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Éric Werner

Éric Werner, né en , est un philosophe et essayiste suisse.

Éric Werner
Naissance
Nationalité
Formation
Principaux intérêts
Ĺ’uvres principales
L'Avant-guerre civile, De l'extermination, La Maison de servitude, Réplique au Grand Inquisiteur, Douze voyants, Les penseurs de la liberté, Le temps d'Antigone, Une heure avec Proust.
Influencé par

Biographie

Diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, docteur ès lettres, il a été professeur de philosophie politique à l'Université de Genève.

Il a écrit plusieurs essais, notamment sur le système politique contemporain et la religion. Ce chrétien revendiqué, d'origine protestante, s'est à un moment donné converti au catholicisme, avant de s'en éloigner[1]. Il est très proche de la Nouvelle Droite d'Alain de Benoist, pourtant connue pour ses positions néopaïennes. Outre sa collaboration avec diverses revues (Conflits actuels, Catholica, etc.), Éric Werner donne des articles à Éléments, pour présenter la pensée des grands philosophes du passé, ainsi qu'à Krisis. Chroniqueur régulier à l'Antipresse (antipresse.net).

En 1999, il signe pour s'opposer à la intervention militaire de l'OTAN en Serbie la pétition « Les Européens veulent la paix »[2], lancée par le collectif « Non à la guerre »[3].

Philosophie

La philosophie d'Eric Werner est influencée par Nicolas Machiavel, Carl von Clausewitz, Raymond Aron, Carl Schmitt[1], Hannah Arendt, Ernst Nolte, Alexandre Zinoviev et René Girard.

Droit international

Pour Werner, les guerres se justifient pour l'essentiel par des motifs territoriaux ou économiques, le droit et la morale servant le plus souvent d'écran de propagande, comme on l'a vu récemment en Irak, en Bosnie et au Kosovo. En apparence, ces guerres ont été menées comme des actions de police internationale pour le respect du droit, mais on s'est très vite rendu compte que cette image ne correspondait guère à la réalité. Il faut reconnaître en contrepartie que les États dits « traditionnels » sont aujourd'hui largement sur le déclin. Théoriquement ils restent seuls sujets du droit international, autrement dit souverains, mais cette souveraineté tend aujourd'hui à n'avoir plus qu'un caractère résiduel. Ce lent déclin remonte à la guerre de 14, mais il s'est accéléré encore ces dernières décennies, en particulier avec la mondialisation. Cela se traduit par exemple par le fait que les États sont souvent aujourd'hui conduits à agir contre leurs propres ressortissants[4], avec à la clé un retournement de la dualité ami-ennemi, l'ami d'hier devant l'ennemi d'aujourd'hui et réciproquement.

Attente d'une guerre

Pour Werner, l'horizon de la politique n'est plus tant aujourd'hui la guerre interétatique qu'intraétatique. C'est le thème de l'avant-guerre civile, qu'il développe dans le livre qui porte ce titre. On est en attente d'une guerre qui se déclenchera ou ne se déclenchera pas mais qui rétroagit sur la période qui la précède en lui donnant le caractère d'un état de « ni paix ni guerre ». Le thème de l'avant-guerre civile s'articule étroitement sur celui de l'après-démocratie. On est dans un entre-deux marqué par une ambiguïté généralisée.

Analyses

« Libéral sincère au départ de son aventure intellectuelle » (Slobodan Despot), il a été conduit au fil des ans à adopter un point de vue de plus en plus critique sur le système démocratique-libéral, allant jusqu'à remettre en cause la validité de l'opposition, chère aux auteurs conservateurs-libéraux du milieu du XXe siècle, entre démocratie et totalitarisme. Pour lui cette opposition doit pour le moins être relativisée. Sur ce plan-là comme sur d'autres, il récuse la pensée dichotomique.

Il s'est par ailleurs intĂ©ressĂ© Ă  certains phĂ©nomènes contemporains comme l'immigration extra-europĂ©enne de masse (mais pas seulement), en les interprĂ©tant comme le produit, en partie, d'une volontĂ© politique consciente de la part des dirigeants occidentaux pour (en application de la maxime: diviser pour rĂ©gner) dissoudre le lien social et le sentiment communautaire existant, au travers d'un redĂ©coupage de la sociĂ©tĂ© en groupes hĂ©tĂ©roclites, segmentĂ©s et rivaux, se neutralisant par lĂ  mĂŞme mutuellement. Le corps social se verrait ainsi rĂ©duit Ă  l'impuissance et dans l'incapacitĂ©, en particulier, de rĂ©sister aux dirigeants, dans leurs efforts pour se soustraire Ă  toute remise en cause de leur pouvoir et de leurs privilèges. L'accroissement de la criminalitĂ© (qu'ils feignent de combattre mais le plus souvent, en rĂ©alitĂ©, se bornent Ă  rĂ©guler, quand ils ne l'encouragent pas activement) et corrĂ©lativement du sentiment d'insĂ©curitĂ© les aiderait par ailleurs Ă  se relĂ©gitimer eux-mĂŞmes aux yeux des populations en endossant un rĂ´le fictif de protecteur, tout en leur servant de prĂ©texte pour Ă©tendre indĂ©finiment le contrĂ´le social (vidĂ©o-surveillance, espionnage Ă©lectronique, papiers biomĂ©triques, etc.), et multiplier les lĂ©gislations rĂ©pressives et/ou intrusives. Le rĂ©sultat en serait la transformation progressive du rĂ©gime occidental en une nouvelle espèce de totalitarisme, les formes dĂ©mocratiques se voyant de plus en plus rĂ©duites Ă  un rĂ´le de façade. Ces thèses sont surtout dĂ©veloppĂ©es dans L'Avant-guerre civile [5], L'Après-dĂ©mocratie (2001), et plus rĂ©cemment dans un article de la revue Krisis (2011).

Dans un autre de ses ouvrages, La Maison de servitude (2006), il s'est interrogé sur le christianisme dans ses rapports avec la modernité, défendant l'idée selon laquelle la modernité serait un produit de la liberté chrétienne, celle-ci, de son côté, étant redevable à la modernité de l'avoir aidée à s'affranchir du double carcan clérical et théologique. S'inspirant de Dostoïevski, il développe par ailleurs l'idée selon laquelle le monde serait aujourd'hui le théâtre d'un affrontement entre la modernité chrétienne, d'une part, et l'ensemble des forces liées au Grand Inquisiteur, en ses différentes expressions ou figures contemporaines, de l'autre.

Ĺ’uvres

  • De la violence au totalitarisme, essai sur la pensĂ©e de Camus et de Sartre, Paris, Calmann-LĂ©vy, coll. « LibertĂ© de l'Esprit Â», 1972, 264 p., traduction en corĂ©en, 2012.
  • Mystique et politique : Ă©tudes de philosophie politique, Lausanne et Paris, L'Ă‚ge d'Homme, coll. « Mobiles Â», 1979, 136 p., (ISBN 978-2825131855).
  • Jan Marejko et Éric Werner, De la misère intellectuelle et morale en Suisse romande (nouvelle Ă©dition, avec une postface d'Éric Werner), Lausanne et Paris, L'Ă‚ge d'Homme, 1981, 210 p.
  • Le Système de trahison, Lausanne et Paris, L'Ă‚ge d'Homme, 1986, 88 p., (ISBN 978-2825131862).
  • Ne dites surtout pas que je doute, on finirait par le croire : Ă  propos de l'« affaire Paschoud », Lausanne, ThaĂ«l, 1988, 97 p.
  • De l'extermination, Lausanne, ThaĂ«l, 1993, 124 p.; rĂ©Ă©d. Xenia, 2013, 213 p., Postface de Slobodan Despot, (ISBN 978-2-88892-171-4).
  • Montaigne stratège, Lausanne et Paris, L'Ă‚ge d'Homme, coll. « Mobiles politiques Â», 1996, 87 p., (ISBN 2-8251-0730-1).
  • L'Avant-guerre civile, Lausanne et Paris, L'Ă‚ge d'Homme, coll. « Mobiles politiques Â», 1999, 117 p., (ISBN 2-8251-1196-1) ; traduction en italien, 2004 ; rĂ©Ă©d. Xenia, coll. « Le chaĂ®non manquant Â», 2015, 217 p., Postface de Slobodan Despot, (ISBN 978-2-88892-192-9).
  • L'Après-dĂ©mocratie, Lausanne et Paris, L'Ă‚ge d'Homme, coll. « Mobiles politiques Â», 2001, 158 p., (ISBN 2-8251-1484-7).
  • La Maison de servitude : RĂ©plique au Grand Inquisiteur, Vevey, Ă©ditions Xenia, 2006, 187 p. (ISBN 978-2888920090).
  • Ne vous approchez pas des fenĂŞtres : IndiscrĂ©tions sur la nature rĂ©elle du rĂ©gime, Vevey, Xenia, 2008, 140 p. (ISBN 978-2888920526).
  • Portrait d’Eric, Vevey, Xenia, 2010, 140 p. (ISBN 978-2888920984).
  • « Jusqu'oĂą ne pas aller trop loin : sur l'avant-guerre civile Â», in Krisis, numĂ©ro 35, , pp. 68-78.
  • Douze voyants, Les penseurs de la libertĂ©, Vevey, Xenia, 2011, 217 p., (ISBN 978-2-88892-115-8).
  • Les Lieux du cĹ“ur : Un pasteur genevois sur les pas de Jean-Jacques Rousseau, Vevey, Xenia, 2011, 109 p., (ISBN 978-2888921431).
  • « Rousseau philosophe Â», in Yves Bordet (dir.), Une heure avec Rousseau, Vevey, Xenia, 2012, 72 p., (ISBN 978-2888921424), pp. 12-17.
  • Le DĂ©but de la fin & autres causeries crĂ©pusculaires, Vevey, Xenia, 2012,107 p. (ISBN 978-2888921578).
  • Une heure avec Proust, Sion, Xenia, 2013, 72 p. (ISBN 978-2888921776).
  • Le Temps d'Antigone, Sion, Xenia, 2015, 155 p. (ISBN 978-2-88892-196-7).
  • Un air de guerre, Sion, Xenia, 2016, 94 p. (ISBN 978-2-88892-206-3).
  • Portrait du père : un pasteur genevois dans son siècle, Sion, Xenia, 2017, 143 p. (ISBN 978-2-88892-205-6).
  • LĂ©gitimitĂ© de l'autodĂ©fense : Quand peut-on prendre les armes ?, Sion, Xenia, 2019, 109 p. (ISBN 978-2-888922216)

Bibliographie

  • P. MonthĂ©lie, « Ă‰ric Werner: de l'extermination Â», Nouvelles de Synergies europĂ©ennes, no 42, septembre-, page 3.
  • Emmanuel LĂ©vy, « L'Avant-guerre civile », ElĂ©ments, No 96, .
  • Philippe Raggi, « L'avant-guerre civile », Polemia,
  • Slobodan Despot, « Éric Werner », in Despotica, Xenia, 2010, pp. 73-85.
  • François Bousquet, « Éric Werner : L'intelligence du cĹ“ur », Le Spectacle du monde, , No 578, pp. 62-64.
  • Jacques Perrin, « Après la mort de Dieu », La Nation, , p.4.
  • Bernard Dumont, « Hypothèses de crise », Catholica, Hiver 2012, No 114.

Liens externes

Notes et références

  1. « Éric Werner s'explique sur « La Maison de Servitude » », sur Éditions Xenia, (version du 29 octobre 2007 sur Internet Archive)
    Catherine Gravil (dir.), Paroles de croyants, Via Romana, , p. 243-251
    Éric Werner, Portrait d'Éric, Éditions Xenia, , 64-73 p.
  2. « Liste des personnalités signataires de l'Appel », sur nonguerre.chez.com.
  3. Renaud Dély, « L'extrême droite ratisse large contre les frappes de l'Otan. Le « Collectif non à la guerre » a tenu une réunion proserbe hier soir », Libération, .
  4. Philippe Raggi, « L'avant-guerre civile », sur Polemia, .
  5. Emmanuel Lévy, « L'Avant-guerre civile » (1998) Eléments, no 96, novembre 1999.
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