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Église Saint-Martin de Pfaffenheim

L'église Saint-Martin de Pfaffenheim est située au cœur du village éponyme, rue de la Lauch, dans le département français du Haut-Rhin (région Grand-Est). Elle présente la particularité d'avoir deux chœurs et un clocher séparé de styles différents. Ces éléments retracent son histoire : à l'est, le chœur roman date du XIIIe siècle, la nef et le chœur occidental néogothiques sont du XIXe siècle, le campanile moderne a été érigé au XXe siècle.

Église Saint-Martin de Pfaffenheim
Image illustrative de l’article Église Saint-Martin de Pfaffenheim
Présentation
Culte Catholique
Architecte Charles Winkler, Bertrand Monnet
Style dominant roman, néogothique, moderne
Protection Logo monument historique ClassĂ© MH (1840, chĹ“ur)
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Alsace
DĂ©partement Haut-Rhin
Commune Pfaffenheim
CoordonnĂ©es 47° 59′ 05″ nord, 7° 17′ 09″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Église Saint-Martin de Pfaffenheim
GĂ©olocalisation sur la carte : Haut-Rhin
(Voir situation sur carte : Haut-Rhin)
Église Saint-Martin de Pfaffenheim

L'Ă©glise Saint-Martin fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis 1840[1].

Historique

Le chœur roman et la sacristie qui subsistent dans l'actuelle église paroissiale appartiennent à l'église construite dans les années 1215 à 1225 ; la nef disparue était peut-être plus ancienne[2] (voir fouilles de 1992). Un clocher roman simple coiffé d'un toit en bâtière surmontait la travée droite du chœur.

En 1836, la nef romane est remplacée par une nouvelle nef de dimensions très vastes donnant sur un nouveau chœur situé à l'ouest, le chœur ancien étant maintenu, mais n'étant plus utilisé. La nouvelle église est décorée dans un style néo-classique. Elle présente des défauts de conception et doit être consolidée dès 1850.

En 1892, le maire de Pfaffenheim demande à l'architecte des monuments historiques Charles Winkler de la remplacer par un nouveau bâtiment. Winkler conserve les fondations de 1836 et fait élever en 1893 un bâtiment néogothique sur des colonnades et des croisées d'ogives. L'église est fermée à l'ouest par un chevet néogothique à voûtes. Il modifie aussi considérablement le clocher, surélevant la base romane d'un étage néogothique monumental surmonté d'une flèche atteignant une hauteur de 72 mètres.

Le clocher du XIXe siècle est endommagé par des tirs d'un char américain le 5 février 1945 lors de la libération du village[3]. Il est démonté par la suite et le moignon est couvert d'un toit devant assurer l'étanchéité de l'édifice. Après 1972[4], l'architecte Bertrand Monnet[5] des Monuments historiques fait construire au nord de l'église un campanile de béton aux lignes épurées qui complète l'église Saint-Martin.

Des travaux de restauration à l'intérieur et à l'extérieur de l'église sont menés en 1992, améliorant le confort et mettant en valeur ses différents éléments architecturaux. Avant l'installation d'un système de chauffage par le sol, des fouilles sont effectuées dans la nef, permettant de retrouver les bases de l'ancienne nef romane[6]. Dans le carrelage de la nef actuelle, des marques discrètes indiquent l'emprise de l'ancienne église ainsi que les emplacements de quatre sépultures qui ont été découvertes lors de ces fouilles.

Aspects de l'Ă©glise de Pfaffenheim:

  • Le chĹ“ur et le clocher romans
    Le chœur et le clocher romans
  • Le clocher et la nef nĂ©ogothiques (dessin de Charles Winkler)
    Le clocher et la nef néogothiques (dessin de Charles Winkler)
  • Aspect actuel : le campanile moderne, la nef et le chĹ“ur occidental
    Aspect actuel : le campanile moderne, la nef et le chœur occidental

Architecture

Le chœur roman

L'église Saint-Martin de Pfaffenheim n'a conservé de sa construction romane du XIIIe siècle que le chœur clos par une abside polygonale à l'est et flanqué d'une sacristie au sud. L'ensemble est bâti en grès jaune de Rouffach. Le chevet est constitué des ⅝èmes d'un octogone. Ses murs sont soutenus par des contreforts et percés au deuxième niveau de fenêtres étroites avec des arcs en plein-cintre. Les premiers et deuxième niveaux sont marqués par des frises d'arcs d'inspiration italienne (bandes lombardes). Le troisième niveau est formé de colonnettes et arcs aveugles qui rappellent les galeries des cathédrales de Spire ou de Bonn[2]. En bas du mur est, un crucifix recouvre une fresque plus ancienne peu lisible[7]. Toute la partie basse du chœur est marquée d'énigmatiques "griffes du diable" ou polissoirs[8].

  • Le chevet roman, la sacristie, la tourelle d'escalier de la nef.
    Le chevet roman, la sacristie, la tourelle d'escalier de la nef.
  • Face est : crucifix, ancienne fresque.
    Face est : crucifix, ancienne fresque.
  • Polissoirs Ă  la base de la sacristie.
    Polissoirs Ă  la base de la sacristie.
  • Vue de l'intĂ©rieur du chĹ“ur roman.
    Vue de l'intérieur du chœur roman.

Le chœur roman sert actuellement de chapelle. Sa voûte, comme celle de la sacristie, relèvent d'un style de transition, annonçant le gothique par ses proportions élancées et le tracé d'arcs brisés[9]. Au nord-est, un pilier contient une tour eucharistique ou tabernacle du XVe siècle[10].

La nef et le chœur néogothiques

La nef est de type basilical avec un vaisseau central s'élevant nettement au-dessus des deux collatéraux plus bas couverts de toits en appentis. Vue de l'extérieur, la partie émergente du vaisseau central percée de baies en ogives géminées fait office de claire-voie.

L'architecte Charles Winkler s'est employé à établir une cohérence entre son édifice gothique et l'ancien chœur roman de l'église. Les murs de son bâtiment sont crépis, mais les éléments architecturaux de structure ou de décoration (contreforts, meneaux, frises etc.) sont réalisés en grès jaune comme celui de l'église primitive. Les baies du premier niveau de la nef ont des embrasures à plein-cintre ; ce sont les meneaux qui dessinent deux lancettes surmontées d'un oculus. Au sud-est une tourelle octogonale s'élève au-dessus de l'appentis, abritant un escalier qui permet d'accéder aux combles du vaisseau central. La partie supérieure de cette tourelle présente des ouvertures triplées de caractère roman devant évidemment assurer la transition des styles. En-haut des murs une frise de petits arcs brisés rappelle la bande lombarde du chœur roman. À l'ouest, le bâtiment est fermé par un chevet néogothique à fenêtres hautes. La porte d'entrée de l'église de trouve au sud dans un ébrasement à voussures.

  • CĂ´tĂ© sud : L'Ă©glise nĂ©ogothique, le chĹ“ur roman, transition des styles.
    Côté sud : L'église néogothique, le chœur roman, transition des styles.
  • Vue de l'intĂ©rieur : Colonnades, voĂ»tes d'ogives, galeries.
    Vue de l'intérieur : Colonnades, voûtes d'ogives, galeries.
  • Colonne, chapiteau, galerie, arc triomphal, stalles.
    Colonne, chapiteau, galerie, arc triomphal, stalles.
  • Vue du nord-ouest : la nef et le chevet occidental, le campanile moderne.
    Vue du nord-ouest : la nef et le chevet occidental, le campanile moderne.

À l'intérieur, les structures architecturales sont réalisées en grès rose de Phalsbourg. Deux colonnades supportent les voûtes à ogives des vaisseaux collatéraux de la nef, définissant sept travées. Les colonnes cylindriques sont surmontées de chapiteaux octogonaux sculptés. Les arcs latéraux supportent des galeries à ogives doubles qui semblent augmenter le volume du corps de l'église. La voûte centrale est éclairée par les fenêtres de la claire-voie. Au-delà de l'arc triomphal, le chœur est meublé de stalles et du maître autel néogothiques. Il est constitué d'une croisée droite aveugle (des fenêtres sont dessinées en trompe-l'œil), suivie d'une abside polygonale à voûte nervurée avec de hautes fenêtres en ogives conformes au style de l'ensemble.

Le campanile moderne

Après la dernière guerre, l'église et la population de Pfaffenheim étaient privées de clocher. Pour pallier ce défaut, l'architecte Bertrand Monnet avait plusieurs options, il fit le choix de la modernité[11] en construisant une tour de béton séparée de l'édifice dans un style minimaliste.

Les vestiges de l'ancien clocher furent ramenés au niveau intermédiaire de la nef et du chevet roman et couverts d'un toit en bâtière souligné par une frise rendant son unité de style à l'ancien chœur roman. Le clocher de Monnet s'élève au nord de la nef ; sa base est constituée d'un parallélépipède de béton à base carrée atteignant les ⅔ de sa hauteur. Les traces du coffrage restent visibles, définissant un empilement de quatre cubes. Le tiers supérieur du campanile présente une structure de béton ajourée et rythmée par des abat-sons qui ont aussi une fonction esthétique. Il est couvert d'un toit en bâtière qui doit rappeler le clocher roman originel de l'église.

Mobilier

  • Le maĂ®tre-autel.
    Le maître-autel.
  • L'autel de Sainte-Marie.
    L'autel de Sainte-Marie.
  • Le crucifix de l'arc triomphal.
    Le crucifix de l'arc triomphal.
  • L'autel des saints Urbain, Martin, Érasme, LĂ©onard, ...
    L'autel des saints Urbain, Martin, Érasme, Léonard, ...
  • La chaire Ă  prĂŞcher (bas-reliefs : le Christ et les Ă©vangĂ©listes).
    La chaire à prêcher (bas-reliefs : le Christ et les évangélistes).
  • La PietĂ  de Pfaffenheim.
    La PietĂ  de Pfaffenheim.
  • Anciens fonts baptismaux, bĂ©nitier.
    Anciens fonts baptismaux, bénitier.
  • Fonts baptismaux et Christ ressuscitĂ©.
    Fonts baptismaux et Christ ressuscité.
  • Maquettes de l'Ă©volution de l'Ă©glise.
    Maquettes de l'Ă©volution de l'Ă©glise.
  • Orgues (Callinet-Schwenkedel-BrayĂ©).
    Orgues (Callinet-Schwenkedel-Brayé)[12].
  • Statue de Saint-Michel.
    Statue de Saint-Michel.
  • Custode ou tabernacle du XVe siècle.
    Custode ou tabernacle du XVe siècle.

Références

  1. « Église Saint-Martin de Pfaffenheim », notice no PA00085583, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. « Église Saint-Martin de Pfaffenheim », notice no IA68004314, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. Romain Siry, Il y a 75 ans : la libération du village. in Bulletin communal de Pfaffenheim, janvier 2020, page 28, accessible en ligne.
  4. Le clocher moderne est dessiné en 1972, construit en 1973-74 et inauguré en 1975
  5. Voir Bertrand Monnet in Documentation et patrimoine, DRAC du Grand Est, accessible en ligne.
  6. Romain Siry in Historique de l'Église Saint-Martin de Pfaffenheim, plaquette éditée à l'occasion de l'inauguration de l'église en 1993
  7. De même, au nord, une fresque représentait Saint Christophe. Il n'en reste que des traces (Romain Siry in Historique de l'Église Saint-Martin de Pfaffenheim, 1993).
  8. Voir Roger Bearel & Nicole Borregan : Les entailles sur les murs extérieurs des chœurs des églises de Rouffach et de Pfaffenheim in Annuaire de la SHA du Baillage de Rouffach n°11|2017, page 32.
  9. Robert Will, cité par Romain Siry in Historique de l'Église Saint-Martin de Pfaffenheim, 1993.
  10. « Tour eucharistique », notice no IM68007600, base Palissy, ministère français de la Culture
  11. Nicolas Lefort, Rendre à l’Alsace son beau visage : la reconstruction des monuments historiques après 1945 in Revue d'Alsace 142|2016, p.139-81, alinéa 70. Openedition accessible en ligne.
  12. Eric Eisenberg, voir liens externes

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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