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Aïnou des Kouriles

L'aïnou des Kouriles, ou aïnou des Chishima, ou encore aïnou kourilien voire tout simplement kourilien ou kourile[1] (autonyme : аину курил), est un dialecte ou une langue aïnoue désormais éteint et anciennement parlé dans les îles Kouriles et au Sud de la péninsule du Kamtchatka. Il a pu y exister des communautés mixtes aïnou-itelmènes. Les Aïnous kouriliens vivaient principalement de la chasse et de la pêche[2].

Aïnou des Kouriles
Extinction 1962
Pays Anciennement Russie et Japon
Région Îles Kouriles et Kamtchatka
Nom des locuteurs Aïnous des Kouriles
Classification par famille
Codes de langue
ISO 639-2 ain [alpha 1]
ISO 639-3 ain [alpha 1]
Linguasphere 45-BAA-c
Glottolog kuri1271
Carte
Image illustrative de l’article Aïnou des Kouriles
Carte des langues aïnoues du XVIième au XIXième siècle.
  • Aïnou des Kouriles
  • Histoire

    Les Aïnous se sont installés sur les îles Kouriles à la fin de la culture d'Okhotsk. Lors de l'annexion japonaise des Kouriles en 1875, 100 Aïnous environ vivaient sur le Kamtchatka. Le gouvernement japonais a par la suite forcé les kouriliens à s'installer sur l'île de Chikotan en 1884. Certains sont retournés sur leur île natale, mais ils n'ont pas eu l'autorisation de revenir au Japon. Le nombre d'Aïnous kouriliens a fortement diminué. Leur langue aurait disparu elle aussi à ce moment. Les Aïnous restants ont fui vers Hokkaïdo et se sont assimilés à la suite de l'annexion de l'archipel par l'URSS[3] - [4].

    En 1962, Kyoko Murasaki a recueilli le témoignage de quatre Aïnous kouriliens. Parmi eux, deux avaient des parents locuteurs du kourilien, mais leurs enfants ne la parlaient pas, les deux autres ont déclaré être locuteurs de cette langue, mais la professeure n'a pas pu récolter beaucoup d'informations à propos de celle-ci. C'est pourquoi on en sait peu sur le kourilien. Elle déclare la disparition de la langue l'année suivante[5].

    Selon le recensement de Russie en 2010, il ne resterait plus que 109 Aïnous, ne parlant qu'exclusivement le russe[6].

    Classification

    L'aïnou des Kouriles est une variété de l'aïnou. Il y a un désaccord sur le statut de langue ou de dialecte des parlers aïnous. Shibatani et Piłsudski considèrent ces variétés comme des langues, tandis que Vovin les considère comme des dialectes[7] - [8] - [9]. Les analyses de Hattori ont démontré qu'il y avait eu une première division entre le proto-aïnou de Sakhaline et le proto-aïnou d'Hokkaïdo et des Kouriles[10]. Cette classification a été reprise par Vovin[11].

    Si l'aïnou est considéré comme une seule langue, il s'agit d'un isolat. Au contraire, s'il s'agit d'un groupe de langues, c'est une des familles de langues du monde. Dans les deux cas, aucun lien de parenté avec d'autres langues ou famille de langues n'a été confirmé. Il a été proposé que l'aïnou soit une langue altaïque, mais ce regroupement est controversé[12] - [13] - [14] - [15]. Une famille de langues macro-toungouses a été proposée (comprenant les langues toungouses, coréaniques, japoniques et aïnoues)[16]. Une connexion avec les langues austroasiatiques a été proposée, mais cette hypothèse en est encore à ses débuts selon Vovin [17]. Des similitudes typologiques ont été relevées avec le quechuan[18]. La théorie d'une relation avec l'indo-européen était anciennement populaire, désormais elle est obsolète[19] - [20]. L'aïnou est parfois inclus dans l'ensemble paléo-sibérien, mais il ne s'agit que d'un regroupement géographique.

    Données linguistiques

    La langue kourilienne est très peu décrite. On peut tout de même citer :

    • Les chroniques de Stepan Krasheninnikov (Kamtchatka, Poromsir) en 1738
    • Une liste de 1900 mots listés par Dybowskii de 1879 à 1882 sur l'île de Choumchou
    • Une liste de 700 mots listés par Torii Ryuzo (1899) sur l'île de Chikotan

    Certains chercheurs ont remarqué que les kouriliens utilisaient la base 10 au XVIIIe siècle, puis utilisaient la base 20 au XIXe siècle[21].

    Notes et références

    Notes

    1. Code générique

    Références

    1. Linguasphere [45-BAA-c].
    2. Hammarström, Harald ; Forkel, Robert ; Haspelmath, Martin et al., Eds (2016). "Kuril Ainu" . Glottolog 2.7 . Iéna : Institut Max Planck pour la science de l'histoire humaine
    3. Shinichi Foot, 2007, p. 43-55
    4. Enquête sur la vie de la marine japonaise Kuril Ainu à la fin de l'ère Meiji - Hokkaido Shimbun numéro du 9 juin 2015
    5. Kyoko Murasaki, 1963, p. 657-661
    6. http://www.gks.ru/free_doc/new_site/perepis2010/croc/Documents/Materials/pril3_dok2.xlsx[bare URL spreadsheet file]
    7. Shibatani (1990:9)
    8. Piłsudski (1998:2)
    9. Refsing (1986)
    10. Hattori (1964)
    11. Vovin 1993, p. 157.
    12. Campbell, Lyle; Mixco, Mauricio J. (2007) p. 7.
    13. Nichols, Johanna (1992), p. 4.
    14. Dixon, R.M.W. (1997). p. 32.
    15. Pereltsvaig, Asya (2012). p. 211–216.
    16. J. Marshall Unger (1990)
    17. Shafer (1965)
    18. Tambovtsev, Yuri (2008). "The phono-typological distances between Ainu and the other world languages as a clue for closeness of languages" (PDF). Asian and African Studies. 17 (1): 40–62.
    19. Zgusta, Richard (10 July 2015). The Peoples of Northeast Asia through Time: Precolonial Ethnic and Cultural Processes along the Coast between Hokkaido and the Bering Strait. BRILL. (ISBN 9789004300439).
    20. Refsing, Kirsten (ed.). "Origins of the Ainu language : the Ainu Indo-European controversy". 新潟大学OPAC. Retrieved 17 September 2019.
    21. Kyoko Murasaki (2008), p. 84

    Voir aussi

    Bibliographie

    • 村崎恭子「千島アイヌ語絶滅の報告」『民族學研究』第27巻第4号、日本文化人類学会、1963年、 657-661頁、 doi:10.14890/minkennewseries.27.4_657、 NAID 110001835731。
    • 村崎恭子「樺太アイヌ語の数詞について」『サハリンの言語世界 : 北大文学研究科公開シンポジウム報告書』平成20年9月6日. 札幌市、北海道大学大学院文学研究科、2009年3月、 71-84頁、 NAID 120006660461。
    • Shinichi Foot " À propos de la politique de conversion Ainu à Kita-Chishima - Se concentrant sur la politique de conversion Ainu à Shitanjima et la question du retour à Kita-Chishima (Série spéciale " État-nation et société multiculturelle " 17e série Mondialisation et colonisation (Geographicalism)-(On Domestic Colonies) ( PDF ) "Ritsumeikan Language and Culture Research, Vol. 19, No. 1, Ritsumeikan University Institute for International Language and Culture, septembre 2007, ISSN 0915-7816 , NAID 40015702950 .
    • Campbell, Lyle; Mixco, Mauricio J. (2007). A Glossary of Historical Linguistics. University of Utah Press.
    • Nichols, Johanna (1992). Linguistic Diversity in Space and Time. Chicago: University of Chicago Press. (ISBN 978-0226580579).
    • Dixon, R.M.W. (1997). The Rise and Fall of Languages. Cambridge: Cambridge University Press. (ISBN 978-0521626545).
    • Pereltsvaig, Asya (2012). Languages of the World, An Introduction. Cambridge: Cambridge University Press. (ISBN 978-0521175777).
    • Shafer, R. (1965). "Studies in Austroasian II". Studia Orientalia. 30 (5).
    • Vovin, Alexander (1993). A Reconstruction of Proto-Ainu. Leiden: Brill. (ISBN 978-90-04-09905-0).

    Articles connexes

    Liens externes

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