Ăvacuation de Laval (1793)
L'évacuation de Laval se déroule en lors de la guerre de Vendée. Elle anticipe la victoire des Vendéens lors de la prise de la ville.
Pendant guerre de Vendée
Type | Ăvacuation. |
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Localisation | Mayenne |
Planification | RĂ©publicains |
Cible | Rambouillet |
Date | 23 octobre 1793 |
Prélude
AprĂšs avoir traversĂ© la Loire, les VendĂ©ens occupent Varades oĂč leurs officiers se sont rĂ©unis en conseil le . Le , l'armĂ©e se met en marche pour Laval. Sur son passage, elle arrive Ă ChĂąteau-Gontier le 21.
Le , les Vendéens sont devant Laval, défendue cette fois par 6 000 hommes. C'est le début de la bataille de Laval.
Dans ces circonstances, les administrateurs du dĂ©partement de la Mayenne, pour Ă©viter que les dĂ©tenus, prĂȘtres rĂ©fractaires et suspects, parmi lesquels se trouvent quelques patriotes, soient dĂ©livrĂ©s par les VendĂ©ens, rĂ©solvent de les faire conduire loin du thĂ©Ăątre de la guerre.
Le 23, au matin, ils sont dirigĂ©s sur Mayenne. Les prĂȘtres sont emmenĂ©s Ă Lassay, pour ĂȘtre conduits Ă Rambouillet. Les autres sont dirigĂ©s sur Le Ribay et Javron. Le convoi est rejoint par divers fonctionnaires, partis aprĂšs eux de Laval, et parmi ceux-ci le citoyen François Midy.
Le sort des prĂȘtres
Le , les administrations du dĂ©partement et du district rendirent en commun un arrĂȘtĂ© ordonnant l'incarcĂ©ration d'environ 400 prĂȘtres non assermentĂ©s que l'on avait forcĂ© depuis trois mois de se rendre de tous les points du dĂ©partement, Ă Laval, oĂč ils Ă©taient soumis tous les jours Ă un appel de prĂ©sence. Deux cents d'entre eux environ furent renfermĂ©s dans la maison des Cordeliers, et les autres dans celle des Capucins. La dĂ©portation rĂ©duit le nombre de prĂȘtres Ă cent environ, qui, vers le milieu d'octobre, sont transfĂ©rĂ©s au MonastĂšre de Patience de Laval qui est transformĂ© en une maison de dĂ©tention.
Les prĂȘtres dĂ©tenus, Ă l'exception de quatorze vieillards infirmes, sont entassĂ©s sur des charrettes, pour les mener Ă Rambouillet.
Les prĂȘtres sont emmenĂ©s lors de l'Ă©vacuation de la ville Ă Lassay oĂč ils couchent dans la cour du ChĂąteau de Lassay. La nuit suivante, ils sont parquĂ©s Ă PrĂ©-en-Pail en plein air dans le froid.
Ils sont ensuite conduits Ă Couterne, Ă Chartres[1], puis Ă Rambouillet.
Les prĂȘtres subissent de la part de Marat-RigaudiĂšre, qui accompagne le convoi des prisonniers, des insultes et des coups[2]. Ils Ă©taient liĂ©es deux Ă deux[3] et attachĂ©s ensemble.
Une enquĂȘte[4] dressĂ©e par Pierre Grosse-Duperon[5], juge de paix Ă Couterne en 1795 permet d'illustrer les comportements de Marat-RigaudiĂšre.
- Aujourd'hui 30 nivÎse an III de la République une et indivisible, Est comparu à la maison commune de Couterne. En présence du citoyen Etienne Appert, agent national de la commune de Couterne et de Jean Froger, officier municipal.
- La citoyenne Anne CĂ©los, domestique chez le citoyen Victor Postel. Laquelle nous a dĂ©clarĂ© que, lorsque les prĂȘtres dĂ©tenus Ă Laval furent transfĂ©rĂ©s Ă Lassay et de lĂ Ă Couterne, elle a Ă©tĂ© frappĂ©e par le citoyen HuvĂ©, de la commune de Neuilly, pour avoir voulu porter des subsistances Ă ces malheureux prĂȘtres qui demandaient Ă manger et Ă boire. Et a, la dite Anne CĂ©los, dĂ©clarĂ© ne savoir signer.
- Le citoyen Julien Bobot, lequel nous a dĂ©clarĂ© que, lorsque les prĂȘtres Ă©taient dĂ©tenus Ă Laval, furent transfĂ©rĂ©s Ă Lassay et de lĂ Ă Couterne, il a vu le citoyen Saint-Martin traiter les prĂȘtres de scĂ©lĂ©rat, de coquins, en leur disant Monte dans la voiture ; tu n'as pas besoin de manger, et les pousser avec son bĂąton. A signer.
Ils arrivent le , Ă Rambouillet oĂč ils sont emprisonnĂ©s dans des conditions misĂ©rables pendant deux hivers. La majeure partie des prisonniers meurt de misĂšre. Au mois de , les membres du ComitĂ© rĂ©volutionnaire de Laval envoient un commissaire rĂ©clamer les prĂȘtres dĂ©tenus Ă Rambouillet[6]. Les membres du comitĂ© de Dourdan, dans le ressort duquel Ă©tait situĂ©e la maison de dĂ©tention, refusĂšrent. Les prisonniers restĂšrent Ă Rambouillet, et, aprĂšs la mort de Robespierre, ils furent remis en libertĂ©.
Le sort des patriotes
François Midy s'intĂ©resse aux prisonniers patriotes, presque tous anciens fonctionnaires destituĂ©s et arrĂȘtĂ©s pour cause de fĂ©dĂ©ralisme[7].
Lorsque le convoi part, par PrĂ©-en-Pail, pour Alençon, il fait preuve d'humanitĂ©[8] et intervient auprĂšs des prisonniers en leur sauvant la vie : il les fait sĂ©parer des autres suspects et obtient du conventionnel Letourneur qu'ils soient maintenus dans les prisons d'Alençon tandis que les autres prisonniers Ă©taient dirigĂ©s sur Chartres. Midy marque alors un certain courage pour oser s'intĂ©resser Ă des prisonniers, au risque d'ĂȘtre lui-mĂȘme considĂ©rĂ© comme suspect[9].
Notes et références
- Ils restent enfermés dans une église désaffecté et humide pendant 2 jours.
- Lorsqu'ils cherchaient Ă descendre de voiture, les ecclĂ©siastiques Ă©taient frappĂ©s de coups de plat de sabre, puis poussĂ©s dans les cours des auberges, oĂč ils passaient la nuit, Ă©tendus sur le pavĂ© boueux, exposĂ©s Ă toutes les intempĂ©ries de la saison, parfois on leur permettait de se rĂ©fugier dans les Ă©curies.
- Comme des galériens.
- Frédéric Le Coq, La constitution civile du clergé dans la Mayenne. District de Mayenne, p. 16.
- AĂŻeul de Grosse-Duperon
- Sans doute pour les guillotiner.
- JérÎme Frin-Cormeré, LefÚvre-Champorin, Guitet, Louis Corbineau (Il est l'oncle des frÚres Corbineau, les « Trois Horaces » de Napoléon Ier : Claude Corbineau (1772-1807), ; Jean-Baptiste Juvénal Corbineau (1777-1848) ; Hercule Corbineau (1780-1823).), etc. et parmi eux Enjubault-Bouessay, emprisonné uniquement parce qu'il était le frÚre de René Enjubault de la Roche, alors proscrit.
- Plus tard, lorsque les terroristes de Laval furent poursuivis Ă leur tour, Enjubault-Bouessay rĂ©digea un mĂ©moire, datĂ© du 6 nivĂŽse an III-27 dĂ©cembre 1794, pour dĂ©noncer les cruautĂ©s exercĂ©es contre sa famille, ses amis et lui-mĂȘme, avec l'indication des noms des personnes qui pouvaient, par leurs tĂ©moignages, Ă©tablir la rĂ©alitĂ© des faits Ă©noncĂ©s par lui. Il rend justice dans cette piĂšce Ă l'humanitĂ© du citoyen Midy: « C'est Ă Javron qu'un homme sensible et bon prit sous sa garde treize dĂ©tenus patriotes, pour les soustraire aux dangers qu'ils Ă©prouvaient Ă chaque instant et les conduire avec sĂ©curitĂ© Ă Alençon, oĂč ils arrivĂšrent tous ensemble, vers les onze heures du soir. Les soins gĂ©nĂ©reux, les attentions touchantes du citoyen Midy adoucirent le malheur de leur pĂ©nible situation. »
- AprĂšs le dĂ©part de Letourneur, ils obtinrent de Garnier de Saintes un nouvel arrĂȘtĂ©, confirmatif du premier, ordonnant qu'ils fussent maintenus dans les prisons Ă Alençon. Aussi, malgrĂ© les rĂ©clamations rĂ©pĂ©tĂ©es du ComitĂ© rĂ©volutionnaire de Laval qui eĂ»t voulu les livrer au tribunal, prĂ©sidĂ© par ClĂ©ment, qui venait de condamner Ă mort Enjubault-la-Roche et Jourdain-Durocher comme fĂ©dĂ©ralistes et n'eĂ»t sans doute pas hĂ©sitĂ© Ă faire subir le mĂȘme sort Ă ces dĂ©tenus, les autoritĂ©s du dĂ©partement de l'Orne refusĂšrent de les livrer en s'appuyant sur les arrĂȘtĂ©s des reprĂ©sentants du peuple. De telle sorte que ces prisonniers purent attendre en sĂ»retĂ© la chute de Robespierre et leur mise en libertĂ©.
Sources
- Ătienne-Louis Couanier de Launay, Histoire de Laval 818-1855, Godbert, [dĂ©tail des Ă©ditions]
- Répertoire archéologique de l'Anjou, 1868