Étienne-Vincent Guilbert
Philippe Jacques Étienne Vincent Guilbert, né le à Saint-Jean-sur-Cailly[1] et mort entre 1820 et février 1830, est un imprimeur-libraire, journaliste, professeur de langues et homme de lettres français.
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Biographie
Fils d’un laboureur, Guilbert remplit pendant quelque temps les fonctions de vicaire de la paroisse de Saint-Vigor de Rouen après avoir embrassé l’état ecclésiastique. N’ayant pas prêté serment à la Constitution civile du clergé, au début de la Révolution, il finit par renoncer à cette carrière. Devenu homme de lettres, il est le rédacteur, à Rouen, du Journal du commerce, de politique et de littérature françoise et angloise[2] (1792-1793) puis du l’Indicateur politique, mercantile et littéraire[3] (1792), en association avec Gilles, homme de loi.
En 1792, avec la Société typographique, il rachète l’imprimerie de la veuve de Jacques Besongne et publie successivement les périodiques intitulées la Vedette normande, seul organe républicain de la ville et subventionné à ce titre par le Directoire[4] (1792-1793), l’Indicateur politique, mercantile et littéraire[3] (1795-1802), le Répertoire universel, La Semaine ou recherches littéraires tant anciennes que modernes. Il publie encore, de 1793 à 1804, Almanach des gens de gout pour l’année 1793[5], et donne conjointement avec le publiciste Servan, ancien avocat général au Parlement de Grenoble, une Correspondance entre quelques hommes honnêtes.
Ayant pris la défense du Roi, au moment de son procès, dans le journal qu'il publie alors, Guilbert est inquiété par la répression jacobine en et, un moment, arrêté pour incivisme avant de recevoir, le , après avoir vu son journal interdit, l’ordre du département de se retirer à Lausanne en Suisse. Il rentre, désormais républicain convaincu[6], à Rouen en . En août, il épouse à Paris Françoise Marie Anne Poteau, la fille d’un bourgeois de Morat[7].
À l’avènement de la théophilanthropie, culte d’origine privée soutenu, pour asseoir l’esprit républicain, par le Directoire, notamment par le directeur La Révellière-Lépeaux, il fonde à Rouen aux environs du 18 fructidor une Société théophilanthropique où se trouvent réunis d’anciens adversaires politiques. Après avoir réimprimé le Manuel, l’Instruction élémentaire et le Recueil de Cantiques de Chemin[8], il parvient à grouper des concours assez nombreux, dont quelques-uns lui sont précieux. Un certain Nicolas Foubert est son second et préside avec lui les offices tandis que l’organiste Charles Broche dirigea les chœurs et la musique. Il préside notamment l’inauguration du culte à Saint-Patrice, le 10 brumaire an VII. Mis sous surveillance en mars-, il est libéré sur intervention ministérielle, mais perd néanmoins toutes ses subventions et, de 1796 environ à 1800, travaille en association avec l’imprimeur Nicolas Herment.
Devenu suspect après le coup d'État du 18 Brumaire, son journal est menacé puis interdit, le . Il se lance alors dans la publication du Répertoire maritime, une feuille d’annonces interdite à son tour le , puis de La Semaine ou l’Observateur dramatique (1804-1810). Veuf en 1810[9], il épouse l'année suivante à Rouen Aimable Désirée Rose Louvet, marchande mercière[10]. À la même époque, tombé en faillite et n’étant pas breveté imprimeur, il doit partir travailler à Paris chez l’imprimeur Pierre Gueffier.
Revenu par la suite à Rouen enseigner les langues, il est reçu membre de la Société libre d’émulation, dont il devient président. Il fait aux séances de cette société la lecture de différents écrits, tels que Éloge historique de Jeanne d’Arc, Notice sur le général Joubert, Notice sur le général Desaix, Notice sur Ducastel, Notice sur Madame du Bocage, Éloge nécrologique de M. de Fontenay, maire de Rouen…
Sa femme est déclarée veuve lorsqu'elle meurt à Rouen, le [11]. Lorsqu'une de leurs filles, née en 1813, se marie en 1834, Guilbert est déclaré « absent et sans domicile connu depuis environ dix-neuf ans », ce qui pourrait faire remonter sa « disparition » à 1815 environ[12]. Cependant, il est à noter que Rose Louvet accouche d'un enfant de sexe masculin sans vie, le 30 septembre 1820, et bien que ce n'est pas Guilbert qui déclare l'acte à la mairie, il est écrit que les parents de l'enfant mort-né sont domiciliés à Rouen, au 48, rue Écuyère[13].
Notes
- Archives de Seine-Maritime, acte de baptĂŞme, cote 3E00999, vue 6/22 avec document administratif du 2 fructidor an IV du tribunal de Rouen portant mention rectificative du patronyme inscrit audit baptĂŞme, en ce sens qu'il y a lieu de lire GUILBERT au lieu de GILBERT (registre 4E02333, vues 4 Ă 9/31)
- « Journal du commerce, de politique et de littérature françoise et angloise », sur http://data.bnf.fr/ (consulté le ).
- « L’Indicateur politique, mercantile et littéraire », sur http://data.bnf.fr/ (consulté le ).
- « La Vedette normande », sur http://data.bnf.fr/ (consulté le ).
- « Almanach des gens de goût pour l'année 1793 [pour l'an V, VI, VII, VIII] », sur http://data.bnf.fr/ (consulté le ).
- En l’an IV, sous la réaction thermidorienne, il dirigea des accusations contre certains terroristes.
- Acte de mariage du reconstitué après le , Paris, Archives de Paris [lire en ligne] (vue 11/48) ; enregistré à Rouen sous le no 736, le (16 fructidor an IV), Archives départementales de la Seine-Maritime
- Jean-Baptiste Chemin-Dupontès, Principes fondamentaux de la Religion des théophilanthropes ou adorateurs de Dieu et amis des hommes : contenant l’exposition de leurs dogmes, de leur morale et de leurs pratiques religieuses, avec une instruction sur l’organisation et la célébration du culte, Rouen, au bureau de « La Vedette » et de l’imprimerie de V. Guilbert et Herment, rue Nationale, emplacement des Cordeliers, an vi, 1798, in-12.
- Acte de décès no 1396, , Rouen, Archives départementales de la Seine-Maritime
- Acte de mariage no 512, , Rouen, Archives départementales de la Seine-Maritime
- Acte de décès no 92, , Rouen, Archives départementales de la Seine-Maritime
- Acte de mariage no 558, , Rouen, Archives départementales de la Seine-Maritime
- Archives départementales de Seine-Maritime Registre Rouen - 01/07/1820-30/09/1820, acte no 1501, vue 106 / 128
Publications
- Avec Joseph Michel Antoine Servan, Correspondance entre quelques hommes honnêtes ou lettres philosophiques, politiques et critiques sur les événemens et les ouvrages du tems : publ. par un homme désintéressé, Lausanne, François Lacombe, (lire en ligne).
- Correspondance entre quelques hommes honnêtes ou Lettres philosophiques, politiques et critiques sur les événements et les ouvrages du temps, Lausanne et Paris, 3 vol., in 8°.
- Mémoires biographiques et littéraires par ordre alphabétique sur les hommes qui se sont fait remarquer dans ... la Seine-Inférieure par leurs écrits, leurs actions, leurs talens, leurs vertus, etc., Rouen, F. Mari, , 2 volumes ornés de gravures 22 cm.
- Notice historique sur J.-B.-Louis Ducastel, lue par le citoyen Guilbert, dans la séance du lycée libre de Rouen, le 21 thermidor an IX, Rouen, Vt Guilbert, an IX (1800). Numérisé.
- Éloge nécrologique de M. Defontenay, ancien maire de Rouen... lu les 1er et 15 mars de l’an 1806, dans les séances de la Société libre d’émulation de Rouen, Rouen, V. Guilbert, , in-8°.
- Idées d’un membre de la Société des Amis de la constitution sur le gouvernement français, Paris, Vve Hérissant, , in-8°Le titre de départ, page 3, porte : « Adresse à la Société des Amis de la constitution, à Saint-Denis »
- Mémoires biographiques et littéraires, par ordre alphabétique, sur les hommes qui se sont fait remarquer dans... la Seine-Inférieure par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus, etc. Ornés de gravures 2 vol., F. Mari, , in-8°.
- Notice historique sur le général Desaix,... lue par le cit. Guilbert, dans la séance du lycée libre de Rouen, le 26 brumaire an IX, Rouen, V. Guilbert, an ix, in-8°.
- Notice sur la vie de Joubert,... lue dans la séance du lycée libre de Rouen, le 1er brumaire an VIII, Rouen, V. Guilbert et Herment, an viii, in-8°.
- Ouvrez les yeux, Rouen, Guilbert et Herment, s. d., in-8°.
- Voyage fait par le premier consul en l’an XI de la république, dans les départements de l’Eure et de la Seine-Inférieure, 3 part. en 1 vol.,, V. Guilbert, s. d., in-8°.
- Discours sur l’émulation.
- Discours prononcé lors de la rentrée de la Société libre d’Émulation, en sa qualité de président de ladite société.
- Éloge historique sur Jeanne d’Arc, 1 vol. in-8°, accompagné de notes historiques relatives à cette héroïne.
- Discours prononcés en 1805 et en 1806, au nom de la Société libre d’Émulation, pour la clôture de l'examen des jeunes aspirans à l’École Polytechnique.
- Notice biographique et littéraire sur Madame Du Boccage.
- Discours sur la nécessité de l’allaitement des enfans par leurs meres.
- Fragment d'une tragédie allemande, traduit de Klopstock.
- Romances et Invocation à la Santé, imitées de l’anglais.
- Essai sur la Pologne, 1 vol. in-8°, 1807.
- Premier et Deuxième Hommage à Corneille, en vers héroïques.
- Aux mânes de mon père, idem.
- MĂ©langes en prose et en vers, 1 vol. in-8, 1809.
Sources
- Théodore-Éloi Lebreton, Biographie normande : recueil de notices biographiques et bibliographiques sur les personnages célèbres nés en Normandie et sur ceux qui se sont seulement distingués par leurs actions et par leurs écrits, Rouen, Le Brument, 1857-1861, 610 p. (lire en ligne), p. 192-3.
- Albert Mathiez, La Théophilanthropie et le culte décadaire, 1796-1801 : essai sur l'histoire religieuse de la révolution, Paris, Ancienne Librairie Germer Bailliere, , 753 p. (lire en ligne).
Liens externes
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