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Adolf Wölfli

Adolf Wölfli né le à Bowil (canton de Berne) et mort le à Berne est un peintre, dessinateur et écrivain suisse, condamné pour pédocriminalité.

Adolf Wölfli
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  66 ans)
Berne
SĂ©pulture
Nationalité
Activités
Autres informations
Représenté par
Phyllis Kind Gallery (d)

Il est une de figures majeures de l'art brut.

Biographie

Jakob Wölfli, le père d'Adolf Wölfli, est un tailleur de pierre de profession. Il souffre d'alcoolisme, ne remplit pas ses obligations familiales et fait des séjours en prison. La famille vit dans un état de grande pauvreté. Son père et sa mère ont eu 7 garçons ensemble, dont Adolf est le benjamin. Deux des sept fils du couple sont décédés en bas âge, avant la naissance d’Adolf[1].

Aux alentours de 1870, le père d'Adolf Wölfli abandonne définitivement sa famille. Sa mère travaille comme blanchisseuse mais son état de santé se détériore et en 1872, est obligée de déménager de Berne à Schangnau, sa commune d'origine, afin de pouvoir faire valoir son droit à recevoir de l'aide de l'assistance publique[2] - [3]. L'assemblée communale est convoquée et place Adolf et sa mère chez un paysan, conseiller d'État et agriculteur à Cherlishof, commune de Bumbach. Ils seront séparés en [4]. Enfant de l'assistance publique, Adolf est ensuite placé chez toute une série de familles dans la région de l'Emmental, bien que certains de ces frères soient déjà majeurs à cette époque. Les placements d'Adolf Wölfli sont majoritairement chez des paysans, qui le traitent essentiellement comme une main-d’œuvre gratuite et pour lesquelles son éducation et sa formation scolaire ou professionnelle ne sont pas la priorité. Une exception notable est une famille qui l’accueille en 1874, mais ce placement ne dure qu'un an. Cette même année 1874, la mère d'Adolf Wölfli décède, un décès dont il n'est informé que trois mois plus tard. En 1875, le père retourne dans son pays natal où il succombe d'un delirium tremens.

De 1880 à 1890, il travaille comme valet de ferme et manœuvre[3] - [2]. Il change très fréquemment d'employeurs.

En 1890, il est condamné à deux ans de prison pour tentatives de viol sur deux mineures[5]. Il purge sa peine à la prison Saint-Jean de Gals, dans le canton de Berne[5]. Il récidive à sa sortie, mais est cependant déclaré irresponsable et interné en 1895 à l'asile d'aliénés de Waldau, à Berne. Il y reçoit le diagnostic de démence paranoïde (« dementia paranoides ») et y reste interné jusqu'à son décès en 1930, des suites d'un cancer de l'estomac[2].

Ĺ’uvre

Irren-Anstalt Band-Hain (1910), Lausanne, Collection de l’art brut.
Battania Gottes = Aker (1927), Villeneuve-d'Ascq, LaM.

Quatre ans après le dĂ©but de son internement Ă  la Waldau, en 1899, Wölfli commence Ă  dessiner, Ă©crire et composer de la musique[6]. Pendant 30 ans, il accumule 1 300 dessins, 44 cahiers oĂą sont exposĂ©es ses nombreuses thĂ©ories scientifiques et religieuses, au travers de longues emphases oĂą les mots sont dĂ©formĂ©s ou crĂ©Ă©s, l'orthographe transformĂ©e, les voyelles et les consonnes doublĂ©es ou triplĂ©es pour accentuer le rythme des phrases et sa biographie imaginaire de 25 000 pages, La LĂ©gende de Saint Adolf, dans laquelle il affirme une connaissance nouvelle, quasi encyclopĂ©dique[7].

En 1921, le psychiatre Walter Morgenthaler publie une monographie entièrement consacrée à Adolf Wölfli, un ouvrage qui contribue grandement à faire connaître l’œuvre d'Adolf Wölfli et dans laquelle il plaide pour que ce dernier soit reconnu comme un artiste[8] - [9].

L’œuvre d'Adolf Wölfli est conservée pour l'essentiel au musée des Beaux-Arts de Berne, où elle est mise en valeur par la Fondation Adolf Wölfli. Elle est également très bien représentée à la Collection de l'art brut de Lausanne, car elle est l'une des plus représentatives de ce mouvement que Jean Dubuffet a tenté de définir comme étant de l'art brut[7] - [10] - [11]. Son œuvre est conservée également au Lille Métropole Musée d'Art moderne, d'Art contemporain et d'Art brut (LaM) de Villeneuve-d'Ascq[12].

Écrits

  • Courte autobiographie, Lenka lente, Nantes, 2014, (ISBN 978-2-9545845-6-0). Ce texte a Ă©tĂ© rĂ©digĂ© en 1895 Ă  la demande de Walter Morgenthaler[13]. Adolf Wölfli y fait le rĂ©cit de sa vie jusqu'Ă  son internement. Ce texte est paru initialement en 1921, dans le livre que Walter Morgenthaler lui a consacrĂ©, Ein Geisteskranker als KĂĽnstler[13]. Si le rĂ©cit que fait Adolf Wölfli fait de ses annĂ©es d'enfance et d'adolescence est un texte construit, relativement bien organisĂ© chronologiquement et aisĂ© Ă  lire, la partie relative Ă  ces crimes sexuels est très confuse et floue. On y apprend qu'une de ses victimes a 7 ans.
  • (de) Von der Wiege bis zum Graab, Oder, Durch arbeiten und schwitzen, leiden, und Drangsal bettend zum Fluch. Schriften 1908-1912 [Du berceau au tombeau, ou, par le travail et la sueur, la souffrance et les privations, par la prière mĂŞme, vers la damnation. Écrits 1908-1912], Francfort, Fondation Adolf Wölfli, musĂ©e des Beaux-Arts de Berne, 1985.

Wölfli dans la culture

Adolf Wölfli pourrait être un des modèles de Moravagine, le héros fou et criminel du roman de Blaise Cendrars qui a eu, au cours de ses études de médecine à Berne (1909), l'occasion de se rendre à l'asile de Waldau[14] - [15].

Le peintre visionnaire américain Joe Coleman a réalisé en 1995 le portrait d'Adolf Wölfli sous le titre Saint Adolf II[16] - [17].

Notes et références

  1. (de) Elka Spoerri, « Chronologische Darstellung von Adolf Wölflis Leben und Werk », sur Fondation Adolf Wölfli,
  2. « Leben – Adolf Wölfli », sur www.adolfwoelfli.ch (consulté le )
  3. « Wölfli, Adolf », sur hls-dhs-dss.ch (consulté le )
  4. Adolf Wölfli, Elka Spoerri, Wölfli : dessinateur-compositeur, L'AGE D'HOMME, , 131 p. (ISBN 9782825102053, lire en ligne), p. 10.
  5. Daniel Baumann, « Wölfli, Adolf », sur Dictionnaire historique de la Suisse, .
  6. [PDF] Adolf Wölfli : L'hôpital comme atelier. Entretien avec Daniel Baumann, juillet 2005 sur ag-archives.net.
  7. Philippe Dagen, « Les dessins chantants d'Adolf Wölfli, un fou génial interné de 1895 à sa mort en 1930, le Suisse a produit une œuvre moderne stupéfiante. Il est exposé à Villeneuve-d'Ascq. », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  8. (de) Angela Fink, Kunst in der Psychiatrie: verklärt - verfolgt - vermarktet, , 202 p. (ISBN 978-3643504494), p.42-43.
  9. (en) Allan Beveridge, « A Disquieting Feeling of Strangeness?: The Art of the Mentally Ill », Journal of the Royal Society of Medicine, vol. 94, no 11,‎ , p. 595–599 (ISSN 0141-0768 et 1758-1095, PMID 11691904, PMCID PMC1282252, DOI 10.1177/014107680109401115, lire en ligne, consulté le ).
  10. Eric Tariant, « L’envolée de l’art brut », Le Temps,‎ (lire en ligne).
  11. Anastasia Altmayer, Isabelle Spaak, « Art brut : six cotes à la hausse. Leur talent est souvent reconnu après leur mort. Six artistes atypiques ont récemment obtenu des enchères record à titre posthume. », Le Parisien,‎ (lire en ligne).
  12. Florian Dèbes, « 3 raisons d'aller voir le LAM », L'Express,‎ (lire en ligne).
  13. (de) « Kurze Lebensbeschreibung »
  14. Claude Leroy, La Main de Cendrars, Presses Univ. Septentrion, , 360 p. (ISBN 9782859394875, lire en ligne), p. 175
  15. Patrice Delbourg, L'odyssée Cendrars, Écriture, (ISBN 9782359050141, lire en ligne).
  16. Reproduit dans le no 11 du magazine Raw Vision.
  17. The Holy Saint Adolf II, Joe Coleman Paintings.

Annexes

Monographies

  • (de) Dr Walter Morgenthaler, Ein Geisteskranker als KĂĽnstler: Adolf Wölfi, Berne/Leipzig, 1921
    Rééditions (fr) Dr W. Morgenthaler, Adolf Wölfli. Traduction et préface de Henri-Pol Bouché. Paris, Publications de l'Art brut, 1964. (en) Dr W. Morgenthaler, Madness and Art: The Life and Works of Adolf Wölfli, Ùniversity of Nebraska Press, USA, 1992).
  • (de) Collectif, Adolf Wölfli 1864-1930, Werk aus einer Privatsammlung, Bâle, Kupferstichkabinett, Kunstmuseum, 1971.
  • Collectif, Adolf Wölfli, Berne, Fondation Adolf Wölfli, MusĂ©e des Beaux-Arts de Berne, 1976. — Avec une prĂ©sentation chronologique de la vie et de l'Ĺ“uvre d'Adolf Wölfli par Elka Spoerri.
  • (en) Elsa Longhauser et Elka Spoerri, The Other Side of the Moon. The World of Adolf Wölfli, [catalogue d’exposition], Philadelphie, 1988.
  • Collectif, Wölfli, Dessinateur-Compositeur, Lausanne, Éditions l’Âge d’Homme, 1991.
  • (de) Marianne Wackernagel von Schwabe, Adolf Wölfli, Sondereinband, 1998.
  • (en) Daniel Baumann et Elka Spoerri, The art of Adolf Wölfli, Princeton University Press, 2003.

Catalogues d'exposition

  • Adolf Wölfli. Univers, cat. expo. Villeneuve d'Ascq, LaM 9 avril – 3 juillet 2011, VIlleneuve d'Ascq, LaM, 2011, 294 p. (sous la dir. de Christophe Boulanger, Savine Faupin et Daniel Baumann)

Articles notables et chapitres entiers de livres

  • Écrits d’Art Brut. Graphomanes extravagants, Lucienne Peiry, Paris, Le Seuil, 2020.   (ISBN 978-2-02-144768-2)
  • Michel ThĂ©voz, L'Art brut. Genève, Albert Skira, coll. « La Peinture », 1975, 1980.
  • « Wölfli : l’empire du songe », in : Christian Delacampagne, Outsiders, fous, naĂŻfs et voyants dans la peinture moderne (1889-1960), chapitre 5, Paris, Éditions Mengès, 1989, p. 76–88.
  • (en) Elka Spoerri, « Wölfli », Raw Vision, no 4, 1991.
  • (en) Edward Gomez, « Adolf Wölfli: An examination of the « Funeral March », the Swiss Visionary’s final voluminous Illustrated books », Raw Vision, no 18, 1997.
  • « Saint Adolf II, Empereur du gigantisme », in : Jean-Louis Ferrier, Les Primitifs du XXe siècle, Terrail, 1997, p. 76–91.
  • « Le PhĂ©nomène Adolf Wölfli », in : John Maizels, L’Art brut, chapitre 2, Phaidon, 2003, p. 22–30.

Ouvrages mentionnant Wölfli

  • art et folie de H. Scharbach 1996
  • (de) Hans Prinzhorn, Bildnerei der Geisteskranken, Springer Verlag, Berlin, 1922 (Ă©dition française : Expressions de la folie, Gallimard, 1984 et 1996).
  • Catalogue de la Collection de l'art brut, Lausanne, 1976 et 1986.
  • (en) Another World: Wölfli, AloĂŻse, MĂĽller, Glasgow, Third Eye Centre, 1978.
  • Michel Random, « L’art visionnaire », Paris, Nathan, 1979.
  • Art brut, Collection de l’Aracine, [catalogue d’exposition], MusĂ©e d’Art moderne Lille MĂ©tropole, 1997.
  • Lucienne Peiry, L'Art brut, Paris, Flammarion, 1997.
  • Colin Rhodes, L'Art outsider : art brut et crĂ©ation hors normes au XXe siècle, Thames & Hudson, 2001.
  • Florence de Mèredieu, Histoire matĂ©rielle et immatĂ©rielle de l'art moderne, Larousse, 2004.
  • Laurent Danchin, Art brut. L’instinct crĂ©ateur, Paris, Gallimard, 2006.
  • Bianca Tosatti, BeautĂ©s insensĂ©es : figures, histoires et maĂ®tres de l'art irrĂ©gulier, [catalogue d’exposition], Skira Seuil Éditions, 2006, 376 p.
  • Claude QuĂ©tel, Images de la folie, Paris, Gallimard, .
  • Gilles Deleuze et FĂ©lix Guattari, L'Anti-Ĺ’dipe, Paris, Éditions de Minuit, 1972.

Articles connexes

Liens externes

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