'Ndrina Morabito
La ândrina Morabito ou clan Morabito est un clan mafieux italien (une ândrina) de la 'Ndrangheta qui opĂšre en Calabre.
Clan Morabito | |
Date de fondation | vers 1952 |
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Fondé par | Giuseppe Morabito |
Lieu | Africo |
Territoire | Mezzogiorno, Turin, Milan, Rome, GĂȘnes et Ă l'Ă©tranger |
Années actives | Depuis les années 1950 |
Ethnies présentes | Familles Morabito, Pansera et Sculli |
Activités criminelles | Trafic de stupéfiants, Blanchiment d'argent, Chantage, Usure, Infiltration dans l'Administration Publique |
Alliés | Bruzzaniti Palamara |
Son village d'origine est Africo, situĂ© dans la Locride, d'oĂč sont dirigĂ©es les opĂ©rations menĂ©es dans le nord de l'Italie et Ă l'Ă©tranger. Ă Milan, dans le nord, ses principaux clans alliĂ©s sont les Bruzzaniti et les Palamara, eux deux aussi originaires d'Africo. Parmi ses autres alliĂ©s, on compte les Pansera, les Versace, les Zappia, les Mollica et les Criaco. Ă Rome, le clan Morabito est signalĂ© dans le quartier Flaminio, mais il possĂšde Ă©galement des ramifications en AmĂ©rique du Sud, dans le reste de l'Europe et en Asie.
Le chef des Morabito était, jusqu'à son arrestation en 2004, Giuseppe Morabito qui était également inscrit sur la liste des personnes les plus recherchées d'Italie.
Histoire
Années 1960 et 1970
En 1965, le jeune Giuseppe Morabito est l'objet d'une plainte pour occupation arbitraire et saccage d'immeubles, pour port d'armes illégal, pour coercition et blessures sur personnes.
Le massacre de Locres a lieu le . Au cours de celui-ci, les chefs mafieux Domenico CordÏ, Carmelo Siciliano et Vincenzo Saraceno sont assassinés. L'objectif de cet acte était de punir Domenico CordÏ qui avait fait du trafic de cigarette à titre personnel sans passer par le clan Morabito qui contrÎlait cette activité dans la région. Accusé d'homicide, Giuseppe Morabito est finalement relùché en 1971 pour absence de preuves[1].
Durant la révolte de Reggio, Giuseppe Morabito aurait été contacté par les services secrets qui cherchaient des informations sur certains enlÚvements dans le nord de l'Italie[1].
Années 1980
Dans les annĂ©es 1980, le clan Morabito se lance dans le trafic d'hĂ©roĂŻne. Santo Pasquale Morabito, un cousin du chef, se rend en Italie du Nord en rĂ©sidence surveillĂ©e, c'est le dĂ©but de leur extension dans le reste de l'Italie. En 1982, un mafieux sicilien de la Cosa Nostra, Salvatore Salomone, chef de San Giuseppe Jato, se constitue prisonnier auprĂšs de la station de carabiniers d'Africo, territoire des Morabito. Selon le repenti Vittorio IerinĂČ, mĂȘme Toto Riina, un des membres les plus influents de la mafia sicilienne, aurait sĂ©journĂ© Ă Africo, dĂ©guisĂ© en prĂȘtre, auprĂšs du clan local[2].
Années 1990
Dans les annĂ©es 1990, les Morabito dĂ©veloppent leurs activitĂ©s Ă travers le blanchiment d'argent et le trafic de cocaĂŻne avec les groupes de narcotrafiquants colombiens. Ils engagent pour ce trafic des mĂ©diateurs comme l'ex-curĂ© de Brancaleone, le prĂȘtre Franco Mondellini, nĂ© Ă Parabiago dans la province de Milan et arrĂȘtĂ© par la police en 1996 Ă proximitĂ© de Parme, qui servira Ă implanter le clan Morabito Ă Bogota, en AmĂ©rique du Sud, en 1994[3] - [4]. Ils crĂ©ent Ă©galement des alliances avec des clans de la mafia albanaise, aussi bien du Kosovo que de l'Albanie. Ă la mĂȘme Ă©poque, l'enquĂȘte Olimpia rĂ©vĂšle l'infiltration mafieuse du clan dans l'administration de l'UniversitĂ© de Messine[5].
En mars 1993, le mafieux Pietro Morabito, membre du clan Morabito d'Africo recherchĂ© sur ordre du commissariat calabrais de Palmi, est arrĂȘtĂ© Ă Milan aprĂšs avoir Ă©tĂ© trahi par sa fausse carte d'identitĂ© sur laquelle il Ă©tait indiquĂ© que sa carte lui avait Ă©tĂ© dĂ©livrĂ©e le 29 , un jour inexistant. Saverio Morabito, un autre chef prĂ©sumĂ© du clan, a Ă©galement Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© dans le cadre de cette opĂ©ration. Le frĂšre aĂźnĂ© de Pietro, Santo Pasquale Morabito, avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© lui aussi Ă Milan cinq mois plus tĂŽt et avait Ă©copĂ© d'une peine de 30 ans de prison[6].
En octobre 1993, Vincenzo Carrozza, un entrepreneur de Locres et un des principaux membres du clan Morabito, est arrĂȘtĂ© pour trafic d'armes de guerre et d'explosifs en provenance de l'ex-Yougoslavie. Les armes avaient rejoint ModĂšne, dans le nord de l'Italie, pour ĂȘtre amenĂ©e dans la Locride oĂč elles devaient servir aux Morabito pour commettre un attentat contre des institutions publiques[7].
Toujours en 1993, le chef Rocco Morabito est arrĂȘtĂ© Ă Messine, en Sicile et condamnĂ© Ă deux ans de prison pour des extorsions d'argent Ă la sociĂ©tĂ© SocietĂ Italiana di Ristorazione. Il n'existe pourtant aucun lien de parentĂ© direct entre Rocco, aussi frĂšre des mafieux Giovanni et Leo Morabito qui opĂ©raient Ă Messine, Africo et Brancaleone, et Giuseppe Morabito bien qu'ils fassent partie du mĂȘme clan[7].
Au milieu des annĂ©es 1990, le clan Morabito a Ă©tendu son aire de contrĂŽle sur le PiĂ©mont et la Ligurie. Ainsi, Ă Turin et par l'intermĂ©diaire de Cesare Polifroni, il a eu des rapports avec le Cartel de MedellĂn en accueillant une cousine de Pablo Escobar[7].
En 1996, Domenico Morabito, le fils aßné du chef Giuseppe Morabito, est tué par la police italienne à Africo[1].
En 1997, le tribunal de Locres émet des charges contre Giuseppe Morabito qui révÚle que celui-ci faisait décharger des centaines de kilos de matériaux à raffiner dans la mer au large d'Africo[2].
Années 2000
En 2003, Ă la suite de l'enquĂȘte Armonia, l'existence d'une association mafieuse nommĂ©e crimine qui unissait les divers clans calabrais de la cĂŽte ionienne et dont le chef Ă©tait Giuseppe Morabito est rĂ©vĂ©lĂ©e. Parmi les membres de cette organisation, on comptait entre autres Giuseppe Pansera, Filiberto Maesano, le chef de San Luca Antonio Pelle (1932-2009) et Giuseppe Pelle[8].
Le , Giuseppe Morabito, surnommĂ© U tiraddrittu, alors ĂągĂ© de 70 ans et considĂ©rĂ© comme le numĂ©ro un des mafieux de la 'Ndrangheta est arrĂȘtĂ© Ă Cardeto alors qu'il Ă©tait recherchĂ© depuis 12 ans. Selon la Commission parlementaire antimafia, il Ă©tait mĂȘme plus important que le Capo di tutti capi de la Cosa Nostra, Bernardo Provenzano (1933-2016). Il est arrĂȘtĂ© lors d'une opĂ©ration conjointe entre les carabiniers du Raggruppamento operativo speciale et le commandement provincial des carabiniers de la Province de Reggio de Calabre[9].
Le , l'opĂ©ration Ciaramella Ă Africo et Ă San Luca contre le trafic de stupĂ©fiant dĂ©bute. 50 personnes sont arrĂȘtĂ©es, parmi lesquelles Salvatore Morabito qui Ă©tait un des principaux trafiquants d'Africo et 99 personnes soupçonnĂ©es. Le , ils sont condamnĂ©s Ă 153 ans de prison[10].
Le , Brunetta Morabito, niÚce du chef Giuseppe Morabito, est tuée , à Messine par trois balles tirées par son frÚre, Giovanni Morabito. Celui-ci se constituera plus tard prisonnier auprÚs des carabiniers de Reggio de Calabre[11].
Le , Ă Milan, une vaste opĂ©ration anti-mafia est menĂ©e contre les clans Morabito, Bruzzaniti et Palamara. 250 kilogrammes de cocaĂŻne sont ainsi confisquĂ©s dans la capitale lombarde. Ils provenaient d'AmĂ©rique du Sud et Ă©taient arrivĂ©s via Dakar, au SĂ©nĂ©gal, puis par le port de GĂȘnes. Ce trafic de drogue Ă©tait dirigĂ© par Salvatore Morabito et l'homme qui entretenait les rapports entre la Calabre, Milan et le BrĂ©sil Ă©tait Leone Autelitano. Le , dans l'opĂ©ration Onorata SanitĂ en Calabre, 18 personnes sont arrĂȘtĂ©es parmi lesquelles le conseiller rĂ©gional Domenico Crea ainsi que des membres du clan Morabito pour association mafieuse, infiltration dans l'administration publique, faux et usage de faux. Le , pendant l'opĂ©ration Noas, 50 personnes affiliĂ©es aux clans Morabito, Bruzzaniti et Palamara sont arrĂȘtĂ©es, parmi lesquelles le maire de Staiti et l'adjoint au maire de Brancaleone. Ils faisaient Ă©galement des trafics avec la Camorra.
Le , Domenico Morabito, neveu du chef Giuseppe Morabito, est arrĂȘtĂ© par des militaires de Locres et Africo Nuovo. ArrĂȘtĂ© pour association mafieuse et falsification de monnaie, il s'Ă©tait dĂ©jĂ Ă©chappĂ© lors d'une prĂ©cĂ©dente opĂ©ration policiĂšre nommĂ©e Bellu lavuru[12].
Depuis 2010
Le , aprĂšs quatre jours de traque, Rocco Morabito, fils de l'ancien chef Giuseppe Morabito, et qui est alors Ă la tĂȘte du clan Morabito, est arrĂȘtĂ© Ă Melito di Porto Salvo[13].
Le , Santo Gligora, qui fait partie des 100 criminels les plus recherchĂ©s d'Italie, est arrĂȘtĂ© Ă PlatĂŹ. Il Ă©tait en fuite depuis 13 ans et appartenait au clan Morabito[14].
Le , l'opération Metropolis, menée par la garde des finances de Reggio de Calabre et par le Service central d'investigation sur la criminalité organisée de Rome, se conclut par l'arrestation de 20 personnes, parmi lesquelles Giuseppe Morabito (déjà en prison), son fils Rocco Morabito ainsi que Francesco Sculli, pÚre du footballeur Giuseppe Sculli. 450 millions d'euros sont confisqués à la mafia lors de cette opération.
En 2020, L'Homme sans pitié, un film avec Riccardo Scamarcio, inspiré de la vie du clan Morabito sort sur les écrans.
Membres principaux
- Giuseppe Morabito, chef et fondateur du clan Morabito. Il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© en 2004 alors qu'il Ă©tait le numĂ©ro un des mafieux italiens recherchĂ©s.
- Giovanni Morabito, fils de Giuseppe. ArrĂȘtĂ© avec l'accusation de trafic de drogue international.
- Domenico Morabito, fils de Giuseppe. Tué par la police en 1996.
- Rocco Morabito, fils de Giuseppe et chef des Morabito jusqu'Ă son arrestation le .
- Salvatore Morabito, neveu de Giuseppe. ArrĂȘtĂ© Ă Milan en 2007 et condamnĂ© en 2008 pour trafic de drogue.
- Domenico Morabito, neveu de Giuseppe. ArrĂȘtĂ© le Ă Africo.
- Leo Morabito, chef des Morabito et gendre de Francesco Pelle, chef de San Luca.
- Saverio Morabito (nĂ© en 1952), arrĂȘtĂ© en 1990 accusĂ© de 14 homicides.
- Giuseppe Pansera, gendre de Giuseppe. ArrĂȘtĂ© avec lui le .
- Francesco Sculli, gendre de Giuseppe et pĂšre de Giuseppe Sculli. ArrĂȘtĂ© le et mort en .
- Rocco Morabito (né en 1966), descendant de Giuseppe. Recherché au niveau international depuis 1995.
Dans la culture
- L'Homme sans pitié (Lo spietato - 2020), de Renato De Maria, retrace l'histoire de Saverio Morabito.
Références
- (it) « I GRANDI LATITANTI. La primula rossa della 'Ndrangheta », sur Antimafia duemila (consulté le ).
- Nicola Gratteri, Fratelli di sangue, Luigi Pellegrini Editore, , 319 p. (ISBN 978-88-8101-373-9 et 88-8101-373-8, lire en ligne), p. 117.
- (it) Antonio Mazzeo, « Colombia, l'ultimo inganno », sur Cassandra.net, (consulté le ).
- (it) Montan Matteo, « Arrestato un prete, importava cocaina », sur Il Corriere della Sera, (consulté le ).
- (it) Ottaviano Del Turco, Commissione Parlamentare d'inchiesta sul fenomeno della Mafia, (lire en ligne).
- (it) « Morabito latitante tradito dal 29 febbraio », sur Corriere della Sera, (consulté le ).
- (it) Antonio Mazzeo, Africo, (lire en ligne).
- Bruno De Stefano, La penisola dei mafiosi, Newton & Compton Editori, , p. 204.
- (it) Pantaleone Sergi, « Scacco alla mafia calabrese arrestato il re delle cosche », sur La Repubblica.it, (consulté le ).
- (it) Davide Carlucci, « Condannati i boss dell' Ortomercato », sur La Repubblica.it, (consulté le ).
- (it) « Messina: spari contro nipote del boss, Ú grave », sur Corriere della Sera, (consulté le ).
- (it) « 'Ndrangheta, arrestato latitante legato alla cosca dei Morabito », sur La Repubblica.it, (consulté le ).
- (it) « Catturato Rocco Morabito », sur Nuova Cosenza, (consulté le ).
- (it) Francesco Iriti, « PlatÏ (Rc), arrestato Santo Gligora », sur NTACalabria.it, (consulté le ).