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Église Saint-Julien-de-Brioude de Saint-Julien-de-Jonzy

L'église de Saint-Julien de Jonzy est une église paroissiale construite au cours de la deuxième moitié du XIIe siècle, modifiée en 1861 et au cours des années suivantes. Elle est classée monument historique[1] pour son clocher et son portail. Elle fait partie des églises romanes du Brionnais, construites sous l'influence de Cluny[2], en Saône-et-Loire, région Bourgogne-Franche-Comté.

Eglise de Saint-Julien-de-Jonzy
Présentation
Type
Destination initiale
Rattachement
Diocèse
Paroisse
Paroisse Saint-Hugues-en-Brionnais-Bords-de-Loire (d)
DĂ©dicataire
Style
Construction
XIIe siècle ; XIXe siècle
Religion
Patrimonialité
Logo monument historique ClassĂ© MH (1910, portail, clocher)
Localisation
Pays
RĂ©gion
Subdivision administrative
Commune
Coordonnées
46° 14′ 15″ N, 4° 08′ 40″ E
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Situation

L'église est située dans le cimetière de la paroisse - puis de la commune - de Saint-Julien-de-Jonzy. Le village est situé sur une hauteur, sur la route qui relie Chauffailles à Marcigny. L'église surplombe ainsi des collines du Brionnais ; il est possible de voir un paysage s'étendant jusqu'à la montagne du Dun. Le viaduc de Mussy-sous-Dun peut être aperçu. Des chemins de randonnée passent à proximité.

Histoire

Création

L'église est mentionnée dès 1106 dans une charte de l'abbaye de Cluny[3]. Elle fait alors partie du diocèse de Mâcon, de l'archiprêtré de Beaujeu, du bailliage de Semur-en-Brionnais[3].

Origine du nom

Sous l'ancien rĂ©gime la paroisse Saint-Julien portait le nom de « Saint-Julien-de-Cray Â». La commune de Jonzy Ă©tait indĂ©pendante. La commune « Saint-Julien-de-Jonzy Â» rĂ©sulte de la fusion, en 1860, de deux communes : celle de Saint-Julien-de-Cray et celle de Jonzy[4].

Le saint Julien de cette église est saint Julien de Brioude[5], saint très populaire dans toute la Gaule. Saint Julien est représenté sur un vitrail du chœur (à gauche).

Remaniement

La réédification de 1865 a préalablement donné lieu à plusieurs projets. Celui retenu conserve le clocher et le portail romans. L'architecte des travaux a été M. Berthier[6].

Description

Extérieur

Le clocher et le portail sont les seules parties romanes de l'église ayant gardé leur aspect d'origine.

Le clocher

Le clocher est une tour quadrangulaire que recouvre un toit pyramidal. Il comporte un seul étage de baies, au-dessus d'un soubassement plein. Le beffroi repose sur une rangée d'arcatures portées par de cours pilastres à cannelures. Deux baies, de plein cintre, accolées, sont présentes sur chaque face.

Le portail et son tympan

Tympan roman du XIIe siècle

Le portail comprend trois éléments : les colonnes, le tympan, le linteau. Le tympan et le linteau sont réalisés dans la même bloc de pierre calcaire. La porte est encadrée par deux colonnettes à chapiteaux et une archivolte[7] richement décorées. Le tympan représente le Christ assis, au centre, bénissant de sa main droite levée et tenant de la main gauche le Livre de vie. Il est entouré de deux anges. Les trois personnages sont intacts, contrairement à ceux de la Cène, représentée en-dessous sur le linteau.

La qualitĂ© de la sculpture du tympan roman de l'Ă©glise est considĂ©rĂ©e comme l'une des plus remarquables de Bourgogne. Ainsi le docteur Richer, dans le chapitre « attitudes et mouvements Â» de son ouvrage Le nu dans l'art reproduit le tympan de l'Ă©glise et Ă©crit : « au tympan occupĂ© seulement par le Christ en majestĂ© et deux anges, la violence, exprimĂ©e dĂ©jĂ  par le geste outrĂ© des deux anges, l'est aussi par le tumulte des draperies aux plis multiples comme soulevĂ©es par un vent de tempĂŞte »[8]. Jean Virey : « la sculpture toute entière de cette porte est fort belle et très finement traitĂ©e ; elle ne ressemble en rien Ă  la sculpture barbare, maigre et allongĂ©e, de la porte du prieurĂ© voisin d'Anzy-le-Duc ».

Kingsley Porter juge ainsi cette sculpture, après avoir décrit le tympan de l'abbaye de Charlieu : « le tympan de Saint-Julien-de-Jonzy, plus petit, mais mieux conservé, est un travail plus fin, et par conséquent probablement plus récent, de la même main. Il peut dater de 1145[9] ». Joseph Déchelette estime, lui, que « la tête du seigneur est médiocre mais celles des anges est d'un ciseau énergique, Leurs cheveux retombent sur leurs épaules en boucles opulentes… ». Il ajoute : « le sculpteur donne une âme aux corps inertes. Sous son ciseau créateur s'animent non seulement les êtres mais les vêtements, les accessoires. Vous vous demanderez si les sculpteurs de l'antiquité ont seuls eu le secret des draperies manillées... »[10].

La sculpture du linteau reprĂ©sente la Cène : le Christ et les apĂ´tres sont assis devant une table recouverte d'une nappe. Poissons et pain constituent la nourriture des convives. Saint Jean est Ă  droite de JĂ©sus ; Judas, est de l'autre cĂ´tĂ©, agenouillĂ©. A l'exception d'un seul, toutes les tĂŞtes des personnages ont Ă©tĂ© martelĂ©es pendant le RĂ©volution. Ă€ chaque extrĂ©mitĂ© du linteau l'ornementation est complĂ©tĂ©e par la scène du lavement des pieds. Ă€ droite JĂ©sus lave les pieds de saint Pierre ; Ă  gauche ce sont deux disciples qui font de mĂŞme.

Intérieur

Sculpture en bois sur la chaire à prêcher Saint-Jean l'évangéliste

L'intĂ©rieur a Ă©tĂ© entièrement reconstruit en 1865. Il est style nĂ©o-gothique. La porte franchie, existe une travĂ©e, situĂ©e sous le clocher, voĂ»tĂ©e par une coupole. Puis une nouvelle porte permet l'accès Ă  la nef. Elle comporte cinq travĂ©es, un transept et une abside semi-circulaire, prĂ©cĂ©dĂ©e de la travĂ©e de chĹ“ur[11]. Des boiseries garnissent la totalitĂ© du chĹ“ur. La chaire Ă  prĂŞcher comporte quatre panneaux sculptĂ©s, chacun reprĂ©sentant un Ă©vangĂ©liste. Anne-Marie Oursel, lors de sa visite en 1970, les remarque et elle Ă©crit sur la « fiche-objet » (pour son administration) : Â« Chaire finement travaillĂ©e Ă  rampe de bois ajourĂ©, mĂ©daillons sculptĂ©s des quatre Ă©vangĂ©listes, au milieu des panneaux. de la chaire Ă  prĂŞcher[12] ».

Liens externes

Notes et références

  1. Notice no PA00113436, base Mérimée, ministère français de la Culture - le classement résulte d'un arrêté du 22 janvier 1910.
  2. Il y a dĂ©bat entre les historiens de l'art sur l'influence de Cluny Ceux qui soutiennent la prĂ©Ă©minence de Cluny sont prĂ©sentĂ©s ainsi par Madeleine Schnerb (in L’information historique, no 1 janvier-fĂ©vrier 1948, p. 33-38.) « Viollet-le-Duc faisait de l'abbaye de Cluny l'honneur d'avoir crĂ©Ă© l'art roman, art exclusivement monacal. Les historiens contemporains ne vont pas aussi loin. Cependant deux Ă©minents critiques, Émile Mâle et après lui Henri Focillon attribuent Ă  l'influence de Cluny beaucoup des caractères de l'art roman. Â« Le point de vue le plus critique est exprimĂ© par Jean Virey (l'architecture romane dans l'ancien diocèse de Mâcon 'cf ref ci-dessous): « Il nous a paru intĂ©ressant de rechercher si, dans les environs mĂŞmes de Cluny, parmi ces prieurĂ©s qui s'Ă©levaient si serrĂ©s Ă  l'ombre de l’église abbatiale, des Ă©glises construites par les moines se distinguaient nettement des autres, et avaient entre elles une analogie Ă©vidente. Notre conclusion est, en nous tenant dans les limites de l’ancien diocèse de Mâcon, que les distinctions que l'on peut y Ă©tablir sont individuelles, et que tous ces monuments appartiennent Ă  ce qu'on et convenu d'appeler l' Ă©cole bourguignonne. Â»La synthèse de cette divergence peut ĂŞtre trouvĂ©e dans les Ă©crits de Kenneth John Conant, chef de la mission de la 'MĂ©dieval Academy of America Ă  Cluny' dans un article intitulĂ© 'l'Ă©cole clunisienne' (in les annales de bourgogne 1930 p 321 et s. il Ă©crit « le grand abbĂ© Saint Hughes demandait Ă©videmment partout dans son immense congrĂ©gation les meilleurs artisans et il a pu constituer pour la direction des travaux un corps abondant en gĂ©nie et douĂ© d'une force esthĂ©tique souveraine... nous avons le droit, je crois, de qualifier d'Ă©cole clunisienne l’œuvre de cette plĂ©iade.. Â»
  3. Virey Jean, L'architecture romane dans l'ancien diocèse de Mâcon, Ă©d. Alphonse Picard, 1894, 344 p., p. 201. Jean Virey cite comme source : "Bibliothèque nationale, latin 1498, nouvelles acquisitions, folio 265, recto" 
  4. Loi du 9 mai 1860. Art. 1er : Les communes de Saint-Julien-de-Cray et de Jonzy, canton de Semur, arrondissement de Charolles (Saône-et-Loire), sont réunies en une seule commune, dont le chef-lieu est fixé à Saint-Julien, et qui portera le nom de Saint-Julien-de-Jonzy. (Bulletin des lois et décrets t. XIII, 1860)
  5. Saint Julien de Brioude originaire de Vienne (Dauphiné) était un légionnaire romain, il s'enfuit, fut rattrapé à Brioude et décapité en 304. Il devint très populaire d'abord en Auvergne, puis dans toute la Gaule où nombre d'églises et de communes portent son nom. Les confusions sont nombreuses car Julien est un nom porté par une dizaine d'autres saints.
  6. L'adjudication des travaux a Ă©tĂ© passĂ©e le 17 septembre 1865 au profit de Pierre Brat, sur un devis se montant Ă  34 192,80 francs dont 7 202,50 F furent couverts par une souscription volontaire des habitants. Des travaux supplĂ©mentaires ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s Ă  la demande de l'architecte pour la consolidation des fondations et pour l'enlèvement et la rĂ©novation du portail. Le coĂ»t total fut de 41 677 francs. Ces informations Ă©manent des fiches rĂ©digĂ©es Ă  l'occasion de l'inventaire dĂ©partemental rĂ©alisĂ© de 1960 Ă  1980, Ă  l'initiative de Raymond Oursel, alors directeur des archives. Ces fiches sont rĂ©digĂ©es par Mme Ourcel. Elles sont aux archives dĂ©partementales de SaĂ´ne-et-Loire.
  7. L'archivolte est « l'ensemble des voussures d'encadrement d'une baie, porte ou fenĂŞtre ».
  8. Paul Richer, Le nu dans l'art, t.3, l'art chrétien, Plon, Paris, 1929, p. 139
  9. Kingsley Porter « la sculpture du XIIe siècle en Bourgogne Â» in revue La gazette des Beaux-arts, aoĂ»t 1920, p. 73-75.
  10. Joseph Déchelette L'art roman à Charlieu et en brionnais publié sous les auspices de la Diana 1892, 104, p. 89 et s.
  11. CEP, Centre International d’Études des Patrimoines Culturels du Charolais-Brionnais, dépliant : Église de Saint-Julien-de-Jonzy, Saint-Christophe-en-Brionnais. Ce document est mis à disposition dans l'église.
  12. Oursel A-M. Archives dĂ©partementales de SaĂ´ne-et-Loire, Inventaire du patrimoine : Édifices et objets remarquables recensĂ©s au titre de l'inventaire dĂ©partemental des annĂ©es 1960 aux annĂ©es 1980. Auteurs : Raymond et Anne-Marie Oursel. fiche repĂ©rage
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