Accueil🇫🇷Chercher

Abies guatemalensis

Abies guatemalensis est un sapin menacĂ© d’extinction vivant dans les rĂ©gions montagneuses du Guatemala, du sud du Mexique, du Honduras et du Salvador Ă  une altitude de 2 000 Ă  4 000 mètres.

Taxonomie

Abies guatemalensis Rehder possède plusieurs noms vernaculaires : sapin du Guatemala, abeto de Guatemala, pacachaque, sapin pashaque, pinabete, pinabere et romerillo[2] - [3]. La description du genre a été faite en 1936 par Rehder qui séparait Abies guatemalensis du seul genre de sapin en Amérique centrale Abies religiosa. Depuis lors, Abies guatemalensis a été divisé en sept variétés[2] :

  • Abies guatemalensis var. guatemalensis Rehder
  • Abies guatemalensis var. tacanensis (Lundell) MartĂ­nez
  • Abies guatemalensis var. jaliscana MartĂ­nez
  • Abies guatemalensis var. longibracteata Z. Debreczy et I. Rácz
  • Abies guatemalensis var. ixtepejiensis Silba
  • Abies guatemalensis var. rushforthii Silba
  • Abies guatemalensis var. tamaulipasensis Silba

Une étude récente suggère qu’Abies guatemalensis n’est pas une espèce à part entière puisqu’elle n’est pas différentiable au niveau morphologique d’Abies hickelii et Abies religiosa. Ils proposent donc de fusionner à nouveau ces trois espèces sous le nom original d’Abies religiosa. Abies guatemalensis deviendrait Abies religiosa subsp. mexicana (Martínez) U. Strandby, K.I.Chr. & M. Sørensen [4] .

Morphologie

Abies guatemalensis est un arbre de grande taille pouvant atteindre une hauteur de 35 Ă  40 mètres Ă  maturitĂ© et un diamètre Ă  hauteur de poitrine (DHP) de 1,0 Ă  1,5 mètre. Il a un port conique, un tronc droit prĂ©sentant une Ă©corce lisse gris-brun qui devient Ă©cailleuse lorsque l’arbre vieillit. Ces branches poussent de façon plus ou moins horizontale et celles infĂ©rieures courbent vers le bas. Ces rameaux rectilignes vont du rouge-brun Ă  presque noir et sont parsemĂ©s de quelques poils bruns. Ces feuilles sont de courtes aiguilles de 1,2 Ă  5,5 cm en longueur et 1,2 Ă  2,0 mm en largeur qui sont disposĂ©es sur deux rangs Ă  angle droit avec le rameau. Les stomates forment deux bandes blanches sur le dessous de la feuille. Le strobile strobile mâle jaunâtre mesure 2,0 Ă  2,5 cm et il est produit latĂ©ralement sur les jeunes branches. Les cĂ´nes femelles sont cylindriques-oblongs et atteignent 8 Ă  12 cm en longueur et 4,0 Ă  5 en diamètre. Le rachis du strobile du cĂ´ne femelle est persistant et brun-noir. La forme des Ă©cailles des graines varie d’oblongue Ă  rĂ©niforme (voir : Forme foliaire. Les bractĂ©es sont cunĂ©es ou obovĂ©es avec un apex tronquĂ© lĂ©gèrement denticulĂ© mesurant 1,2 Ă  1,7 cm. Les graines d’un brun pâle sont Ă©galement cunĂ©es ou obovĂ©es et mesurent 8 Ă  mm, alors que leurs ailes mesurent de 10 Ă  23 mm de longueur par 10 Ă  21 mm de largeur[2].

Distribution

Abies guatemalensis est le reprĂ©sentant le plus mĂ©ridional du genre Abies. On le retrouve au Mexique dans les Ă©tats du Chiapas, Guerrero, Hidalgo, Jalisco, Oaxaca et Tamaulipas. Au Guatemala, il est dans les dĂ©partements de Chimaltenango, Sololá, El Progreso, Huehuetenango, Jalapa, Quetzaltenango, QuichĂ©, San Marcos et Totonicapán. Au Honduras, il a Ă©tĂ© dĂ©couvert dans les dĂ©partements de Copán, Lempira, Ocotepeque ainsi que dans Santa Bárbara. Au Salvador, les seules mentions proviennent de Chalatenango. La forĂŞt de conifères montagneuse qui contient Abies Guatemalensis couvre une superficie 25 812 ha au Guatemala, mais seulement 4 % de celle-ci est dominĂ©e par l’espèce. Les forĂŞts de ce type sont particulièrement fragmentĂ©es avec 80 % qui ont une superficie infĂ©rieure Ă  100 ha et mĂŞme 55 % infĂ©rieure Ă  25 ha. Les trois plus grandes populations au Guatemala sont respectivement 16 500 ha dans la municipalitĂ© de Totonicapán, 2700 ha Ă  Todos Santos et 1300 ha dans la Sierra de las Minas[2]

Niche Ă©cologique

Abies guatemalensis se retrouve entre 1200 et 3 600 m d’altitude, mais il prĂ©fère de 2400 Ă  3 400 m. Les montagnes d’AmĂ©rique centrale ont un climat ocĂ©anique frais et humide. Abies guatemalensis nĂ©cessite au moins 1 000 mm de prĂ©cipitations annuelles pour croĂ®tre bien que la majoritĂ© des populations reçoivent entre 1500 et 3 000 mm. On le retrouve principalement sur les versants nord et dans les vallĂ©es humides, ce qui laisse supposer qu’il tolère mal la sĂ©cheresse. Il semble prĂ©fĂ©rer les sols bien drainĂ©s d’origine volcanique et de profondeur moyenne alors qu’il a une grande tolĂ©rance pour le pH (5,8 Ă  9,2). Il a une croissance annuelle moyenne de 0,39 Ă  0,46 mètre par annĂ©e et de 0,56 Ă  0,69 cm par annĂ©e en diamètre dans des peuplements âgĂ©s de 49 Ă  71 ans[2].

Types de peuplements

Abies guatemalensis forme rarement des peuplements monospécifiques, car il est généralement assez dispersé. En effet, il est associé à plusieurs autres conifères des montagnes dont Abies religiosa, Cupressus lusitanica, Pinus ayacahuite, Pinus hartwegii, Pinus michoacana, Pinus montezumae et Pinus pseudostrobus. À de plus basses élévations, on le retrouve avec Arbutus sp, Juniperus sp et Quercus sp. Dans les forêts ouvertes, on le voit avec Arbutus xalapensis, Baccharis vaccinioides, Cestrum guatemalense (es), Litsea glaucescens, Rubus trilobus, Salvia cinnabarina et Sambucus mexicana [2].

Facteurs biotiques et abiotiques limitants

Bien qu’aucune étude ne le montre, Abies guatemalensis semble tolérant au gel puisque presque chaque nuit la température tombe sous le point de congélation de novembre à février à une élévation supérieure à 2200 au Guatemala. L’espèce semble plutôt épargnée par les maladies bien que quelques cas de ravageurs tels le dendroctone (Dendroctonus sp.) et Megastigmus sp. sont documentés[2]. Une nouvelle espèce de puceron du genre Mindarus cause la distorsion des nouvelles pousses ainsi que du tort aux plantations d’Abies guatemalensis. Ce ravageur pourrait devenir un véritable problème, si de grandes plantations monospécifiques font leur apparition[5] - [6]

Diversité génétique

La diversité génétique intra population est grande chez Abies guatemalensis contrairement à ce que l’on pensait au début des années 2000, ce qui est une bonne nouvelle pour la santé de l’espèce puisque les risques de dérive génétiques sont moindres. Au niveau de la diversité inter population, elle est relativement faible si on exclut certaines populations isolées, ce qui porte à croire qu’une bonne stratégie de conservation serait de protéger les populations centrales, mais également les populations périphériques[7] - [8].

Utilisation

Les Mayas avaient déjà modérément défriché les hautes terres du Guatemala et du Mexique lors de l’arrivée des Espagnols. Ceux-ci ont accéléré la déforestation afin de construire des bâtiments. Les populations d’Abies guatemalensis sont restées en santé relative jusqu’aux années 1950 où elles ont été abusivement exploitées à l’exception de certains sites nationaux où la coupe était interdite[2].

Le tronc droit et le bois plutĂ´t mou rendre l’espèce particulièrement attrayante pour la construction, la fabrication de bardeaux et d’outils, de mĂŞme que pour le bois de chauffage. Une utilisation plus rĂ©cente pour les arbres de NoĂ«l et autres dĂ©corations vient menacer les peuplements restant, car la coupe illĂ©gale des branches de sapins est une activitĂ© rentable au Guatemala. Les branches sont coupĂ©es illĂ©galement en forĂŞt et sont ramenĂ©es en villes oĂą elles sont attachĂ©es Ă  une perche de bois afin d’être vendues sous forme d’arbre semi-naturel. Environ 100 000 de ces arbres semi-naturels furent vendus en 2005. Pour lutter contre cette contrebande, une cinquantaine de plantations couvrant une superficie de 167 ha produisent des arbres de noĂ«l certifiĂ©s, mais seulement environ 2 % des consommateurs les utilisent parce qu’ils sont plus dispendieux[2] - [6] - [9]

Régénération naturelle

La Régénération naturelle d’Abies guatemalensis est presque nulle dans les zones anthropisées, mais lorsque le broutage, la coupe du bois et le piétinement sont nuls, on retrouve de nombreux semis[2]. En effet, le sapin du Guatemala produit en moyenne 320 recrus par hectare au Guatemala. Sa régénération est plus efficace à mesure que l’altitude augmente et par conséquent les peuplements à basse altitude ont très peu de régénération. Elle est également reliée avec l’augmentation du pH du sol, de la quantité de calcium dans le sol, de la quantité de matière organique et de la quantité d’azote [10]

Abies guatemalensis a un meilleur taux de survie et de croissance en milieu ouvert alors que dans une forêt fermée avec peu de lumière incidente qui se rend au sol, il a de la difficulté à se régénérer. Il semble donc dépendant des trouées naturelles ou celles créées par l’homme pour se régénérer. Dans un but de conservation, choisir des milieux ouverts ou maintenir artificiellement une couverture de la canopée de 80 à 85 % pour les plantations semble une stratégie efficace lorsque la banque de graines est suffisante[10] - [11].

MĂ©thodes de culture

Les cônes sont matures de la fin novembre à la mi-décembre. Leur récolte dans un but de conservation doit se faire avant la maturité puisqu’ils se désagrègent à ce moment. Les cônes matures sont vert foncé ou violet, ils présentent des exsudats de résines et les ailes des graines deviennent jaunes. Les cônes récoltés avant la maturité doivent être entreposés à l’obscurité pour une période allant jusqu’à 8 semaines pour compléter la maturation des graines. Ensuite, on doit retirer les ailes des graines en les frottant délicatement dans une poche en tissu. Pour un entreposage à long terme, il est préférable de les laisser sécher 6 heures au soleil afin de diminuer leur humidité. Le pourcentage de germination de graines fraiches varie de 4 à 15 % selon les études, alors qu’il diminue à 2 % pour des graines sèches. Il est possible d’augmenter la survie des graines en utilisant une méthode de stratification froide et humide qui consiste à humidifier légèrement les graines et les placer dans un sac de plastique perforé à 2 à 3 °C durant 4 semaines. Par la suite, il faut les faire sécher quelques heures et les entreposer à nouveau 8 semaines entre 2 et 3 °C. Ce processus augmente la germination à 30 % et une application de gibbérelline peut l’augmenter à 37 %[2] - [10] - [12]. Il a également été montré que le succès de germination décroît avec l’augmentation de l’altitude et de la latitude. Il faut en moyenne de 4 à 8 ans avant qu’un sapin soit récolté pour le marché du sapin de Noël[6].

Conservation

Abies guatemalensis est une espèce considérée comme menacée par le gouvernement Mexicain[2]. Depuis 1979, le « US Fish and Wildlife Service » le considère menacé sur toute son aire de répartition[13]. À la suite de la recommandation du « Conifer Specialist Group », il a été placé sur la liste rouge des espèces en danger de l'IUCN en 1997 [14]. Le bûchage est interdit et l’espèce est sur la liste de la CITES Appendix II ce qui restreint grandement son commerce au niveau international[15]. Elle est aussi considérée comme menacée par le FAO[16]. Tous les peuplements restants sont protégés et la coupe est interdite[2] - [9] - [12].

Perspective future

Compte tenu de la forte augmentation démographique prévue durant les 30 prochaines années en Amérique Centrale, les pressions sur Abies guatemalensis ne cesseront d’augmenter, tant au niveau des coupes pour le bois de chauffage que pour défricher les terres agricoles. Dans cette optique, Abies guatemalensis est une espèce susceptible de disparaître. L’établissement de plantations communautaires permettant la reforestation et garantissant un revenu aux communautés par la vente de sapin de Noël et d’artisanat semble une avenue prometteuse[2].

Notes et références

  1. IPNI. International Plant Names Index. Published on the Internet http://www.ipni.org, The Royal Botanic Gardens, Kew, Harvard University Herbaria & Libraries and Australian National Botanic Gardens., consulté le 13 juillet 2020
  2. Strandby Andersen U, Prado Córdova JP, Sørensen M et Kollmann J. 2006. Conservation and utilisation of Abies guatemalensis Rehder (Pinaceae) – an endangered endemic conifer in Central America , Biodiversity and Conservation, 15:3131–3151
  3. Silba J. 1986. An international census of the Coniferae, Phytologia memoir no. 8, Corvallis
  4. Strandby U, Christensen KI et Sørensen M. 2009. A morphometric study of the Abies religiosa–hickelii– guatemalensis complex (Pinaceae) in Guatemala and Mexico , Plant Systematics and Evolution, 280:59–76
  5. Favret C et Nielsen C. 2008. A new species of mindarus (Hemiptera: Aphididae) on the endangered Guatemalan fir , Ann. Entomol. Soc. Am. 101(5): 833-836
  6. Strandby Andersen U, Prado Córdova JP, Bräuner Nielsen U, Smith Olsen C, Nielsen C, Sørensen M and Kollmann J. 2008. / Conservation through utilization: a case study of the vulnerable Abies guatemalensis in Guatemala , Fauna & Flora International, 42(2), 206–213
  7. Aguirre-Planter E, Furnier GR et Eguiarte LE, 2000. Low level of genetic variation within and high levels of genetic differentiation among populations of species of Abies from southern Mexico and Guatemala , American Journal of Botany 87(3). 362-371.
  8. Rasmussen KK, Strandby U et Kollmann J, 2010. High genetic diversity within but limited differentiation among populations of the vulnerable Guatemalan fir , Journal of Tropical Forest Science 22(3): 247–259
  9. Strandby U et Smith Olsen C 2008. The importance of understanding trade when designing effective conservation policy – The case of the vulnerable Abies guatemalensis Rehder, Biological Conservation 141 : 2959 –2968
  10. Kollmann J, Prado CĂłrdova JP, Munk Andersen R, 2008. Factors limiting regeneration of an endangered conifer in the highlands of Guatemala, Journal for Nature Conservation 16 146-156.
  11. Quintana-Ascencio PF, Ramirez-Marcial N, Gonzailez-Espinosa M et Martinez-IcĂł M, 2004. Sapling survival and growth of coniferous and broad-leaved trees in successional highland habitats in Mexico , Applied Vegetation Science 7 : 81-88
  12. de MacVean A.L.E. 2002. Abies guatemalensis Rehder. In: Tropical Tree Seed Manual, United States Department of Agriculture, Forest Service, pp. 241 – 243
  13. USFWS, 2010, Guatemalan fir (= pinabete) , U.S. Fish and Wildlife Service Endangered Species, Consulté le 4 novembre 2010
  14. IUCN, 2010, Red List of Threatened Species , Version 2010.4, Consulté le 4 novembre 2010
  15. CITES, 2010, Appendices I, II and III, Convention on international trade in endangered species of wild fauna and flora , Consulté le 4 novembre 2010
  16. FAO, 1986. Databook on Endangered Tree and Shrub Species and Provenances , Forestry Paper 77. Food and Agriculture Organisation, Rome

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.