Émile Lemonnier
Émile René Lemonnier (Château-Gontier, – Lạng Sơn, ), est un officier général français.
Émile Lemonnier | ||
Le commandant Lemonnier vers 1929. | ||
Nom de naissance | Émile René Lemonnier | |
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Naissance | Château-Gontier, Mayenne, France |
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Décès | Lạng Sơn, Tonkin, Indochine française Mort au combat |
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Origine | Français | |
Allégeance | France État français |
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Arme | Artillerie Troupes coloniales |
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Grade | Général de brigade | |
Années de service | 1912 – 1945 | |
Commandement | 3e brigade de la division du Tonkin | |
Conflits | Première Guerre mondiale Guerre franco-syrienne Seconde Guerre mondiale |
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Distinctions | Officier de la LĂ©gion d'honneur | |
Biographie
Né à Château-Gontier dans la Mayenne, il est le fils d'un bourrelier, Émile Jean Lemonnier, et de Marie Ernestine Fournier[1].
En 1903, il entre au collège de Château-Gontier[2]. Il reçoit, en 1904, le prix d’excellence et le premier prix dans chaque matière. En 1910, il obtient le baccalauréat avec mention « bien ».
Émile Lemonnier intègre l'École polytechnique (promotion X1912) à Nantes le .
Première Guerre mondiale
Le , il est nommé sous-lieutenant au 25e régiment d’artillerie (RA), puis affecté au 7e régiment d’artillerie à pied le . Il est promu lieutenant le [3].
Durant la Première Guerre mondiale, il est cité à l’ordre du régiment :
« A organisé avec un dévouement remarquable le service de l’artillerie de tranchée de son secteur en payant de sa personne sans soucis du danger a choisi à différentes reprises particulièrement les 22 et 23 septembre 1916 l’occasion de bombardements ennemis violents pour se porter en 1re ligne dans les endroits les plus exposés et sans abris dans le but de situer l’emplacement des mines ennemies et a réussi en restant sous le feu à faire des réglages très efficaces de ses pièces. »
Une seconde citation à l’ordre du corps d’armée, le décrit comme :
« Officier de tout premier ordre a dirigé les tirs de sa batterie pendant la préparation d’attaque du 10 au 16 avril 1917. A tiré de sa batterie déjà surmenée un rendement considérable. A été blessé après avoir tiré sa dernière torpille. »
Le , le lieutenant Lemonnier passe dans l’armée coloniale. Il est affecté au 341e régiment d'artillerie lourde coloniale, puis au 3e régiment d’artillerie coloniale (RAC) auprès du corps expéditionnaire de la Russie du Nord le .
Entre-deux guerres
Promu capitaine le , Émile Lemonnier rejoint, avec le 11e régiment d’artillerie malgache, le Levant français le .
Rapatrié et affecté au 2e RAC en , il s’embarque le à destination de l’Afrique-Occidentale française (AOF). Il est affecté au 3e bataillon de tirailleurs sénégalais en .
Il est cité en 1924 :
« Officier remarquable, travailleur acharné, d'une incomparable valeur professionnelle, morale, intellectuelle, toujours volontaire pour les missions difficiles et périlleuses. »
Rapatriable, il rentre en France, par Bordeaux, le , et est affecté à l’état-major particulier de l’artillerie. Le capitaine Lemonnier fait partie de la 49e promotion de l'École supérieure de guerre entre et 1929.
Promu chef d’escadron le , le commandant Lemonnier est mis à la disposition du général commandant supérieur les troupes du groupe de l’Indochine le et s’embarque pour Haïphong sur le SS Athos II (en). Il passe au 4e RAC le .
De retour en métropole en , il est affecté au 10e RAC. Émile Lemonnier est promu lieutenant-colonel le . Le , il est muté au 3e RAC.
Il est muté à l’état-major du préfet maritime de Bizerte (Tunisie) en . Chevalier de la Légion d'honneur depuis 1920, il est nommé officier de l’ordre le [4].
Promu colonel en 1937, il occupe le poste de directeur de l'artillerie au Cambodge.
Seconde Guerre mondiale
À compter du , le colonel Lemonnier est affecté au 5e RAC en Indochine. Le , le territoire entre dans la Seconde Guerre mondiale avec l’invasion japonaise de l'Indochine.
En 1942, il commande la 2e brigade de la division du Tonkin, à Hanoï, sous les ordres du général Aymé.
Général depuis 1943, Émile Lemonnier commande la 3e brigade de la division du Tonkin, à Lạng Sơn. Il est chargé d’assurer la défense de cette province et de celle de Cao Bang sur la frontière sino-indochinoise.
Après la reprise de Manille le , un coup de force japonais se produit dans la nuit du 9 au contre les garnisons du Tonkin[5]. Le général Lemonnier est tué après le massacre de la garnison de la citadelle de Lạng Sơn le [6]. Après une résistance acharnée puis la reddition de la place, les Japonais massacrent 460 prisonniers, dont le général Lemonnier et le résident Auphelle, décapités dans les grottes de Ky Lua, au mépris du respect des conventions de guerre dont le premier traité, sur la « protection des victimes militaires de la guerre » a été signé en 1864 à Genève mais dont le Japon n’était pas signataire[7].
Reconnu « mort pour la France »[8], il est enterré à Château-Gontier le .
Il est cité à titre posthume le :
« Officier général d'une valeur intellectuelle et morale hors de pair. Commandant la 3e brigade de la division du Tonkin, a conduit avec une énergie farouche la résistance à l'agresseur japonais. Dans la nuit du 9 au , capturé par l'ennemi, à bout de munitions, alors que d'autres points d'appui continuaient à tenir, a refusé par deux fois de signer une capitulation totale. Conduit au bord d'un fossé, agenouillé, les mains liées derrière le dos, a préféré avoir la tête tranchée plutôt que de forfaire à l'honneur. Demeurera dans l'histoire comme un exemple saisissant de ce que sont la volonté et le caractère français. »
DĂ©corations
Officier de la Légion d'honneur (décret du )
Croix de guerre 1914-1918, Ă©toile de vermeil (deux citations)
Croix de guerre 1939-1945 (citation posthume du )
Insigne des blessés militaires
Postérité
À Château-Gontier, son nom est inscrit sur le monument aux morts et une rue porte son nom.
Depuis , à Paris, l’ancienne rue des Tuileries (1er arrondissement) ouverte vers 1877 est baptisée avenue du Général-Lemonnier. Le est inauguré la plaque commémorative apposée à l'angle de l'avenue du Général-Lemonnier et du quai Aimé-Césaire (à l'époque quai des Tuileries).
Le camp Lemonnier, situé dans la ville de Djibouti, et ancien camp de la Légion étrangère, porte son nom. Ce camp a successivement servi au 5e régiment interarmes d'outre-mer (RIAOM), aux forces terrestres djiboutiennes, et abrite actuellement une base de la marine américaine ainsi que le siège de la force combinée américaine qui prend part à la lutte contre la piraterie autour de la Corne de l'Afrique.
Son nom est inscrit au monument À la gloire des polytechniciens morts pour la France de l'École polytechnique à Paris[9] et sur celui de Palaiseau[10].
Notes et références
- Acte de naissance no 128/1893 de la commune de Château-Gontier.
- Aujourd’hui lycée Victor-Hugo.
- Registre matricule de Château-Gontier no 449/1913.
- « Émile René Lemonnier », base Léonore, ministère français de la Culture.
- Le coup de force japonais du 9 mars 1945.
- Voir Le Monde du 13 mai 1965 et La résistance contre le Japon en Indochine.
- Extrait de la proposition de loi pour une journée nationale du souvenir en hommage aux Français morts pour la France en Indochine.
- « Émile René Lemonnier », base Mémoire des hommes, ministère français de la Défense.
- Relevé du monument commémoratif de l'École Polytechnique, Paris.
- Relevé du monument commémoratif de l'École Polytechnique, Palaiseau
Voir aussi
Bibliographie
- Georges Fleury, Mourir Ă Lang Son : 9 mars 1945 les Nippons attaquent en Indochine, Paris, B. Grasset, , 253 p. (ISBN 2-246-34171-X, EAN 9782246341710, BNF 34775306).
- « Inauguration de l'avenue du général Lemonnier », La Jaune et la rouge, Paris, Association des anciens élèves de l'École polytechnique, no 108,‎ , p. 41-45 (ISSN 0021-5554, BNF 34348770, lire en ligne [[PDF]], consulté le ).
- « Hommage au général Émile Lemonnier (1912) », La Jaune et la rouge, Paris, Association des anciens élèves de l'École polytechnique, no 196,‎ , p. 15-25 (ISSN 0021-5554, BNF 34348770, lire en ligne [[PDF]], consulté le ). .
Liens externes
Sources
- Service historique de la DĂ©fense, Caen. Cote AC 21 P 279493.