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Élisabeth de Chartres

Élisabeth ou Isabelle de Chartres, morte le 25 novembre 1249, est dame d'Amboise par mariage et, de 1218 jusqu'à sa mort, comtesse de Chartres à part entière. Elle fonde trois maisons cisterciennes pour les religieuses. Deux fois veuve, sa fille Mahaut d'Amboise lui succède.

Élisabeth de Chartres
Titre de noblesse
Comtesse (Chartres)
-
Prédécesseur
Successeur
Le sceau d'Élisabeth de Chartres.

Biographie

Élisabeth (ou Isabelle) est née probablement avant 1180[1]. Elle appartient à la plus haute noblesse française : elle est la fille cadette du comte Thibaut V de Blois et de Chartres et d'Alix, fille du roi Louis VII le Jeune et de la duchesse Aliénor d'Aquitaine[2] [3]. Elle a un frère, le comte Louis Ier de Blois, une sœur aînée, Marguerite et une autre sœur, Alice, qui fut abbesse de Fontevraud entre 1209 et 1218[4].

Élisabeth se marie deux fois. En 1190, elle épouse Sulpice III d'Amboise. Ils ont six enfants : Hughes, Mathilde, Jean, Guillaume, Alice et Dionysie[5]. Quelque temps avant 1209, Sulpice et Élisabeth fondent conjointement l'abbaye de Moncé[5]. À la mort de Sulpice, entre 1214 et 1218, Hugues hérita d'Amboise. Il est à son tour remplacé par Mathilde vers 1237. Le sort des quatre plus jeunes enfants d'Élisabeth et de Sulpice est inconnu[6]. Élisabeth fait plusieurs dons à Moncé en mémoire de Sulpice, y compris en y affectant un prêtre pour dire une messe quotidienne[7] [8].

En 1218, elle Ă©pouse Jean II de Montmirail, seigneur de Montmirail et d'Oisy[9] . Aucun enfant de son remariage n'est connu[5] [10].

Comtesse de Chartres

Lorsque le neveu d'Élisabeth, le comte Thibaut VI, meurt sans héritier en 1218, ses comtés sont partagés entre ses tantes.

Le partage est décidé par le roi Philippe II Auguste[11]. Marguerite reçoit Blois et Élisabeth Chartres[12]. Son mari, Jean, verse une taxe de succession au roi, qui en août confirme la possession par Élisabeth du comté et de certaines châtellenies associées avec son cousin, le comte Guillaume II du Perche, se portant garant[2] [13]. En juillet 1221, Guillaume cède Montigny-le-Chartif à sa cousine et à ses héritiers[14].

En 1222, Élisabeth et Jean fondent le couvent cistercien de l'abbaye du Lieu-Notre-Dame (Loir-et-Cher) sur sa propriété de la châtellenie de Romorantin[15]. Ce couvent se trouvait en bordure du désert marécageux connu sous le nom de Sologne et les religieuses reçurent 36 arpents à mettre en culture.

En 1232, la fille d'Élisabeth, Mathilde, et son époux, Richard II de Beaumont-au-Maine, accordent aux religieuses 100 arpents supplémentaires gratuitement à la condition qu'elles le mettent en culture[16].

En 1226, avec l'aide de l'évêque de Chartres Gautier et de l'abbé bénédictin de Saint-Père-en-Vallée, Élisabeth et Jean fondent le couvent cistercien de l'abbaye Notre-Dame de l'Eau sur un terrain acheté à Dame Adeline de Ver[17].

Les chartes d'Élisabeth pour Lieu sont conservées dans un cartulaire compilé en 1269 ou 1270, mais beaucoup de celles de l'Eau ont été perdues dans un incendie au XVIe siècle[15]. Aujourd'hui, subsistent 92 de ses chartes pour Lieu et 35 pour l'Eau[18].

Outre ses propres libéralités, Élisabeth est également généreuse avec d'autres maisons proches de sa famille. Elle fait ou confirme des donations aux abbayes de Saint-Antoine-des-Champs, Notre-Dame-la-Trappe, Notre-Dame de Barbeau, Notre-Dame de Vaucelles, des Clairets et de la Madeleine de Châteaudun, ainsi qu'à l'hospice de Châteaudun et à la léproserie du Grand-Beaulieu de Chartres[19] [20].

En 1226, Guillaume du Perche meurt, laissant à Élisabeth sa part des revenus des moulins de Chartres pour le « secours aux pauvres »[21] [22] [23]. Elle le donne au couvent de l'Eau[21].

Le deuxième mari d'Élisabeth est mort en 1238 ou 1239[24]. Pour le repos de son âme, elle donna livres tournois en aumône pour les pauvres[25].

En 1241, la nièce d'Élisabeth, la comtesse Marie d'Avesnes (1200-1241), meurt, laissant tout son domaine, y compris le comté de Blois, à son mari, le comte Hugues Ier de Châtillon-Saint-Pol et à Élisabeth. Hughes en gardera le contrôle[26].

En 1247, Élisabeth rédige son testament, confirmant tous ses dons précédents à Lieu[27]. Elle dote également une chapelle pour y dire des messes quotidiennes pour elle, sa famille et sa cousine, la reine Blanche de Castille[7]. En 1248, elle rachète la propriété de Saugirard, que son frère avait donnée à l'abbaye Notre-Dame de Barzelle avant 1205, pour la confier aux religieuses de Lieu[28].

Élisabeth meurt en 1248 ou 1249[15], sa fille Mathilde, veuve, lui succède jusqu'à sa mort en 1256[29].

Notes et références

Notes

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Isabelle of Chartres » (voir la liste des auteurs).

Références

  1. Berman 2018, p. 278 n11.
  2. Berman 2018, p. 74.
  3. Livingstone 2010, p. 237.
  4. Pour Alice, voir Berman 2018, p. 74 et 278 n5. Armstrong-Partida 2005, p. 83, ne mentionne pas d'Alice, uniquement une Adèle qui meurt, probablement jeune fille, peu de temps après 1200.
  5. Berman 2018, p. 75.
  6. Berman 2018.
  7. Berman 2018, p. 76.
  8. Berman 2009, p. 144.
  9. Berman 2018, p. 75. Cependant, Evergates 2007, p. 237, et Armstrong-Partida 2005, p. 90, datent leur mariage de 1221/1222.
  10. Evergates 2007, p. 176.
  11. Armstrong-Partida 2005, p. 89.
  12. Livingstone 2010.
  13. Thompson 1995, p. 29.
  14. Thompson 1995, p. 199.
  15. Berman 2018, p. 77.
  16. Berman 2018, p. 81–82.
  17. Voir Berman 2018, p. 78–79 pour une description de la fondation de l'Eau.
  18. Berman 2018, p. 78.
  19. Armstrong-Partida 2005.
  20. Shadis et Berman 2003.
  21. Berman 2018, p. 80.
  22. Thompson 1995, p. 37.
  23. Thompson 1995, p. 202.
  24. Berman 2018, p. 75, place sa mort peu avant celle du mari de Mathilde en 1239. Evergates 2007, p. 237 et Armstrong-Partida 2005, p. 90, cependant, donne sa mort en 1240.
  25. Berman 2018, p. 81.
  26. Evergates 2007, p. 178.
  27. Berman 2018, p. 76; Johnson 1991, p. 40–41 et n104. Pour une description de ces dons, voir Armstrong-Partida 2005, p. 92–94.
  28. Berman 2018, p. 87.
  29. Un document daté de janvier 1248 ou 1249 mentionne Mathilde en tant que contesse. Voir Berman 2018, p. 281 n61.

Bibliographie

  • (en) Michelle Armstrong-Partida, « Mothers and Daughters as Lords: The Countesses of Blois and Chartres », Medieval Prosopography, vol. 26,‎ , p. 77–107 (JSTOR 44946466).
  • (en) Katherine Smith et Scott Wells, Negotiating Community and Difference in Medieval Europe: Gender, Power, Patronage and the Authority of Religion in Latin Christendom, Brill, , 137–149 p., « Noble Women's Power as Reflected in the Foundations of Cistercian Houses for Nuns in Thirteenth-Century Northern France: Port-Royal, les Clairets, Moncey, Lieu and Eau-lez-Chartres ».
  • (en) Constance Hoffman Berman, The White Nuns: Cistercian Abbeys for Women in Medieval France, University of Pennsylvania Press, .
  • (en) Theodore Evergates, The Aristocracy in the County of Champagne, 1100–1300, University of Pennsylvania Press, .
  • (en) Penelope D. Johnson, Equal in Monastic Profession: Religious Women in Medieval France, University of Chicago Press, .
  • (en) Amy Livingstone, Out of Love for My Kin: Aristocratic Family Life in the Lands of the Loire, 1000–1200, Cornell University Press, .
  • (en) Bonnie Wheeler et John Carmi Parsons, Eleanor of Aquitaine: Lord and Lady, Palgrave Macmillan, , 177–211 p., « A Taste of the Feast: Reconsidering Eleanor of Aquitaine's Female Descendants ».
  • (en) Kathleen Hapgood Thompson, The Counts of the Perche, PhD diss., University of Sheffield, c. 1066–1217 (PhD diss.), University of Sheffield, .
  • (en) Jane Welch Williams, Bread, Wine, and Money: The Windows of the Trades at Chartres Cathedral, University of Chicago Press, .

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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