Élisabeth de Rothschild
La baronne Élisabeth de Rothschild, née Élisabeth Pelletier de Chambure le à Paris et morte en déportation le au camp de concentration de Ravensbrück, est une personnalité mondaine française.
Naissance | |
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Décès |
(à 43 ans) Ravensbrück |
Nom de naissance |
Elisabeth Pelletier de Chambure |
Nationalité | |
Famille | |
Père | |
Conjoint |
Marc de Becker Remy Philippe de Rothschild |
Enfants |
Philippine de Rothschild Charles Henri de Rothschild (d) |
Lieu de détention |
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Biographie
Fille d'Auguste de Chambure, propriétaire bourguignon de L'Argus de la presse, elle épouse en 1923 Marc de Becker Remy, fils d'un aristocrate belge, Auguste de Becker Remy, dont elle divorce en 1934. Elle se remarie alors en 1935 avec le baron Philippe de Rothschild, dont elle déjà une fille, Philippine, née en 1933[1]. Un fils, Charles-Henri, naît après leur union, en 1938, mais, gravement handicapé, l'enfant décède peu après sa naissance[2]. La perte de cet enfant met un terme à une union passionnée et tumultueuse[1] : le couple divorce en 1939[2] et Élisabeth reprend son nom de jeune fille[3].
Lors de l'occupation allemande de la France durant la Seconde Guerre mondiale, la propriété viticole de Philippe, qui produit le fameux Mouton-Rothschild, est saisie[4] et ce dernier est arrêté en Algérie en 1942 par le gouvernement de Vichy[1]. Relâché la même année, il quitte la France pour rejoindre les Forces françaises libres en Angleterre et le général de Gaulle[5].
Ne pensant pas qu'elle puisse être inquiétée, étant née catholique et issue d'une vieille famille française, Élisabeth reste en France. Cependant, en 1941, la Gestapo l'arrête à Chalon-sur-Saône, l'accusant d'avoir tenté de franchir la ligne de démarcation avec un faux passeport[3]. Relâchée, elle gagne alors Paris[3] où — selon les mémoires de Philippe — sous l'influence de familiers ralliés à Vichy, elle fréquente des individus pro-nazis qui savent lui procurer ce qu'elle désire[1].
Elle est arrêtée par la Gestapo, selon les versions, en mai[1] ou en juin 1944[6], et déportée le 15 juillet dans le dernier convoi vers camp de concentration de Ravensbrück[1] où elle meurt le [7] - [8]. Les raisons de son arrestations ne sont pas claires et, d'après le témoignage de sa codétenue Odette Fabius, elle ne s'en expliquait pas elle-même le motif, espérant vainement une intervention de Fernand de Brinon, ambassadeur de Vichy en zone occupée[1]. Il est possible que la Gestapo cherchait à connaître les activités de son ex-mari mais on rapporte également l'épisode selon lequel, à quelques semaines de la libération de Paris, elle aurait refusé de s'asseoir à côté de Suzanne Abetz, épouse française de l'ambassadeur du IIIe Reich Otto Abetz[1] — couple devenu l'épicentre de la vie mondaine parisienne sous l'occupation[9] — lors d'un défilé de la maison Schiaparelli place Vendôme à Paris[6].
Elle est la seule personne apparentée à la famille Rothschild à mourir en camp de concentration au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Notes et références
- (en) Anne Sebba, Les Parisiennes : How the Women of Paris Lived, Loved and Died in the 1940s, Orion, (ISBN 978-0-297-87099-9, lire en ligne), Pt157-158
- (es) Pedro Escobar, Los Buenos Vinos en la historia II, Pedro Escobar, (ISBN 979-8792851337, lire en ligne), p. 56
- Henri Huet, « Élisabeth de Rothschild arrêtée à Chalon », sur www.lejsl.com, Le Journal de Saône-et-Loire, (consulté le )
- R. Pijassou, Un grand vignoble de qualité. Le Médoc, Volume 2, Librairie Jules Tallandier, , p. 948
- Caroline Pigozzi, « Philippine de Rothschild, noblesse oblige », Paris Match, semaine du 28 août au 3 septembre 2014, p. 48-53.
- Élisabeth de Feydeau, Elsa Schiaparelli, l’extravagante, Paris, Flammarion, (ISBN 978-2-08-024971-5, lire en ligne), Pt173
- Sur les deux arrestations, voir Henri Huet, « Élisabeth de Rothschild arrêtée à Chalon », Le journal de Saône-et-Loire. L'arrestation du est mentionnée par sa fille Philippine dans une interview de 1999 : Vincent Noce, « Philippine de Rothschild, 66 ans, a sacrifié sa vie de comédienne pour diriger Mouton-Rothschild, grand cru classé : Destine-moi un Mouton », Libération,‎ (lire en ligne)
- Dans son autobiographie, Histoires de ma vie, Éditions Albin Michel, 1975, page 174 (ISBN 2226001530), l'acteur Jean Marais rappelle qu'un dîner avait été organisé par Élisabeth de Rothschild en présence de Jean Cocteau pour le choix des acteurs de son film La belle et la bête, avant son arrestation par la Gestapo. «Cette femme, charmante, eut la mort atroce de la chambre à gaz » .
- Justine Picardie, Miss Dior, Flammarion, (ISBN 978-2-08-026126-7, lire en ligne), Pt85
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Élisabeth de Rothschild » (voir la liste des auteurs).
- Joseph Valynseele et Henri-Claude Mars, Le Sang des Rothschild, Paris, 2004
- Philippe de Rothschild, Milady Vine, 1984
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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