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Énergie des vagues

L'énergie des vagues, ou énergie houlomotrice, est une énergie marine utilisant l'énergie contenue dans le mouvement de la houle, soit les oscillations de la surface de l'eau. Cette énergie ne doit pas être confondue avec l'énergie marémotrice, laquelle utilise l'énergie des marées[1]. La faisabilité de son exploitation a été étudiée, en particulier au Portugal, au Royaume-Uni et en Australie.

Le Conseil mondial de l'Ă©nergie a Ă©valuĂ© Ă  10% le potentiel thĂ©orique de la demande annuelle mondiale d’électricitĂ© qui pourrait ĂŞtre couvert par l'Ă©nergie houlomotrice (dont 40 TWh/an en France mĂ©tropolitaine, principalement sur la façade atlantique avec une puissance installĂ©e de 10 Ă  15 GW)[2].

Histoire

La première utilisation de l'énergie des vagues fut probablement un système permettant d'actionner des cloches destinées à prévenir, dans la brume, de la proximité de certaines bouées de signalisation maritime. Victor Hugo évoque, dans l'Homme qui rit, une « bouée à sonnerie, sorte de clocher de la mer, (...) supprimée en 1802 ». Plus historique est la cloche de Bell rock, qui fut, tel que le chante le poète Robert Southey, installée au XIVe siècle sur une bouée pour avertir les marins de la proximité du danger, quand le rocher est couvert par la houle. L'exploitation de l'énergie des vagues pour doter les bouées d'un signal sonore fut ensuite perfectionnée dans la deuxième moitié du XIXe siècle sous forme de bouées à sifflet, dans lequel l'air est soufflé au rythme de la houle, les oscillations verticales de la bouée par rapport à sa chaîne de mouillage actionnant un piston[3].

Le premier brevet connu visant à l'utilisation de l'énergie des vagues a été déposé à Paris par les Girard, père et fils, le [4] - [5]. Un des premiers appareils utilisant l'énergie houlomotrice a été construit en 1910 en France par Bochaux-Praceique afin d'alimenter sa maison en énergie à Royan[6]. Par la suite, l'énergie houlomotrice connaît plusieurs étapes dans sa modernisation, dans les années 1940[7], avec les expériences de Yoshio Masuda, puis dans la période succédant au choc pétrolier de 1973 qui relance l'intérêt pour une énergie alternative. Entre 1855 et 1973, plus de 340 brevets ont été déposés au Royaume-Uni[5]. Des universitaires de plusieurs pays vont ainsi réexaminer le potentiel de l'énergie houlomotrice, notamment Stephen Salter de l'Université d'Édimbourg, Kjell Budal et Johannes Falnes de l'Institut norvégien de technologie (NTH), désormais fusionné au sein de l'Université norvégienne de sciences et de technologie, Michael E. McCormick de l'Académie navale d'Annapolis, David Evans de l'Université de Bristol, Michael French de l'Université de Lancaster, John Nicholas Newman[8] et Chiang Chung Mei[9] du MIT.

L'invention de Stephen Salter, surnommé le Batteur de Salter ou « canard de Salter », démontra en 1974 qu'il était possible de convertir 90 % de l'énergie d'une vague en énergie mécanique[10]. Avec le retour à un prix du pétrole plus modéré dans les années 1980, l'intérêt pour le développement de l'énergie houlomotrice semble s'être réduit.

Cette technologie a refait parler d'elle dans les années 2000, à mesure que les questions climatiques poussaient à l'utilisation d'énergies renouvelables. Mais les échecs s'enchaînent :

  • En 2003, lancement d'un système appelĂ© Searev, dĂ©veloppĂ© conjointement par le laboratoire de mĂ©canique des fluides de l'École centrale de Nantes et le dĂ©partement mĂ©catronique de l'École normale supĂ©rieure de Cachan. En 2014, l'entreprise qui se proposait d'industrialiser le concept est radiĂ©e [11].
  • En 2008 au Portugal, la ferme Ă  vagues d'Aguçadoura n'a Ă©tĂ© exploitĂ©e que deux mois. L'entreprise Ă  son origine, Pelamis, a finalement disparu sans repreneur fin 2014[12].
  • en 2019, devant Le Croisic, un consortium IHES (Integrated Harvesting Energy System) pilotĂ© par Geps Techno et associant six partenaires français : Blue Solutions, Centrale Nantes, Chantiers de l’Atlantique, Icam, Ifremer, SNEF teste un prototype de plateforme de rĂ©cupĂ©ration d'Ă©nergie houlomotrice et [pour 20 % photovoltaĂŻque) [2].
  • En Aquitaine l'entreprise Hace rĂ©alise un prototype pour produire de l’énergie avec les petites vagues[13].

Fermes houlomotrices

Australie

Ocean Power Technology et Lockheed Martin ont conclu en un accord pour dĂ©velopper un rĂ©cupĂ©rateur d'Ă©nergie d'une puissance de 19 MW Ă  Victoria. Ce projet a reçu une subvention de plusieurs millions de dollars australiens par le gouvernement fĂ©dĂ©ral[14].

5 % de l’électricitĂ© de cette base est produite grâce Ă  l’énergie des vagues. La centrale houlomotrice a Ă©tĂ© baptisĂ©e Ceto qui est le nom d'une dĂ©esse grecque de la mer. Les trois Ceto 5 sont le rĂ©sultat de treize annĂ©es de travail et ont nĂ©cessitĂ© un investissement de 70 millions d’euros dont 22 millions de subventions du gouvernement[15].

Chaque bouĂ©e possède plus de 500 capteurs qui enregistrent deux gigaoctets de donnĂ©es quotidiennement pour la pression, le dĂ©bit, la tempĂ©rature de l’eau... Un piston hydraulique situĂ© Ă  24 mètres au fond de la mer est actionnĂ© par le mouvement des bouĂ©es provoquĂ© par les vagues. Ce mouvement pressurise un fluide contenu dans le piston, le fluide est envoyĂ© Ă  terre par un tuyau et passe dans une turbine qui convertit l’énergie hydraulique en Ă©nergie mĂ©canique. Les pompes alimentent en eau froide un rĂ©seau de froid. Dans une centrale situĂ©e sur l’île de Garden Island, un gĂ©nĂ©rateur transforme cette Ă©nergie mĂ©canique en Ă©lectricitĂ©. L’électricitĂ© produite alimente aussi une usine de dĂ©salinisation d’eau, qui fournit un tiers de l’eau de Garden Island.

Si le coĂ»t de l'Ă©lectricitĂ© produite par Ceto 5 est identique Ă  celui du fioul (entre 20 et 28 centimes d’euros le kilowatt-heure (kWh)), il reste plus cher que le nuclĂ©aire ou le charbon. Ă€ titre de comparaison, l’électricitĂ© est facturĂ©e 0,175 € par kWh aux mĂ©nages français, et 0,091 € aux industries selon Eurostat.

Un projet CETO 6, de plus grande puissance, est en cours de développement[16].

EDF EN a conclu des partenariats avec Carnegie, détenteur des droits de la technologie CETO, pour la production d’électricité à partir de l’énergie des vagues[17] - [16].

Écosse

Un système LIMPET 500 (Land Installed Marine Power Energy Transformer) a été installé en 2001 sur l'ile d'Islay par la société Wavegen.

Portugal

Les Portugais s'Ă©taient dotĂ©s, en , de machines semi-Ă©mergĂ©es Pelamis (nom d'origine latine qui signifie « serpent de mer »), conçues par une entreprise Ă©cossaise, Pelamis Wave Power (PWP). Ce projet avait une puissance installĂ©e de 2,25 MW au large d'Aguçadoura, dans le nord du Portugal. En raison de problèmes techniques rĂ©currents, la première centrale houlomotrice au monde a dĂ» ĂŞtre dĂ©montĂ©e au printemps 2009. Des progrès restent donc encore Ă  faire pour que cette source d’énergie ne devienne pas un « serpent de mer »[18].

Notes et références

  1. soit la différence de niveau entre la marée basse et la marée haute (le marnage) ainsi que les flux considérables dus au masses d'eau énormes mises en mouvement par ce processus cycliques.
  2. Connaissance des énergies (2019) Énergie houlomotrice : un prototype installé au large du Croisic, .
  3. Jean-Christophe Fichou, Noël Le Hénaff et Xavier Mével, Phares : Histoire du balisage et de l'éclairage des côtes de France, Le Chasse-Marée • ArMen, , 452 p. (ISBN 2-903708-92-4), p. 169.
  4. « Pour divers moyens d'employer les vagues de la mer comme moteurs », dans Description des machines et procédés spécifiés dans les brevets d'invention, de perfectionnement et d'importation dont la durée est expirée, et dans ceux dont la déchéance a été prononcée sur Google Livres, p. 99.
  5. (en) Clément Alain, « Wave energy in Europe : current status and perspectives », Renewable and Sustainable Energy Reviews, no 6,‎ , p. 405-431 (lire en ligne).
  6. (en) Leishman, J.M., The development of Wave Power : A techno-economic study, Glasgow, Scotland, National Engineering Laboratory, , 130 p. (lire en ligne).
  7. (en) « Wave Energy Research and Development at JAMSTEC », sur Web Archives (version du 1 juillet 2008 sur Internet Archive), document archivé le 1er juillet 2008 ici, récupéré le 18/12/2008.
  8. (en) John Nicholas Newman, Marine hydrodynamics, Cambridge, Massachutests, MIT Press, , 402 p. (ISBN 978-0-262-14026-3 et 0-262-14026-8, lire en ligne).
  9. (en) Chiang C. Mei, The Applied Dynamics of Ocean Surface Waves, , 740 p. (ISBN 9971-5-0773-0).
  10. (en) « Edinburgh Wave Power Group ».
  11. societe.com, OCEANSWING radiée le 13-11-2014.
  12. Jobs go after no buyer found for Pelamis wave business, BBC News, .
  13. Annabelle Grelier, « Hace produit de l’énergie avec les petites vagues mais la France n’y croit pas encore » Accès libre, sur France Culture, (consulté le )
  14. « Ocean Power Technologies et Lockheed Martin développent un projet d'énergie des vagues en Australie ».
  15. « https://reporterre.net/En-Australie-une-centrale-a-vagues-produit-de-l-energie-pour-la-premiere-fois »
  16. « Carnegie Clean Energy et EGP s’allient pour développer CETO 6 », sur energiesdelamer.e, .
  17. En Australie une centrale à vagues produit de l'énergie pour la première fois, Reporterre, .
  18. Les énergies marines en quête de maturité, Alternatives, no 22, 4e trimestre 2009.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (fr) A. HouĂ«l et P. Cougnaud (2005), Conception mĂ©canique d’un houlo-gĂ©nĂ©rateur pour la rĂ©cupĂ©ration de l’énergie des vagues . Rapport de stage ingĂ©nieur, 2e annĂ©e ENSIETA,
  • (fr) B. Multon, A. Clement, M. Ruellan, J. Seigneurbieux e t H. BenAhmed (2006), Systèmes de conversion des ressources Ă©nergĂ©tiques marines . Dans Hermes, Ă©diteur, Les Nouvelles Technologies de l'Énergie, p. 223–266. Paris, France.
  • (fr) Ruellan Marie et al. (2005), PrĂ©dimensionnement d'un houlogĂ©nĂ©rateur pendulaire ; ENS-Cachan/Mecatronique
  • (fr) Ruellan (2006), PrĂ©-dimensionnement d’un houlo-gĂ©nĂ©rateur pendulaire ; REE, juin-, voir p. 87–97
  • (fr) B. Rozel (2004), Simulation numĂ©rique d’un système houlogĂ©nĂ©rateur ; Rapport de stage magistère, 2e annĂ©e ENS de Cachan - SATIE, juin-
  • (en) A. Babarit, H. B. Ahmed, A. ClĂ©ment, V. Debusschere, G. Duclos, B. Multon et G. Robin (2006), Simulation of electricity supply of an atlantic island by offshore wind turbines and wave energy converters associated with a medium scale local energy storage ; Renewable Energy, volume 31, p. 153–160, .
  • (en) A. Clement (2002), Wave energy in Europe : current status and perspectives ; Renewable and sustainable Energy Reviews, Pergamon, p. 405–431
  • (en) Falnes (2000), Ocean Waves And Oscillating Systems : Linear Interactions Including Wave-energy Extraction ; Cambridge University Press
  • (en) G. Mackie (2004), Wave power and operator experience ; Seatech Week, CDROM proc, p. 182–197,
  • (en) H. Polinder et M. Scuotto (2005), Wave energy converters and their impact on power systems ; Future Power Systems, p. 9,
  • (en) G. Taylor (2003), Wave energy commercialisation. 3rd Annual Alternative Energy Seminar,

Thèses de doctorat

  • (fr) F Becq (1998), Extension de la modĂ©lisation spectrale des Ă©tats de mer vers le domaine cĂ´tier, [rĂ©sumĂ© avec CNRS/INIST]
  • (fr) Ruellan Marie (2007), MĂ©thodologie de dimensionnement d'un système de rĂ©cupĂ©ration de l'Ă©nergie des vagues, École normale supĂ©rieure de Cachan, Thèse de doctorat soutenue le , [PDF], 168 pages avec hal.archives-ouvertes.fr
  • (fr) A. Babarit (2005), Optimisation hydrodynamique et contrĂ´le optimal d’un rĂ©cupĂ©rateur d’énergie des vagues ; Thèse de doctorat; École Centrale de Nantes.
  • (en) N. Baker (2003), Linear Generators for Direct Drive Marine Renewable EnergyConverters. Thèse de doctorat, School of Engineering University of Durham

Liens externes

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