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A Vava Inouva

A vava inouva est le titre d'une des premières chansons du chanteur kabyle Idir. Ce titre fait partie de l'album du même nom sorti en 1976. Il a eu un succès considérable en Algérie, dans d'autres pays d'Afrique du Nord, dans certains pays d'Europe (France, Espagne, Grèce) et au-delà. Au son d'une guitare acoustique, sur une musique rappelant à la fois les mélodies amazighes et la musique folk des années 1960 et 1970, le texte évoque les veillées dans les villages des montagnes kabyles (Djurdjura, Babors), et la transmission orale des contes et enseignements traditionnels. En Kabylie, la chanson fut là encore accueillie avec beaucoup d'émotion. Elle engendrait à la fois un sentiment de reconnaissance d'une tradition profondément ancrée et un sentiment de nouveauté.

A vava inouva
Chanson de Idir
extrait de l'album A vava inouva
Sortie 1976
Durée 4:25
Genre Musique algérienne, musique kabyle, musique amazighe
Auteur Mohamed Ben Hamadouche dit « Ben Mohamed Â»
Compositeur Idir

Histoire de cette chanson

A Vava Inouva (« papa Inouva ») est une berceuse, composée par Idir et Mohamed Ben Hamadouche dit Ben Mohamed, pour Nouara[1]. Nouara était une des premières chanteuses de la musique algérienne de langue kabyle à introduire de la musique moderne dans certains de ses titres. À la suite d'un empêchement de cette dernière, le titre fut interprété à la radio algérienne par Idir lui-même, jeune musicien encore complètement inconnu, accompagné par la chanteuse Mila. Le succès fut immédiat. La chanson galvanisa la population algérienne, et même au-delà, le titre galvanisa les populations Nord-Africaines. L'orchestration en était très simple, associant essentiellement des guitares acoustiques aux voix, dans un style rappelant la musique folk telle qu'interprétée par Joan Baez quelques années auparavant[2].

Franchissant la Méditerranée, elle constitua le premier succès algérien en Europe et le premier à être joué à la radio nationale française. Ce titre marqua l'entrée de la musique kabyle dans la world music[3]. La journaliste Catherine Humblot évoqua cette chanson dans les colonnes du journal Le Monde en 1978. Et vingt ans plus tard, en , Idir put jouer ce même titre au Zénith de Paris, devant la jeunesse de l'immigration qui en reprenait en chœur le refrain[2].

La chanson d'Idir A Vava Inouva a été traduite et réinterprétée en plusieurs langues (arabe, espagnol, grec, français)[4]. David Jisse et Dominique Marge réalisent en duo la chanson « Ouvre-moi vite la porte » qui en est tirée. En catalan, la chanson est réinterprétée par le groupe Ara Va De Bo. Le chanteur grec Katevas réalise une version grecque « An ginotane » (en grec Αν γινότανε) en featuring avec Efi Strati.

Une seconde version de A Vava Inouva fut enregistrée en 1999, dans l'album « Identités » avec Karen Matheson, une chanteuse dont le répertoire se compose habituellement de chansons en langue gaélique[5].

En Kabylie, la chanson fut là encore accueillie avec beaucoup d'émotion. Elle engendrait à la fois un sentiment de reconnaissance d'une tradition profondément ancrée et un sentiment de nouveauté. La chanson a également fourni un contrepoids subtil mais important au discours de l’État algérien, qui valorisait fort peu la culture berbère dans ses projets de modernisation[2].

Texte de la chanson

Le texte est consacré à l'atmosphère des veillées dans les villages du Djurdjura, hauts perchés, et au mode de transmission de la culture kabyle ancestrale.

Le refrain de la chanson est une allusion à un conte[6] (une jeune fille sauvant son père prisonnier d'une forêt peuplée d'ogres et de fauves) illustrant succinctement ces récits traditionnels transmis oralement.

Les deux couplets dressent deux tableaux de la maisonnée[7].

Un des tableaux zoome sur l'intérieur du foyer. Chaque membre est à sa place, autour du feu. Le fils préoccupé par la nécessité de subvenir aux besoins de la famille. Son épouse, la bru, qui, bien qu'affairée derrière son métier à tisser, écoute discrètement les récits et les enseignements qu'elle aura à transmettre à son tour plus tard. La doyenne et grand-mère, qui transmet le savoir et les contes aux petits enfants. Le doyen qui écoute lui aussi, drapé dans son burnous.

Le second tableau dresse un panorama de cette agora, avec ces portes bloquées par la neige, cette maisonnée qui rêve du printemps, de ces étoiles et de cette lune qui se sont retirées derrière les nuages[7].

Ces ogres que beaucoup interprèteront comme le pouvoir d’Alger[8].

Adaptations

Cette chanson a été adaptée, notamment en français par le duo David et Dominique[9].

Dans un autre genre musical, le rappeur et compositeur marocain Draganov sort une reprise d'A Vava Inouva le [10].

Notes et références

  1. Présentation de cette chanson et de son historique dans le journal L'Express
  2. Goodman 2005, p. 49
  3. (en) Richard Nidel, World Music : The Basics,
  4. « L'histoire de "A Vava Inouva", la chanson sur laquelle Idir a écrit sa légende », sur Konbini - All Pop Everything : #1 Media Pop Culture chez les Jeunes (consulté le )
  5. « Idir, identités à dire. », le journal Libération,‎ (lire en ligne)
  6. Boussad Boussekine, Vava Inouva : conte kabyle ancien : français : kabyle, Enag éditions,
  7. « A vava inouva »
  8. Dictionnaire Larousse de la chanson mondiale, de 1945 Ă  nos jours. Page : 376. 1996
  9. Gilles Schlesser, Le Cabaret "Rive Gauche, " 1946-1974 L'Archipel (2006)
  10. « Draganov reprend une célèbre chanson d'Idir en freestyle », sur Maghrap, (consulté le )

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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