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AGM-28 Hound Dog

L’AGM-28 Hound Dog était un missile de croisière supersonique à turboréacteur tiré depuis les airs. Il reçut initialement la désignation B-77, puis GAM-77, pour finalement être désigné AGM-28.

AGM-28 Hound Dog
AGM-28 Hound Dog
AGM-28B Hound Dog en exposition statique sur un chariot de transport et avec son pylĂ´ne d'attache au B-52.
Présentation
Type de missile Missile de croisière
Constructeur Drapeau des États-Unis North American Aviation
CoĂ»t Ă  l'unitĂ© 690 073 USD
DĂ©ploiement du jusqu'au
Caractéristiques
Moteurs TurborĂ©acteur Pratt & Whitney J52-P-3 de 33 kN de poussĂ©e
Masse au lancement 4 603 kg
Longueur 12,95 m
Envergure 3,7 m
Vitesse Mach 2,1
PortĂ©e 1 263 km
Altitude de croisière de 61 Ă  17 130 m
Charge utile W28 (nucléaire)
Guidage guidage inertiel
Précision (inconnue)
Détonation par impact ou altitude programmée
Plateforme de lancement B-52 Stratofortress

Au départ, il était prévu d'armer des avions B-52 de ces missiles en attendant le déploiement du Skybolt, missile balistique tiré depuis les airs. Cependant le programme Skybolt fut arrêté et le Hound Dog resta en service jusqu'à ce qu'il soit remplacé par des armes plus modernes, tels le SRAM et l'ALCM. Il fut retiré du service le et le dernier missile fut détruit le à Loring Air Force Base, dans le Maine.

Le missile reçut le surnom de « Hound Dog Â» en hommage Ă  l'une des chansons d'Elvis Presley[1].

DĂ©veloppement

Le dĂ©veloppement du Hound Dog dĂ©buta le , lorsque l'US Air Force Ă©mit une demande dĂ©signĂ©e General Operational Requirement 148[2] - [3], exigeant la conception et la production d'un missile de croisière air-sol supersonique dont la masse totale (rĂ©servoir rempli et pleinement armĂ©) ne devait pas excĂ©der 12 500 livres (5 670 kg), et qui devait ĂŞtre transportable par un bombardier B-52 Stratofortress[1]. Un missile Ă©tait installĂ© sous chaque aile de l'avion, entre le fuselage et la nacelle de moteurs la plus proche[4]. La mission principale du missile Ă©tait d'aller dĂ©truire des Ă©lĂ©ments vitaux du système de dĂ©fense aĂ©rienne soviĂ©tique prĂ©sents sur la route du B-52, dans le but de lui ouvrir un passage vers sa cible principale.

L'importance de pouvoir pénétrer le système de défense aérienne soviétique a été affirmée par le sénateur américain John F. Kennedy lors d'un discours à l'American Legion à Miami, en Floride, le :

« Nous devons immédiatement prendre des mesures pour protéger notre force de frappe nucléaire contre une attaque surprise. Aujourd'hui, plus de 90 % de notre capacité de rétorsion est composée d'avions et de missiles situés sur des bases peu protégées, et dont la localisation est connue des Russes. Nous pouvons y parvenir en fournissant au SAC les moyens d'avoir un système d'alerte aérienne permanent, et en accélérant des projets tels celui du missile air-sol Hound Dog, qui va permettre aux bombardiers armés de pénétrer les défenses soviétiques[Note 1]. »

— John F. Kennedy, 18 octobre 1960

Chance Vought et North American Aviation proposèrent tous deux le GAM-77 à l'US Air Force en . Chance Vought proposa une version du missile Regulus tiré depuis les airs[1].

AGM-28 Hound Dog en vol.

Conception

Caractéristiques

Le , North American Aviation signa le contrat d'approvisionnement pour développer le Weapon System 131B, un système d'armes qui incluait le missile Hound Dog[5].

Le moteur, la voilure et l'ogive du missile Hound Dog furent adaptés de ceux qui se trouvaient dans le SM-64 Navaho[5] - [6]. La développement du missile Navaho, un missile de croisière intercontinental, avait été effectué de 1946 à 1958. La conception du Hound Dog se basait sur le véhicule aérien Navaho. Il possédait de petites ailes delta et des ailes canard à l'avant, lesquelles avaient été testées auparavant sur le Navaho G-38[1]. Le Hound Dog était équipé du turboréacteur J52-P-3 de Pratt & Whitney, situé à l'arrière du fuselage dans une nacelle située sous le missile. Le J-52-P-3, au contraire du J52 que l'on trouve dans le Skyhawk ou l'Intruder, était optimisé pour fonctionner à sa pleine puissance pendant tout le vol du missile, disposant à cet effet d'une entrée d'air à section variable. Pour cette raison, la durée de vie du moteur était de six heures au maximum[7].

Le système de guidage inertiel N5G, dĂ©rivĂ© du N-6 fourni par Autonetics, une division de North American, pour le Navaho Ă©tait Ă©galement embarquĂ© dans le Hound Dog. Un système de navigation stellaire de Kollsman Instruments, que l'on trouvait dans les B-52, Ă©tait mis Ă  profit pour corriger les erreurs d'orientation d'inertie pendant que le Hound Dog Ă©tait transportĂ© par le bombardier[1]. Le système de guidage inertiel du Hound Dog pouvait ĂŞtre mis Ă  profit pour dĂ©terminer la position du bombardier une fois qu'il Ă©tait calibrĂ© et « mis Ă  niveau », ce qui prenait 90 minutes. Le missile avait une erreur circulaire probable de 3,7 km, importante mais toutefois acceptable pour un missile armĂ© d'une ogive nuclĂ©aire de cette puissance[8].

Le Hound Dog transportait l'ogive thermonuclĂ©aire W28[7]. La puissance explosive de cette ogive allait de 70 kilotonnes Ă  1,45 mĂ©gatonne. La dĂ©tonation de l'ogive pouvait se faire par contact ou par explosion Ă  une altitude prĂ©dĂ©terminĂ©e. La dĂ©tonation par explosion Ă©tait utilisĂ©e lorsque la cible Ă©tait grande. La dĂ©tonation par contact Ă©tait utilisĂ©e lorsque la cible prĂ©sentait une surface solide, comme un site de tir de missiles ou un centre de commandement.

Le missile pouvait ĂŞtre tirĂ© depuis une haute ou une basse altitude, mais pas en dessous de 5 000 pieds. Trois profils de mission Ă©taient disponibles au dĂ©but du programme :

  • Attaque Ă  haute altitude : Le missile vole Ă  haute altitude (jusqu'Ă  17 069 m selon la quantitĂ© de carburant embarquĂ©e) jusqu'Ă  la cible, puis descend Ă  une altitude prĂ©dĂ©terminĂ©e, oĂą l'ogive explose ;
  • Attaque Ă  basse altitude : Le missile vole Ă  basse altitude (sous les 5 000 pieds pieds, soit 1 524 m) jusqu'Ă  la cible, oĂą l'ogive explose. Dans ce profil, la distance parcourue est rĂ©duite d'environ 644 km et le missile n'effectue pas de suivi de terrain. Pour cette raison, le parcours ne devait pas prĂ©senter d'obstacles Ă©levĂ©s ;
  • Attaque « Dog Leg Â» : Le missile volait vers une destination leurre (peu importe qu'il soit Ă  basse ou haute altitude). Ă€ cet endroit, il modifiait sa course pour se diriger vers la cible finale. Le but Ă©tait d'Ă©loigner les avions d'interception de la cible.

Premiers essais et livraisons

Le premier lancement du Hound Dog, sans armement, fut effectuĂ© en . 52 missiles GAM-77A furent tirĂ©s pour validation opĂ©rationnelle et Ă  des fins d'entraĂ®nement entre le et le . Les tirs se faisaient Ă  Cape Canaveral Air Force Station, Ă  Eglin Air Force Base et au Centre de lancement de White Sands[1]. Le dĂ©veloppement du GAM-77 fut rĂ©alisĂ© en seulement 30 mois[6].

North American Aviation obtint le contrat d'approvisionnement le [4]. Le premier missile de production fut livrĂ© Ă  l’US Air Force le . Lorsque la production du missile fut arrĂŞtĂ©e en , un total de 722 Hound Dogs avait Ă©tĂ© livrĂ© par North American Ă  l’Air Force[1].

Évolutions

En , une version améliorée du missile, le GAM-77A, fut testée pour la première fois. Il avait une signature radar latérale réduite[9]. Le Hound Dog avait déjà une signature radar frontale réduite à cause de sa voilure et de ses ailes, et la nouvelle signature fut obtenue en remplaçant le nez, l'entrée d'air et l'enveloppe du moteur par de nouveaux éléments qui diffractaient ou absorbaient les ondes radar.

Le GAM-77A contenait aussi un nouveau système de navigation stellaire de Kollsman Instruments, le KS-140, qui Ă©tait intĂ©grĂ© au système de guidage inertiel N-6. Cette unitĂ© remplaça le système de navigation stellaire qui se trouvait Ă  bord du B-52. La capacitĂ© du rĂ©servoir de carburant fut augmentĂ©e. Un altimètre assistĂ© par radar fut Ă©galement ajoutĂ© pour que le Hound Dog puisse Ă©voluer sur un terrain accidentĂ©. 428 missiles ont subi une mise Ă  niveau vers le standard GAM-77A[10].

En , les missiles GAM-77 et GAM-77A furent respectivement renommées AGM-28A et AGM-28B.

Un Hound Dog a été utilisé pour valider le système de navigation Terrain Contour Matching (TERCOM) en 1971. Il semblerait que la désignation AGM-28C était réservée pour cette version si son développement avait été prolongé. Bien qu'aucun Hound Dog avec TERCOM n'ait été déployé, cette technologie a servi dans l'AGM-86 ALCM[11] et plus tard dans le célèbre Tomahawk.

En 1972, Bendix Corporation (en) obtint un contrat pour développer un système de guidage furtif vers des sources d'émissions radar. Ce système passif permet au missile de se diriger vers une station radar sans se faire détecter. Un Hound Dog avec ce système fut testé en 1973, mais il ne fut jamais déployé[12].

Mise en service

Décollage d'un B-52F équipé de missiles AGM-28 Hound Dog.

Le , le général Thomas S. Power, commandant en chef du Strategic Air Command (SAC), prît officiellement livraison d'un premier lot de missiles Hound Dog[4]. Deux mois plus tard, en février, le premier Hound Dog fut tiré à Eglin Air Force Base.

En , le Hound Dog n'était opérationnel que dans un seul avion B-52. Il fut utilisé pour la première fois à l'intérieur du système d'alerte aérienne en . La même année, le SAC mit en place les escadrilles d'entretien des missiles, dans le but de maintenir en service à la fois les Hound Dog et les missiles leurres ADM-20 Quail. Son déploiement s'acheva en : 29 wings de bombardiers B-52 transportaient alors des Hound Dog.

En 1960, le SAC développa des procédures pour que le B-52 puisse profiter de la poussée du moteur du Hound Dog quand le missile était attaché à l'aile de l'avion. Le réservoir à carburant du missile pouvait être rempli à partir des réservoirs d'ailes du B-52[10].

Carrière opérationnelle

Un missile Hound Dog s'est écrasé près de la ville de Samson, en Alabama à la suite de son autodestruction manquée après un tir d'essai à Eglin AFB[7]. En 1962, un autre s'est écrasé au sol pendant une vérification de routine de l'aile d'un B-52[7].

Le , le secrétaire à la Défense Robert McNamara recommanda de retirer les AGM-28A. Les AGM-28B seraient maintenus en service en attendant les résultats du programme TERCOM[7]. Le dernier missile fut retiré du service le [4]. Aucun missile ne fut tiré en conditions de combat réelles.

Nombre de missiles en service par année civile
Année1959196019611962196319641965196619671968196919701971197219731974 1975197619771978
Nombre1542305475935935425484773123493453403383293273082882490

Notes et références

Note

  1. Traduction libre de (en) We must take immediate steps to protect our present nuclear striking force from surprise attack. Today, more than 90 percent of our retaliatory capacity is made up of aircraft and missiles which have fixed un-protectable bases whose location is known to the Russians. We can only do this by providing SAC with the capability of maintaining a continuous airborne alert and by pressing projects such as the Hound Dog air-ground missile which will enable manned bombers to penetrate Soviet defenses with their weapons. (en) AGM-28 Missile Memos Consulté le 8 octobre 2007.

Références

  1. (en) Ellis Katz, « A Brief Account of the Beginning of the Hounddog (GAM 77) », AMMS Alumni, (consulté le ).
  2. (en) « AGM-28 Missile Hound Dog missile history & data », AMMS Alumni, (consulté le ).
  3. (en) John Pike, « AGM-28A Hound Dog », sur www.fas.org, Federation of American Scientists (FAS), (consulté le ).
  4. (en) « AGM-28 Hound Dog Missile », Strategic Air Command (SAC) (consulté le ).
  5. (en) Mark Wade, « Navaho »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Encyclopedia Astronautica (consulté le )
  6. (en) « National Affairs: Mongrel Makes Good », Time Magazine, (consulté le ).
  7. (en) Mary Field, « AGM-28 Missile Memos », sur http://www.ammsalumni.org/, AAMS Alumni, (consulté le ).
  8. (en) J. McHaffie, « My experience with the GAM-77 program », AMMS Alumni, (consulté le ).
  9. (en) Aronstein et Piccirillo 1997
  10. (en) « North American AGM-28B Hound Dog »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), National Museum of the Air Force (consulté le )
  11. (en) Andreas Parsch, « AGM-28 », Directory of U.S. Military Rockets and Missiles, (consulté le ).
  12. (en) Greg Goebel / In The Public Domain, « 3.0 Cruise Missiles Of The 1950s & 1960s »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le )

Sources

Bibliographie

  • (en) David C. Aronstein et Albert C. Piccirillo, Have Blue and the F-117A : Evolution of the Stealth Fighter, AIAA Education, , 305 p. (ISBN 978-1-56347-245-9 et 1563472457)
  • (en) John Gooch (Ă©d.), Airpower : Theory and Practice, Psychology Press, , 276 p. (ISBN 0-7146-4657-1 et 9780714646572, lire en ligne)
  • (en) Association of the Air Force Missileers, Victors in the Cold War, Turner Publishing Company, , 136 p. (ISBN 1-56311-455-0 et 978-1-56311-455-7)
  • (en) Mike Gray, Angle of Attack : Harrison Storms and the Race to the Moon, W. W. Norton & Company, , 1re Ă©d., 308 p. (ISBN 0-393-32513-X et 978-0393325133)
  • (en) Robert F. Dorr et Lindsay Peacock (ill. Mike Badrocke), B-52 Stratofortress : Boeing's Cold War Warrior, Osprey Aviation, , 272 p. (ISBN 1-84176-097-8 et 978-1-84176-097-1)
  • (en) Jacob Neufeld, Technology and the Air Force : A Retrospective Assessment, DIANE Publishing, , 333 p. (ISBN 978-1-4379-1287-6 et 1-4379-1287-7, lire en ligne), chap. 7 (« The USAF and the Cruise Missile Opportunity or Threat (par Kenneth P. Werrell) »), p. 141

Voir aussi

Articles connexes

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