Accueil🇫🇷Chercher

Élections législatives gabonaises de 2023

Les élections législatives gabonaises de 2023 a lieu le afin d'élire les 143 membres de l'Assemblée nationale.

Élections législatives gabonaises de 2023
Parti démocratique gabonais Ali Bongo
Sièges en 2018 96
Les Démocrates
Sièges en 2018 10
Rassemblement patrie et modernité
Sièges en 2018 7
Premier ministre
Sortant
Alain Claude Bilie By Nze
PDG

A la suite de nombreuses révisions constitutionnelles menées par le Parti Démocratique Gabonais (PDG) du président Ali Bongo dans les années ayant suivies les violences post-électorales de 2016, les élections départementales et municipales ainsi que l'élection présidentielle sont organisées le même jour.

Contexte

Crise post-électorale de 2016

La mort du président Omar Bongo en juin 2009 après 42 ans d'un pouvoir autoritaire provoque une succession dynastique à la tête de l’État, malgré le caractère républicain de la Constitution gabonaise. Son fils, Ali Bongo, est ainsi élu deux mois plus tard, après avoir pris la tête du parti de son père, le Parti démocratique gabonais (PDG).

Ce premier septennat est suivi de la candidature d'Ali Bongo à l'élection présidentielle d'août 2016, qui se révèle extrêmement serrée face à une opposition réunie dans le Front uni de l'opposition pour l'alternance derrière la candidature de Jean Ping, une première dans un pays où l'opposition est « historiquement faible, mal organisée, et souvent prête à pactiser avec le pouvoir »[1] - [2]. Le président sortant l'emporte par moins de 6 000 voix selon les résultats officiels, mais ces derniers sont rapidement remis en cause par l'opposition, qui accuse le pouvoir d'avoir eu recours à la fraude électorale[3] - [4] - [5].

La crise post-électorale se transforme rapidement en d'importante violences opposant partisans de l'opposition et forces de l'ordre. Les premiers mettent notamment feu à l'Assemblée nationale dans la capitale Libreville, avant d'être dispersés par la garde républicaine qui tire à balles réelles[6]. Plus de 1 000 personnes sont arrêtées, tandis que le QG de Jean Ping est pris d'assaut à l'arme lourde en pleine nuit par des militaires[7]. Les affrontements font au moins 27 morts et des dizaines de disparus[8].

Élections législatives de 2018

La sévère remise en cause du scrutin de 2016 aussi bien à l'intérieur du pays qu'à l'international conduit Ali Bongo à chercher à se redonner une légitimité en organisant le dialogue national d'Angondjé entre le gouvernement et une partie de l'opposition du au . Le dialogue aboutit à la formation d'un gouvernement d'union nationale et la mise en place de plusieurs réformes politiques et institutionnelles[9] - [10] - [11].

Reportées depuis deux ans[12], les élections législatives gabonaises de 2018 sont ainsi organisées au scrutin uninominal majoritaire à deux tours au lieu d'un, et le nombre de députés augmenté de 120 à 150. L'âge plancher de 40 ans pour être candidat à l'élection présidentielle est supprimé au profit du seul âge de la majorité (18 ans), tandis que l'élection présidentielle passe également au scrutin à deux tours[9]. La Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap) est remplacée par un Centre gabonais des élections (CGE), dont le président n'est plus nommé par la Cour constitutionnelle. Le ministère de l’Intérieur voit son rôle réduit, le CGE récupérant la mission d’annoncer les résultats électoraux. De même, les neuf juges de la Cour constitutionnelle ne disposent plus que d’un mandat unique de neuf ans, en lieu et place de mandats de sept ans renouvelables[10] - [9]. Très controversée pour son rôle dans l'annonce des résultats de 2016 malgré son concubinage passé avec le président de la république avec qui elle a eu deux enfants, Marie-Madeleine Mborantsuo doit à terme céder la présidence de la cour constitutionnelle[9].

Après plusieurs reports dû au tensions politiques dans le pays et l'incapacité du gouvernement du Premier ministre Emmanuel Issoze Ngondet à organiser le scrutin, la Cour constitutionnelle décide le de dissoudre l'Assemblée nationale, ordonne au Premier ministre de démissionner, et confie le pouvoir législatif au Sénat jusqu'à l'organisation du scrutin[13]. Cette décision provoque la surprise dans le pays, d'autant plus que la Cour était jugée très favorable au gouvernement d'Ali Bongo[14], de qui la présidente de la cour Marie-Madeleine Mborantsuo est la belle-mère. Le lendemain, Emmanuel Issoze Ngondet s'exécute et présente sa démission. Le , cependant, il est reconduit dans ses fonctions[15].

Le Centre gabonais des élections (CGE) organise comme prévu les élections en lieu et place de la Cenap[13]. Bien qu'en léger recul, le Parti démocratique gabonais conserve la majorité des deux tiers au parlement avec 96 sièges sur 143.

Tentative de coup d'État de 2019

Véhicules de l'armée à Libreville lors de la tentative de coup d'État

Les résultats des élections législativessont cependant éclipsés par l'annonce de l'hospitalisation surprise d'Ali Bongo en Arabie saoudite, officiellement pour une « fatigue sévère » due à du surmenage, mais que de nombreux journaux de la presse internationale avancent être la conséquence d'un accident vasculaire cérébral[16] - [17] - [18]. L'état de santé du chef de l'état n’empêche néanmoins pas la quasi-totalité de ses proches collaborateurs et hiérarques du Parti démocratique Gabonais de fêter « avec faste » la victoire aux législatives le [19].

Après une hospitalisation de plus d'un mois à Riyad, Ali Bongo est transféré le à l'hôpital d’instruction militaire Mohammed V, à Rabat, au Maroc[20], qu'il quitte le pour poursuivre sa convalescence dans une résidence privée à Rabat[21]. Prétextant une « lacune » dans la constitution, la Cour constitutionnelle toujours dirigée par Marie-Madeleine Mborantsuo ajoute sur demande du Premier ministre Emmanuel Issoze Ngondet un alinéa à son article 13 permettant à ce dernier ou au vice-président Pierre Claver Maganga Moussavou d'exercer certaines des fonctions du président, dont la présidence du conseil des ministres[22].

Cette longue période d'hospitalisation et de convalescence hors du pays conduit à des débats quant à la nature de la transition politique à mettre en œuvre en cas d'incapacité du chef de l'État, tandis que de fausses annonces de son décès se multiplient et entretiennent la confusion[23]. Le , une unité de soldats de la Garde Républicaine dirigée par le lieutenant Ondo Obiang Kellyentre entre en mutinerie, prend brièvement le contrôle de Radio Gabon, déclare l'établissement d'un Conseil national de restauration et appelle au soulèvement. La tentative de coup d'État échoue le jour même, mais provoque un choc dans le pays, qui n'avait pas connu de telle tentative depuis le Coup d'État de 1964[24] - [25].

Le président retourne au pays du 14 au pour assister en fauteuil roulant à l'investiture du gouvernement, avant de retourner en convalescence à Rabat jusqu'à son retour définitif le [26] - [27] - [28]. L'incertitude quant aux capacités du chef de l'Etat à poursuivre son mandat suscite une lutte de pouvoir entre les différents hommes forts du PDG. La crise est résolue par une modification de la constitution en décembre 2020. Cette dernière prévoit ainsi qu'une éventuelle vacance du pouvoir soit résolue par la mise en place d'un triumvirat d'intérim composé du ministre de la Défense et les présidents des deux chambres du Parlement[29] - [30].

A l'issue d'un congrès organisé en décembre 2022, le Parti démocratique gabonais appelle son « candidat naturel » Ali Bongo à briguer un troisième mandat[31]. Largement rapportée dans les médias mais restée l'objet d'un silence de la part du gouvernement, la thèse d'un accident vasculaire cérébral (AVC) intervenu quatre ans plus tôt est alors évoquée par Ali Bongo en avril 2023 devant un congrès de militant du PDG réunis pour le lancement officiel de sa candidature[32] - [33].

Nouvelles réformes constitutionnelles

Le gouvernement procède peu après l'annonce de la candidature du président sortant à une nouvelle révision de la Constitution, une démarche facilitée par la détention par le Parti démocratique gabonais de la majorité qualifiée des deux tiers des membres de l'Assemblée nationale[34] - [35].

Après une nouvelle concertation politique avec l'opposition qu'une grande partie boycotte à nouveau du 13 au 23 février, le gouvernement d'Ali Bongo se félicite d'un « consensus » et entreprends ainsi de rétablir le scrutin uninominal majoritaire à un tour pour les élections présidentielle, législatives, sénatoriales, départementales et municipales, et de faire coïncider le calendrier électoral de ces scrutins en réduisant la durée du mandat présidentiel de sept à cinq ans, tout en entérinant le caractère illimité du nombre de réélection possible de l'ensemble des élus, dont le président de la république. Le scrutin utilisé lors des élections législatives de 2023 redevient ainsi à un tour, comme en 2011. Il reste cependant uninominal, là où il était plurinominal dans neuf circonscriptions plurinominales composées de neuf à dix-huit sièges correspondant aux provinces du Gabon en 2011[36] - [37] - [38] - [39] - [40]. L'élection présidentielle ainsi que les élections départementales et municipales sont par conséquent organisées en même temps que les législatives le [41] - [42].

Système électoral

L'Assemblée nationale est composée de 150 sièges pourvus pour cinq ans au scrutin uninominal majoritaire à un tour[37].

Résultats

Résultats
Parti Voix % Sièges +/-
Parti démocratique gabonais (PDG)
Les Démocrates (LD)
Restauration des Valeurs Républicaines (RV)
Sociaux-Démocrates du Gabon (SDG)
Rassemblement Patrie et Modernité (RPM)
Parti social-démocrate (PSD)
Union nationale (UN)
Union pour la nouvelle république (UPNR)
Union pour la démocratie et l'intégration sociale (UDIS)/PDG
Cercle des libéraux réformateurs (CLR)
Démocratie Nouvelle (DN)
Front d’égalité Républicaine (FER)
Autres partis
Indépendant
Votes valides
Votes blancs et nuls
Total 100 150 en augmentation 7
Abstentions
Inscrits / participation

Notes et références

  1. Florence Bernault (professeur à l'université de Wisconsin-Madison), « Gabon : les paradoxes d’une dictature « soft » », sur Le Monde.fr, .
  2. Tirthankar Chanda, « Ali Bongo versus Jean Ping : autopsie d'une brouille », sur RFI.fr, .
  3. « Présidentielle au Gabon: Bongo proclamé vainqueur par le ministre de l'Intérieur », sur LExpress.fr (consulté le ).
  4. « Présidentielle au Gabon : le président sortant donné vainqueur, l'opposition crie au scandale », sur lesechos.fr (consulté le ).
  5. « Ali Bongo réélu au Gabon, l'opposition crie à la fraude », sur Boursier.com (consulté le ).
  6. « Gabon : "La garde républicaine a dispersé la foule en tirant à balles réelles" », Europe 1, (lire en ligne, consulté le ).
  7. « Gabon : le QG de l'opposant Jean Ping attaqué, deux morts selon son camp - France 24 », France 24, (lire en ligne, consulté le ).
  8. « Duel gabonais en vue à la CPI », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  9. Gabon : Le dialogue politique représente-t-il une solution miracle aux problèmes du pays ? Afrique Télégraph
  10. Gabon : à quels changements a abouti le dialogue national ? Jeune Afrique
  11. Gabon – Emmanuel Issoze-Ngondet : « La crise a mis en lumière la nécessité de revitaliser notre démocratie » Jeune Afrique
  12. « Gabon : des législatives plus qu’incertaines », JeuneAfrique.com, (lire en ligne, consulté le ).
  13. « Après deux ans de report, les élections législatives au Gabon auront lieu en octobre », sur Le Monde.fr, (consulté le ).
  14. « Gabon: la Cour constitutionnelle dissout l'Assemblée », sur Le Figaro (consulté le ).
  15. « Au Gabon, le premier ministre reconduit dans ses fonctions », sur Le Monde, (consulté le ).
  16. « Gabon : victime d’un AVC, Ali Bongo demeure hospitalisé en Arabie saoudite », sur Le Monde, .
  17. « Etat de santé d’Ali Bongo: les Gabonais toujours dans l’attente d’informations », sur RFI Afrique, .
  18. Franck Koffi, « Gabon, Ali Bongo : AVC, œdème cérébral ou mort ? », sur afrik.com, .
  19. « Gabon: Ali Bongo abandonné par ses collaborateurs et ses proches à Riyad ? - Gabon Media Time », sur www.gabonmediatime.com, .
  20. « Gabon : Ali Bongo Ondimba est arrivé au Maroc pour y poursuivre sa convalescence », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  21. « Maroc : Ali Bongo Ondimba sort de l’hôpital et poursuit sa convalescence à Rabat », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  22. « Gabon: la Cour constitutionnelle modifie l’article 13 de la Constitution », sur www.aa.com.tr (consulté le ).
  23. Paru sur le Gabon : «Ali Bongo, le début de la fin»
  24. « Coup d'État avorté au Gabon : retour sur le fil des évènements de la journée », RFI,
  25. Laurent Larcher, « Après le coup d’État au Gabon, un retour à l’anormal », La Croix, (lire en ligne)
  26. https://www.facebook.com/RFI, « Ali Bongo de retour au Gabon pour la prestation de serment du gouvernement », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  27. « Gabon: le président Bongo de retour au Maroc pour sa convalescence - RFI », sur RFI Afrique (consulté le )
  28. Pierre-Eric Mbog Batassi, « Gabon : Ali Bongo a fait son retour au pays, et maintenant ? », sur Le Point (consulté le )
  29. Youssef Chari, « Gabon : Le triumvirat en cas de vacance du pouvoir présidentiel ne vise qu’à « consolider » l’édifice constitutionnel, selon Ali Bongo », sur Afrik Intelligentsia, (consulté le ).
  30. « Triumvirat : «C’est un problème entre PDGistes», estime Francis Aubaume », sur Gabonreview.com, Gabonreview, (consulté le ).
  31. AFP/VOA, « GABON Le parti au pouvoir appelle Ali Bongo à briguer un 3e mandat au Gabon », sur www.voaafrique.com, Voa Afrique, (consulté le ).
  32. « Au Gabon, Ali Bongo Ondimba se confie sur son AVC et lance sa campagne pour la présidentielle – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le ).
  33. https://www.facebook.com/RFI, « Gabon: le président Ali Bongo a évoqué son accident vasculaire cérébral de 2018 », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  34. https://www.facebook.com/FRANCE24, « Gabon : le mandat présidentiel réduit de sept à cinq ans », sur France 24, FRANCE24, (consulté le ).
  35. « Concertation politique au Gabon: vifs débats internes sur la durée des mandats », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  36. « Gabon (Assemblée nationale) », sur ipu.org, Inter-parliamentary union (consulté le ).
  37. « Gabon : la révision constitutionnelle adoptée par le Parlement réuni en Congrès », sur www.aa.com.tr (consulté le ).
  38. https://www.facebook.com/RFI, « Gabon: plusieurs mesures adoptées en vue des élections », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  39. https://www.facebook.com/RFI, « Concertation politique au Gabon: Ali Bongo annonce de futurs mandats limités à 5 ans », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  40. Le Nouveau Gabon, « Décisions et nominations du conseil des ministres du 3 mars 2023 », sur www.lenouveaugabon.com (consulté le ).
  41. RFI, « Afrique Gabon: le gouvernement confirme la date du 26 août prochain pour la tenue des élections générales », sur www.rfi.fr (consulté le ).
  42. « Gabon: élections présidentielle, législatives et locales le 26 août », sur Le Figaro.fr, Le Figaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.