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Église Saint-Pierre de La Lande-de-Fronsac

L'église Saint-Pierre est une église catholique classée[1] au titre des Monuments historiques.

Église Saint-Pierre de La Lande-de-Fronsac
Présentation
Type
DĂ©dicataire
Saint Pierre
Propriétaire
Commune
Patrimonialité
Coordonnées
44° 58′ 45″ N, 0° 22′ 55″ O
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Localisation

L'église est située dans le département français de la Gironde, sur la commune de La Lande-de-Fronsac.

Historique

L'église Saint-Pierre date du XIe siècle. Elle dépendait autrefois de l'abbaye de Guîtres. Le plan est composé :

  • d'une abside, voĂ»tĂ©e en cul-de-four ;
  • d'un chĹ“ur de deux travĂ©es, voĂ»tĂ© en berceau plein-cintre ;
  • d'une nef de trois travĂ©es, voĂ»tĂ©e d'arĂŞte.
  • La travĂ©e qui prĂ©cède le chĹ“ur, sensiblement carrĂ©e, supporte le clocher.

Le chœur, l'abside et le clocher sont romans ; la nef est gothique.

  • voir la lĂ©gende ci-après
    Le portail ouest

L’abside semi-circulaire fut construite au début du XIIe siècle. Dans une seconde campagne, à la fin du XIIe siècle, on voûte la travée orientale de la nef, puis les deux autres au début du XIIIe siècle. Au XIXe siècle les voûtes du chœur et de la nef sont refaites, de nouvelles fenêtres sont ouvertes dans l’abside et le clocher est réparé.

L'église est fortifiée au XVIe siècle lors des guerres de Religion. Un reste d'échauguette à l'angle sud-ouest de la nef confirme l'aménagement défensif.

Une porte a été percée dans la façade ouest en 1836.

L'édifice est classé[1] au titre des monuments historiques en 1923.

Description

  • voir la lĂ©gende ci-après
    La nef (Brutails circa 1900)
  • voir la lĂ©gende ci-après
    La crucifixion

L'intérieur de l'abside et du chœur est décoré d'arcatures retombant sur des colonnes engagées et encadrant une série de fenêtres dont la forme primitive a été modifiée, hormis pour le mur latéral sud qui possède encore une fenêtre intacte.

Au nord de la travée du clocher s'ouvre une chapelle latérale, dédiée à la Vierge, construite à la fin du XVe siècle. À l'est de cette chapelle se trouve une sacristie du XVIIIe siècle, voûtée en arc de cloître.

À l’intérieur, les colonnes de l’arcature et de l’arc triomphal sont surmontées de chapiteaux à feuillages, de chapiteaux ornés de têtes dont les bouches laissent échapper des rinceaux, de lions adossés assis sur l’astragale les pattes tendues.

Tableau de la Crucifixion

Le tableau, est fixé sur le mur nord de la nef, au-dessus de la porte de la sacristie ; il a été réalisé par un peintre bordelais au XVIIe siècle.

Selon une inscription visible au bas du tableau, peint en 1622, il aurait été offert à l’église en 1642. Nous sommes alors en pleine Contre-Réforme catholique et la richesse des tons employés et le pathétisme dont le tableau est empreint, témoignent bien d’une volonté de séduire le fidèle en touchant ses sentiments.

Le portail méridional

Le portail est un superbe exemple de sculpture romane parfaitement conservée. Il a été réalisé entre 1110 et 1130. Le décor luxuriant, une quadruple archivolte décorée d'entrelacs et de motifs variés, entoure un tympan orné d'une scène de l'Apocalypse et rappelle la Saintonge voisine.

Si on trouve sur plusieurs tympans de portails romans une représentation de la seconde vision de l'Apocalypse que saint Jean a à Patmos, à Moissac, à Beaulieu-sur-Dordogne, à Compostelle ou Chartres, le tympan de La Lande-de-Fronsac est le seul à représenter la première vision racontée par saint Jean dans Apocalypse 1, 9-16 (traduction de la Bible de Louis Segond) :

9- Moi Jean, votre frère, et qui ai part avec vous à la tribulation et au royaume et à la persévérance en Jésus, j'étais dans l'île appelée Patmos, à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus.
10- Je fus ravi en esprit au jour du Seigneur, et j'entendis derrière moi une voix forte, comme le son d'une trompette,
11- qui disait: Ce que tu vois, écris-le dans un livre, et envoie-le aux sept Églises, à Éphèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie, et à Laodicée.
12- Je me retournai pour connaître quelle était la voix qui me parlait. Et, après m'être retourné, je vis sept chandeliers d'or,
13- et, au milieu des sept chandeliers, quelqu'un qui ressemblait Ă  un fils d'homme, vĂŞtu d'une longue robe, et ayant une ceinture d'or sur la poitrine.
14- Sa tĂŞte et ses cheveux Ă©taient blancs comme de la laine blanche, comme de la neige; ses yeux Ă©taient comme une flamme de feu;
15- ses pieds étaient semblables à de l'airain ardent, comme s'il eût été embrasé dans une fournaise; et sa voix était comme le bruit de grandes eaux.
16- Il avait dans sa main droite sept étoiles. De sa bouche sortait une épée aiguë, à deux tranchants; et son visage était comme le soleil lorsqu'il brille dans sa force.
Le tympan relevé par Léo Drouyn en 1849.
La vision de Jean Christ avec l'épée, les sept étoiles, les lustres et les églises. Tympan de l'église de Saint-Pierre de La Lande-de-FronsacLe tympan.

Le sculpteur a traduit dans la pierre d'une manière gauche le texte de saint Jean. En bas, à gauche, la représentation des sept églises et saint Jean témoin de la vision tenant un livre. Au centre, le Fils de l'Homme vêtu d'une longue robe et ayant une ceinture d'or sur la poitrine, la main droite soutient un cercle dans lequel se trouve les sept étoiles, au niveau de sa bouche est sculpté une épée à deux tranchants. Entre saint Jean et le Christ on voit les jambes d'un petit homme nu, son corps est prisonnier des lianes qui couvrent l'arrière-plan du tympan. Le sculpteur a gravé deux inscriptions partiellement effacées :

  • autour du tympan : JOHES VII ECCLIIS QUE SUNT IN [ASIA VIDI]T FILII HO[MINIS IN]TER VII CANDELABRA AUREA
  • et sur le mince linteau : PRINCIPIU SINE PRINCIPIO FINIS SINE FINE
  • sur l'Ă©tole portĂ©e par le du Christ : ZONA AUREA (ceinture d'or).
Les voussures

Le tympan est entouré de quatre voussures dont le style est inspiré de la Saintonge voisine. En partant de l'extérieur :

  • la partie extĂ©rieure de la voussure extĂ©rieure est dĂ©corĂ© avec une chaĂ®ne formĂ©e de losanges. La partie intĂ©rieure est dĂ©corĂ©e avec une sĂ©rie de figures humaines. Ă€ gauche, deux hommes vĂŞtus de tuniques longues ; l'un des hommes a transpercĂ© la tĂŞte d'un lion ou d'un monstre avec une lance, l'autre homme est dans un cartouche formĂ© d'une tige qui se poursuit dans les autres voussoirs ; ensuite un griffon ou un aigle d'inspiration orientale emmĂŞlĂ© dans des lianes, suivi par les six apĂ´tres animĂ©s d'un mouvement violent « encordĂ©s »[3] reprĂ©sentĂ©s d'une manière pictographique, tenant pour la plupart le Livre ou un objet entre ses mains. Au centre de la voussure, le Christ debout et bĂ©nissant, sa tĂŞte encadrĂ©e dans une mandorle, entre deux chĂ©rubins Ă  triple paires d'ailes. En descendant vers la droite, après le chĂ©rubin, six autres apĂ´tres, puis encore un griffon ou un aigle dans des lianes et, pour terminer, une Vierge Ă  l'Enfant (?).
  • Ă€ gauche, un homme debout poignarde la tĂŞte d'un lion, et un autre personnage dans un cartouche fait de tiges. Au-dessus, un griffon ou un aigle
    À gauche, un homme debout poignarde la tête d'un lion, et un autre personnage dans un cartouche fait de tiges. Au-dessus, un griffon ou un aigle
  • Deux apĂ´tres tenant un livre.
    Deux apĂ´tres tenant un livre.
  • Le Christ bĂ©nissant de la main droite et portant le Livre de la main gauche, puis un chĂ©rubin, suivi des apĂ´tres
    Le Christ bénissant de la main droite et portant le Livre de la main gauche, puis un chérubin, suivi des apôtres
  • Ă€ droite, une Vierge Ă  l'Enfant entre deux mĂ©daillons avec des visages d'homme d'homme et de femme reprĂ©sentant le Soleil et la Lune, surmontĂ©e par un griffon ou un aigle.
    À droite, une Vierge à l'Enfant entre deux médaillons avec des visages d'homme d'homme et de femme représentant le Soleil et la Lune, surmontée par un griffon ou un aigle.

En commençant à gauche :

  • La deuxième voussure commence Ă  gauche avec deux musiciens (joueur de harpe et de vièle), suivis d'un homme qui semble tenir une fruit dans sa main. Ensuite c'est un entrelacs de lianes et d'oiseaux, qui se termine au sud avec un personnage.
  • Ă€ gauche, un harpiste, un joueur de vièle, un homme assis portant une Ă©pĂ©e et tenant en main une boule percĂ©e.
    À gauche, un harpiste, un joueur de vièle, un homme assis portant une épée et tenant en main une boule percée.
  • Ă€ droite, un sonneur d'olifant.
    À droite, un sonneur d'olifant.
  • Les deux personnages Ă  gauche de la quatrième voussure.
    Les deux personnages à gauche de la quatrième voussure.
  • La troisième voussure est partagĂ©e e deux zones concentriques. La plus extĂ©rieure est dĂ©corĂ©e par de grosses Ă©toiles Ă  quatre branches avec un petit homme Ă  la clĂ©. l'autre est dĂ©corĂ©e de deux rangs de dents de scie qui se poursuit jusqu'au sol sans interruption.
  • La quatrième voussure commence avec un personnage au nord suivi d'un entrelacs.

On trouve d'autres représentations de l'Apocalypse sur les portails de l'église Saint-Martin de Haux et l'église Notre-Dame de Castelviel.

Les ébrasures : Les quatre chapiteaux sont assez érodés. Au nord, on trouve une corbeille décorée avec des lianes ligaturées ; sur le deuxième chapiteau, se trouvent deux lions ou dragons dont les têtes s'affrontent près d'un masque (humain ?) posé à l'angle de la corbeille. Au sud on voit des entrelacs sur l'un des chapiteaux, l'autre est très érodé ; la sculpture représentait, peut-être, deux oiseaux affrontés.

Le chevet

  • voir la lĂ©gende ci-après
    Chevet sud
  • voir la lĂ©gende ci-après
    Chevet nord

Le chevet est à neuf pans : quatre pour les deux travées du chœur et cinq pour l'abside. Chaque pan est délimité par une colonne avec chapiteau non-sculpté, qui remonte jusqu'à la corniche. On trouve dans chaque pan une baie étroite surmontée d'une archivolte en plein-cintre, avec un décor en « dents de loup ».

La corniche du chevet est supportée par 25 modillons, dont 17 sont sculptés. La décoration est celle de la deuxième moitié du XIIe siècle. Le réalisme et la vigueur des figures du siècle précédent, qui dénonçaient les péchés capitaux est remplacé par des images plus « lisses » : des billettes en damier (N°11) ; des petits cylindres (N°6 et 17) ; étoiles ou coquillages (N°8) ; des masques ou figures humains (N°1, 5, 7) ; des masques diaboliques (N°2 , 12) ou des animaux maléfiques (N°10). Pour plus d'information sur les interprétations des modillons, voir : Iconographie des modillons romans.

  • N° 1
    N° 1
  • N° 2
    N° 2
  • N° 3
    N° 3
  • N° 4
    N° 4
  • N° 5
    N° 5
  • N° 6
    N° 6
  • N° 7
    N° 7
  • N° 8
    N° 8
  • N° 9
    N° 9
  • N° 10
    N° 10
  • N° 11
    N° 11
  • N° 12
    N° 12
  • N° 13
    N° 13
  • N° 14
    N° 14
  • N° 15
    N° 15
  • N° 16
    N° 16
  • N° 17
    N° 17

A l'extérieur

  • Croix de cimetière : Elle est inscrite[4] au titre des Monuments historiques en ??. La base polygonale Ă  degrĂ©s est typique de la fin du XVe siècle. Le socle serait du XVIIIe siècle, et le fĂ»t du dĂ©but du XIXe siècle.
  • voir la lĂ©gende ci-après
    Croix de cimetière
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    Cadran canonial A
  • voir la lĂ©gende ci-après
    Cadran canonial B
La croix porte, côté ouest, deux tibias entrecroisés sous une tête de mort sculptée au pied du fût. Outre le crâne, le fût porte, côtés nord et sud, des tibias entrecroisés ainsi que les instruments de la Passion ; côté ouest, deux lances croisées dont l'une avec l'éponge imbibée de vinaigre ; côté est, l'échelle, le sceptre de roseau, un fouet et la couronne d'épines.
Le Christ est sculpté sur le côté ouest de la croix.
  • Cadrans canoniaux : GravĂ©s sur le contrefort oriental de la nef sud se trouvent les vestiges de deux cadrans canoniaux. Ces cadrans solaires primitifs Ă©taient utilisĂ©s par le clergĂ© afin de dĂ©terminer le moment de la journĂ©e pour pratiquer certains rites liturgiques. La multiplicitĂ© des cadrans canoniaux sur une Ă©glise peut avoir plusieurs origines. La plus frĂ©quente : Le cadran, souvent gravĂ© par le prĂŞtre, avait un trou central dans lequel il insĂ©rait une tige de bois, pour produire l'ombre. Au cours des annĂ©es, le trou s'Ă©largit et la tige ne tenait pas, alors le prĂŞtre gravait un autre cadran.

Références

  1. « Église Saint-Pierre », notice no PA00083582, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Les Ă©glises du Fronsadais - Office du Tourisme du Fronsadais.
  3. Pour plus d'information sur ce thème, voir Christian Bougoux, L'imagerie romane de l'Entre-deux-Mers : l'iconographie raisonnée de tous les édifices romans de l'Entre-deux-Mers, Bordeaux, Bellus éd., , 828 p. (ISBN 978-2-9503805-4-9 (édité erroné)), pp. 129, 216, 639
  4. « Fiche d'inscription de la croix de cimetière », notice no PA33000034, base Mérimée, ministère français de la Culture

Annexes

Bibliographie

  • LĂ©o Drouyn, « Notice descriptive de l'Ă©glise de La Lande-de-Cubzac (Gironde) », Bulletin monumental, t. 15,‎ , p. 180-188 (lire en ligne)
  • Francis Salet, « La Lande-de-Cubzac », dans Congrès archĂ©ologique de France. 102e session. Bordeaux et Bayonne. 1939, Paris, SociĂ©tĂ© française d'archĂ©ologie, , p. 132-144
  • Pierre Dufourg-Noves, « Notes sur quelques façades et portails de Guyenne : La Lande-de-Fronsac », dans Guyenne romane, La Pierre-qui-Vire, Zodiaque, coll. « la nuit des temps no 31 », (OCLC 647663585), p. 291-293, planches 107-109
  • Jacques Lacoste, « L'Ă©glise Saint-Pierre de La Lande-de-Fronsac », dans Congrès archĂ©ologique de France. 145e session. Bordelais et Bazadais. 1987, Paris, SociĂ©tĂ© française d'archĂ©ologie, (lire en ligne), p. 77-92

Articles connexes

Liens externes

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