Accueil🇫🇷Chercher

Élargissement du canal de Panama

L'élargissement du canal de Panama est un projet qui élargit le canal de Panama beaucoup plus qu'aucune autre expansion depuis sa construction. L'autorité du Canal de Panama proposa celui-ci après des années d'étude. Le président panaméen Martín Torrijos présenta le plan le , et les citoyens panaméens l'approuvèrent dans un référendum national le . Le projet double la capacité et permettra plus de trafic. Il est aussi connu sous le nom du projet du troisième jeu d’écluses. Il est inauguré le après 9 ans de travaux[1].

Comparaison entre les anciennes écluses et celles inaugurées en 2016.

Le projet crée une nouvelle route le long du Canal avec un nouvel ensemble d'écluses. Les détails du projet comprennent les éléments suivants :

  • La construction de deux systèmes d'Ă©cluses - un du cĂ´tĂ© de l'Atlantique et un autre du cĂ´tĂ© du Pacifique - chacun avec trois chambres, qui comprendront trois bassins de rĂ©tention d'eau ;
  • L'excavation de nouveaux canaux d'amenĂ©e pour les nouvelles Ă©cluses et l'Ă©largissement des canaux de navigation existants.
  • L'approfondissement des canaux de navigation et l'Ă©lĂ©vation du niveau maximal d'exploitation du lac Gatun[2].


Résultats du référendum

Comme le dispose la Constitution panaméenne, tout projet d'élargissement du Canal doit être approuvé par le Cabinet, l'Assemblée nationale et par un référendum[3]. Le , l'Assemblée nationale approuva unanimement la proposition. De plus, l'assemblée passa une loi mandatant un référendum national sur l'élargissement. Le référendum a eu lieu le , le premier dimanche 90 jours après l'adoption à l'assemblée[4].

Le tableau suivant montre le résultat officiel du scrutin donné par le tribunal électoral du Panama[5].

NonOui

Historique

Depuis les années 1930, toutes les études approfondies sur le canal ont conclu que la plus efficiente et la plus efficace alternative pour augmenter la capacité du canal est la construction d'un troisième jeu d'écluses, avec des dimensions plus grandes que les écluses construites en 1914. Ainsi en 1939, les États-Unis initièrent la construction d'écluses conçues pour permettre le passage des navires marchands ou des navires de guerre tels le projet de cuirassés de la classe Montana (280,57 m de long, un maître-bau de 36,88 m et un tirant d'eau de 11 m), dont les dimensions excèdent la taille des écluses existantes. Les travaux commencent le pour un montant maximum limité par le Congrès des États-Unis à 99 millions de dollars, ils auraient du être terminé en 1945.

Fin , après que l'excavation ait avancé de façon significative, les Américains suspendirent le projet du troisième jeu d'écluses à cause du déchainement de la Seconde Guerre mondiale[6]

Dans les années 1980, la commission tripartite formée par le Panama, le Japon, et les États-Unis se remirent à l'ouvrage, et comme les Américains en 1939, ils déterminèrent qu'un troisième jeu d'écluses avec des bassins plus grands était la solution la plus appropriée pour augmenter les capacités du canal.

Au cours de son histoire, le canal n'a cessé de se transformer et de s'ajuster aux conditions du marché et aux technologies du transport maritime. De cette manière, le canal est parvenu à augmenter sa compétitivité de façon constante.

Le projet de création d'un canal concurrent au Nicaragua a précipité l'organisation d'un référendum sur l'élargissement du canal. Le président panaméen Torrijos dans son discours du , a déclaré que « pour le dire de manière imagée, le canal est comme notre “pétrole”. Seulement que le pétrole qui n'a pas été extrait n'a pas de valeur, et dans l'intention de l'extraire vous devez investir dans l'infrastructure ; le canal nécessite d'élargir ses capacités pour absorber la demande croissante des cargos, et générer plus de richesse pour les panaméens[7] ».

Avec l’accroissement de la demande, le canal reste en position d’élĂ©ment stratĂ©gique du commerce maritime mondial. Cependant, l’augmentation de la taille des navires montre la nĂ©cessitĂ© de changements Ă  apporter au canal pour qu'il garde sa part de marchĂ©. On estima qu'en 2011, 37 % des porte-conteneurs Ă©taient trop gros pour le canal actuel. La capacitĂ© maximale actuelle, moyennant quelques amĂ©liorations mineures, est estimĂ©e entre 330 et 340 millions de tonnes par an ; cette capacitĂ© devait ĂŞtre atteinte entre 2009 et 2012. Près de 50 % des navires transitant actuellement par le canal utilisent dĂ©jĂ  la largeur maximale des Ă©cluses[8].

Projet d’un troisième ensemble d’écluses

Travaux en 2010.

C'est un groupement d'entreprises menĂ© par l'entreprise espagnol Sacyr Vallehermoso, l'italien Salini Impregilo, le belge Jan de Nul et le panamĂ©en Constructora Urbana rĂ©uni dans le Grupo Unidos por el canal (groupe uni pour le canal, GUPC), qui rĂ©alise les travaux après avoir remportĂ© l'appel d'offres le devant deux autres consortiums avec une offre Ă  3 118 880 001 dollars[9].

Sa proposition concerne deux nouveaux jeux d’écluses : une Ă  l’est des Ă©cluses de GatĂşn en place, l’autre au sud-ouest des Ă©cluses de Miraflores, chacune desservie par un canal d’approche. Chaque ensemble mènerait directement du niveau de la mer au niveau du lac GatĂşn ; le fonctionnement actuel en deux Ă©tapes au niveau des Ă©cluses Miraflores / Pedro Miguel ne serait pas reproduit. Les nouvelles Ă©cluses comporteraient des portes coulissantes de 57 m de haut et d'un poids de 2 100 tonnes conçues aux Pays-Bas et construites en Italie par Cimolei[10], doublĂ©es par sĂ©curitĂ© et faisant donc 4 200 tonnes, et seront longues de 427 mètres, larges de 55 mètres, et profondes de 18,3 mètres, permettant le transit de navires larges de 49 m, d’une longueur de 386 mètres et d’un tirant d’eau de 15 m, correspondant Ă  un porte-conteneurs de 12 000 EVP.

Les canaux d’approche seraient longs de 6,2 km Ă  Miraflores (contournant le lac Miraflores). Chaque canal serait large de 218 mètres, ne permettant le trafic que dans un sens pour les navires nommĂ© « post-Panamax » Ă  l'origine du projet et actuellement « nĂ©o-panamax »[11]. Les autres canaux seraient Ă©largis jusqu'Ă  280 m sur les portions droites et 366 m sur les courbes. Le niveau maximum du lac GatĂşn serait Ă©levĂ© de 26,7 m Ă  27,1 m.

Chaque ensemble d’écluses serait accompagnĂ© de neuf bassins de rĂ©utilisation d’eau, trois par chambre. Chaque bassin ferait environ 70 m de large, 430 m de long et 5,5 m de profondeur. AlimentĂ©s par gravitĂ©, ils permettraient de rĂ©utiliser 60 % de l’eau utilisĂ©e pendant chaque transit. Les nouvelles Ă©cluses consommeraient donc 7 % de moins d’eau que les actuelles pour un volume presque doublĂ©. L’accroissement de profondeur du lac GatĂşn et la montĂ©e de son niveau maximum pourraient aussi amĂ©liorer la capacitĂ© de stockage.

Travaux

Travaux sur le canal en janvier 2016.
Construction de la troisième écluse à Miraflores en 2015.

Les travaux d'élargissement ont été officiellement lancés le [12], lors d'une cérémonie à laquelle participaient l'ancien président américain Jimmy Carter ainsi que les chefs d'État du Salvador et du Nicaragua. La première tranche du chantier a été confiée à la société panaméenne Constructora Urbana S.A.

Un troisième pont au dessus du canal est en cours de construction en 2016 vers Colon par l'entreprise française Vinci. Ce sera le plus long tablier construit par celle-ci. Il facilitera le désenclavement de toute la région située à l’ouest du Canal sur la côte Atlantique[11].

Le coĂ»t estimĂ© Ă  l’origine du projet est de 5,25 milliards de dollars amĂ©ricains, il subit une hausse selon plusieurs mĂ©dias de 3,4 milliards Md$[1] et 20 mois de retard[13]. Le vice-prĂ©sident du GUPC dĂ©clarant que le coĂ»t des travaux a Ă©tĂ© de 5,43 milliards Md$[14].

Il permettrait de porter la capacitĂ© maximale du canal Ă  510 millions Ă  600 millions de tonnes par an en 2025 et autorise dĂ©sormais la traversĂ©e Ă  des bateaux larges de 49 mètres et longs de 366 mètres. Les tarifs seraient toujours calculĂ©s sur la base du tonnage et non des Ă©cluses utilisĂ©es. L’État panamĂ©en compte tripler le milliard de dollars de recettes annuelle que lui rapporte l'infrastructure avant ces travaux[15].

L’ouverture des nouvelles Ă©cluses (prĂ©vue Ă  l'origine en ) a pris près de deux ans de retard. CĂ´tĂ© Atlantique et Pacifique, deux Ă©cluses nouvelles permettent depuis d'accueillir des navires plus longs et plus volumineux, avec un transfert plus rapide. Les bassins gĂ©ants d'Ă©cluse mesurent 420 mètres de long, 55 mètres de large et plus de 18 mètres de profondeur. Les portes sont coulissantes, pesant chacune 2 100 t (conçues par des ingĂ©nieurs nĂ©erlandais et construites en Italie par Cimolei). L'eau douce est en partie recyclĂ©e (Ă  60 %), mais il reste 200 000 m3 d'eau douce perdue vers l'ocĂ©an Ă  chaque Ă©clusĂ©e (pour une prĂ©vision de 14 000 bateaux/an).

Les anciennes Ă©cluses, qui ont alors plus de 100 ans, seront davantage disponibles pour la rĂ©novation[8].

Problèmes

Des litiges survenus entre le GUPC — qui rĂ©clamait un surcoĂ»t de 1,6 milliard de dollars en 2013/2014[16] — et l’AutoritĂ© du Canal de Panama ont entraĂ®nĂ© des grèves. Le blocage dura plusieurs mois avant que le conflit ne se règle. Plus tard, Ă  la mise en eau des Ă©cluses du cĂ´tĂ© pacifique, des fissures sont apparues dans les structures en bĂ©ton, entraĂ®nant des fuites importantes. Un supplĂ©ment de ferraillage s’est avĂ©rĂ© nĂ©cessaire, impliquant des travaux importants dans les parois de bĂ©ton provoquant plusieurs mois de retard[17].

Incertitudes quantitative concernant l'eau : l'Ă©pisode El Niño de 1998 a induit une pĂ©riode sèche qui s'est traduite par une baisse du niveau du lac GatĂşn, imposant des restrictions Ă  la navigation. Le transit d’un seul navire demandait 197 millions de litres d’eau douce qui sont ensuite rejetĂ©s Ă  la mer. Cette quantitĂ© Ă©quivaut Ă  la moitiĂ© de la consommation quotidienne en eau potable des habitants de la zone du canal. Le canal compte chaque jour le passage de trente-neuf navires et consomme donc près de dix-neuf fois l’eau des habitants. Avec l’élargissement du canal, quarante-neuf navires pourront dĂ©sormais transiter par la voie d’eau, ce qui augmentera considĂ©rablement cette consommation. Les rĂ©serves du lac GatĂşn pourraient un jour ĂŞtre dĂ©passĂ©e avec alors une pĂ©nurie d’eau pour le canal, mais aussi l'alimentation en eau potable de plusieurs grandes villes.

Les conséquences socio-environnementales sont maîtrisées selon les porteurs du projet, mais des inquiétudes persistent concernant les effets immédiats ou différés, locaux ou globaux du canal élargi sur l'environnement terrestre et marin. La fragmentation écopaysagère constituée par le canal qui sépare physiquement les deux Amériques, et la mise en connexion des deux océans n'a pas fait l'objet de mesures compensatoires. Des craintes existent concernant les effets sur les réserves d'eau potable et la qualité des eaux superficielles ; les opérations nombreuses de déforestation qui ont précédé les travaux de terrassement ou de creusement des nouveaux bassins ont été sources de nouveaux phénomènes érosifs et de pollution (par turbidité principalement) dont pour des eaux alimentant les lacs Gatún et Alajuela et/ou alimentant les villes de Panama et de Colon. Des bassins permettent le recyclage à 60 % de l’eau du canal à chaque passage d'écluse, mais qui « pourrait provoquer sur le long terme, une augmentation de la salinité du lac Gatún, ce qui aurait des conséquences néfastes pour la faune et la flore locale. Enfin, il faut garder en mémoire qu’un danger existe toujours en matière de pollution accidentelle ou criminelle d’un navire »[18].

Inauguration

Le , en conclusion de 9 ans de travaux et de près de 5 milliards d'euros investis ayant mobilisĂ© environ 30 000 personnes, environ soixante-dix chefs d'État[19] et de gouvernement, dont le prĂ©sident chinois Xi Jinping[1], la taĂŻwanaise Tsai Ing-wen, la chilienne Michelle Bachelet[13] et l'Ă©pouse du vice-prĂ©sident des États-Unis Jill Biden[20], assistent Ă  la cĂ©rĂ©monie d'ouverture.

Le porte-conteneurs Andronikos de l’armateur chinois COSCO, rebaptisĂ© Cosco Shipping Panama pour l'occasion[13], a Ă©tĂ© tirĂ© au sort pour effectuer le premier passage officiel le jour de l’inauguration[1] et paiera 600 000 dollars (environ 530 000 euros) de taxes de transit[21]. Le vraquier maltais Le Baroque de la compagnie suisse SwissMarine mandatĂ© pour tester la nouvelle Ă©cluse d’Agua Clara avait franchi le nouveau canal en premier lors des essais[22] le [23].

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • de Maleville O (2007) L'Ă©largissement du canal de Panama: quels nouveaux enjeux ?. DĂ©fense nationale-paris-Ă©tudes politiques stratĂ©giques militaires Ă©conomiques scientifiques, 63(3), 111.
  • de Maleville O (2006) « Vers l’élargissement du Canal de Panama », Annuaire Français des Relations Internationales, Volume VII, 2006, p.980
  • Klinghofer, Vanessa (2008). L’élargissement du canal de Panama, CDMT, Rapport Master II Droit Maritime et des Transports (Promotion 2007/2008) sous la direction de MaĂ®tre Scapel, FacultĂ© de droit et de science politique D'Aix-Marseille , PDF, 72 p
  • Menu, R. (2007). L’élargissement du canal de Panama. Revue Maritime, (480), 132.
  • Vigarie, A. (2000). Conclusion: L'enjeu mondial de l'Ă©largissement du Canal de Panama et ses implications financières et gĂ©opolitiques: vers une grille de critères pour les dĂ©cideurs et les investisseurs, mais le problème est avant tout d'ordre politique. ACTA GEOGRAPHICA-PARIS-, 138-140.

Références

  1. « L'inauguration du Canal de Panama imminente », sur http://www.wk-transport-logistique.fr, (consulté le ).
  2. Panama Canal Expansion Proposal by the Panama Canal Authority.
  3. Panamanian Constitution, page 109.(es).
  4. Panama to Vote on Canal Expansion Oct. 22, The Washington Post (en).
  5. (es) « Se impuso la voluntad popular », sur La Prensa, .
  6. (en) « Panama Canal Third Locks 1939-1942 », sur http://www.globalsecurity.org/, (consulté le ).
  7. Discours du Président Martín Torrijos lors du dévoilement du projet (es).
  8. Relevant Information on the Third Set of Locks Project, Autorité du canal de Panama, 24 avril 2006.
  9. (en) « Panama Canal Announces "Best Value" Proposal for New Set of Locks Expansion Contract », sur Autorité du canal de Panama, (consulté le ).
  10. http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/en-images-le-panama-devoile-un-canal-elargi-apres-9-ans-de-travaux-titanesques_1805033.html
  11. Michel Lecumberry, « Troisième jeu d’écluses du Canal de Panama, dernières informations en date. », sur http://www.sagapanama.fr (consulté le ).
  12. DĂ©pĂŞche AFP DĂ©but du colossal chantier d'Ă©largissement du Canal de Panama.
  13. « Rénové, agrandi, le canal de Panama offre un nouveau visage dimanche », sur Le Parisien, (consulté le ).
  14. « Inauguration dimanche du canal de Panama élargi et rénové », sur Xinhua, (consulté le ).
  15. « Le canal de Panama veut séduire Asie et Etats-Unis », sur Tribune de Genève, (consulté le ).
  16. Patrick Bèle, « L’élargissement du Canal de Panama ou la folie des grands contrats », (consulté le ).
  17. Michel Lecumberry, « Inauguration du troisième jeu d’écluses du canal de Panama, le 26 juin 2016 », sur http://www.sagapanama.fr/, (consulté le ).
  18. Klinghofer, Vanessa (2008). L’élargissement du canal de Panama, CDMT, Rapport Master II Droit Maritime et des Transports (Promotion 2007/2008) sous la direction de Maître Scapel, Faculté de droit et de science politique D'Aix-Marseille , PDF, 72 p.
  19. Le nouveau canal de Panama redistribue les cartes du transport mondial, Le Temps.ch.
  20. (en) « Dr. Jill Biden Travels to Panama City, Republic of Panama to Attend the Inauguration of the Expansion of the Panama Canal », sur Maison-Blanche, (consulté le ).
  21. Paulo A. Paranagua, « Le canal de Panama prêt à accueillir des navires géants », sur Le Monde, (consulté le ).
  22. Fabien Feissli, « Le premier navire test est suisse », sur Le Matin, (consulté le ).
  23. « Premiers essais sur le canal de Panama élargi », sur Challenges, (consulté le ).
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.