Accueil🇫🇷Chercher

Abed Azrié

Abed Azrié (arabe : عابد عازرية), né à Alep en 1946 est un chanteur et compositeur franco-syrien, auteur de deux oratorios, quinze albums de chants, de plusieurs musiques de films et plusieurs livres dont la traduction de l'Épopée de Gilgamesh en français[1] - [2].

Abed Azrié
Description de cette image, également commentée ci-après
Abed Azrié, compositeur, chanteur et auteur franco-syrien
Informations générales
Naissance
Alep, Syrie
Activité principale auteur-compositeur chanteur
Genre musical Musique populaire (du monde)
Instruments voix
Labels Doumtak / Harmonia Mundi
Site officiel / abed-azrie.com

Biographie

Il naît à Alep le 24 novembre 1946 et après plusieurs années passées à Beyrouth, il s’installe à 21 ans à Paris où il étudie la musique classique occidentale. Il y traduit en français de la poésie classique, comme l’Épopée de Gilgamesh écrite en sumérien[3].

Les années formatrices

Enfant douĂ© pour le chant, il est soliste lors de la messe quotidienne de son Ă©cole syriaque et « Ă©couter de belles voix Â» devient pour lui un plaisir aigu, qu'il s'agisse de passer ses dimanches Ă  courir d'un service d'Ă©glise Ă  l'autre et d'un rite Ă  l'autre, ou de participer aux rites musulmans et aux fĂŞtes kurdes ou armĂ©niennes. RĂ©fractaire aux conventions culturelles de sa ville natale, fĂ©ru de cinĂ©ma hollywoodien et de musiques populaires d'occident et, surtout, de littĂ©rature et de poĂ©sie d'Europe et d'Orient, il se lie très tĂ´t d'amitiĂ© avec des poètes d'Alep et de Beyrouth oĂą il se rend souvent[4]. Le baccalaurĂ©at en poche, il vient en France pour la première fois en 1965, et il s'y installe dĂ©finitivement en 1967 dans le but d'y apprendre Ă  Ă©crire la musique « une musique nouvelle Â». Il acquiert la nationalitĂ© française en 1982.

Composition et interprétation

Dès le dĂ©but de sa carrière, sa façon de travailler prĂ©sente des caractĂ©ristiques qui ne se dĂ©mentiront pas : une musique composĂ©e au service de textes choisis avant tout pour leur esprit rebelle â€” il entend s'adresser Ă  l'ĂŞtre humain dans ce qu'il a de plus universel et de plus contemporain â€” et Ă©crits dans des langues auxquelles le lie sa sensibilitĂ© personnelle ; un travail sur la durĂ©e, souvent entamĂ© longtemps avant la « sortie Â» de l'Ĺ“uvre, et repris par la suite dans un souci de perfectionnement.

Pour son premier album, en 1971, il met en musique des poètes contemporains du Proche-Orient et, déjà, il étudie la mythologie de Sumer et les textes des auteurs soufis du IXe au XIIIe siècles[5].

L'ÉpopĂ©e de Gilgamesh constitue un pivot dans son travail, littĂ©raire comme musical. Il en Ă©tablit le texte en arabe Ă  partir de fragments divers et il en Ă©crit une traduction française qui figure parmi celles qui font autoritĂ©[6]. Sa première mise en musique, en 1977, fait date. Il reprendra plus tard ce travail pour l'enrichir, avec une nouvelle version en 2011 . Entretemps, il a Ă©crit un autre oratorio, L'Évangile selon Jean[7]. En 1982, juste après la mort de sa mère, il se retire Ă  la campagne et commence Ă  travailler Ă  un oratorio sur l'Évangile. En parallèle, il approfondit sa connaissance des auteurs soufis et des textes des premiers moines chrĂ©tiens d'Orient. De retour Ă  Paris, il compose sur des textes avec de nouvelles sonoritĂ©s : l'espagnol pour Suerte, le vĂ©nitien pour Venessia. Et il entame une autre Ĺ“uvre de longue haleine, autour des textes d'Omar Khayyam[8].

Le travail sur L'Évangile, commencé en 1982, se matérialise en 2001 par une première création de L'Évangile selon Jean chanté en arabe, langue aujourd'hui la plus proche de l'araméen parlé à l'époque de Jésus. Une seconde version de cet oratorio pour solistes, choristes et orchestre d’Orient et d’Occident est créée en 2009 au Conservatoire de Damas, et jouée au festival des musiques sacrées de Fez, à l'Opéra de Marseille et à l'Opéra de Nice[9].

En mai 2011, il rend hommage au poète Adonis en lui dédiant un récital de chants donnés à l'Institut du monde arabe[10].

En 2012 et 2013, il enregistre pour la première fois un album d'après des textes écrits dans une langue non méditerranéenne, l'allemand, pour une création dans laquelle il fait se répondre des textes de Hafez et de Goethe. Cette œuvre est créée en octobre 2013 au théâtre de l'Atelier, dans le cadre du Festival d'Île de France[11].

Une cantate sur un texte de Jean Cocteau et un album de chants en français sont en préparation pour l'année 2014.

Discographie

  • 1971 : Le chant nouveau des poètes arabes — Le Chant du Monde
  • 1974 : Wajd — Le Chant du Monde
  • 1977 : L’ÉpopĂ©e de Gilgamesh — Shandar — RĂ©Ă©dition 2005 Doumtak / Harmonia Mundi
  • 1979 : Les Soufis — ADDA
  • 1985 : Le chant de l’arbre oriental — EMI
  • 1989 : Pour enfants seulement — CDA
  • 1990 : Aromates — Warner / Nonesuch — RĂ©Ă©dition 2006 Doumtak / Harmonia Mundi
  • 1994 : Suerte (avec Pedro Aledo, chant espagnol) — Empreinte Digitale
  • 1995 : Lapis-Lazuli — Sony Music — RĂ©Ă©dition 2004 Doumtak / Harmonia Mundi
  • 1998 : Suerte Live (avec Serge Guirao, chant espagnol) — Empreinte Digitale — RĂ©Ă©dition 2004 Doumtak / Harmonia Mundi
  • 1999 : Omar Khayyam — Sony Music — RĂ©Ă©dition 2004 Doumtak / Harmonia Mundi
  • 2000 : Venessia (chantĂ© en vĂ©nitien) — Nocturne
  • 2005 : Chants d’amour et d’ivresse — Doumtak / Harmonia Mundi[12]
  • 2005 : Comptines pour enfants seulement — Doumtak / Harmonia Mundi
  • 2006 : Suerte Live in Berlin (avec Ana Felip, chant espagnol) — Doumtak / Harmonia Mundi (CD + DVD)
  • 2008 : Mystic — Doumtak / Harmonia Mundi (CD + DVD)
  • 2009 : L'Ă©vangile selon Jean — Doumtak / Harmonia Mundi (2 CD+ 1 DVD)
  • 2010 : L'Ă©popĂ©e de Gilgamesh — Doumtak / Harmonia Mundi (CD + DVD)
  • 2012 : Abed AzriĂ© chante Adonis — Doumtak / Harmonia Mundi (CD + DVD)[13]
  • 2013 : Hâfez & Goethe (avec Jan Cobow, chant allemand) -Doumtak / Harmonia Mundi (CD + DVD)
  • 2017 : Le luth andalou - Little Village

Reprises au cinéma

Autres créations

Textes et mise en scène pour le théâtre

(d'après des mythes suméro-babyloniens, 2 500 ans av. J.-C.)

  • 1980 : Descente d'Ishtar dans le monde d'en bas, avec Françoise Thuriez, Nathalie Epron, Anne Hoybel, Isabelle Lafon, Patricia Bilal Elisabeth Hourcade et Widad Alameddine.
  • 1980 : Conseils de sagesse, suivi de Le maĂ®tre et son serviteur, avec Ines Des Longchamps, Jean-Luc Buquet, Marie Balvet et Bruno ChoĂ«l
  • 1980 : Le Mythe de l'oiseau Anzou, avec BenoĂ®t Ferreux, Marpessa Dawn, GĂ©rard Falconetti, Jean-Marc Cellier GĂ©rard-Paul Chevalier, Bruno ChoĂ«l et RenĂ©e-Laure Thuriez
  • 1980 : Le juste souffrant, avec Jean-Luc Buquet

Musique pour le théâtre

  • 1978 : Bajazet, de Jean Racine, mise en scène d'Henri Ronse, Festival d'Anjou puis Théâtre de la Bastille
  • 1990 : Ă€ la recherche d'Omar Khayyam en passant par les croisades, compagnie Al Hakawati, Festival de Santarcangelo, Festival international d'Édimbourg et Théâtre de la Colline

Musique pour le cinéma

  • 1994 : L'espoir voilĂ© — Femmes de Palestine, film documentaire français de Norma Marcos diffusĂ© par FR3 et sur une dizaine de chaĂ®nes de tĂ©lĂ©vision europĂ©ennes.
  • 1994 : Conte des trois diamants, long mĂ©trage belge de Michel Khleifi
  • 1995 : Al Leja, long mĂ©trage syrien de Ryad Chaia[14]
  • 1996 : Chronique d'une disparition, long mĂ©trage français d'Elia Suleiman[15].

Conseil et supervision musical

Direction artistique

  • 1978 : Sabah Fakhri au Palais des Congrès (2 disques Polydor)
  • 1985 : Sabah Fakhri au Théâtre des Amandiers (2 disques Emi Grèce)
  • 1995 : Chants d'extase en Islam — Hassan Haffar (1CD Warner France)
  • 1995 : Suites d'Alep — Hassan Haffar (3CD IMA / Harmonia Mundi)
  • 2010 : Satie en Orient (Doumtak / Harmonia Mundi)

Traduction vers le français

  • 1979 : L'ÉpopĂ©e de Gilgamesh : Textes traduits et adaptĂ©s de l'arabe, d'après des fragments sumĂ©riens, babyloniens, assyriens, hittites et hourites (Albin Michel, Paris)[16]

Traduction vers l'arabe

  • 1994 : Le Livre de la mer ; Le Livre de la nuit ; Le Livre de la mort ; Le Livre de la fin : Poèmes d'Etel Adnan traduits du français vers l'arabe (Édition Dar Amwâj, Beyrouth)

Références

  1. (en) Tod Linafelt, Surviving Lamentations: Catastrophe, Lament, and Protest in the Afterlife, University of Chicago Press, , 31 p. (ISBN 0-226-48190-5)
  2. (en) Stephen Holden, « The Pop Life », The New York Times, The New York Times Company,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Richard Nidel, World Music: The Basics, Routledge, , 204 p. (ISBN 0-415-96800-3)
  4. François Bensignor, « Rencontre avec Abed Azrié », Hommes & Migrations, vol. 1200, no 1,‎ , p. 58–60 (DOI 10.3406/homig.1996.2720, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) Les chant nouveau des poètes arabes by Abed Azrié - RYM/Sonemic (lire en ligne)
  6. « Abed Azrié "L'épopée de Gilgamesh" (Albin Michel) », sur France Culture (consulté le )
  7. « Oratorio d'Abed Azrié - L'Evangile selon Jean » (consulté le )
  8. Hélène Hazera, « Le son persan d'Abed Azrié Abed Azrié. », sur Libération (consulté le )
  9. François Bensignor et Abed Azrié, « Rencontre avec Abed Azrié », Hommes & migrations. Revue française de référence sur les dynamiques migratoires, no 1284,‎ , p. 190–195 (ISSN 1142-852X, lire en ligne, consulté le )
  10. « MOVIMENTO : Abed Azrié », sur France Culture (consulté le )
  11. Concertclassic / 3foisC, « Hâfez & Goethe par Abed Azrié et Jan Kobow au Festival d'Ile de France », (consulté le )
  12. « Chants d’amour et d’ivresse », sur Institut du monde arabe, (consulté le )
  13. Abed Azrié chante Adonis (lire en ligne)
  14. (en) Lawrence van Gelder, « An Unforgiving Landscape (Un paysage sans pardon) », The New York Times, The New York Times Company,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. (en) Janet Maslin, « In a Holy Land of Kitsch, Politics and Terrorism (Dans une Terre Sainte de kitsch, de politique et de terrorisme) », The New York Times, The New York Times Company,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. Abed Azrié, L'épopée de Gilgamesh, Albin Michel, (ISBN 978-2-226-38383-9, lire en ligne)

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.