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Yvonne Maisonneuve

Marie Yvonne Célanire Maisonneuve, dite « mère Yvonne », est la fondatrice de l’association Le Chaînon, organisme qui vient en aide à des femmes et des enfants dans le besoin depuis 1932.

Yvonne Maisonneuve
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  77 ans)
Nationalité

Jeunesse

Elle est nĂ©e dans le quartier CĂ´te-des-Neiges de MontrĂ©al le . Son père, qui Ă©tait forgeron, lui a enseignĂ© ce qui lui avait le mieux servi dans sa vie comme l’économie et le travail[1]. Elle a Ă©tudiĂ© chez les SĹ“urs de Sainte-Croix[2].

Elle est connue dès son plus jeune âge pour sa foi et son don pour l’orgue. Sa mère dĂ©cĂ©dant en 1914, Yvonne, alors âgĂ©e de onze ans, a donc Ă©tĂ© obligĂ© de s’occuper de ses trois petites sĹ“urs[3]. Cet Ă©vĂ©nement accĂ©lĂ©rĂ© sa maturitĂ©. Sa petite sĹ“ur Juliette dĂ©cĂ©dant Ă  11 ans[1]. Son père se remarie en 1915 avec la sĹ“ur de sa mère, Alexandrine. Cette nouvelle belle-mère Ă©tait une ancienne religieuse, qui Ă©tait sortie du couvent pour le bien de la famille. Yvonne aura quatre frères et une sĹ“ur de cette union[1].

Le Chaînon

La plupart des institutions sociales de l’époque Ă©taient alors tenues par des institutions religieuses. Les femmes qui voulaient pratiquer un mĂ©tier liĂ© aux soins ou Ă  l’éducation devaient prendre le voile[4]. L’enseignement et les connaissances apprises lors de son sĂ©jour chez les religieuses lui serviront pour fonder son association. Ă€ l’âge de 29 ans, elle prend alors la dĂ©cision de fonder l’association Notre-Dame-de-la-Protection[5]. Cette initiative lui est venu par le ComitĂ© des chĂ´meuses Ă  collet blanc, qui cherchait une jeune fille « sĂ©rieuse, charitable et dynamique »[2].

Le , elle ouvre donc son premier refuge, au troisième Ă©tage du 366, avenue Fairmount Ă  MontrĂ©al[3]. Elle mendiait pour avoir les biens nĂ©cessaires et Ă©crivait Ă  des compagnies et des hĂ´tels pour obtenir de la nourriture et mĂŞme de la vaisselle cassĂ©e. Des bienfaitrices, qu’elle avait connues pendant ses annĂ©es chez les sĹ“urs, lui donnaient 10$ de subsistance pour elle et les six filles du refuge. Elle accueille toutes sortes de femmes : la jeune fille tombĂ©e enceinte d’un fiancĂ© disparu par la suite, la chĂ´meuse et celle qui est arrivĂ©e de la campagne et n’a pas de toit ou de famille en ville. Des dĂ©mĂ©nagements successifs suivent, soit pour une indĂ©pendance face Ă  ses bienfaitrices, qui demandent trop souvent des comptes, soit pour des locaux dans des quartiers moins chers. Elle s’établit dĂ©finitivement sur la rue de La Gauchetière en 1940[2]. Elle aura alors aidĂ© plus de 3500 femmes en 8 ans[4].

Ă€ partir de 1938, des femmes lui viennent en aide pour s’occuper de l’association et choisissent une vie de religieuses sans l'ĂŞtre. Elles avaient ce mĂŞme goĂ»t d’indĂ©pendance que leur « Mère » et devaient prononcer des vĹ“ux et promettre de ne pas avoir de vie professionnelle ou familiale[3]. Elles vivaient sur place pour s’assurer du bien-ĂŞtre des pensionnaires[6] sans aucun salaire et pouvaient devenir associĂ©es après 7 ans de service[2]. Entre 1940 et 1950, il y avait une vague de recrutement pour obtenir de l’aide de jeunes filles[7].

La Seconde Guerre mondiale menait à une hausse du nombre de femmes dans le besoin qui cherchaient refuge à l’association. Il y avait alors plusieurs maisons de l’association pour aider ces femmes, et une d’entre elles était même réservée aux jeunes filles qui n’avaient pas de foyer. C’était la première association qui acceptait toutes celles qui se présentent pour y adhérer : handicapées, aveugles, problèmes de santé etc. Si elles souhaitent apporter leur aide, elles étaient les bienvenues, peu importe leur état de santé[2]. En 1965, il y avait plus de 30 associées.

Face au nombre croissant de femmes dans le besoin, Mère Yvonne Maisonneuve cherchait l’aide de la ville pour obtenir un soutien financier. Après un rejet en 1940, elle obtenait en 1950 une subvention de 600$ par mois[2]. La mĂŞme annĂ©e, elle a de nouveau le soutien du cardinal Paul-Émile LĂ©ger, qui lui donnera un dĂ©cret d’approbation canonique[8]. La ville de MontrĂ©al a donc payĂ© la note de 40 000 $ pour des rĂ©novations Ă  la maison du 101, rue de la Gauchetière[2]. C’était grâce Ă  des bienfaiteurs que l’institution a rĂ©ussi Ă  continuer ses activitĂ©s en payant le chauffage et d’autres nĂ©cessitĂ©s de base.

L'association s'installe rue de l'Esplanade qui est, aujourd'hui, devenu un monument historique[3].

Protection de la jeune fille

En 1930, l’association rejoignait au réseau international de la protection de la jeune fille. L’exode rural poussait de nombreuses jeunes filles à se diriger vers la ville pour trouver du travail[4]. Des associations de femmes s’inquiétaient de leur sort, craignaient qu’elles finissent dans la traite des blanches et installaient donc des kiosques d’informations pour les jeunes filles dans les gares et d’autres lieux publics.

Le Chaînon avait un kiosque à la gare de Windsor et un autre à la gare centrale de Montréal[9] pour leur indiquer des logements et des informations nécessaires pour leur aider lors de leurs séjours dans la ville. Le Chaînon réservait même des étages pour les jeunes filles avec des salaires minimes pour qu’elles puissent s’y loger à très faibles coûts.

Retraite et décès

À partir de 1950, elle commençait à ressentir les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer[2]. Elle était épuisée par cette vie d’aide et de recherche de solutions constantes à faire vivre une association, pendant de longues années, avec très peu de moyens. En 1965, elle prend sa retraite à l’âge de 62 ans, et certaines associées quittent l'association en même temps qu’elle pour s’en occuper. Elle décède le [7].

À l'automne 2022, l'artiste Kevin Ledo, notamment auteur du portrait de Leonard Cohen, peint une murale en hommage à Yvonne Maisonneuve. L’œuvre est située sur le mur nord du 4382 rue Saint-Urbain, à Montréal.



Note et Référence

  1. « Yvonne Maisonneuve, "Mère Yvonne", Humaniste et avant-gardiste, fondatrice du Chaînon », sur Cursillos (consulté le )
  2. Sylvie Halpern, Le Chaînon  : la maison de Montréal, Montréal, Éditions A. Stanké, (lire en ligne)
  3. « Le Chaînon, 80 ans d’histoire », Châtelaine, (consulté le )
  4. Denyse Baillargeon, Brève histoire des femmes au Québec, Montréal, Boréal, , 279 p.
  5. « À la mémoire de grandes femmes d’ici », La presse plus,‎ (lire en ligne)
  6. « Le Chainon, une histoire de solidarité », Les archives de Radio-Canada,‎ (lire en ligne)
  7. « Yvonne Maisonneuve – Une femme au cœur grand comme le chainon qu’elle a fondé », sur lechainon.org (consulté le )
  8. Éric Bédard, « Les Maisonneuve », Le journal de Québec,‎ (lire en ligne)
  9. Hélène-Andrée Bizier, Une histoire des Québécoises en photos, Éditions Fides, , p.232 a 233
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