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Adrien Papillaud

Adrien-Benjamin Papillaud, né à Néré (Charente-Maritime) le [1] et mort à Paris le dans le 16e arrondissement de Paris[2] - [3] est un journaliste français de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle.

Adrien Papillaud
Image illustrative de l’article Adrien Papillaud

Naissance
Néré, France
Décès
16e arrondissement de Paris
Nationalité Français
Profession Journaliste
Historique
Presse Ă©crite La Libre Parole

Biographie

Adrien-Benjamin Papillaud est le fils de Benjamin Papillaud, un propriétaire habitant au hameau de la Fontaine à Néré. Son grand-père, Germain Papillaud[1], est un fervent bonapartiste, à l'instar de nombreux Charentais[4].

Adrien entame ses études au collège de Saint-Jean-d'Angély et les poursuit au lycée de Poitiers[3] où il se lie durablement d'amitié avec Edgard Combes[5], fils du maire de Pons et futur président du conseil Émile Combes.

Après son service militaire, il s'établit à Paris et y commence une carrière de journaliste en 1890. Collaborateur de l'hebdomadaire satirique Le Pilori pendant moins de deux ans[3], il rejoint dès 1892 l'équipe de La Libre Parole, un nouveau journal fondé par le polémiste antisémite Édouard Drumont. Papillaud y est chargé des informations politiques et du courrier parlementaire[6]. Ses articles lui valent des procès en diffamation ainsi que huit duels, notamment contre son confrère Paschal Grousset[7] et contre les parlementaires Paulmier[8] et Delpech[9]. Certains affrontements sont moins chevaleresques : en 1896, il crache au visage du sénateur Garran de Balzan, qui lui avait administré un coup de pied au derrière[10].

Papillaud est le premier journaliste à avoir écrit sur l'affaire Dreyfus. Informé de l'arrestation d'Alfred Dreyfus par un contact anonyme (peut-être membre de l'état-major)[N 1], il y fait allusion dans un entrefilet dès le , permettant ainsi à La Libre Parole de lancer la campagne de presse contre l'officier juif. Probablement conscient dès 1898 qu'Esterhazy est le véritable auteur du bordereau attribué à Dreyfus, ce dont il se serait ouvert à Jaurès avant de se rétracter[11], Papillaud reste néanmoins longtemps fidèle à la ligne antidreyfusarde et antisémite de son journal, malgré ses liens personnels avec de nombreux dreyfusards. Or, à l'issue de l'affaire en 1906, il paraît complètement désabusé et a le sentiment de s'être fait manipuler, principalement par le général Mercier, qui a été incapable de produire des preuves solides contre Dreyfus[12].

Affichant une sensibilitĂ© politique antimaçonnique et bonapartiste (notamment dans un ouvrage complotiste sur la mort du Prince impĂ©rial), Papillaud est candidat Ă  plusieurs reprises aux Ă©lections mais n'est jamais Ă©lu[3]. Sa première tentative, Ă  l'occasion des lĂ©gislatives de 1893, est peu concluante. Se prĂ©sentant dans la circonscription de Melle (Deux-Sèvres) comme « rĂ©visionniste plĂ©biscitaire Â»[13], il ne remporte que 6.871 voix, contre 11.797 au dĂ©putĂ© radical sortant, LĂ©opold Goirand, que le journaliste avait vainement tentĂ© de rattacher au scandale de Panama[14] et qui est rĂ©Ă©lu dès le premier tour. Lors des lĂ©gislatives de 1902, Papillaud se prĂ©sente dans la 2e circonscription de Saint-Denis (Saint-Denis-Aubervilliers) comme « rĂ©publicain nationaliste », mĂŞme si la presse de gauche doute de la sincĂ©ritĂ© du premier Ă©pithète[15]. MalgrĂ© le soutien financier du ComitĂ© national antijuif de Drumont, Papillaud n'obtient que 3.133 voix, arrivant troisième Ă  l'issue du premier tour, derrière le dĂ©putĂ© socialiste sortant, Albert Walter (7.796 voix) et le maire radical de Saint-Denis, Thivet-Hauctin (4.708 voix)[16]. Ce dernier ne s'Ă©tant pas maintenu, Papillaud est largement battu au second tour, avec 3.098 voix contre 10.165 Ă  Walter[17].

Après ces Ă©lections, Combes accède Ă  la prĂ©sidence du conseil et son fils Edgar est nommĂ© secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du ministère de l'IntĂ©rieur. L'amitiĂ© d'Edgar Combes avec Papillaud, ainsi que les liens entretenus par celui-ci avec Rouanet, Caillaux[11], Viviani ou encore avec le magistrat Atthalin[5], ont constituĂ© de prĂ©cieuses sources d'informations pour La Libre Parole et ont fait du journaliste un intermĂ©diaire frĂ©quent entre Drumont et les milieux ministĂ©riels. Jules GuĂ©rin, qui reprochait Ă  Papillaud son entente avec les dreyfusards, suspectait celui-ci de toucher une partie des fonds secrets. Il l'a Ă©galement prĂ©sentĂ© comme complice d'une tentative de chantage lors de l'affaire dite du « million des chartreux Â» de Fourvoirie (1904), lors de laquelle il est entendu par la Justice mais disculpĂ© par un tĂ©moin-clĂ©[18]. Papillaud est Ă©galement impliquĂ© dans l'affaire Duez (1910). Par l'intermĂ©diaire de Mme de Varinay (future Mme Bernain de Ravisi), il aurait soutirĂ© 30.000 ou 80 000 francs Ă  Émile Duez en Ă©change de la promesse de faire cesser la campagne de presse contre le malhonnĂŞte liquidateur des congrĂ©gations. RapportĂ©s en 1910, quelques mois après la mort du journaliste, ces faits n'ont pas Ă©tĂ© prouvĂ©s[19] - [20].

Souffrant d'une grave maladie, Adrien Papillaud meurt à l'âge de 42 ans, laissant sans ressources[21] son épouse et ses deux enfants, Georges et Marthe[3]. Ses obsèques ont lieu le en l'église Notre-Dame-de-Grâce-de-Passy[22] mais il est inhumé dans son village natal de Néré[N 2].

L'historien Bertrand Joly juge sĂ©vèrement Papillaud, qu'il qualifie de « journaliste vĂ©reux Â» et qu'il prĂ©sente comme un « joueur invĂ©tĂ©rĂ© Â»[5], un maĂ®tre-chanteur et un probable indicateur de police[11].

Notes et références

Notes

  1. Papillaud a été destinataire d'une lettre très détaillée, datée du 28 octobre 1894 et simplement signée « Henry ». Il s'agit probablement d'un pseudonyme et non d'une imprudence du commandant Henry, contrairement à ce que pensait Joseph Reinach (Jean-Denis Bredin, L'Affaire, Paris, Fayard/Julliard, 1993, p. 108-109). Selon d'autres informateurs, l'auteur de cette lettre serait le colonel du Paty de Clam (L'Aurore, 4 avril 1899, p. 2).
  2. Compte-rendu des obsèques dans le Journal des débats du 13 mai 1909 (p. 4). Les cordons du poêle étaient tenus par Drumont, le sénateur Louis Le Provost de Launay, le docteur Brisson, Faivre (fonctionnaire au ministère des Finances), le député Jacques Salis et Maurice Gaussorgues (vice-président de l'Association de la presse parisienne).

Références

  1. Registre des naissances de Néré, acte no18 du 16 octobre 1866.
  2. Archives de Paris, état-civil numérisé du 16e arrondissement, acte de décès no 896 de l'année 1877. Le publiciste meurt au domicile conjugal situé no 57 rue de Passy.
  3. Annales catholiques, t. 131, no 2032, 15 mai 1909, p. 315, et Bulletin de la Société des archives historiques, revue de la Saintonge et de l'Aunis, t. 29, 1909, p. 109.
  4. Adrien Papillaud, Les Crimes maçonniques..., p. 257.
  5. Bertrand Joly, Histoire..., p. 234 et 587.
  6. Journal des débats, 11 mai 1909, p. 3.
  7. Le Rappel, 8 août 1893, p. 1.
  8. Le Gaulois, 5 août 1894, p. 1.
  9. Raphaël Viau, Vingt ans..., p. 109.
  10. Le Figaro, 23 avril 1896, p. 1.
  11. Bertrand Joly, « Les antidreyfusards croyaient-ils Dreyfus coupable ? », Revue historique, no 590, avril-juin 1994, p. 416.
  12. Bertrand Joly, Histoire..., p. 591.
  13. Le Gaulois, 18 août 1893, p. 3.
  14. Journal des débats, 24 août 1893, p. 3.
  15. Le Rappel, 27 avril 1902, p. 2.
  16. Le Matin, 28 avril 1902, p. 1.
  17. Le Matin, 12 mai 1902, p. 1.
  18. Jules Guérin, Les Trafiquants de l'antisémitisme : la maison Drumont and Co, Paris, Juven, 1905, p. 417 et 570-580
  19. Le Rappel, 21 mars 1910, p. 1.
  20. Le Matin, 18 septembre 1919, p. 1.
  21. Raphaël Viau, Vingt ans..., p. 341.
  22. La Croix, 11 mai 1909, p. 5.

Bibliographie

  • Bertrand Joly, Histoire politique de l'affaire Dreyfus, Fayard, 2014, p. 234, 587 et 591.
  • RaphaĂ«l Viau, Vingt ans d'antisĂ©mitisme 1889-1909, Paris, Fasquelle, 1910.
  • Adrien Papillaud, Les Crimes maçonniques : la mort du Prince impĂ©rial (lettre-prĂ©face du baron Tristan Lambert), Paris, Savine, 1891.
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