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Yvonne Pitrois

Yvonne Pitrois, née le à Paris (9e arr.) et morte le , est une écrivaine sourde française. Elle écrit une variété de livres populaires, y compris de multiples biographies de personnages historiques[1]. Sourde depuis l'enfance, elle plaide pour le bien-être des sourds et sourdaveugles dans son travail, y compris par la création de deux magazines proposant des conseils et des histoires inspirantes sur les personnes sourdes. Elle reçoit, en 1929, le prix Montyon pour les efforts de toute sa vie en faveur de la communauté sourde.

Yvonne Pitrois
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  56 ans)
SĂ©pulture
Cimetière des Tilleuls (d)
Nationalité
Activités

Biographie

Jeunesse

Yvonne Pitrois naît le à Paris. Elle perd l'audition à l'âge de sept ans après un épisode de fièvre causée par un grave coup de chaleur. Sa vue a également été endommagée après cette maladie ; sa vision s'est détériorée de ses sept à douze ans, mais elle a finalement retrouvé une certaine vision[2].

Sa mère, Marguerite Gabrielle Pitrois[3], enseignante et écrivaine, qui dirige une école bilingue français-anglais, instruit sa fille à la maison. Yvonne Pitrois lit couramment le français et l'anglais et est capable de lire sur les lèvres dans les deux langues[1].

Carrière littéraire

À partir de dix-sept ans, Yvonne Pitrois traduit des ouvrages anglophones en français et publie des articles dans des périodiques en France, en Angleterre, en Suisse et aux États-Unis. Elle contribue régulièrement au journal américain The Silent Worker , y compris une colonne intitulée « Du Vieux Monde » partageant des informations sur les institutions sourdes en Europe. Elle utilise ce média pour faire connaître le travail d'autres femmes sourdes, y compris celui de l'autrice française Marie Lenéru[4].

Yvonne Pitrois publie son premier livre, un recueil d'histoires sur des vies humbles, intitulĂ© Jeunes vies, Ă  dix-huit ans. Son ouvrage Abraham Lincoln, le libĂ©rateur des esclaves a sort en trois Ă©ditions. Parmi ses autres livres, on retrouve Ombres des femmes, une collection de biographies de femmes cĂ©lèbres et ChĂ©rie , une idylle pour les jeunes femmes[4]. Son Ĺ“uvre la plus cĂ©lèbre reste la biographie de l'abbĂ© Charles-Michel de L'ÉpĂ©e publiĂ©e en 1912 le 200e anniversaire de la naissance du religieux[5].

Elle est aussi connue pour avoir crĂ©Ă©e le bimensuel La Petite Silencieuse[6], une revue qui fournit des conseils pour les jeunes femmes sourdes, de 1912 jusqu'Ă  sa mort en 1937. Le magazine bimestriel prĂ©sente des conseils pour les jeunes sourdes ainsi que des croquis biographiques de personnes sourdes contemporaines. Yvonne Pitrois Ă©crit des lettres Ă  chacune des 900 abonnĂ©es. En 1928, elle crĂ©e un deuxième magazine, Le Rayon de Soleil des Sourds-Aveugles, Ă©crit en braille français pour les sourdaveugles. La plupart des numĂ©ros du magazine sont consacrĂ©s au partage d'informations et d'idĂ©es parmi la communautĂ© sourde[7].

Sa biographie d'Helen Keller, Une nuit rayonnante, sort en 1922. Les deux femmes se rencontrent par le biais du Cosmopolitan Correspondence Club, un Ă©change de lettres sourdes pour occidentaux. Yvonne Pitrois avait connu la surdicĂ©citĂ© enfant et grâce Ă  son statut de femme sourde Ă©crivaine, elle est bien placĂ©e pour Ă©crire sur la vie de Helen Keller[8].

Elle est membre de la Société des gens de lettres[9]. Elle aide à obtenir des livres et des périodiques sur la surdité pour la bibliothèque de Selwyn Oxley, un éducateur anglais dont la collection de livres serait la fondation de l'Institut de l'oreille de l'University College de Londres et de l'Action sur les bibliothèques de perte d'audition.

Service à la communauté sourde

Pendant la Première Guerre mondiale, Yvonne Pitrois organise des collectes de soutien financier pour aider les sourds qui se retrouvent sans nourriture, ni abri, sous occupation allemande. Elle Ă©crit sur la souffrance de la communautĂ© sourde en France et en Belgique pendant la guerre dans The Silent Worker, demandant des fonds aux lecteurs amĂ©ricains. Dans sa chronique, elle traduit des lettres et prĂ©sente des photographies des rĂ©cipiendaires de ces subventions. Elle aide Ă  rĂ©unir des rĂ©fugiĂ©s sourds avec leurs familles et place des enfants sourds dans des programmes scolaires. Yvonne Pitrois reçoit une mĂ©daille d'honneur de la SociĂ©tĂ© nationale d'encouragement au bien en 1920 et le prix Montyon en 1929 de la part de l'AcadĂ©mie française pour son travail visant Ă  amĂ©liorer la vie des sourds et sourdaveugles. L'AcadĂ©mie française lui dĂ©cerne le titre d'officière pour son travail littĂ©raire[10] - [4].

Après la fin de la guerre et la mort de sa mère, Yvonne Pitrois accueille, dans son gîte rural en Bretagne, des filles et des jeunes femmes orphelines ou sourdes en difficulté.

Elle meurt en France le [2].

Ĺ’uvres

  • CĹ“urs aimants. Genève: JH Jeheber, 1905
  • La Fille de Victor Hugo. Lausanne: G. Bridel, 1906
  • ChĂ©rie, 222 pages, 1906[11]
  • Abraham Lincoln, le libĂ©rateur des esclaves. Toulouse: SociĂ©tĂ© d'Ă©dition de Toulouse, 1911
  • La Vie de l'AbbĂ© de L'ÉpĂ©e: racontĂ©e aux sourds-muets. Saint-Étienne: L'Institution des Sourds-Muets, 1912
  • Lettre adressĂ©e Ă  l'institution nationale des sourds-muets, texte manuscrit, 1912, 1 page[11]
  • La Vie de l'abbĂ© de l'EpĂ©e racontĂ©e aux sourds-muets, 39 pages, 1912[11]
  • La Petite Silencieuse (1913-1933) : Messagère illustrĂ©e des Sourdes-Muettes et des Sourdes-Parlantes[11]
  • Une Noble Victime: Mlle Edith Cavell. Paris, 1915
  • Les Femmes de la Grande Guerre 1914-1915-1916. Genève: J.-H. Jeheber, 1916
  • Lettre d'une française Ă  nos soldats, 1918[12]
  • Une Nuit rayonnante : Helen Keller, texte imprimĂ©, 1922[11]
  • Ombres de femmes . Lausanne: Payot, 1929
  • Sourds-Muets-Aveugles ! : Strasbourg : Librairie Ă©vangĂ©lique, 29 pages, 1929[11]
  • VeillĂ©e de NoĂ«l: Cinq rĂ©cits pour les petits et pour les grands. Strasbourg: Bibliothèque Ă©vangĂ©lique, 1932
  • Trois Lumières dans la nuit : Valentin Hauy, Louis Braille, Maurice de la Sizeranne, 14 pages[11]
  • La Vie de l'abbĂ© de l'EpĂ©e et son disciple l'abbĂ© Sicard.... un silencieux raconte : extraits de diffĂ©rentes biographies et historiques, co-Ă©crit avec AbbĂ© Rieffel, et Gaillard, Henri (1866-1937), Pierre Dubeau, Éditeur scientifique, 1962[11]

Références

  1. Rachel Mildred Hartig, Franchir le fossé : biographie et représentations de la surdité, Airelle éd, (ISBN 979-10-90014-07-7, OCLC 847562378, lire en ligne)
  2. (es) « Yvonne Pitrois. Escritora y activista sorda francesa (1880 – 1937) – Cultura Sorda » (consulté le )
  3. « Visionneuse - Archives de Paris (Entrée 2367) », sur archives.paris.fr (consulté le )
  4. Bonnie Meath-Lang, Deaf persons in the arts and sciences : a biographical dictionary, Greenwood Press, (ISBN 0-313-29170-5 et 978-0-313-29170-8, OCLC 31374052, lire en ligne)
  5. Rachel Mildred Hartig, « Crossing the Divide: Helen Keller and Yvonne Pitrois Dialogue on Diversity », Sign Language Studies, vol. 7, no 2,‎ , p. 177–185 (ISSN 1533-6263, DOI 10.1353/sls.2007.0003, lire en ligne, consulté le )
  6. « Yvonne Pitrois (1880-1937) », sur data.bnf.fr (consulté le )
  7. Mathilde Blézat, « « Vous avez relevé notre tête ! » Dans les archives d’un journal de femmes Sourdes (1912-1937) », sur Panthère Première, (consulté le )
  8. Rachel M. Hartig, « Crossing the Divide: Helen Keller and Yvonne Pitrois Dialogue on Diversity », Sign Language Studies, vol. 7, no 2,‎ , p. 177–185 (ISSN 0302-1475, lire en ligne, consulté le )
  9. « A card from Yvonne Pitrois, Deaf Writer (1880-1937) | UCL UCL Ear Institute & Action on Hearing Loss Libraries », sur blogs.ucl.ac.uk (consulté le )
  10. « Yvonne Pitrois, grande écrivaine, éditrice et traductrice sourde des années 1910-30 - Média Pi! », (consulté le )
  11. PMB Group, « Catalogue en ligne Bibliothèque de l'Institut National de Jeunes Sourds de Paris », sur bibli.injs-paris.fr (consulté le )
  12. Yvonne Pitrois, « Lettre d'une française à nos soldats », sur Gallica, (consulté le )

Liens externes

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