Élection présidentielle zimbabwéenne de 2023
L'élection présidentielle zimbabwéenne de 2023 a lieu le afin d'élire le président de la république du Zimbabwe. Elle se tient en même temps que des élections législatives et sénatoriales.
Élection présidentielle zimbabwéenne de 2023 | |||||
Emmerson Mnangagwa – ZANU-PF | |||||
Président de la république | |||||
Sortant | |||||
Emmerson Mnangagwa ZANU-PF |
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Le président sortant, Emmerson Mnangagwa, de l'Union nationale africaine du Zimbabwe - Front patriotique (ZANU-PF), est éligible à sa réélection
Contexte
La précédente élection présidentielle organisée en juillet 2018 a lieu dans le contexte du coup d'État militaire qui force à la démission le président Robert Mugabe en faveur de son vice-président Emmerson Mnangagwa.
Alors âgé de 93 ans, Robert Mugabe dirige le pays depuis son indépendance en 1980, d'abord en tant que Premier ministre puis en tant que Président de la république à partir de 1987, soit un total de 38 ans au pouvoir[1]. Sous sa présidence, le Zimbabwe n'est généralement pas considéré comme une démocratie ni un État de droit. Human Rights Watch pointe ainsi les violences et intimidations exercées à l'encontre de membres de l'opposition, l'organisation de fraudes électorales à grande échelle, et la corruption « endémique, y compris au plus haut niveau du gouvernement »[2]. Amnesty International constate quant à elle l'importance des atteintes à la liberté d'expression, en particulier chez les journalistes et les défenseurs des droits de l'homme. Le gouvernement procède ainsi de manière arbitraire à des arrestations et mises en détention à l'encontre des opposants[3]. L'élection présidentielle de 2008, particulièrement violente, est notamment marquée par l'assassinat de dizaines de partisans de l'opposition, la mort de quelque deux cents personnes dans des violences orchestrées par le pouvoir, des actes de violence à l'encontre de milliers d'autres, et par des fraudes et intimidations systématiques[4] - [5] - [6].
L'âge avancé du président finit cependant par poser la question de sa succession au sein d'une classe politique qu'il prédomine depuis plusieurs décennies. Mugabe fait ouvertement part de son projet de se faire succéder à la présidence par son épouse Grace Mugabe, pourtant impopulaire en raisons de ses goûts de luxe et sa brutalité. Le gouvernement ainsi que le parti présidentiel, l'Union nationale africaine du Zimbabwe - Front patriotique (ZANU-PF), se voient progressivement épurés de tout rival potentiel de la première dame. Le , Robert Mugabe annonce son souhait de voir son épouse devenir vice-présidente, ce qui ferait d'elle la première personne dans l'ordre de succession présidentiel. Dés le lendemain, celle-ci lui demande publiquement de lui céder la présidence de la République. A ces déclarations suivent le limogeage annoncé du vice-président Emmerson Mnangagwa le .
Cette succession forcée provoque le mécontentement chez une part importante de la population, de la classe politique et surtout des forces armées. Dans la nuit du 14 au , un Coup d'État militaire est organisé par les généraux Constantino Chiwenga et Sibusiso Moyo — proches de Emmerson Mnangagwa —, sous le prétexte d'écarter des « criminels » de l'entourage du président. Des militaires accompagnés de blindés sont déployés dans la capitale et les principaux lieux de pouvoirs, dont notamment la résidence des Mugabe, le Parlement, le siège du Zanu-PF, les bureaux du gouvernement et le siège de la radio-télévision nationale[7] - [8]. L'armée rechigne toutefois à renverser directement le chef de l'Etat, assigné à résidence avec sa femme, et fait à la place pression pour que celui ci démissionne de lui même. Sibusiso Moyo va jusqu'à prononcer un discours à la télévision pour nier l'existence d'un coup d'Etat, tandis que les principaux soutiens de Grace Mugabe dont plusieurs ministres sont arrêtés[9].
Face au refus du président de présenter sa démission, le pays se retrouve en suspens plusieurs jours, au cours desquels le président de l'Afrique du Sud voisine, Jacob Zuma, tente une médiation. Finalement, après l'organisation d'une manifestation pour la démission de Mugabe, qui s'avère la plus grande qu'ait connu le Zimbabwe depuis l'indépendance[10], ainsi que le lancement d'une procédure de destitution à son encontre, Robert Mugabe finit par démissionner le [11]. L'annonce de sa démission provoque des scènes de liesses dans le pays[12]. Emmerson Mnangagwa lui succède et prête serment deux jours plus tard[13].
Mnangagwa reçoit rapidement l'investiture du ZANU-PF en vue de l'élection présidentielle de juillet 2018[14]. Cette dernière est par ailleurs organisée dans un contexte d'ouverture politique dont un nombre record de 21 candidatures. L'opposition est autorisée à manifester et la télévision publique accorde un peu d'espace médiatique à la principale formation d'opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), gravement fragilisé par la mort en février 2018 de son dirigeant, Morgan Tsvangirai, qui décède d'un cancer. Nelson Chamisa lui succède comme candidat du MDC, mais ce dernier fait face aux divisions du parti scindé depuis dix ans entre deux partis rivaux[15] - [16].
Malgré les promesses faites par Mnangagwa d'un scrutin libre et transparent, la présidentielle de 2018 reste marquée par les atteintes à la liberté d'expression, la menace et l'intimidation des électeurs et de l'opposition par le pouvoir, et les arrestations post électorales de responsables politiques dont plusieurs de ceux du MDC[17] - [18]. Emmerson Mnangagwa remporte le scrutin dès le premier tour avec un peu plus de 51 % des voix[19].
Système électoral
Le Président de la république du Zimbabwe est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois. Pour être élu au premier tour, un candidat doit réunir la majorité absolue des suffrages exprimés. À défaut, les deux candidats arrivés en tête s'affrontent lors d'un second tour, et le candidat qui recueille le plus de suffrages est élu[20].
Les candidats à la présidence se présentent avec deux colistiers, eux-mêmes candidats aux postes de premier et second vice président. En cas d'incapacité du président, le premier vice président le remplace jusqu'au terme de son mandat de cinq ans. Il en va de même pour le second vice président s'il est à son tour dans l'incapacité d’accomplir ses fonctions[20].
Les candidats à la présidence ou aux vices présidences doivent être de nationalité zimbabwéenne de naissance ou par ascendance, être âgés d'au moins quarante ans et résider au Zimbabwe[20].
Résultats
Candidats | Partis | Premier tour | Second tour | ||||||
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Voix | % | Voix | % | ||||||
Emmerson Mnangagwa | ZANU-PF | ||||||||
Autres candidats | |||||||||
Votes valides | |||||||||
Votes blancs et nuls | |||||||||
Total | 100 | 100 | |||||||
Abstention | |||||||||
Inscrits / participation |
Notes et références
- (en) "Even Zimbabwe's constitution waits for Mugabe to pass the baton, or pass away", The Guardian, 26 mars 2013
- (en) "Freedom in the world 2016: Zimbabwe, Freedom House
- (en) "Zimbabwe 2015/2016", Amnesty International
- (en) "In Heavy Zimbabwe Voting, No Repeat of Disastrous 2008 Events", New York Times, 31 juillet 2013
- (en) "This is no election. This is a brutal war", The Observer, 22 juin 2008
- (en) "Zimbabwe: No Justice for Rampant Killings, Torture", Human Rights Watch, 8 mars 2011
- « Le Zimbabwe se réveille dirigé par des militaires », Le Monde, 15 novembre 2017
- Couverture en direct du coup d'État de 2017, Le Monde, 15 novembre 2017
- « Zimbabwe. Mugabe résiste aux pressions de l’armée, qui veut l’écarter », sur ouest-france.fr, (consulté le )
- « Manifestation historique au Zimbabwe pour en finir avec l'ère Mugabe », sur france24.com, (consulté le )
- « Zimbabwe : le président Mugabe démissionne après 37 ans de pouvoir », FIGARO, (lire en ligne, consulté le )
- « Robert Mugabe démissionne, scènes de liesse au Zimbabwe », sur france24.com, (consulté le )
- « Au Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa investi président », Le Monde, 24 novembre 2017
- « Zimbabwe : la Zanu-PF destituera Mugabe s'il ne démissionne pas d'ici lundi », sur Europe 1 (consulté le )
- « Zimbabwe: nombre record de candidats, du pain bénit pour le sortant Mnangagwa », Agence France Presse, 18 juin 2018
- « Au Zimbabwe, le principal parti d’opposition a désigné son candidat à la présidentielle », Le Monde, 1er mars 2018
- https://www.voaafrique.com/a/l-ue-dénonce-l-inégalité-des-chances-entre-les-candidats-au-zimbabwe/4508856.html
- « Zimbabwe : après les élections, le temps des punitions », Le Monde, 8 août 2018
- « Zimbabwe Harmonised Elections », sur production-new-commonwealth-files.s3.eu-west-2.amazonaws.com (consulté le ).
- « Constitution », sur www.constituteproject.org (consulté le ).