreux chacune enclose dans un sac rempli d'un mucilage collant, transparent et aromatique se solidifiant en séchant.
L'espÚce présente un dimorphisme marqué des rameaux :
- Les rameaux normaux ont des intervalles nodaux de 3-5 cm et portent des feuilles normalement dĂ©veloppĂ©es Ă chaque nĆud souvent avec une ou deux Ă©pines.
- Les rameaux courts sont trĂšs courts, 1-3 cm, ne portent aucune Ă©pine et ont de trĂšs nombreux nĆuds chacun avec une feuille, celles de la base trĂšs petites et celles de l'extrĂ©mitĂ© Ă trĂšs long pĂ©tioles.
L'espĂšce est diploĂŻde avec un nombre chromosomique de 2n=18
Variétés
Usuellement propagé par semis, l'arbre présente naturellement une forte variabilité.
Douze variétés et cultivars fixés ont été répertoriés en Inde :
- 'Kaghzi' - trÚs estimé il a de gros fruits avec une coque fine et peu de graines
- 'Mitzapuri' - un des meilleurs avec une coque trÚs fine, une pulpe de trÚs bonne texture et de trÚs bonne saveur. Il a peu de graines et est dépourvu de gomme
- NB 5 - fruit de taille moyenne rond et à surface lisse à maturité. Chair tendre d'excellente saveur avec peu de mucilage et modérément fibreux.
- NB 6 - fruit de taille moyenne rond et à surface lisse à maturité. Coque mince. Peu de graines et chair tendre avec peu de mucilage et une acidité moyenne.
- Pant Shivani - De mi-saison à forme ovale d'un poids de 2 kg. Coque mince de couleur jaune citron à maturité. La pulpe est blanc clair avec une trÚs bonne saveur et une quantité moyenne de mucilage et de fibre.
- Pant Aparna - Cultivar tardif avec des fruits de 600-800 g à coque moyennement épaisses. La chair est jaune, faiblement acide, assez sucrée et de bonne saveur avec peu de graines et contient une faible quantité de mucilage et de fibre
- 'Azamati'
- 'Darogaji'
- 'Khamaria'.
- 'Ojha'
- 'Rampuri'
Depuis 1975, quelques sélectionneurs s'intéressent au potentiel de l'espÚce.
Culture
Il exige une saison sÚche prolongée pour fructifier. Par exemple il ne porte pas de fruit au sud de la Malaisie.
Il supporte tous types de sol depuis les sols saturés d'eaux jusqu'aux sol secs, de pH 5 à 8, sols riches et profonds aussi bien que pauvres et rocheux ou argileux. En Inde, on dit qu'il pousse là ou aucun autre arbre ne peut vivre.
Ces exigences en tempĂ©ratures sont trĂšs larges. Au Punjab, il pousse jusqu'Ă 1 200 m d'altitude ou les tempĂ©ratures atteignent jusqu'Ă 50 °C Ă l'ombre en Ă©tĂ© et peuvent descendre jusqu'Ă â8 °C en hiver.
Le mode de propagation le plus courant est le semis en pépiniÚres et la transplantation en verger bien que les arbres ainsi obtenus aient des fruits trÚs variables en tailles et formes, quantité et qualité de la pulpe et saveurs variables de désagréable à trÚs bonne. Le marcottage aérien ou le bouturage de racine est parfois pratiqué pour les cultivars de bonne qualité.
Bien que des essais trÚs concluants de greffage aient été tentés, celui-ci reste peu pratiqué. Le pourcentage de réussite est de 80-95 % avec des pousses de 1 mois sur des porte-greffes de 2 ans au mois de juin. Des greffages expérimentaux ont été couronnés de succÚs sur Afraegle gabonensis, Swinglea glutinosa, Aeglopsis chevalieri.
En verger, les espacements pratiqués sont de 6-9 m. Les arbres de semis fructifient au bout de 6-7 ans, la propagation végétative donne des fruits au bout de 5 ans. L'arbre est en pleine production au bout de 15 ans.
En Inde, les fleurs éclosent d'avril à juillet suivies des jeunes feuilles et les fruits sont mûrs 10 à 11 mois aprÚs, de mars à juin de l'année suivante.
Normalement, les fruits sont rĂ©coltĂ©s quand ils sont de couleur jaune-vert et sont gardĂ©s au moins une semaine jusqu'Ă atteindre une couleur jaune et que la tige se sĂ©pare facilement du fruit. La rĂ©colte peut aussi avoir lieu en janvier pour ĂȘtre maturĂ©e chimiquement pendant une vingtaine de jours.
Un arbre peut produire annuellement 150 Ă 200 fruits, et jusqu'Ă 400 pour les cultivars sĂ©lectionnĂ©s pour un total de 200-250 kg. Les arbres sauvages portent plus de 60 kg de fruits. Les fruits peuvent ĂȘtre conservĂ©s 2 semaines Ă 30 °C et 4 mois Ă 9 °C.
L'arbre et les fruits sont exempts de dévastateurs exceptée une moisissure sur les fruits stockés trop longtemps.
En Floride, une déficience en zinc a été constatée compensée par l'application de sulfate de zinc.
Usages
Le fruit peut ĂȘtre consommĂ© frais ou aprĂšs avoir Ă©tĂ© sĂ©chĂ©.
En frais, la pulpe est consommĂ©e directement ou mĂ©langĂ©e Ă du sucre. Elle est surtout consommĂ©e en jus extrait par dilution de la pulpe avec de l'eau et du sucre parfois avec du tamarin. Elle est aussi lâun des ingrĂ©dients du sharbat, une boisson rafraĂźchissante dans laquelle la pulpe est mĂ©langĂ©e Ă du lait et du sucre, parfois du jus de citron vert.
De la confiture, du sirop, de la gelée et des pickles sont aussi préparés avec la pulpe des fruits pas tout à fait mûrs.
Pour ĂȘtre sĂ©chĂ©, le fruit peut ĂȘtre coupĂ© en tranches puis exposĂ© au soleil ou bien la pĂąte de pulpe est additionnĂ©e de sulfites, mĂȘlĂ©e Ă 30 % de sucre puis dĂ©shydratĂ©e Ă 50 °C et pulvĂ©risĂ©e avec adjonction d'acide ascorbique. Cette poudre est ensuite utilisĂ©e pour confectionner des boissons.
L'utilisation de ces préparations est plus souvent thérapeutique qu'alimentaire.
En Inde, il est si prisé que certains Indiens disent du fruit que c'est le meilleur parmi les aurantiacées.
Les valeurs nutritionnels suivantes sont rapportées pour 100 g
- Eau 54,96-61,5 g
- Protéines 5,12 g
- Lipides 0,2-0,39 g
- Glucides 28,11-31,8 g
- Cendres 2 g
- Pectines 2,52 g
- Tanins 0,21 g
- CarotĂšne 55 mg
- Thiamine 0,13 mg
- Riboflavine 1,19 mg
- Niacine 1,1 mg
- Acide ascorbique 900 mg
Une coumarine qui a été isolée pour la premiÚre fois dans l'écorce de Aegle marmelos Correa, la marmin[2] - [3]. Elle a été synthétisée en 1970 et est également présente dans les racines de la plante et dans la fleur de Citrus maxima[4] - [5]. La Marmin présente in vitro un effet hypolipidémiant, autrement dit anti-obésité, grùce à son excellente activité anti-proliférative sur les préadipocytes 3T3-L1 dont elle provoque l'apoptose [6].
L'infusion de fleurs sert aussi à la préparation d'une boisson rafraßchissante.
En Thaïlande et Indonésie, les feuilles et les jeunes pousses seraient consommées comme légumes.
Il a de multiples usages thérapeutiques traditionnels : La pulpe séchée sert à l'infusion d'une tisane utilisées contre la diarrhée et la dysenterie[7].
L'arbre est la plante nourriciÚre des deux lépidoptÚres de la famille des papilionidés indiens suivant :
Utilisation dans les rituels religieux
Le fruit est également utilisé dans les rituels religieux et comme un remÚde ayurvédique aux maladies comme la diarrhée, la dysenterie, les parasitoses intestinales, la sécheresse des yeux, et le rhume. C'est un antidote trÚs efficace contre la constipation chronique.
Dans la religion Hindou, il est dit que chaque jour la dĂ©esse Lakshmi cueille mille fleurs pour les offrir le soir Ă une statue de Shiva. Un jour, elle s'aperçut quâil lui en manquait deux. Il Ă©tait trop tard pour en cueillir dâautres car le soir Ă©tait venu et les lotus sâĂ©taient refermĂ©s pour la nuit. Elle se rappela que Vishnu avait une fois comparĂ© sa poitrine Ă des lotus Ă©clos. Elle dĂ©cida donc de les offrir en remplacement des deux fleurs manquantes. Lakshmi ĂŽta lâun de ses seins et le plaça sur lâautel avec les autres fleurs. Avant quâelle ne sâĂŽte le second, Shiva, qui Ă©tait trĂšs Ă©mu par tant de dĂ©votion, apparut derriĂšre elle et lui demanda dâarrĂȘter. Le dieu transforma alors le sein en fruit de Bael et lâenvoya sur terre avec sa bĂ©nĂ©diction pour quâil fleurisse prĂšs des temples.
Traditionnellement au NĂ©pal, lâarbre de Bael occupe une place importante dans le rituel fĂ©minin de fertilitĂ© connu sous le nom de Bel baha.
Danger
Lors de la saison de maturité des fruits, il convient de prendre garde à la chute de ces derniers qui sont durs et relativement lourds et peuvent blesser les personnes ou endommager les objets ou véhicules se trouvant en dessous.
Images
- Jeune plant cultivé en pot, Jardin botanique de la reine Sirikit, Thaïlande
Source
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Bael » (voir la liste des auteurs).
Bibliographie
H.K.Bakhru, Foods that Heal. The Natural Way to Good Health, Orient Paperbacks, (ISBN 81-222-0033-8)
Références
- S G Joshi, Medicinal Plants, Oxford & IBH Publishing Co. Pvt. Ltd. New Delhi, 2004, (ISBN 978-81-204-1414-3), p.341
- Asima Chatterjee et A. Choudhury, « The structure of marmin, a new coumarin of aegle marmelos correa », Naturwissenschaften, vol. 42, no 18,â , p. 512â512 (DOI 10.1007/BF00601207, lire en ligne, consultĂ© le )
- « Europe PMC », sur europepmc.org (consulté le )
- (en) Mahmudur Rahman AHM, Md. Mahfuzur Rahman, « Medicinal plants having anti-obesity potentiality available in Bangladesh: A review. », Biol Med Case Rep Vol 2 n° 1,â , p. 4 (sur 8 pages) (lire en ligne)
- (en) A. Chatterjee et A. Bhattacharya, « 385. The isolation and constitution of marmin, a new coumarin from Aegle marmelos, Correa », Journal of the Chemical Society (Resumed), no 0,â , p. 1922â1924 (ISSN 0368-1769, DOI 10.1039/JR9590001922, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) « Marmin from the blossoms of Citrus maxima (Burm.) Merr. exerts lipid-lowering effect via inducing 3T3-L1 preadipocyte apoptosis », Journal of Functional Foods, vol. 82,â , p. 104513 (ISSN 1756-4646, DOI 10.1016/j.jff.2021.104513, lire en ligne, consultĂ© le )
- François Dorvault, L'officine, Vigot, (ISBN 2-7114-1190-7), p. 454
Liens externes
Taxinomie
- (en) Référence Flora of China : Aegle marmelos (consulté le )
- (en) Référence Flora of Pakistan : Aegle marmelos (consulté le )
- (en) RĂ©fĂ©rence Catalogue of Life : Aegle marmelos (L.) CorrĂȘa (consultĂ© le )
- (fr) RĂ©fĂ©rence Tela Botanica (La RĂ©union) : Aegle marmelos (L.) CorrĂȘa (consultĂ© le )
- (fr+en) RĂ©fĂ©rence ITIS : Aegle marmelos (L.) CorrĂȘa (consultĂ© le )
- (en) Référence NCBI : Aegle marmelos (taxons inclus) (consulté le )
- (en) Référence GRIN : espÚce Aegle marmelos (L.) Correa (consulté le )
- (en) Référence uBio : site déclaré ici indisponible le 7 avril 2023
- (en) Référence JSTOR Plants : Aegle marmelos (L.) Corra