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Actaea

Actaea est un genre botanique de la famille des Ranunculaceae, qui comprend entre 20 et 30 espĂšces.

Actaea europaea

Comme d’autres Ranunculaceae, Actaea spicata, aussi appelĂ©e « herbe de Saint-Christophe », Ă©tait jadis utilisĂ©e en application comme traitement de la gale et d’autres affections cutanĂ©es, avec des consĂ©quences parfois dĂ©sastreuses.

LinnĂ© nomma une autre plante des forĂȘts eurasiatiques, Actaea cimicifuga. Ce nom « cimicifuga » – qui chasse les punaises – est Ă  mettre en relation avec son usage d’antan. Cette plante malodorante, appelĂ©e « cimicaire », Ă©tait en effet placĂ©e dans la literie pour chasser les punaises. LinnĂ© la rebaptisa ensuite Cimicifuga foetida, car ses fruits ne sont pas des baies, mais des follicules secs, comme ceux des aconits et des dauphinelles.

Les herbes de Saint-Christophe et les cimicaires sont des plantes des zones tempĂ©rĂ©es de l'hĂ©misphĂšre Nord. Des Ă©tudes rĂ©centes de l’ADN ont montrĂ© que les genres Actaea et Cimicifuga avaient Ă©tĂ© en fait indĂ»ment sĂ©parĂ©s. Les cimicaires ont ainsi Ă  nouveau rejoint le genre Actaea.

L'Herbe de Saint-Christophe

Baies de Actaea pachypoda
Baies de Actaea rubra

L’herbe de Saint-Christophe est une plante de taille moyenne Ă  feuilles ternĂ©es, souvent bi- ou triternĂ©es, qui ressemble Ă  celles des astilbes ou des anĂ©mones du Japon. Les fleurs minuscules de couleur blanche ou crĂšme, semblables Ă  celles des pigamons, sont groupĂ©es en courtes grappes. La pĂ©riode de floraison s’étale de mai Ă  juillet. Les diffĂ©rentes espĂšces sont trĂšs semblables et la couleur des baies est variable Ă  l’intĂ©rieur d’une mĂȘme espĂšce. La nomenclature est dĂšs lors confuse, le nombre d’espĂšces variant de 4 Ă  8 selon les auteurs.

EspĂšces de l'ancien monde

  • Actaea spicata L., l’herbe de Saint-Christophe, est une plante calciphile de 40 cm de haut, qui est originaire des bois montueux d’Europe et d’Asie. Elle a des feuilles bi- ou triternĂ©es. Son inflorescence printaniĂšre, assez peu spectaculaire, est suivie d’une grappe de baies luisantes de couleur noire. La variĂ©tĂ© alba a des baies blanches. La variante naine d’ExtrĂȘme-Orient Ă  feuilles ternĂ©es simples est appelĂ©e Actaea asiatica H. Hara.
  • Actaea erythrocarpa L. est une autre espĂšce trĂšs semblable de l’ancien monde, Elle se distingue de la prĂ©cĂ©dente par des feuilles plus divisĂ©es et de plus petites baies de couleur rouge. ‘Alba’ a des baies blanches.

EspÚces américaines

  • Actaea pachypoda Elliott (Syn. Actaea alba (L.) Mill.), une espĂšce de l’est du Canada et des États-Unis, qui atteint 80 cm de haut. Elle a des jolies baies blanches Ă  extrĂ©mitĂ© noire, en forme d’Ɠil de poupĂ©e, sur des pĂ©dicelles rouges. Actaea pachypoda f. rubrocarpa a des baies roses.
  • Actaea rubra (Ait.) Willd., une espĂšce qui atteint 40 cm, pousse dans les mĂȘmes rĂ©gions. Elle a des baies rouge vif. Dans l’ouest du continent, elle est remplacĂ©e par Actaea rubra subsp. arguta, une sous-espĂšce plus robuste, qui atteint 90 cm de haut. Actaea rubra f. neglecta a des baies blanches.

Actaea ×ludovici B.Boivin est un hybride naturel entre ces deux espùces, qu'on rencontre dans le nord-est des États-Unis.

La Cimicaire

La cimicaire est une grande plante Ă  feuilles semblables aux prĂ©cĂ©dentes. Les fleurs minuscules sont groupĂ©es sur de longues grappes Ă©troites de couleur gĂ©nĂ©ralement blanche, d’oĂč son autre nom vernaculaire 'Cierge-d’argent'. La pĂ©riode de floraison s’étale de juillet Ă  octobre. Les espĂšces sont trĂšs semblables, raison pour laquelle leur nombre varie largement d’aprĂšs les auteurs (de 15 Ă  24). Le rhizome de cimicaire est utilisĂ© sous le nom Sheng ma en mĂ©decine traditionnelle chinoise[1].

Actaea heracleifolia

EspÚce européenne

Actaea europaea (Schipcz.) J. Compton (Syn. Actaea cimicifuga L., Cimicifuga foetida L.), la seule espÚce eurasiatique, fleurit en juillet. Elle a une inflorescence malodorante peu ramifiée en cierges lùches jaune pùle. Elle est cultivée en Chine comme plante médicinale.

EspÚces américaines

  • Actaea racemosa L. (Syn. Cimicifuga racemosa (L.) Nutt.), des plaines de l’est de l’AmĂ©rique du Nord, est l’espĂšce amĂ©ricaine le plus souvent cultivĂ©e. Cette espĂšce, qui fleurit en juillet, a des feuilles bi- ou triternĂ©es. Son inflorescence malodorante de couleur blanche, peu ramifiĂ©e et lĂ©gĂšrement penchĂ©e atteint m de haut. Cette espĂšce, qui supporte le mieux la sĂ©cheresse estivale, Ă©tait utilisĂ©e par les AmĂ©rindiens pour faciliter les accouchements et combattre la dysmĂ©norrhĂ©e. Il a Ă©tĂ© montrĂ© rĂ©cemment qu’elle contient une substance Ă  effet ƓstrogĂšne. Elle est actuellement incluse dans diverses prĂ©parations utilisĂ©es pour combattre les symptĂŽmes de la mĂ©nopause.
  • Actaea podocarpa DC. (Syn. Cimicifuga americana Michx., Actaea americana (Michx.) Prantl), originaire des montagnes des mĂȘmes rĂ©gions, qui fleurit au mois d’aoĂ»t, possĂšde une Ă©lĂ©gante inflorescence dressĂ©e et peu ramifiĂ©e, de couleur blanche, qui atteint 1,5 m.
  • Actaea cordifolia DC. (Syn. Cimicifuga rubifolia Kearney, Actaea rubifolia (Kearney) Kartesz), endĂ©mique des montagnes du Tennessee, fleurit Ă  la fin aoĂ»t. Ses feuilles moins divisĂ©es, ressemblent Ă  celles des ronces (Rubus) ou de la vigne vierge.

Les espĂšces originaires de l’ouest de l’AmĂ©rique du Nord : Actaea elata (Nutt.) Prantl (Syn. Cimicifuga elata Nutt.), Actaea laciniata (S. Wats.) J. Compton (Syn. Cimicifuga laciniata S. Wats.) et Actaea arizonica (S. Wats.) J. Compton (Syn. Cimicifuga arizonica S. Wats.) ne sont que rarement cultivĂ©es.

EspĂšces asiatiques

Actaea heracleifolia

Les espĂšces originaires suivantes d’ExtrĂȘme-Orient (est de la Chine, Japon et CorĂ©e) sont souvent cultivĂ©es.

  • Actaea biternata (Siebold & Zucc.) Prantl (Syn. Cimicifuga biternata (Siebold & Zucc.) Miq.), qui fleurit de fin aoĂ»t Ă  septembre, possĂšde de grandes feuilles biternĂ©es. L’inflorescence blanche lavĂ©e de rose, inodore et peu ramifiĂ©e atteint 1,2 m de haut.
  • Actaea dahurica (Turcz. ex Fisch. & C.A. Mey) Franch. (Syn. Cimicifuga dahurica (Turcz. ex Fisch. & C. A. Mey.) Maxim.), qui fleurit en aoĂ»t, est dioĂŻque. Les plantes mĂąles ont une inflorescence trĂšs Ă©talĂ©e, blanc pur et parfumĂ©e, qui atteint m de haut et ressemble Ă©trangement Ă  celle de la barbe-de-bouc (Aruncus dioicus). Les plantes femelles sont moins spectaculaires.
  • Actaea heracleifolia (Kom.) J. Compton (Syn. Cimicifuga heracleifolia Kom.) fleurit Ă  la fin septembre. L’inflorescence dressĂ©e, blanc pur et peu ramifiĂ©e peut atteindre 2,4 m de haut. Les feuilles de la variĂ©tĂ© bifida ne possĂšdent gĂ©nĂ©ralement que trois folioles.
  • Actaea japonica Thunb. (Syn. Cimicifuga acerina (Siebold & Zucc.) Tanaka), une espĂšce naine, fleurit d’aoĂ»t Ă  septembre.
  • Actaea simplex (DC.) Prantl (Syn. Cimicifuga simplex (DC.) Wormsk. ex Turcz.) fleurit en septembre-octobre. L’inflorescence lĂ©gĂšrement penchĂ©e, dense et parfumĂ©e, de couleur blanche ou crĂšme peut atteindre m de haut.

Les espĂšces de Chine centrale : Actaea mairei (H. LĂ©v.) J. Compton (Syn. Cimicifuga mairei H. LĂ©v.) qui atteint 2,5 m, A.brachycarpa (P.K. Hsiao) J. Compton (Syn. Cimicifuga brachycarpa P.G. Xiao) et A. yunnanensis (P.K. Hsiao) J. Compton (Syn. Cimicifuga yunnanensis P.G. Xiao) Ă  fleurs jaunes, et A. purpurea (P.K. Hsiao) J. Compton (Syn. Cimicifuga purpurea (P.G. Xiao) C.W. Park & H.W. Lee) Ă  fleurs pourprĂ©es, ne sont que rarement cultivĂ©es.

Note

Cimicifuga nanchuanensis P.K. Hsiao, un endémique des montagnes de la Chine centrale, a un statut encore incertain.

Culture

Les Actaea sont parfaitement rustiques. Ce sont plantes d’ombre ou de mi-ombre, qui craignent le soleil brĂ»lant et la sĂ©cheresse prolongĂ©e. Elles se plaisent ainsi parmi les rhododendrons et peuvent ĂȘtre associĂ©es Ă  d’autres plantes ombrophiles, comme les fougĂšres, les anĂ©mones du Japon, les Aconitum, Uvularia, Jeffersonia, Maianthemum, etc.

Quelques espÚces sont largement cultivées comme plantes ornementales et de nombreux cultivars sont proposés par les pépiniéristes.

Les herbes de Saint-Christophe sont apprĂ©ciĂ©es pour leur feuillage, qui forme un couvert en sous-bois et leurs baies. Actaea pachypoda a les baies les plus dĂ©coratives. Les AmĂ©ricains l’appellent « Doll’s eyes » par allusion Ă  ses baies qui ressemblent Ă  des yeux de poupĂ©e. Actaea rubra a des baies, qui ressemblent Ă  si mĂ©prendre Ă  des groseilles rouges. À ne pas planter lĂ  oĂč jouent de jeunes enfants !
Les cimicaires, surtout celles Ă  floraison tardive comme Actaea simplex, ressortent bien sur un fond de couleurs d’automne, lorsque presque plus rien ne fleurit. Elles sont Ă  prĂ©fĂ©rer aux espĂšces Ă  floraison estivale, dont les cierges ressortent moins et sont parfois malodorants.

Quelques cultivars

  • Actaea cordifolia ‘Blickfang’ est une sĂ©lection d’excellente tenue.
  • Actaea ramosa ‘Atropurpurea’ a un feuillage pourprĂ©, ‘Brunette’ un feuillage brun pourprĂ©, ‘Pink Spike’ une inflorescence rosĂ©e et un feuillage bronze.
  • Actaea simplex ‘Elstead’ a des boutons floraux violacĂ©s. ‘White Pearl’, une sĂ©lection Ă  floraison tardive, est plus grande et plus ramifiĂ©e. ‘Pritchard Giant’ ressemble Ă  la prĂ©cĂ©dente, en plus grand. ‘James Compton’ est un vigoureux cultivar Ă  feuilles sombres et Ă  longs cierges. ‘Hillside Black Beauty’ a un feuillage pourpre noirĂątre tout au long de la saison. ‘Frau Herms’ fleurit le plus tard dans l’annĂ©e.

Étymologie du nom de genre

LinnĂ© se serait inspirĂ© de la lĂ©gende d’ActĂ©on (grec ancien : ገÎșÏ„Î±ÎŻÏ‰Îœ) - un chasseur ayant surpris Diane au bain, qui fut changĂ© en cerf, puis dĂ©vorĂ© par ses propres chiens - lorsqu'il nomma une plante de nos forĂȘts montueuses Actaea spicata. Les baies noires de cette plante, aussi dangereuses pour celui qui les consomme que les chiens pour l’infortunĂ© chasseur, contiennent en effet de la proto-anĂ©monine, un poison violent qui entraĂźne une paralysie de la respiration. Selon d’autres sources[2], le nom Actaea serait une latinisation du grec αÎșÏ„Îź (sureau), par la ressemblance de ses feuilles et de ses baies avec celles du sureau.

Bibliographie

  • Leo Jellito & Wilhelm Schacht, Hardy Herbaceous Perennials, Timber Press 1995, (ISBN 978-0-88192-159-5)
  • Daniel J Hinkley, The Explorer’s Garden - Rare and Unusual Perennials, Timber Press 1999, (ISBN 978-0-88192-426-8)
  • RĂ©ginald Hulhoven, Des Cierges pour Saint Christophe - Un Retour aux Sources pour les Cimicaires, Les Jardins d'Eden, 18: 50-57, 2004

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

  1. Sheng ma
  2. François Couplan, Dictionnaire étymologique de botanique, éd. Delachaux et Niestlé, 2000
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