Église Saints-Théodore d'Athènes
L'église Saints-Théodore d'Athènes (en grec moderne : Ναός Αγίων Θεοδώρων), est un édifice religieux byzantin du milieu du XIe siècle situé à l'angle nord-ouest de la place Klafthmónos, à Athènes. Le monument est considéré comme l'un des mieux conservés de la période méso-byzantine (el) (843–1204) dans la capitale grecque.
Église Saints-Théodore d'Athènes | |
Vue de l'église depuis le nord-est | |
Présentation | |
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Nom local | Ναός Αγίων Θεοδώρων |
Culte | Christianisme orthodoxe |
Dédicataire | Saints Théodore Tiron et Théodore le Stratilate |
Type | Église, chapelle |
Rattachement | Archevêché d'Athènes |
Fin des travaux | 1049, 1065 ou XIIe siècle |
Autres campagnes de travaux | Restaurations : 1840, 1967 et 2019 Clocher : début du XIXe siècle |
Style dominant | Byzantin, à croix inscrite |
Protection | Site archéologique de Grèce |
Géographie | |
Pays | Grèce |
Périphérie | Attique |
Dème | Athènes |
Coordonnées | 37° 58′ 45″ nord, 23° 43′ 48″ est |
Une double dédicace
Comme de nombreux édifices religieux de Grèce[1], l'église est dédiée à deux saints militaires homonymes, Théodore Tiron et Théodore le Stratilate[2] - [3]. Ces deux mégalomartyrs, à l'origine un seul personnage que les croyances, les sources hagiographiques et l'art eurent tendance à dédoubler[4] - [5], occupent une place prépondérante dans la tradition byzantine et l'Église orthodoxe[6] - [7].
Histoire
Selon la tradition, une église fut érigée au milieu du Ve siècle par l'impératrice byzantine Eudocie II, originaire d'Athènes[8]. Lors de fouilles conduites en 1967, un ensemble de tombes ainsi qu'une mosaïque de l'époque romaine ont été mis au jour, laissant supposer la présence d'une villa à l'emplacement de l'église[8].
Au XIe siècle, le dénommé Nikolaos Kalomalos, spatharocandidat de l'Empire byzantin, commandita la reconstruction de l'église sur la base d'un précédent édifice. Le nom du fondateur du monument apparaît sur une inscription dédicatoire au-dessus de la porte d'entrée[9], véritable témoignage de la poésie byzantine du XIe siècle dans l'espace public[10]. Cependant, les spécialistes divergent sur la date exacte d'édification. L'hypothèse du XIIe siècle formulée par l'archéologue grec Andréas Xyngópoulos (el) est notamment contestée par Vitalien Laurent, qui affirme que l'édifice remonte au XIe siècle de par son inscription[11]. D'après Andréas Xyngópoulos, si une précédente église a vraisemblablement été fondée en 1049 ou 1065, selon la lecture de la date mentionnée sur l'inscription dédicatoire, une rénovation a probablement eu lieu au XIIe siècle[12]. L'historien britannique Arthur Hubert Stanley Megaw, spécialiste des églises byzantines, avance quant à lui une datation au dernier quart du XIe siècle[13].
L'église fut convertie au rite latin durant la période du duché d'Athènes (1204–1456)[14]. À la différence d'autres églises byzantines subsistantes dans la capitale grecque, comme la Panagía Kapnikaréa et la Pantánassa, aucune trace n'indique d'appartenance à un monastère[15].
Le monument fut endommagé par les affrontements lors de la guerre d'indépendance grecque en 1821[16]. Des travaux de restauration du sanctuaire furent conduits en 1840 avec l'aide financière de la population locale et du couple royal, le roi Othon Ier et la reine Amélie[8].
Depuis 2019, des travaux de restauration sont réalisés par le Ier Éphorat des antiquités byzantines[17].
Architecture
L'église Saints-Théodore est l'une des rares églises athéniennes du XIe siècle à avoir traversé le temps sans modifications majeures[18] - [19] - [20]. Malgré l'ajout d'un clocher à l'époque moderne et de profondes restaurations, l'édifice est reconnue comme l'un des exemples les plus représentatifs de l'architecture byzantine à Athènes[21].
Construit en appareil cloisonné[16] à croix[22] en reprenant certaines caractéristiques de l'église préexistante, le monument mesure 10 mètres de largeur et 11,5 mètres de profondeur[8]. La maçonnerie laisse apparaître quelques symboles pseudo-coufiques[17] et les trois fenêtres du bêma garde les traces d'un emplacement pour un bassin en céramique appelé skyphia[23]. Le dôme octogonal est caractéristique du « type athénien (el) », percé de huit fenêtres géminées séparées par de fines colonnes, des sculptures animales surmontant les chapiteaux et des voussures en marbre. Une frise constituée de motifs en céramique court sur tout l'édifice[24].
Un dallage en marbre fut ajouté en 1908[8] ou 1910[25]. Les fresques du début du XXe siècle, mêlant le style néo-classique et le mouvement nazaréen, sont signées par Athanásios Kandrís, tandis que la chaire et l'iconostase en marbre sont datées entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle[17].
Galerie
- Dessin de 1890 par John Pentland Mahaffy.
- Vue depuis le nord-ouest.
- Clocher de la façade sud.
- Inscription dédicatoire de l'église.
- Iconostase moderne.
Notes et références
- Citons notamment l'une des églises de Mistra et l'ancienne église métropolitaine de Serrès (en) (Christopher Walter 1999, p. 188).
- Louis Réau, Iconographie de l'art chrétien, vol. 3, t. III Iconographie des saints, Paris, Presses universitaires de France, , 1530 p., p. 1254.
- Tantôt au pluriel (Άγιοι Θεόδωροι), tantôt au singulier (Άγιος Θεόδωρος), la dédicace renvoie indifféremment au même personnage, qu'il soit unifié ou dédoublé (Raymond Janin 1975, p. 309).
- Raymond Janin, « Les églises byzantines des saints militaires : (Constantinople et banlieue) (Suite et fin) », Revue des études byzantines, vol. 34, no 177, , p. 56-70 (ISSN 0771-3347, lire en ligne).
- Nicolas Oikonomidès, « Le dédoublement de Saint Théodore et les villes d'Euchaïta et d'Euchaneia », Analecta Bollandiana, vol. 104, nos 3-4, , p. 327-335 (ISSN 0003-2468, lire en ligne).
- Christopher Walter 1999, p. 188.
- François Halkin, « L'éloge de saint Théodore le stratélate par Euthyme Protasecretis », Analecta Bollandiana, , p. 221-237 (ISSN 0003-2468, lire en ligne).
- (en) « Άγιοι Θεόδωροι Κλαυθμώνος » [« Église Saints-Théodore Klafthmónos »], sur www.byzantineathens.com (consulté le ).
- François Halkin, Études d'épigraphie grecque et d'hagiographie byzantine, Variorum Reprints, , 416 p. (ISBN 978-0-902089-54-9, lire en ligne), p. 124.
- (en) Floris Bernard, Writing and Reading Byzantine Secular Poetry, 1025-1081, Oxford, Oxford University Press, , 376 p. (ISBN 978-0-19-870374-7, lire en ligne), p. 62.
- Pierre Roussel et Robert Flacelière, « Bulletin épigraphique », Revue des études grecques, Paris, E. Leroux, vol. 49, , p. 351 (ISSN 0035-2039, lire en ligne, consulté le ).
- Andréas Xyngópoulos 1929, p. 68 et 74.
- (en) Arthur Hubert Stanley Megaw, « The Chronology of some Middle-Byzantine Churches », Annual of the British School at Athens, no 32, 1931–1932, p. 90–130 (ISSN 0068-2454), p. 12.
- (el) Leftéris Kantzínos, Αθήνα 1204–1456: Τα άγνωστα χρόνια [« Athènes 1204–1456 : les années inconnues »], Athènes, Metaichmio Publications, , 304 p. (ISBN 978-618-03-2397-9, lire en ligne), p. 81.
- Jean Darrouzès, La géographie ecclésiastique de l'empire byzantin, Ire partie : le siège de Constantinople et le patriarcat œcuménique, t. 1 : Notitiae episcopatuum ecclesiae Constantinopolitanae, Paris, Institut français d'études byzantines, (lire en ligne), p. 310.
- (en) Ministry of Culture and Sports, « Church of Agioi Theodoroi at Athens », sur www.odysseus.culture.gr (consulté le ).
- (el) « Στερέωση/αποκατάσταση και Συντήρηση Ι. Ν. Αγ. Θεοδώρων Αθηνών » [« Fixation/restauration et entretien de l'église Saints-Théodore d'Athènes »], sur www.culture.gov.gr (consulté le ).
- (el) Níkos Moschónas, « Η τοπογραφία της Αθήνας στη βυζαντινή και μεταβυζαντινή εποχή » [« La topographie d'Athènes à l'époque byzantine et post-byzantine »], sur www.archaeologia.eie.gr (consulté le ).
- Bernard Haussoullier, Guide Joanne : Grèce – Athènes et ses environs, t. I, Paris, L. Hachette et Cie, , 241 p., p. 35.
- Raymond Janin 1975, p. 309.
- (el) Níkos Vatópoulos, « Το «βαθύ πηγάδι» των Αγίων Θεοδώρων » [« Le « puits profond » de Saints-Théodore »], sur www.kathimerini.gr (consulté le ).
- Gisèle Hadji-Minaglou, « Le grand appareil dans les églises des IXe – XIIe siècles de la Grèce du Sud », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 118, no 1, , p. 161–197 (lire en ligne, consulté le ), p. 176.
- (en) « Church of Agioi Theodoroi », dans Vasiliki Krevvata et al., Navigating the Routes of Art and Culture (trad. du grec moderne par Deborah Brown-Kazazis), Athènes, Ministère de la Culture et des Sports, , 144 p. (ISBN 978-960-386-102-7, lire en ligne), p. 87.
- (el) « Ναός Αγίων Θεοδώρων » [« Église Saints-Théodore »], sur www.athensattica.com (consulté le ).
- Andréas Xyngópoulos 1929, p. 73.
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- (el) María Kazanáki-Láppa et Faní Malloúchou-Tufano, Τα βυζαντινά μνημεία της Ελλάδος στη Διεθνή Έκθεση της Ρώμης του 1911 [« Les monuments byzantins de la Grèce à l'Exposition internationale de Rome de 1911 »], Athènes, Société historique et ethnologique de Grèce, , 358 p. (ISBN 9789606812057), p. 30–35.
- (el) Nausiká Panselínou, Βυζαντινή Αθήνα [« Athènes byzantine »], Athènes, Kastaniótis, , 304 p. (ISBN 9789600327106), p. 80.
- (en) Christopher Walter, « Theodore, archetype of the warrior saint », Revue des études byzantines, vol. 57, no 1, , p. 163-210 (ISSN 0771-3347, lire en ligne). .
- Raymond Janin, Géographie ecclésiastique de l'Empire byzantin, t. 2 : Les Églises et les monastères des grands centres byzantins : Bithynie, Hellespont, Latros, Galèsios, Trébizonde, Athènes, Thessalonique, Paris, Institut français d'études byzantines, , 492 p. (ISBN 90-429-3119-1).
- Vitalien Laurent, « Nicolas Kalomalos et l'église des Saints Théodore à Athènes », Ελληνικά, vol. 7, no 1, , p. 72–82.
- (en) Arthur Hubert Stanley Megaw, « The Date of H. Theodoroi at Athens », Annual of the British School at Athens, no 33, 1932–1933, p. 163–169 (ISSN 0068-2454).
- (el) Andréas Xyngópoulos (el), « Τα βυζαντινά και τουρκικά μνημεία των Αθηνών [« Les monuments byzantins et ottomans d'Athènes »] », dans Konstantínos Kourouniótis et Geórgios Sotiríou (el) (eds.), Ευρετήριον των μνημείων της Ελλάδος [« Index des monuments de Grèce »], t. 2, , 230 p. (lire en ligne), p. 73–74.