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Économie verte

L'économie verte est l'activité économique « qui entraîne une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources »[1].

Ce modèle économique obéit aux règles, aux principes et aux critères du développement durable. Les autres modèles économiques peuvent parfois être qualifiés de gris ou noirs ; conduisant aux pollutions, au gaspillage et/ou à l'épuisement des ressources non renouvelables, et à la destruction de l'environnement, ou rouges dans le cas où l'on tire profit de la vente des armes par exemple.

Avant tout l'économie verte est liée au respect de la nature et cherche à maintenir le capital naturel en équilibre (c'est-à-dire à ne pas consommer plus de ressource que ce que les écosystèmes, la Terre et le Soleil peuvent fournir, tout en maintenant les services écosystémiques équitablement disponibles pour tous et pour les générations futures). Au sein de l'économie verte, les éco-activités s'attachent donc directement à la restauration ou à la protection de l'environnement et la préservation des ressources naturelles et humaines, surtout quand elles sont pas, peu, difficilement, lentement ou coûteusement renouvelables. Elles cherchent à réduire l'empreinte écologique des produits ou services qu'elles proposent. Cela peut par exemple concerner les secteurs de la gestion des déchets et de l'eau, de la qualité de l'air, de l'efficacité énergétique, de la réduction des émissions de gaz à effet de serre ou des énergies renouvelables[2].

Secteurs privilégiés par l'économie verte

Selon Karl Burkart, l'économie verte est basée sur six secteurs principaux :

  • Énergie renouvelable : par Ă©vidence ce secteur est devenu porteur et avantage l'augmentation des bĂ©nĂ©fices pour les pays producteurs de technologie. Mais mĂŞme avec un coĂ»t Ă©levĂ© pour les pays acheteurs, il a le mĂ©rite de conduire Ă  la diminution des Ă©missions de gaz Ă  effet de serre.
  • Construction Ă©cologique : on vise ici l'utilisation de matĂ©riaux locaux, ou ceux qualifiĂ©s de renouvelables et ayant subi une amĂ©lioration donnant une valorisation et mĂŞme une valeur ajoutĂ©e sans nuisibilitĂ© grandiose de l'environnement dans le processus de leur prĂ©paration. Ce domaine englobe aussi les constructions bioclimatiques Ă©conomisant la consommation de l'Ă©nergie pour le chauffage de l'eau et l'accès Ă  l'air conditionnĂ©.
  • Moyens de transport : Ă  court terme par l'optimisation de l’utilisation des Ă©nergies fossiles en augmentant l'efficience et en contrĂ´lant des Ă©missions. Ă€ long terme le basculement vers l'utilisation des Ă©nergies renouvelables. L'amĂ©lioration des services comme le transport collectif innovant, le planning et les choix de rĂ©seaux efficaces sont aussi visĂ©s. L'utilisation des ressources biologiques ayant une performance sont recherchĂ©es.
  • Gestion de l'eau : l'optimisation de la production et de la distribution comme aussi le recyclage ou la prĂ©servation sont les voies possibles de la rationalisation du capital eau-vie. La lutte contre le gaspillage pousse aussi Ă  revoir ce qu'il faut utiliser comme arbres pour un reboisement ou un embellissement. L'utilisation de l'eau potable dans des procĂ©dures gourmandes comme le lavage et l'industrie sont donc Ă  bannir. Le traitement des eaux ne doit en aucun cas constituer ou gĂ©nĂ©rer des sources nuisibles Ă  la santĂ© et Ă  l'environnement.
  • Gestion des dĂ©chets : leur mauvaise gestion entraĂ®ne, en plus Ă  la dĂ©gradation de la nature, des coĂ»ts plus Ă©levĂ©s pour freiner leurs actions. L'amĂ©lioration de la collecte, du transport et la rĂ©utilisation relèvent de la culture et de l'organisation des sociĂ©tĂ©s. Les pratiques ne sont pas les mĂŞmes selon les milieux, urbains ou ruraux mais le principe est le mĂŞme pour proposer une rationalisation de la consommation Ă  la base et une meilleure gestion par la suite pour augmenter et accĂ©lĂ©rer leur rĂ©cupĂ©ration. La valorisation constitue un meilleur compromis pour assurer des valeurs ajoutĂ©es.
  • AmĂ©nagement du territoire : il vise une Ă©conomie circulaire, une production propre, une gestion plus rationnelle des milieux en recherchant la prĂ©servation des Ă©cosystèmes et l'intĂ©gritĂ© de la BiodiversitĂ©, concept qui est au cĹ“ur du mot « vert ». Ce secteur englobe : l'agriculture Ă©cologique, la conservation des habitats, la reforestation et des modes doux de sylviculture, la crĂ©ation ou gestion de parcs et les forĂŞts urbaines, la protection des sols et des milieux en gĂ©nĂ©ral. Dans ces domaines, toute prĂ©caution non prise Ă  temps conduira Ă  une surcharge ultĂ©rieure des coĂ»ts voire Ă  des dĂ©gradations irrĂ©versibles. Il s'agit ici d'intĂ©grer une approche Ă©cosystĂ©mique Ă  l'Ă©conomie, ce qui implique de comprendre et Ă©valuer les Ă©cosystèmes et de la BiodiversitĂ©.

En 2006, l'Allemagne détenait une part de 16,1 % du marché mondial des biens contribuant à la protection de l'environnement, ce qui en faisait le numéro un, selon le ministère allemand de l'Environnement. Quelque 1,8 million d'Allemands (4,5 % du total des salariés du pays) vivent de l'économie verte.

En France, selon l'INSEE, ce secteur a mieux supportĂ© la crise que d’autres branches de l’économie nationale en 2009 et 2010 : « les effectifs des Ă©co-activitĂ©s ont en effet progressĂ© de 4,5 % lors de cette pĂ©riode, malgrĂ© la crise de 2009. L’Institut a mĂŞme notĂ© une Ă©volution soutenue de l’emploi portĂ©e par le domaine des Ă©nergies renouvelables, notamment le photovoltaĂŻque »[3]). En 2009, selon l'INSEE, environ 960 000 emplois (4 % de l'emploi intĂ©rieur total) en dĂ©pendaient, dont 50 % (434 000 postes) dans les Ă©co-activitĂ©s et 50 % (526 000 Ă©quivalents temps plein environ) dans la production de biens et de services pĂ©riphĂ©riques Ă  la protection de l'environnement[3] - [4].

Valeur verte

C'est le nom parfois donné à la survaleur patrimoniale (ou « valeur nette additionnelle d’un logement dégagé grâce à une meilleure performance environnementale, que ce soit au niveau de la performance énergétique du bien mais également à l’accès aux transports en commun, à ses matériaux de construction, à la qualité de son insertion locale, etc. »[5], traduite en termes financiers). C'est une valeur induite par la performance énergétique et plus largement environnementale du bâti. Elle était en France, début 2012, estimée à +/- 6 %. Elle est notamment évaluée par le diagnostic de performance énergétique (DPE). « En situation d’achat ou de location, 8 Français sur 10 accordent de l’importance au DPE ; pour plus d’1/3, c’est un critère « très important ». Même constat pour la vente : environ 7 interviewés sur 10 lui accordent une attention particulière, 3 sur 10 seulement le considérant comme une simple formalité administrative »[5].

Le , un colloque organisĂ© par l’ANIL (Agence nationale pour l'information sur le logement) et la CAPEB, a traitĂ© de l’impact de la performance Ă©nergĂ©tique sur les coĂ»ts de construction, pour le « neuf Â» (mieux encadrĂ© et Ă©valuĂ©) et la rĂ©novation (plus hĂ©tĂ©rogène), enjeu croissant par exemple dans le cadre du Plan Bâtiment Grenelle (Ă  la suite du Grenelle de l'environnement), du dispositif « Feebat », du programme « Rage » ou des dĂ©marches qualitĂ©[6].

Les coûts et économies sont liés aux études, audits, évaluation thermiques, matériaux et techniques d’isolation, réalisation des travaux, gestion des déchets, avec des « temps de retour » dont les enjeux diffèrent selon le point de vue du client ; Bailleurs sociaux, hôtels, tertiaire, collectivités, particuliers propriétaire (locataire ou maître d’ouvrage)[6].

Alain Maugard, président de Qualibat, estime qu’il n’y a plus en 2012 de surcoût pour la rénovation BBC quand elle utilise les techniques constructives maîtrisée d’isolation (estimation encore discutée). Il plaide donc pour une obligation de rénovation énergétique lors d'une cession ou mise en location d’un bien immobilier[6].

Le temps de retour pour le neuf serait de 10 ans en moyenne (ou 12 ans en tenant compte des incertitudes sur le coût de la maintenance et des coûts futurs de l’énergie. Pour une rénovation partielle ou BBC de l’ancien, le temps de retour serait de 10 à 20 ans (plus long sur l’isolation des murs menuiseries extérieures, et donc a priori moins intéressant pour des occupants envisageant de changer de logement)[7].

Selon la FNAIM (Fédération nationale de l’immobilier) la rentabilité d’un investissement d’efficience énergétique est pour 52 % des personnes sondées intéressant pour la diminution de consommation qu’elle permet ; 25 % ont d’abord un objectif de protection de l’environnement ; et 19 % cherchent à améliorer le confort (acoustique et/ou thermique) de l’habitat ; 4 % le font pour augmenter la valeur de leur bien immobilier[8]. Les incitations (PTZ+, éco-prêts collectif et individuel) semblent importants, ainsi que l’engagement des professionnels (agences immobilières promouvant les bâtiments à haute performance énergétique, syndic de copropriété cherchant à réduire les consommations, administrateurs de biens motivant les bailleurs à accroître la valeur de leur patrimoine en les améliorant énergétiquement, etc. Le secteur locatif privé (copropriétés notamment reste peu actif dans ce domaine) ; Une « Garantie de performance environnementale » devrait encourager ces démarches[6].

Critique de l'Ă©coblanchiment, controverses

En , à l'approche du Rio+20 (un Sommet de la Terre), une économiste et membre du conseil scientifique d'ATTAC, Geneviève Azam déclare : « L’économie verte, c’est la marchandisation de la nature. Nous refusons que s’exerce un droit de propriété sur la nature, qui ne peut pas être gérée de manière rationnelle. Les services écosystémiques sont rendus gratuitement. »[9]

Dans le monde

L'idée d'une économie verte est soutenue par l'ONU et l'UE et trouve de nombreux échos dans le monde.

Un Green New Deal Group[10] propose de rĂ©soudre Ă  la fois la crise du crĂ©dit, celle du climat et les coĂ»ts Ă©levĂ©s du pĂ©trole. Mais les risques d'effet rebond[11] ainsi que des accusations parfois Ă©tayĂ©es d' « Ă©coblanchiment Â» (verdâtrie), ou les suites de scandales environnementaux et sanitaires entachent la confiance et crĂ©dibilitĂ© que le public pourrait porter Ă  de nombreuses dĂ©marches Ă©conomiques et industrielles.

En France

Selon l'INSEE, de 2004 à 2010, le nombre d'emplois liés à l'environnement a augmenté de plus de 20 % (moyenne de +3,4 %/an très supérieure à celle des autres branches de l'économie[3]).

En 2010, les Ă©co-activitĂ©s se sont dĂ©veloppĂ©es (+4,5 %), avec 453 000 personnes employĂ©es, surtout dans la gestion des eaux usĂ©es (100 000 postes) et le secteur des dĂ©chets (100 000 emplois), alors que la gestion et gestion restauratoire des ressources naturelles reprĂ©sentait 1/4 des emplois verts (125 000 Ă©quivalents temps plein), dont 50 % dans le domaine en dĂ©veloppement des Ă©nergies renouvelables (solaire, Ă©olien) oĂą l'Ă©volution a atteint +19 %[3].

Les entreprises « vertes » auraient des employés en moyenne plus productifs

Une étude étude quantitative publiée en 2014[12] a exploité les résultats d'un questionnaire adressé à plus de 10 000 salariés de 5 220 entreprises françaises. Les auteurs ont conclu à une productivité moyenne par employé 16 % plus élevée que la moyenne dans les entreprises ayant mis en place des standards environnementaux[13]. Ces standards sont par exemple ISO 14001, la certification commerce équitable et/ou agriculture biologique...).

L'explication serait la mise en place d'un cercle vertueux impliquant une motivation accrue des employés, un meilleur taux de formation et de meilleures relations entre collègues source d'un meilleur environnement de travail, qui attire d'autres salariés plus compétents et/ou motivés[12]. Selon les employés, l'engagement environnemental de l'entreprise rend le travail plus satisfaisant et motivant. Les normes environnementales favorisent aussi une amélioration organisationnelle (par exemple ISO 14001 impose une formation continue des employés et une amélioration continue sur l'engagement environnemental de l'entreprise et son efficacité), encourageant l'innovation, le transfert de connaissances et de retour d'expérience et la transversalité entre départements et collègues, via des interactions souvent plus positives entre employés.

Dans certains cas, la santé au travail est améliorée par les pratiques environnementales et les employées en sont satisfaits (ex : les équipes de ménage d'un hôtel soulignent ressentir moins de maux de tête, d'allergies et déclarent moins de jours de congé maladie après avoir remplacé les produits traditionnels d'entretien par des produits sans composés toxiques[12].

Les nouveaux embauchés sont dans ces entreprises souvent plus motivés et plus ouverts pour adopter et rechercher des standards environnementaux élevés, ce qui rend l'entreprise encore plus attirante et performante, etc. Selon l'étude, ces entreprises sont également plutôt mieux gérées, peut être dès leur création, mais aussi grâce aux procédures d'écocertification qui encouragent une meilleure gestion. L'image de l'entreprise est également améliorée auprès de la puissance publique[12].

Notes et références

  1. Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), Vers une économie verte : Pour un développement durable et une éradication de la pauvreté – Synthèse à l’intention des décideurs, 2011, p. 1-2 [lire en ligne]
  2. Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergieLes éco-activités, site mis à jour le 20 septembre 2013, (page consultée le 22 septembre 2013).
  3. batiactu, Juin 2012, L’économie verte génératrice d’emplois... jusqu’en 2011
  4. Voir aussi « L’économie française - Comptes et dossiers » - Édition 2009, synthèse des mouvements des économies française et mondiale ; appuyée sur les comptes de la Nation (sommaire)
  5. BatiActu, valeur verte, un atout pour l’immobilier ? 2012-04-18
  6. Grégoire Noble « La valeur verte en questions», Batiactu, (13/02/2012)
  7. source : Antoine Desbarrières, directeur général de Qualitel et président de Cerqual (organisme de certification), Colloque Le coût de la performance énergétique du 8 février 2012
  8. Jean-François Buet, secrétaire général de la FNAIM, au colloque Le coût de la performance énergétique 8 fev 2012.
  9. (fr) « "L’économie verte, c’est la marchandisation de la nature" », L'Humanité, (consulté le )
  10. Green New Deal Group (2008) A Green New Deal: Joined-up policies to solve the triple crunch of the credit crisis, climate change and high oil prices ; New Economics Foundation (en), London
  11. Greening, L.A., Greene, D.L. and Difiglio, C. (2000) Energy Efficiency and Consumption – the Rebound Effect: A Survey. Energy Policy, 28: 389-402.
  12. Étude intitulée « Standards environnementaux et productivité du travail : comprendre les mécanismes qui soutiennent le développement durable », publiée dans le Journal of Organizational Behavior, copilotée par l'Institut de l'Environnement et l'Université Paris-Dauphine ; voir Actu-Environnement 01 septembre 2014 : Interview de Magali Delmas (économiste et professeur à l’Institut de l’Environnement et à la Anderson School of Management de UCLA) et de Sanja Pekovic (chercheur à Paris-Dauphine) ; Les employés des entreprises « vertes » sont significativement plus productifs ; Avis d'expert ; 2014-09-01
  13. La productivité moyenne par employé est ici la valeur ajoutée de l'entreprise divisée par le nombre d'employés, pour chaque entreprise, en prenant en compte les effets de la taille, du secteur d'activité, du niveau de salaire et d'éducation des salariés pour bien isoler la relation entre l'adoption de standards environnementaux et la productivité de l'employé.

Voir aussi

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