Accueil🇫🇷Chercher

Abandon de famille

En droit français, l'abandon de famille est un délit défini comme le refus d'un ancien conjoint de payer la pension alimentaire nécessaire à la contribution financière de la vie de famille de ses enfants. Seul le tribunal correctionnel est compétent pour juger ce délit.

Selon l'article 227-3 du code pĂ©nal, modifiĂ© par la loi du : « Le fait, pour une personne, de ne pas exĂ©cuter une dĂ©cision judiciaire ou l'un des titres mentionnĂ©s aux 2° Ă  5° du I de l'article 373-2-2 du code civil lui imposant de verser au profit d'un enfant mineur, d'un descendant, d'un ascendant ou du conjoint une pension, une contribution, des subsides ou des prestations de toute nature dues en raison de l'une des obligations familiales prĂ©vues par le code civil, en demeurant plus de deux mois sans s'acquitter intĂ©gralement de cette obligation, est puni de deux ans d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende. »

Peines encourues

Peines principales

  • Une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à deux ans et une amende pouvant porter jusqu’à 15 000 euros.
  • En pratique, si le dĂ©biteur condamnĂ© n’est pas en Ă©tat de rĂ©cidive, il n’encourt qu’une peine avec sursis. En revanche, si le dĂ©biteur condamnĂ© est un rĂ©cidiviste, le sursis tombera en plus de la peine encourue pour la rĂ©cidive.

Si le dĂ©biteur condamnĂ© ne tient pas Ă  ses obligations pendant 6 mois, il perd automatiquement son autoritĂ© parentale. Ă€ l’inverse, si le dĂ©biteur condamnĂ© assume ses obligations pendant 6 mois, il rĂ©cupère de plein droit son autoritĂ© parentale

Le débiteur condamné est interdit des droits civiques et de famille. Il a également interdiction de quitter le territoire du lieu de sa résidence. Il ne peut plus exercer d’activité professionnelle ou bénévole en lien avec des mineurs.

Le dĂ©lai de prescription Ă  la suite d’un abandon de famille caractĂ©risĂ© est de 6 ans depuis la loi du .

Peines complémentaires

  • Le dĂ©biteur condamnĂ© perd automatiquement son autoritĂ© parentale s’il ne tient pas Ă  ses obligations pendant 6 mois. En revanche, le dĂ©biteur condamnĂ© rĂ©cupère de plein droit son autoritĂ© parentale s’il tient Ă  ses obligations pendant 6 mois.
  • Le dĂ©biteur condamnĂ© est frappĂ© des droits civiques et de famille.
  • Il a Ă©galement interdiction de quitter le territoire du lieu de sa rĂ©sidence.
  • Il ne peut plus exercer d’activitĂ© professionnelle ou bĂ©nĂ©vole en lien avec des mineurs.
  • Son permis de conduire peut ĂŞtre suspendu ou annulĂ©.

Le dĂ©lai de prescription Ă  la suite d’un abandon de famille caractĂ©risĂ© est de 6 ans depuis la loi du .

Si le débiteur condamné n’est pas un récidiviste, il ne pourra être condamné qu’à une peine avec sursis. Mais en cas de récidive, la peine se transformera en peine de prison ferme.

La Cour de cassation devient de plus en exigeante quant à la motivation des peines correctionnelles. Dans un arrêt en date du premier la Chambre criminelle de la Cour de cassation impose une motivation de toutes les peines correctionnelles en tenant compte des critères mentionnés à l'article 132-1 du Code Pénal : la gravité des faits, la personnalité de son auteur, sa situation personnelle. La Cour de cassation applique ici un principe du droit pénal de la famille et précise que les juges doivent examiner les trois critères de façon cumulative et non, ils ne peuvent se référer qu'à un seul d'entre eux. Avant cette jurisprudence de 2017 les juges du fond étaient seulement tenus de motiver les peines d'emprisonnement ferme et faisaient preuve de plus de souplesse pour les autres sanctions[1].

Recours en justice

Première étape

Il convient premièrement de s'assurer d'être capable de porter plainte pour abandon de famille[2].

Pour ce faire, il faut vérifier que la situation correspond aux critères suivants :

  • Il faut que le versement d'une contribution ou l'exĂ©cution d'une prestation ai Ă©tĂ© prononcĂ© en notre faveur de façon totalement dĂ©finitive. Si une dĂ©cision de justice est dĂ©finitive et qu'elle est dĂ»ment signifiĂ©e et homologuĂ©e alors le dĂ©biteur est y est tenu, Ă  dĂ©faut celui-ci peut ĂŞtre poursuivi pour abandon de famille.
  • Il faut aussi que le dĂ©biteur de la prestation ou de la contribution normalement prĂ©vu ne s'en acquitte pas totalement ou seulement partiellement durant plus de 2 mois. Dans ce cas, il risque jusqu'Ă  2 ans de prison et une amende 15 000 euros.
  • Il n'est pas obligatoire, mais il est prĂ©fĂ©rable de porter plaine : pour porter plainte en gendarmerie ou au commissariat, il faudra vous munir d'une dĂ©cision de justice homologuĂ©e prĂ©voyant le versement d'une pension ou l'exĂ©cution de la prestation en votre faveur et prendre rendez-vous Ă  la gendarmerie ou au commissariat de police le plus proche de votre domicile ;

Deuxième étape

Pour que le procureur de la République ait connaissance de votre abandon de famille, il faudra lui adresser un courrier. Cette lettre de plainte doit être rattachée au TGI situé le plus près de notre domicile et doit comporter les mentions suivantes :

  • nom + prĂ©nom ;
  • coordonnĂ©es complètes ; 
  • motif de votre plainte comportant le rĂ©cit des faits, les lieux et la date de l’infraction ;
  • montant des pensions non payĂ©es ;
  • nom + prĂ©nom + l’adresse prĂ©cise de la personne contre laquelle vous dirigez votre plainte.

Accompagné des documents suivants :

  • copie de la dĂ©cision/convention de justice homologuĂ©e contraignant le dĂ©biteur Ă  verser une pension
  • Copie des mises en demeure prĂ©alablement envoyĂ©es pour tenter d’obtenir une rĂ©solution amiable du diffĂ©rend avant de saisir la justice. Il est conseillĂ© d'envoyer votre courrier en recommandĂ© avec accusĂ© de rĂ©ception, ce qui permettra de constituer une preuve.

Troisième étape

Il faudra que vous attendiez la décision du procureur dès lors que vous aurez déposé votre plainte avec constitution de partie civile ou que vous aurez envoyé votre courrier. Le procureur possède différentes options :

S'il donne une suite à votre affaire, il transmet le dossier à un juge et vous serez convoqué en audience.

Soit il saisit le tribunal correctionnel et le débiteur sera convoqué à une audience.

S'il ne donne pas de suite à votre affaire, vous recevrez un avis de classement sans suite qui sera motivé.

Si vous avez une réponse favorable par courrier de l'avancée de votre affaire, le débiteur sera cité devant le tribunal et un juge sera chargé d'enquêter sur les faits.

Si vous n'avez toujours pas de réponse au bout d'un certain temps, vous pouvez contacter le bureau d'ordre du parquet du TGI compétent et ainsi vous connaîtrez la possibilité ou non de suite de votre dossier.

Quatrième étape

Si vous ne souhaitez pas porter plainte ou adresser une lettre de plainte devant le procureur de la RĂ©publique, vous pouvez faire citer de façon directe votre dĂ©biteur devant le tribunal correctionnel en contactant le greffe du tribunal correctionnel et ainsi vous obtiendrez une date d'audience Ă  laquelle votre dĂ©biteur sera convoquĂ©. Si vous choisissez cette option, bon pouvez obtenir une aide juridictionnelle et dans ce cas, avant que le tribunal ne rende sa dĂ©cision, vous devrez consigner une somme d'argent Ă  titre de garantie auprès du greffe. C'est un huissier qui devra rĂ©diger et dĂ©livrer la citation Ă  votre dĂ©biteur, donc vous devrez dans un dĂ©lai d'au moins 10 jours avant la date de l'audience le contacter. Ainsi, il informera le dĂ©biteur qu'il va lui ĂŞtre intentĂ© u procès. Il n'est pas obligatoire d'avoir un avocat devant le tribunal correctionnel, mais ca reste vivement conseillĂ©.

Cinquième et dernière étape

Il est conseillé que vous assistiez à l'audience, avec ou sans avocat. Par contre, il est obligatoire que le débiteur soit présent à l'audience. S'il est reconnu coupable d'abandon de famille, cette infraction sera mentionnée dans son casier judiciaire.

Le recours aux aides sociales possible

Le délit d’abandon de famille est donc constitué dès lors qu’une somme due à un membre d’une famille n’est pas versée. Si cette obligation n’est pas respectée pendant plus de deux mois, il pourra être sanctionné pour abandon de famille.

Allocation de soutien familial (ASF) de la CAF

L'allocation de soutien familial est destinée à l'éducation d'un enfant, privé d'un ou de ses deux parents. Elle peut être allouée aux parents seuls avec un ou plusieurs enfants à charge. Elle peut intervenir lorsque l'un des parents ne participe plus à l'aide financière de l'enfant depuis une durée de deux mois consécutifs. Le parent qui ne respecte plus ses obligations ne peut pas compenser la créance due avec une autre somme payée. Cette aide est récupérable jusqu'à un mois avant le vingt-et-unième anniversaire de l'enfant à charge à condition qu'il soit toujours à la charge du parent.

La demande peut se faire via un formulaire disponible sur le site de la CAF.

Son montant est de 115,30 euros par enfant et par mois du au . Le montant de l'allocation de soutien familial est fixĂ© tous les ans pur cette pĂ©riode.

Aucune restriction quant à la nationalité n'est posée tant que la personne concernée réside en France régulièrement.

En revanche, son versement est soumis à des conditions, notamment le fait de ne pas vivre en couple et de n'avoir pas de procédure de recouvrement de pension en cours par ailleurs.

Cette aide financière est rétroactive, puisque le montant sera versé à partir du mois suivant soit le divorce, soit le décès ou l'abandon de l'enfant[3].

Notes et références

Sources

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.