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Yard mégalithique

Le yard mĂ©galithique est une unitĂ© de mesure de 2,72 pieds impĂ©riaux, soit 82,9 cm, prĂ©cise Ă  0,003 pieds près (~mm)[1] - [2], qui aurait Ă©tĂ© utilisĂ©e par les « peuples mĂ©galithiques », des Ă®les Britanniques et de Bretagne.

Thom considère qu'il y a des points communs entre les unités de mesure égyptiennes (la coudée royale et le pouce pharaonique), le pied sumérien et le yard mégalithique.

Historique

L'idĂ©e d'une mesure Ă©talon pour la construction de sites mĂ©galithiques remonte au moins au XVIIIe siècle, avec William Stukeley qui en 1740 lors de son Ă©tude de Stonehenge suggère l'utilisation d'une coudĂ©e d'environ 53 cm pour la construction du monument[3]. Elle est reprise ensuite par d'autres auteurs comme par exemple RenĂ© Kerviler qui en 1905 incline pour une mesure d'environ 26 m divisĂ©e en 48 coudĂ©es d'environ 53-54 cm pour les monuments mĂ©galithiques d'Armorique[3].

Cependant ceux-ci se fondent sur l'Ă©tude d'un site ou d'un nombre restreint de sites. En 1955 Alexander Thom, ingĂ©nieur Ă©cossais, propose une unitĂ© de mesure, la brasse (fathom) mĂ©galithique, fondĂ©e sur l'Ă©tude systĂ©matique de nombreux sites de Grande-Bretagne, Ă  partir de relevĂ©s soignĂ©s qu'il mène sur le terrain avec thĂ©odolite et chaĂ®ne d'arpenteur et des plans prĂ©cis qu'il Ă©tablit[4]. Ă€ cette brasse mĂ©galithique de 5,44 pieds, il prĂ©fère dans un article de 1962[5] une unitĂ© principale deux fois moindre de 2,72 pieds qu'il appelle le yard mĂ©galithique, et qu'il juge utilisĂ©e avec une prĂ©cision proche du millième[6], Ă  0,003 pieds près (~mm)[7]. Pour Thom la dĂ©termination de son unitĂ© Ă©talon, fondĂ©e essentiellement sur une analyse statistique des diamètres de cercles de pierres levĂ©e (cromlech), est Ă©tablie en 1955, et il se contentera ensuite de « vĂ©rifier Â» l'utilisation de cette unitĂ© pour ses relevĂ©s postĂ©rieurs, ce qui met en jeu des outils statistiques nettement plus simples[8]. Cette proposition de Thom est Ă©troitement liĂ©e Ă  celle d'une gĂ©omĂ©trie fondĂ©e sur les triangles pythagoriciens pour la construction de ces cercles[9].

Le haut degré de précision que Thom soutient n'est pas compatible avec une diffusion par recopies successives de règles étalons, mais suppose, comme il l'écrit lui-même, une organisation centralisée, capable de produire et de diffuser ces règles étalons à travers les Îles Britanniques et la Bretagne continentale[10].

A. Thom n'est pas le premier Ă  avoir Ă©mis l'hypothèse d'une unitĂ© de mesures « mĂ©galithique Â» mais les mĂ©thodes de recherche de Thom ont relancĂ© l'intĂ©rĂŞt pour des interprĂ©tations archĂ©oastronomiques des monuments prĂ©historiques. D'autres relevĂ©s systĂ©matiques furent rĂ©alisĂ©s par l'Écossais Miln, l'allemand Schuchardt et l'Autrichien Mondrijan[11].

Les conclusions de Thom ont été invalidées après de nouvelles analyses statistiques et la mise en évidence de certains biais dans le choix de ses données[12]. Cependant, l'usage répandu à l'époque mégalithique d'un système de mesures (moins précises) fondées sur le corps humain reste envisageable[13].

Notes et références

  1. Alexander Thom, New Scientist, Reed Business Information, , 690– (ISSN 0262-4079, lire en ligne)
  2. Barbara Ann Kipfer, Encyclopedic dictionary of archaeology, Springer, , 344– (ISBN 978-0-306-46158-3, lire en ligne)
  3. GĂ©rardin 1983, p. 27.
  4. GĂ©rardin 1983, p. 27-28.
  5. Thom 1962
  6. GĂ©rardin 1983, p. 28.
  7. Thom 1964.
  8. GĂ©rardin 1983, p. 29
  9. Ruggles 2005, p. 425.
  10. GĂ©rardin 1983, p. 28 qui cite Thom 1967, p. 43.
  11. Jean Pierre Mohen, Les alignements de Carnac, Temple NĂ©olithique, Edition du Patrimoine, Centre des Monuments Nationaux (ISBN 978-2-85822-384-8), p 54-55
  12. « Thom’s theories have not stood the test of time. On the archaeological side, detailed reassessments have revealed a variety of subtle biases in the selection of data that have destroyed the statistical conclusions.[...] Similarly, statistical reappraisals have shown that Thom’s ideas about precise megalithic mensuration and geometry cannot be supported on the evidence available. », Ruggles 2005, p. 327.
  13. Ruggles 2005, p. 426.

Bibliographie

  • (en) P.R. Freeman, « A bayesian analysis of the Megalithic Yard », J.R. Statist. Soc. A,‎ , p. 20-55 (DOI 10.2307/2344382, lire en ligne)
  • L GĂ©rardin, « Une des premières unitĂ©s mĂ©trologiques du yard mĂ©galithique Ă  des "enjambĂ©es" », ArchĂ©omĂ©trie,‎ , p. 27-36 (lire en ligne)
  • (en) David George Kendall, « Hunting Quanta », Phil. Trans. R. Soc. Londres,‎ , p. 231-266 (JSTOR 74285)
  • Jean Pierre Mohen, Les alignements de Carnac, Temple NĂ©olithique, Edition du Patrimoine, Centre des Monuments Nationaux (ISBN 978-2-85822-384-8), p 54-55
  • (en) Clive Ruggles, Astronomy in Prehistoric Britain an Ireland, New Haven, Yale University Press,
  • (en) Clive Ruggles, Ancient Astronomy : An Encyclopedia of Cosmologies and Myth, ABC-CLIO, Inc, , 518 p. (ISBN 1-85109-477-6, lire en ligne)
  • (en) Alexander Thom, « A Statistical Examination of the Megalithic Sites in Britain », Journal of the Royal Statistical Society,‎ , Vol. 118, No. 3,pp. 275-295 (lire en ligne)
  • (en) Alexander Thom, « The megalithic unit of length », Journal of the Royal Statistical Society, A, vol. 125,‎ , p. 243–251 (DOI 10.2307/2982328)
  • (en) Alexander Thom, « Megalithic geometry in standing stones », New Scientist, no 382,‎ , p. 690–691 (ISSN 0262-4079, lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Alexander Thom, Megalithic sites in Britain, Oxford, Clarendon Press, , 174 p. (ISBN 978-0-19-813148-9)
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