Accueil🇫🇷Chercher

Émile Mathias

Émile Mathias, né le à Paris et mort le à Clermont-Ferrand, est un physicien français.

Émile Mathias
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  80 ans)
Clermont-Ferrand
Nom de naissance
Émile Ovide Joseph Mathias
Nationalité
Formation
Activités
signature d'Émile Mathias
Signature de Mathias dans son dossier de Légion d’honneur.

Biographie

Élève de l’Institution Hortus à Paris de 1871 à 1876, Mathias a fait ses études au lycée Saint-Louis de 1876 à 1882. Étudiant en Sorbonne de 1882 à 1885, il est licencié ès sciences mathématiques en 1883 et ès sciences physiques en 1884[1].

Après ses Ă©tudes de licence et d’agrĂ©gation, il a passĂ© l’agrĂ©gation de sciences physiques et naturelles en 1885[2]. Ă€ partir de , il a travaillĂ© comme prĂ©parateur Ă  l’École Normale avec Louis Paul Cailletet, qui continuait ses recherches sur les gaz liquĂ©fiĂ©s, qui sont Ă  l'origine de l'industrie moderne du froid, de la cryogĂ©nie et des hautes pressions[2]. Mathias collabora avec lui Ă  la crĂ©ation de mĂ©thodes pour l’étude des densitĂ©s des gaz liquĂ©fiĂ©s et de leurs vapeurs saturĂ©es. Les mesures conduisirent, dès 1886, Ă  la dĂ©couverte de la loi dite du diamètre rectiligne si l’on construit deux courbes reprĂ©sentant, en fonction de la tempĂ©rature, les densitĂ©s du liquide et de la vapeur saturĂ©e, on constate qu’elles forment deux branches d’une mĂŞme courbe, se raccordant au point critique, oĂą la tangente est parallèle Ă  l’axe des densitĂ©s ; les milieux des cordes rectilignes de la courbe parallèles Ă  cet axe forment une ligne droite. Les mesures, sans ĂŞtre poursuivies jusqu’au point critique, permettent de construire la courbe et le diamètre rectiligne, dont l’intersection donne avec prĂ©cision la densitĂ© critique. Mathias montra plus tard que pour certains corps le diamètre n’est qu’approximativement rectiligne[2].

Il devient ensuite préparateur de physique au Laboratoire d’Enseignement de la Physique, dirigé par Edmond Bouty à la Sorbonne[2]. Ayant débuté dans la recherche scientifique par des travaux sur les gaz liquéfiés, il continua de s’intéresser à leur étude pendant toute sa vie, mais s’adonna néanmoins bientôt à des recherches d’un genre très différent. Il entreprit, au laboratoire de la Sorbonne, sur la chaleur de vaporisation des gaz liquéfiés, un travail, qui fut sa thèse de doctorat ès sciences physiques, en employant une méthode calorimétrique à température constante, permettant de faire les mesures dans des conditions bien définies, et avec précision[2].

Tout en enseignant au Lycée Thiers de 1889 à 1891[3], il finit sa thèse en 1890, à la suite de quoi il fut nommé maitre de conférences à la faculté des Sciences de Toulouse, en 1891, puis chargé d’un cours complémentaire l’année suivante, chargé de la direction des services météorologique et magnétique à l’Observatoire de Toulouse en 1893, et enfin professeur de physique, en 1895, avec sa titularisation. Il y continua ses travaux sur la calorimétrie des gaz liquéfiés, mesurant leur chaleur spécifique et leur chaleur de vaporisation. Puis il étudia l’application des lois des états correspondants aux conditions voisines de l’état critique. Il a montré que ces lois ne s’appliquent pas avec précision de manière générale, et que les vérifications sont beaucoup plus satisfaisantes si les comparaisons portent sur des groupes de corps convenablement formés[2].

En 1909, à la suite de conversations avec Kamerlingh Onnes au premier Congrès international du froid, il commença une longue collaboration avec les physiciens du Laboratoire cryogène de Leyde pour l’étude des densités et du diamètre des corps à température critique basse étude de l’oxygène (1909), de l’argon (1912), de l’azote (1914), de l’hydrogène (1920), du néon (1921), de l’hélium (1924), de l’éthylène (1927), de l’oxyde de carbone (1982), du krypton (1937). Pour la plupart de ces corps, les diamètres ne sont pas parfaitement rectilignes, mais la méthode s’applique cependant avec une précision satisfaisante à la détermination de la densité critique[2].

Dès 1893, il avait Ă©tĂ© chargĂ© de la direction du Service magnĂ©tique Ă  l’Observatoire de Toulouse, dont Benjamin Baillaud Ă©tait alors directeur. Il organisa ce Service, et, en dehors des mesures magnĂ©tiques Ă  la station centrale, fit lui-mĂŞme des mesures dans la rĂ©gion en 176 stations. Il Ă©tudia alors la reprĂ©sentation des rĂ©sultats par des cartes relatives aux divers Ă©lĂ©ments magnĂ©tiques et par des formules simples donnant, en fonction de la latitude et de la longitude, ce qu’on peut considĂ©rer comme la distribution rĂ©gulière du champ magnĂ©tique terrestre dans une petite rĂ©gion ; il Ă©tendit ce mode de reprĂ©sentation Ă  l’ensemble du rĂ©seau magnĂ©tique français Ă©tabli par ThĂ©odule Moureaux. Les diffĂ©rences entre les valeurs rĂ©elles des Ă©lĂ©ments magnĂ©tiques et les valeurs calculĂ©es Ă  l’aide des formules dĂ©finissent des anomalies magnĂ©tiques, attribuables en partie aux propriĂ©tĂ©s magnĂ©tiques des roches du sous-sol, et sur l’observation desquelles est fondĂ©e la mĂ©thode magnĂ©tique d’étude du sous-sol, qui est maintenant si largement appliquĂ©e[2].

Mathias s’intĂ©ressa Ă©galement, Ă  cette Ă©poque, Ă  la mĂ©tĂ©orologie, et, lors de la mort prĂ©maturĂ©e de Bernard Brunhes en 1910, il lui succĂ©da comme directeur de l’Observatoire du Puy de DĂ´me et comme professeur Ă  la facultĂ© des Sciences de Clermont-Ferrand. Dès lors son activitĂ© se porta surtout sur la Physique du Globe. La gestion scientifique et matĂ©rielle d’un observatoire comme celui du Puy-de-DĂ´me est une lourde tâche. Mathias y ajouta celle de la crĂ©ation dans la plaine, près de Clermont, d’un observatoire qui pĂ»t conjuguer ses travaux avec ceux de l’observatoire du sommet ; la Première Guerre mondiale survint quand la construction des bâtiments s’achevait, et il lui fallut de longs efforts pour terminer dans la suite les installations[2].

C’est sur proposition de Mathias que fut l’établissement d’un nouveau réseau magnétique de la France, en 1922, entrepris sous les auspices du Comité français de Géodésie et Géophysique. Dans ce grand travail, fondé sur des mesures faites en 1328 stations, qui fut terminé en 1926, les études qu’il avait faites à Toulouse furent précieuses pour orienter les travaux et tirer le meilleur parti des résultats[2].

Il attachait une grande importance Ă  l’étude de l’électricitĂ© atmosphĂ©rique, institua des mesures de la conductibilitĂ© et-du champ Ă©lectrique au sommet du Puy de DĂ´me, et dirigea la publication d’un TraitĂ© d’électricitĂ© atmosphĂ©rique et tellurique. Mais ce sont surtout la foudre et l’éclair qui furent l’objet de ses travaux ; il leur consacra de nombreux mĂ©moires, particulièrement sur les diverses formes de l’éclair et sur la matière fulminante qu’il fait intervenir dans l’interprĂ©tation de certains phĂ©nomènes[2].

L’étude de la pluie ayant beaucoup son attention, il y consacra, en 1919, un long Mémoire fournissant un exposé critique des méthodes de mesure, des statistiques étendues à toute la France, l’étude de la variation avec l’altitude et des phénomènes qui se produisent dans l’atmosphère sur le passage de la pluie. Il est revenu à plusieurs reprises sur ce sujet et y consacrait encore un Mémoire en 1939[2].

Doyen de la facultĂ© des Sciences de Clermont-Ferrand de 1912 Ă  1919, il organisa, pendant la Première Guerre mondiale, Ă  l’observatoire de la plaine, qui venait d’être bâti, un hĂ´pital auquel sa femme et lui-mĂŞme, qui avaient perdu leur fils ainĂ© Ă  la guerre, consacrèrent leur dĂ©vouement. Ayant atteint la limite d’âge en 1931, il fut mis Ă  la retraite, le 1er octobre de cette annĂ©e, mais, se fixant au voisinage de l’observatoire qu’il avait crĂ©Ă©, il continua dans la retraite, jusqu’à ses derniers jours, le labeur dĂ©sintĂ©ressĂ© et passionnĂ© qui a Ă©tĂ© la règle de toute sa vie[2]. « C’était un homme de grand cĹ“ur et de fine culture, se donnant tout entier Ă  ses travaux[2]. Â»

Mathias était membre de la Société française de physique, de la Société de géographie de Toulouse, de l’Association française pour l’avancement des Sciences, correspondant de la Société royale des sciences de Liège ; membre de l’Académie de Toulouse (1896), secrétaire adjoint (1902), secrétaire perpétuel (), secrétaire perpétuel honoraire () ; élu correspondant de l’Académie des Sciences pour la section de physique générale, le [1]

Publications

Ouvrages

  • Sur la chaleur de vaporisation des gaz liquĂ©fiĂ©s, thèse, FacultĂ© des Sciences de Paris, Gauthier-Villars et Fils, Paris, 1890.
  • Le Point critique des corps purs, Paris, C. Naud, 1904.
  • Recherches sur le magnĂ©tisme terrestre, Toulouse, E. Privat, 1907.
  • Notice sur les travaux scientifiques, Toulouse, E. Privat, 1926.
  • La Matière fulminante, librairie de l’enseignement technique, Paris, 1928.
  • Nouveau rĂ©seau magnĂ©tique de la France an , Paris, Presses Universitaires de France, 1929-1931.
  • L’Éclair, Paris, 1932.
  • Nouvelles recherches sur la matière fulminante, Clermont-Ferrand, 1933, 76 p. in-8°.
  • La Foudre et sa forme globulaire, Paris, Ministère de l’Air, 1935.
  • Remarques sur la pression Ă©lectrostatique des foudres sphĂ©riques, Paris, Librairie de l’Enseignement Technique, 1935.

Articles

  • « Sur une nouvelle mĂ©thode de mesure de la chaleur de vaporisation de gaz liquĂ©fiĂ©s Â», Compt. Rend. Acad. Sci., 106, 1146-1149, 1888.
  • « Nouvelle formule pour reprĂ©senter la variation avec la dilution de la chaleur spĂ©cifique des dissolutions salines aqueuses ou non Â», Soc. Phys. SĂ©ances, 354-356, 1888.
  • « Sur les chaleurs de spĂ©cifiques des dissolutions Â», Compt. Rend. Acad. Sci., 107, 524-527, 1888.
  • « Sur les chaleurs de spĂ©cifiques des dissolutions Â», J. Phys., 8, 204-222, 619, 1889.
  • « Sur la chaleur de vaporisation de l’acide carbonique au voisinage du point critique Â», Compt. Rend. Acad. Sci., 109, 122-134, 1889.
  • « Sur la chaleur de vaporisation des gas liquĂ©fiĂ©s Â», Compt. Rend. Acad. Sci., 109, 122-134 (1890).
  • « Sur la chaleur de vaporisation des gas liquĂ©fiĂ©s Â», Ann. Chim., 21, 69-144,1890.
  • « Remarques sur le thĂ©orème des Ă©tats correspondants Â», Compt. Rend. Acad. Sci., 112, 85-87, 404, 1891.
  • « Remarques sur le thĂ©orème des Ă©tats correspondants Â», Ann. Fac. Sci. Toulouse, 2, F, 24 pages, 1891.
  • « Sur la dĂ©termination prĂ©cise de la densitĂ© critique Â», Compt. Rend. Acad. Sci., 115, 35-38, 1892.
  • « Sur la densitĂ© critique et le thĂ©orème des Ă©tats correspondants Â», Ann. Fac. Sci. Toulouse, 6, M, 34 pages, 1892.
  • « Sur le diamètre des densitĂ©s relatif aux pressions correspondantes Â», J. Phys., 2, 224-225, 1893.
  • « Remarques sur les pressions critiques dans les sĂ©ries homologues de la chimie organique Â», Compt. Rend. Acad. Sci., 117, 1081-1085, 1893.
  • « Sur la chaleur spĂ©cifique de l’acide sulfureux liquide Â», Compt. Rend. Acad. Sci., 119, 404-407, 1894.
  • « DĂ©termination expĂ©rimentale directe de la chaleur spĂ©cifique de vapeur saturĂ©e et de la chaleur de vaporisation interne Â», Compt. Rend. Acad. Sci., 119, 849-52, 1894.
  • « Sur l’étude calorimĂ©trique complète des liquides saturĂ©s Â», Ann. Fac. Sci. Toulouse, 10, E, 52 pages, 1896.
  • « Sur les propriĂ©tĂ©s thermiques des fluides saturĂ©s Â», Compt. Rend. Acad. Sci., 126, 1095-1097, 1898 ; Ann. Fac. Sci. Toulouse, 12, E, 52 p., 1896.
  • « Ă‰tude sur le magnĂ©tisme terrestre dans la rĂ©gion de Toulouse Â», Compt. Rend. Assoc. Franc. (Pt. 2), 301-11, 1897.
  • « La constante a des diamètres rectilignes et les lois des densitĂ©s des Ă©tats correspondants Â», J. Phys., 8, 407-13, 1899.
  • « Sur le calcul de la constante Ă  des diamètres rectilignes Â», Compt. Rend. Acad. Sci., 128, 1389-91, 1899.
  • « La Loi du diamètre rectiligne et les lois des Ă©tats correspondants Â», MĂ©m. Soc. Sci. Liège, 2 (no 1), 28 pages, 1900.
  • « La Foudre et ses diffĂ©rentes formes Â», Bull. Soc. Astronomique Fr., 44, 416-23, 1922.
  • « Rapport sur l’état actuel de l’électricitĂ© atmosphĂ©rique Â», Ann Phys., 18, 83-170, 1922.
  • « Contribution Ă  l’étude de la matière fulminante : I. Les hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ©s thermiques Â», Compt. Rend. Acad. Sci., 181, 1038-40, 1925.
  • « Contribution Ă  l’étude de la matière fulminante : la couleur. HĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ©s chimiques Â», Compt. Rend. Acad. Sci., 181, 1111-4, 1925.
  • « Contribution Ă  l’étude de la matière fulminante : l’énergie par centimètre cube et par gramme au moment de l’explosion Â», Compt. Rend. Acad. Sci., 182, 194-7, 1926.
  • « Variation de la tension superficielle de la matière fulminante en fonction de la tempĂ©rature et du poids molĂ©culaire Â», Compt. Rend. Acad. Sci., 194, 413-6, 1932.

Notes et références

  1. Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, « Nécrologie », Mémoires de l’Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, t. 4,‎ , xxiii (lire en ligne, consulté le )
  2. Maurain 1942
  3. Jacques Delmas (professeur.), Histoire du lycée de Marseille : livre d'or, éditeur non identifié, (lire en ligne)

Bibliographie

  • (en) Jaime Wisniak, « Émile Ovide Joseph Mathias : Thermodynamics of saturated fluids », Educ. quĂ­m., UniversitĂ© Nationale Autonome du Mexique, vol. 22, no 1,‎ , p. 55-62 (ISSN 0187-893X, lire en ligne, consultĂ© le ).

Sources

  • Charles Maurain, « Notice nĂ©crologique sur Émile Mathias : sĂ©ance du lundi 23 mars 1942 », Comptes rendus de l’AcadĂ©mie des Sciences, Paris, Gauthier-Villars, vol. 214,‎ , p. 585-7 (lire en ligne, consultĂ© le ).

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.