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Abidji

L'abidji est une langue parlée au sud-est de la Côte d'Ivoire par le peuple du même nom. Elle appartient à la famille des langues kwa, sous-groupe lagunaire intérieur.

Abidji
Pays Côte d'Ivoire
Nombre de locuteurs 50 500 (1993)[1]
Classification par famille
Codes de langue
IETF abi
ISO 639-2 nic[2]
ISO 639-3 abi
Étendue langue individuelle
Type langue vivante
Glottolog abid1235

Elle compte 2 dialectes : l’enyembe et l’ogbru, noms par lesquels se désignent eux-mêmes les membres de cette ethnie, le nom d’« Abidji » leur étant donné par les ethnies voisines[3].

Villages

L'abidji est parlé dans ces villages[4]:

nom de villagenom natif (API)
Soukoukrosukwebi
Badassogbadatɛ
Elibouelibu
Sahuyésayjɛ
gomongoma
Yaoboujawebi; joabu ;djabõ ; nadja côtôcô ; Amougbroussandou
Sikensisikãsi
Bécédibesedi
Brafouebybrafwebi
Bakanou A, Bgbakamɔ̃
Katadjikalaɟi
Abiéhouabjeu
Akakroakabi
Ahimangboemãgbo
Akoungouakpũmbu

Écriture

L’abidji est écrit avec l’alphabet latin, utilisant les graphèmes de l’orthographe pratique des langues ivoiriennes (OPLI).

Alphabet abidji[5] - [6]
Majuscules
ABCDE ƐFGGbJ IƖKKpL MNNyOƆ PRSTU ƲWYʔ
Minuscules
abcde ɛfggbj iɩkkpl mnnyoɔ prstu ʋwyʔ
Valeurs phonétiques
/a//b//tc//d//e/ /ɛ//f//ɡ//ɡ͡b/// /i//ɪ//k//k͡p//l/ /m//n//ɲ//o//ɔ/ /p//r//s//t//u/ /ʊ//w//j//ʔ/

Les voyelles nasalisées sont écrites avec n ( m devant p et b ) : an, en, ɛn, in, on, ɔn, un, ʊn ou ʋn, ɩn .

Phonologie

La phonologie de l'abidji se caractérise par l'harmonie vocalique : les neuf voyelles sont divisées en deux séries, suivant la position de la racine de la langue.

Les voyelles /i, e, u, o/ sont dites avancées car prononcées avec la racine de la langue vers l'avant de la bouche.

Les voyelles /ɩ, ɛ, ʋ, ɔ/ sont dites rétractées car prononcées avec la racine de la langue vers l'arrière de la bouche.

La voyelle /a/ se comporte dans les verbes comme une voyelle rétractée, mais dans les noms, elle peut apparaître aussi bien avec des voyelles avancées que rétractées, ex. : atingbre "piste", abrɛbɛ "ananas".

Toutes les voyelles d'un même mot appartiennent soit à l'une, soit à l'autre des deux séries : yɔfʋ "aimer", kikeu "secouer"[7].

Chacune des neuf voyelles peut être nasalisée.

D'autre part, la langue ne présente que des syllabes ouvertes, la seule exception étant la première syllabe du mot dar"marmite en métal", probablement un mot d'emprunt.

L'abidji est une langue tonale, c'est-à-dire que la hauteur musicale de chaque syllabe joue un rôle dans le sens des mots ou de la forme conjuguée du verbe[8]. Il existe deux tons phonémiques : le ton haut (H) et le ton bas (B), qui peuvent s'attacher à une seule ou à deux voyelle(s), ex. :

kpan (H) "tout", kpan (HB) "être humain"[7].

Grammaire

Le point le plus remarquable de la grammaire de l'abidji est son système verbal, très régulier. Il comporte quatre groupes de verbes qui se distinguent par la combinaison de leurs schémas syllabique et tonal.

Le groupe 1 est celui des verbes à base monosyllabique dont la base ne peut porter de tons modulés, ex. mɩkan "je dis" (ton B.H).

Le groupe 2 est celui des verbes à base monosyllabique dont la base porte un ton modulé, ex. mɩkan "j'ai" (ton B.HB).

Le groupe 3 est celui des verbes à base polysyllabique dont chaque syllabe ne peut porter qu'un seul ton, ex. mubutu "je demande" (ton B.H.B).

Le groupe 4 ne comporte que cinq verbes très courants ("aller, venir, manger, mourir, combattre") dont la base verbale présente une alternance entre une séquence hV, une séquence VV et une séquence ʔVVV, suivant l'aspect/temps auquel le verbe est conjugué, ex. mehi "je viens", mie "je suis venu", ʔieu "venir (infinitif)"[8].

Lexique

Lexique des deux dialectes abidji (ejẽmbe et ogbru)[4]:

françaisabidji (ejẽmbe)adidji (ogbru)
abeillealãnɟaɔlɔ̃nɟa
aboyerlubunɛgbɛ
aiguilleãfjɔrafofjɔru
aire de séchagebetagbeta
allumettekpasẽtɛpe
amiamwãɔmɔ̃
ananasabɛbrɛabrobɛ
animalonjɛn̥njɛ
attendrekpɔkpɔ̃
aujourd'huiamnɔ̃amrɛ̃
bagarrem̥bem̥me
balai (cour)tẽfɔtɔ̃fɔ̃
balai (chambre)kparuweɓawre
bâtir
bouekɔdɔgɔkɔdɔgɔ̃
cadavregwɛ̃tɛãẽte
caleçonjɔmkotojamkoto
cannekpamakpamã
caurin̥srowan̥zrowa
chanteɟiedʒi
chapeaukilekre
chasse-mouchesajɛsãẽ
chatɟiɟraɟiɟraɔ̃; afana
chaudɛt'eɛtsẽ
chèvreŋ̥hi-jiŋhɛ̃
citronlɛkpɛ̃ɓɛnɛ̃
cœurlubolɔwɛlubwolɛ
concessionlukpomõlukpohũ
corbeaujebrekpɔ̃ɔ̃jeblekpɔmɛ̃
courirjenedwe / due
couteaubajiremibajirumi; akrabo
crapauddɔntrɔtrɔntrɔ
danserbubu-sɟi
dentɛɲieɲẽ
donnerto
dosgegẽ
droitekpese-bɔkpɛsɛ-bɔ
entrer
épongebelabla
épousejiju
épouserhɔ̃
épouxhe
étendrepɛ (têŋge = traîner)
fumerbɛ ... jebɔ ... je
fourmimĩndere
fuméeminegbemregbe
gendremisjamesja
gomboaɟowɛadʒwɛ
goyavegbjãsɔ
grenouilleabjam(ɔ̃)abajamɔ
groslɔkpɔ
humideplɔpɔtɔ
intestinsrɔwɔwɛrɔrɔcɛ
jouerɛkpɛsɛkpɛ
lourdlilɛhẽ
luneŋwɔ̃hwɔ̃
mâcherta
machetteakrabɔbese
maisdodoɔkɔ̃mɔ̃nɔ̃
maison
mangerheɛ/e
médicamentrɛkpalɔkpa
mentonhõhɔhõhɔ̃
montrenɔ̃nɛ̃
mortierlufũlufu
nœudsãŋgɔtɔsãŋgoto; logbo
œilnɔ̃nɔ̃wɛnɛ-sɛ̃
oiseaurɔwarɔlowarɛ
palmier raphiaŋ̥ko-t'iŋkwe-t'i
perdula ... kpɛnepu
petittekretekrae
pisteatẽŋgbreatĩŋgbre
pleurerto-mototo-mite
poissonsĩjesije
prendrecotʃo
prixɛnoɛnnɛ
queuenihyĩ
regarderdekeleke
régionmãjemãɛ̃ (monde)
repasm̥bɔm̥bwɔ
scorpionsãŋgrãjikãŋgabedi
selmuhumuwu
silureɟemneɟemre
sourislɔkplɔkpõ
taroaɟipuabjake
termiten̥ce (termitière)m̥fɔ
terrewɔtɔwete
tomberpe
tortueɛdekelu-kpokpo (mort - brusque?)
vachedẽ
ventlɛfãlɔfã
villageebiobu
deuxãnɔ̃ɔɲɔ̃
quatreãlaãnda
neufnɛmbrɛnɔ̃mbrɔ̃
dixn̥djɔn̥sjɔ̃

Noms

Noms choisis[4]:

françaissg.pl.
hommekpãakpã
femmejuoju
enfantlɔbɔleɔmrɔbɔ
bébéɛwɔe[s]wɔ
homme (mêle)kpeseɛkpese
vieillardkpẽŋkprɛakpãŋkprɛ
poissonsĩjesĩjekpã
cordebebakpã
chienadwaadwakpã

Notes et références

  1. Ethnologue [abi].
  2. code générique
  3. Vick 1990.
  4. Dumestre, Gérard. 1971. Atlas linguistique de Côte-d'Ivoire : les langues de la région lagunaire. Abidjan : Institut de Linguistique Appliquée (ILA). 323 p.
  5. Kouadio N’Guessan 1993a, p. 116.
  6. Kouadio N’Guessan 1993b, p. 128.
  7. Tresbarats et Vick 1992, p. 16-20.
  8. Tresbarats 1990.

Bibliographie

  • Moïse Adjèbè Aka, Émile Yédé N’guessan, Jonas N’guessan et Chantal Tresbarats, Syllabaire abidji, Abidjan, Les nouvelles éditions africaines, coll. « Je lis ma langue », (ISBN 2-7236-0679-1)
  • [Kouadio N’Guessan 1993a] Jérémie Kouadio N’Guessan, « Côte d’Ivoire », dans Rhonda L. Hartell, Alphabets des langues africaines, Dakar, Unesco et Société internationale de linguistique, , p. 112-136
  • [Kouadio N’Guessan 1993b] (en) Jérémie Kouadio N’Guessan, « Côte d’Ivoire », dans Rhonda L. Hartell, Alphabets of Africa, Dakar, BREDA (UNESCO) et Summer Institute of Linguistics, (OCLC 35148690, présentation en ligne, lire en ligne)
  • (en) Chantal Tresbarats, « Tone in Abidji verb morphology », Studies in African Linguistics, vol. 21, no 1, (DOI 10.32473/sal.v21i1.107440)
  • Chantal Tresbarats et Renée Vick, Esquisse linguistique de l’abidji, Abidjan, ACCT/ILA,
  • Renée Vick, Le système aspecto-modal de l’abidji, Abidjan, Institut de linguistique appliquée,

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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