Ach-Chu'ara
Ach-Chu'ara (arabe : سورة الشعراء, français : Les poètes) est le nom traditionnellement donné à la 26e sourate du Coran, le livre sacré de l'islam. Elle comporte 227 versets. Rédigée en arabe comme l'ensemble de l'œuvre religieuse, elle fut proclamée, selon la tradition musulmane, durant la période mecquoise.
26e sourate du Coran Les poètes | |
Le Coran, livre sacré de l'islam. | |
Informations sur cette sourate | |
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Titre original | سورة الشعراء, Ach-Chu'ara |
Titre français | Les poètes |
Ordre traditionnel | 26e sourate |
Ordre chronologique | 47e sourate |
Période de proclamation | Période mecquoise |
Nombre de versets (ayat) | 227 |
Ordre traditionnel | |
Ordre chronologique | |
Origine du nom
Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourate Les poètes, cités dans le verset 224.
D'après le Coran, les poètes utilisaient leurs arts pour s'opposer à la nouvelle religion[2]. Le titre provient du verset 224 : « 224. Et quant aux poètes, ce sont les égarés qui les suivent. »[3].
Historique
Il n'existe à ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. Néanmoins selon une chronologie musulmane attribuée à Ǧaʿfar al-Ṣādiq (VIIIe siècle) et largement diffusée en 1924 sous l’autorité d’al-Azhar[4] - [5], cette sourate occupe la 47e place. Elle aurait été proclamée pendant la période mecquoise, c'est-à-dire schématiquement durant la première partie de l'histoire de Mahomet avant de quitter La Mecque[6]. Contestée dès le XIXe par des recherches universitaires[7], cette chronologie a été revue par Nöldeke[8] - [9], pour qui cette sourate est la 56e.
Les différences stylistiques et thématiques entre les deux parties constituant cette sourate ont permis de supposer l'existence de périodes d'élaboration différentes des éléments du texte. Pour Bell, la deuxième partie est postérieure et a connu, comme la première une réécriture avec des révisions. Neuwirth[Note 1] distingue, quant à elle, trois parties[3].
Interprétations
Verset 105–122 : Le déluge
S’intéressant au contre discours de ce passage, Azaiez remarque la proximité entre les propos de Noé et ceux de Mahomet dans la sourate 7 (v.188)[10]. Pour Ben Taïbi, « on peut établir un parallélisme entre dialogues dans le passé et dialogues dans le présent, qui montre que les seconds se construisent en procédant à l’anaphorisation des données des premiers »[10].
Grodzki remarque que le dialogue entre Noé (Nouh) et les non-croyants évoque un événement connu de tous et non détaillé dans la sourate. Noé est présenté comme « prophète des « al-ardalūna », que Hawting traduit par « faibles »[10]. Cette idée se retrouve dans la sîra (biographie) de Mahomet. Cela évoque pour Tengour « la condition basse des partisans mekkois de Muḥammad et même de Muḥammad lui-même qui n’avait pas le statut que la tradition lui prêtera plus tard. »[10].
Pour Tengour, ce passage appartient au thème de la dénégation, qui est d’abord associé à la tribu Quraish refusant le message de Mahomet[10].
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- M. Azaiez, "Sourate 26", Le Coran des Historiens, t.2a, 2019, p. 915 et suiv.
- R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 2].
Liens externes
- Texte de la sourate 26 en français, d'après la traduction de Claude-Étienne Savary de 1783.
Notes et références
Notes
- Les islamologues ont utilisé plusieurs approches pour tenter de dater les différentes sourates du Coran. Paret et Neuwirth appartiennent à l’« école allemande » qui, à la suite de Nöldeke, s’appuie sur la chronologie traditionnelle et sur un récit « laïcisé » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans les études islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie présent ». Les auteurs du Coran des historiens appartiennent davantage à l’autre courant (dit « sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir : Historiographie de l'islam et du Coran
- En 2019, seuls deux ouvrages peuvent être considérés comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publié en 1991 (aujourd'hui daté) et du Coran des historiens publié en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de Blachère, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate
Références
- A. Chouraqui, Le Coran, traduction et commentaires, 1990, p. 15.
- A. Chouraqui, Le Coran : L'appel, France, Robert Laffont, , 625 p. (ISBN 2221069641)
- M. Azaiez, "Sourate 26", Le Coran des Historiens, t.2a, 2019, p. 915 et suiv.
- G.S. Reynolds, « Le problème de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p.477-502.
- R. Blachère, Introduction au Coran, p.244.
- R. Blachère, Le Coran, 1966, p. 103.
- M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
- G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus n°95, 2011, p. 247-270.
- E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorâns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p.13.
- M. Azaiez (Ed.), G.S. Reynolds (Ed.), T. Tesei (Ed.), et al. (2016). The Qur'an Seminar Commentary / Le Qur'an Seminar. A Collaborative Study of 50 Qur'anic Passages / Commentaire collaboratif de 50 passages coraniques. Berlin, Boston: De Gruyter, passage QS 26 Q 26:105–122