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An-Naml

An-Naml (arabe : سورة النمل, français : Les fourmis) est le nom traditionnellement donné à la 27e sourate du Coran, le livre sacré de l'islam. Elle comporte 93 versets. Rédigée en arabe comme l'ensemble de l'œuvre religieuse, elle fut proclamée, selon la tradition musulmane, durant la période mecquoise.

27e sourate du Coran
Les fourmis
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Informations sur cette sourate
Titre original سورة النمل, An-Naml
Titre français Les fourmis
Ordre traditionnel 27e sourate
Ordre chronologique 48e sourate
Période de proclamation Période mecquoise
Nombre de versets (ayat) 93
Nombre de prosternations 1 (verset 25) ou 1 Ruku (si le verset est récité lors d'une prière)
Ordre traditionnel
Ordre chronologique

Origine du nom

Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourate Les fourmis, nom tiré du verset 18[2] - [3] :

« 17. Et, devant Sulaïman,
voici alignés en troupes,
des Djinns, des humains, des oiseaux,

18. jusqu'à ce qu'ils viennent
à l'Oued des Fourmis.
Une fourmi dit: "Ohé, les fourmis,
entrez dans vos galeries,
que Sulaïman et ses troupes
ne vous écrasent sans le vouloir." »

La référence aux fourmis pourrait avoir pour modèle lointain le Livre des Proverbes[3].

Historique

Il n'existe à ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. Néanmoins selon une chronologie musulmane attribuée à Ǧaʿfar al-Ṣādiq (VIIIe siècle) et largement diffusée en 1924 sous l’autorité d’al-Azhar[4] - [5], cette sourate occupe la 48e place. Elle aurait été proclamée pendant la période mecquoise, c'est-à-dire schématiquement durant la première partie de l'histoire de Mahomet avant de quitter La Mecque[6]. Contestée dès le XIXe par des recherches universitaires[7], cette chronologie a été revue par Nöldeke[8] - [9], pour qui cette sourate est la 68e.

Pour Bell, cette sourate daterait de l'an 2 de l'Hégire. Pour Neuwirth[Note 1], elle daterait plutôt de la seconde période mecquoise. Pour Van Reeth, "ces positions contradictoires montrent le caractère conjecturale de ce genre de datations qui se fondent surtout sur des critères internes et de surcroît ne tiennent pas compte du travail rédactionnel"[3].

Si un parallèle peut être fait entre les versets 4 et 24, ce qui a fait supposer une intervention d'un rédacteur, Van Reeth souligne l'unité de la sourate[3]. Pour lui, l'épisode de Moïse parait "être le produit d'un travail rédactionnel long et compliqué en couches superposées...". L'auteur n'exclut pas un travail rédactionnel après la mort de Mahomet, en particulier sous le règne d'Abou Bakr puisque le contexte de l'épisode de Salomon semble celui de la resistance des royaumes du Sud mais aussi des altérations additionnelles jusqu'à la collecte définitive du Coran sous Abd al-Malik.

Interprétations

Cette sourate appartient au groupe des sourates 27 à 36 qui se trouvent presque au milieu du Coran. Hétérogène, en particulier en raison de leur style concis et allusif, cet ensemble se compose principalement d’histoire de prophètes et de prescription en lien avec les fins dernières. Elles ne sont pourtant qu’allusives, ce qui appuie l’hypothèse selon laquelle le Coran est construit comme un commentaire midrashiques de textes bibliques connus de la communauté recevant cet enseignement[10].

Versets 15-44 : Salomon et la reine de Saba

Pour Dye, cet épisode possède un arrière-plan biblique, targoumique et midrashique. Ces derniers étaient, à la fin de l’antiquité, connue en dehors du judaïsme et, notamment en Arabie. A l’inverse, Pregill pense que le récit coranique a influencé les récits du judaïsme[11]. Pour Hawting, le manque de narration claire et la forme du texte suggère que ceux à qui le Coran est destiné sont familiers avec le récit juif de la reine de Saba[11]. Dye repère quelques différences avec le récit originel de la littérature juive[11]. Ces deux auteurs remarquent que dans le récit coranique, c’est Salomon qui interroge la reine et non l’inverse comme dans le récit du Targum[11].

Pour Hawting, Salomon n’est pas décrit comme un prophète mais simplement comme un souverain « sage et puissant »[11]. Stefanidis remarque que, conformément à la vision de Lassner, ce récit peut permettre de créer, mais de manière atténuée, une opposition entre les genres, présentant une reine de Saba humble, prudente et un Salomon autoritaire, violent[11]....

Le cœur du passage est centré sur le besoin de se soumettre à Allah. Pour Tengour, à propos de l’appropriation des textes bibliques par le Coran, « Il s’agit dans le même temps d’inscrire le dieu coranique dans [une] chronologie lointaine et d’étendre ainsi son pouvoir au-delà des limites de l’espace et du temps de la tribu mecquoise. »[11]

Khalfallah remarque que ce récit met en scène la nature et des créatures surnaturelles. Cet aspect participe à l’imaginaire musulman dans une « perception mythique du monde »[11]. Pour Winitzer, le contrôle de Salomon sur la nature s’inscrit dans une tradition orientale ancienne[11].

  • Texte de la sourate (Coran datant de 1874)

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • J. Van Reeth, "Sourate 27", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 979 et suiv.
  • R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 2].

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Les islamologues ont utilisé plusieurs approches pour tenter de dater les différentes sourates du Coran. Paret et Neuwirth appartiennent à l’« école allemande » qui, à la suite de Nöldeke, s’appuie sur la chronologie traditionnelle et sur un récit « laïcisé » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans les études islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie présent ». Les auteurs du Coran des historiens appartiennent davantage à l’autre courant (dit « sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir : Historiographie de l'islam et du Coran
  2. En 2019, seuls deux ouvrages peuvent être considérés comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publié en 1991 (aujourd'hui daté) et du Coran des historiens publié en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de Blachère, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate

Références

  1. A. Chouraqui, Le Coran, traduction et commentaires, 1990, p. 15.
  2. A. Chouraqui, Le Coran : L'appel, France, Robert Laffont, , 625 p. (ISBN 2-221-06964-1)
  3. J. Van Reeth, "Sourate 27", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 979 et suiv.
  4. G.S. Reynolds, « Le problème de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p.477-502.
  5. R. Blachère, Introduction au Coran, p.244.
  6. R. Blachère, Le Coran, 1966, p. 103.
  7. M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
  8. G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
  9. E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorâns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p.13.
  10. J. Van Reeth, « Introduction aux sourates 27-36 », Le Coran des historiens, 2019, p.976.
  11. M. Azaiez (Ed.), G.S. Reynolds (Ed.), T. Tesei (Ed.), et al. (2016). The Qur'an Seminar Commentary / Le Qur'an Seminar. A Collaborative Study of 50 Qur'anic Passages / Commentaire collaboratif de 50 passages coraniques. Berlin, Boston: De Gruyter. partie QS 27 Q 27 : 15-44
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