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Woodstock (roman)

Woodstock ou le Cavalier (Woodstock; or The Cavalier) est un roman historique de l'auteur écossais Walter Scott, paru le sous la signature « par l'auteur de Waverley, Histoires du temps des croisades, etc. »

Woodstock
ou le Cavalier
Image illustrative de l’article Woodstock (roman)
Le palais royal de Woodstock

Auteur Walter Scott
Pays Drapeau de l'Écosse Écosse
Préface Walter Scott
Genre roman historique
Version originale
Langue anglais
Titre Woodstock; or The Cavalier
Éditeur • Constable (Édimbourg)
• Longman (Londres)
Date de parution
Version française
Traducteur Defauconpret
Éditeur Gosselin
Lieu de parution Paris
Date de parution 1826
Type de média 4 vol. in-12
Chronologie

Le récit se déroule en Angleterre, dans les prolongements de la Première Révolution, un an après la bataille de Worcester () remportée par Cromwell sur l'armée de Charles Stuart, le futur Charles II. Ce dernier, en fuite, erre de cachette en cachette.

Gardé par un fervent partisan des Stuarts, le palais de Woodstock est mis sous séquestre par le Parlement. Cromwell accepte de lui épargner la destruction. Mais c'est pour en faire une souricière : il calcule en effet que le palais finira un jour ou l'autre par offrir asile à Charles.

Genèse

Contexte Ă©ditorial

Au premier plan, foisonnement de fleurs multicolores. En arrière-plan, gigantesque manoir d'un gothique XIXe siècle.
Le domaine d'Abbotsford.

Les Fiancés et Le Talisman paraissent le [1]. Ce mois-là, Walter Scott entreprend de rédiger une biographie de Napoléon[2] - [3]. En novembre, il s'interrompt pour écrire Woodstock, qu'il espère avoir fini en février de l'année suivante[4]. Mais, durant l'hiver, la récession[5] provoque la ruine de ses éditeurs, qui sont également ses associés. Scott devient insolvable[6]. Il a dès lors le plus grand mal à travailler sur son roman, insatisfait de ce qu'il a déjà écrit, incapable de trouver une fin. C'est poussé par le besoin d'argent qu'il termine[4]. Menacé de perdre son domaine d'Abbotsford, il inaugure, avec Woodstock, une série de romans sombres[7].

Publication

Le livre paraît le [4], deux semaines avant la mort de l'épouse de l'écrivain, sous le titre Woodstock; or The Cavalier. A Tale of the Year Sixteen Hundred and Fifty-one (« Woodstock ou le Cavalier : une histoire de l'année 1651 ») :

Il est signé « par l'auteur de Waverley, Histoires du temps des croisades, etc. »

Cadre historique

La Première Révolution anglaise (1641-1649) voit le remplacement du régime monarchique par une république. Cette révolution donne lieu à trois guerres civiles.

La première a lieu de 1642 à 1645. Les puritains (calvinistes intransigeants) représentent une minorité puissante au Long Parlement. À leurs revendications politiques se mêlent des griefs d'ordre religieux. Ils veulent s'affranchir de la hiérarchie anglicane[8]. S'opposant à la volonté du roi, le Parlement monte une armée, la New Model Army. Il charge Oliver Cromwell de la réorganiser.

La Deuxième guerre civile a lieu de 1648 à 1649. Tout membre de la Chambre des communes qui n'est pas du côté de la religion des independents ou du côté des grandees (les officiers supérieurs de la New Model Army) est exclu du Parlement. On exclut donc ceux qui sont assez courageux pour maintenir leur liberté d'opinion. Il ne reste plus au Parlement qu'« une poignée d'hommes d'État qui ont perdu le respect du peuple en conservant si longtemps le pouvoir suprême[9] » : le Long Parlement devient le Parlement croupion. Le , Charles Ier est exécuté. Le , Cromwell proclame la République, ou Commonwealth. Des bandes de doctrinaires en armes chassent les pasteurs nommés par les évêques anglicans[10].

La Troisième guerre civile a lieu de 1649 à 1651. En , Cromwell écrase à la bataille de Worcester l'armée de Charles Stuart, éphémère roi d'Écosse. Traqué, le jeune homme erre de cachette en cachette, dans l'espoir d'un embarquement pour le continent.

Les membres du Parlement croupion ne peuvent plus se maintenir au pouvoir sans licencier l'armée… Comment réduire la force militaire sans une nouvelle effusion de sang[11] ? D'autant que Cromwell a maintenu au complet les régiments où les fanatiques sont les plus nombreux, et réduit le nombre de ceux où les presbytériens modérés prédominent[12].

Fait divers ayant inspiré un épisode du roman

Le début du récit s'inspire d'un fait réel. En 1649, des commissaires sont dépêchés par le Parlement croupion pour mettre le séquestre sur le domaine de Woodstock. Ils sont effrayés par de prétendus phénomènes surnaturels[13]. Scott déplace l'épisode en 1652.

Dates et lieux du récit

Carte simplifiée à l'extrême du sud-est de l'Angleterre. Seuls figurent les villes de Londres, Oxford au nord-ouest et un tout petit peu plus loin au nord-ouest, Woodstock.
Localisation de Woodstock, oĂą se trouve la Loge.

L'histoire a lieu en Angleterre, dans les prolongements de la Première Révolution. L'auteur fait débuter son récit « un matin de la fin de septembre, ou des premiers jours d'octobre 1652, jour fixé pour rendre au Ciel des actions de grâces solennelles de la victoire décisive remportée à Worcester[14] ». Une note d'éditeur fait remarquer : « 1652. Le roman porte dans son titre la date de 1651 : c'est sans doute parce que l'auteur remonte par la pensée jusqu'à la date de la bataille de Worcester[15]. »

Le lieu principal du rĂ©cit est le palais de Woodstock, auquel Scott rend son vieux nom de « la Loge ». Il se trouve Ă  Woodstock, Ă  16 kilomètres au nord-ouest d'Oxford. Il abrite des passages secrets, suscite des lĂ©gendes. Henri II y cache sa maĂ®tresse Rosemonde Clifford. Cette rĂ©sidence royale est rasĂ©e en 1720. Elle ne doit pas ĂŞtre confondue avec le palais de Blenheim, bâti tout près de son emplacement, sur le domaine. Quelques scènes se dĂ©roulent Ă  Londres. Le livre se termine le , sur le retour de Charles Ă  Londres, pour y ĂŞtre proclamĂ© roi d'Angleterre.

Résumé

Chaises et table semblent prendre vie, faisant tomber la vaisselle.
Les commissaires du sequestre terrorisés par des phénomènes « surnaturels ».

Sir Henry Lee, le gardien de « la Loge », le palais de Woodstock, est un anglican et un « cavalier », un fervent partisan des Stuarts. Aussi s'oppose-t-il au mariage de sa fille Alice et de son neveu, le colonel Markham Everard, une « tête ronde » qui a combattu au côté de Cromwell.

Sir Henry et les siens sont confrontés à l'envahissement de la Loge par trois lords commissaires dépêchés par le Parlement pour mettre le séquestre sur la forêt, le parc et le palais. Sir Henry et Alice sont chassés du palais. La nuit venue, les trois intrus sont victimes des attaques de soi-disant fantômes, qui les terrorisent. Ils fuient les lieux.

Everard use de son crédit auprès de Cromwell pour que ce dernier sauve la Loge de la destruction et pour que la garde en soit à nouveau confiée à sir Henry. Cromwell accepte, calculant que ce nid de royalistes finira tôt ou tard par offrir asile à Charles Stuart. Il compte sur Everard pour lui livrer le fugitif. Sir Henry et Alice réintègrent la Loge.

Charles y arrive un soir, se faisant passer pour un page écossais du fils de sir Henry. Séducteur incorrigible, il s'empresse de courtiser Alice. La fière jeune fille refuse de lui céder, même après qu'il lui a révélé sa qualité. Jaloux, Everard se querelle avec lui, et un duel n'est évité que par l'intervention d'Alice. Everard apprend le nom de son rival. Mais, considérant « comme une insulte à son honneur » le fait que Cromwell lui ait demandé de livrer Charles, il garde le secret de sa découverte.

Cromwell est néanmoins informé de la présence de Charles à la Loge. Il fait encercler celle-ci. Il arrive trop tard : Charles a pu fuir.

Everard et sir Henry sont arrêtés, condamnés à mort. Cromwell finit par leur accorder son pardon.

Charles réussit à gagner le continent. Il adresse une lettre à sir Henry, lui demandant d'autoriser le mariage d'Alice et d'Everard. Ce dernier s'éloigne de Cromwell, auquel il n'a toujours pas pardonné de l'avoir cru capable de livrer le roi. Et il adhère à l'idée, qui commence à se répandre, qu'on n'obtiendra jamais un gouvernement stable qu'en rappelant la famille royale.

Le , c'est le retour triomphal de Charles à Londres, pour y être proclamé roi d'Angleterre. S'étant une ultime fois entretenu avec l'objet de toutes ses espérances, sir Henry meurt.

Personnages

Joseph Tomkins

Dit Joe l'Honnête, ou Tomkins le Fidèle, ou Fibbet (menteur). Personnage fictif. Tête ronde, sectaire militaire, independent. Secrétaire du colonel Desborough. Mandataire des lords commissaires du séquestre. D'une imperturbable gravité. Courageux, subtil et intelligent.

« Drôle bien étrange » qui a « pris la mesure du pied de chacun », qui parle avec tous ceux qui jouent un rôle dans les intrigues du temps, et qui gagne la confiance de tous, ce qui lui vaut promesses et cadeaux. Tout semble lui passer par les mains. Il a le don de prêcher et d'expliquer, ce qui lui vaut du crédit auprès des independents. Et il sait se rendre utile aux gens plus modérés.

Curieux et questionneur, il est un agent double naviguant de Cromwell au docteur Rochecliffe. Selon Cromwell, il est à vendre au plus offrant. Il se fait passer auprès du docteur Rochecliffe pour un anglican toujours zélé et un royaliste qui ne sert dans les rangs ennemis que pour y jouer le rôle d'espion. Il appartient à la secte des familistes[16], qui permet de se conformer aux pratiques de toute secte dominante : il peut ainsi cacher sa liberté spirituelle à tous ceux qui pourraient s'en offusquer. Fanatique, extravagant dans ses opinions religieuses. Sa sincérité n'a jamais été révoquée en doute. Markham Everard pense néanmoins qu'elle « marche toujours d'un pas égal avec son intérêt ». Tomkins est en effet clairvoyant, adroit et intéressé dans ses affaires privées, « excellent casuiste quand la question repose sur l'intérêt ».

Il se livre à des excès de boisson, disposé à boire à la santé du roi et de qui l'on veut, pourvu qu'on lui offre à boire. Ses discours, habituellement décents et réservés, deviennent alors licencieux et pleins de vie, évoquant ses exploits de jeunesse — braconnage, pillage, ivrognerie et querelles de toute espèce, du temps où il était Philippe Hazedin, le plus grand vaurien du comté d'Oxford, chantre de chœur et sonneur de cloches du docteur Rochecliffe, qu'il a en outre aidé dans ses recherches sur les passages secrets de la Loge.

Il couvre ses vices d'un masque d'hypocrisie. Le docteur Rochecliffe dit que depuis qu'il est devenu saint, sept diables pires que lui-même ont pris possession de son corps[17]. Il souhaite fortement « convertir » la fiancée de son ami Jocelyn, la gentille Phoebé, lui frayer un passage jusqu'à une « vive et heureuse lumière[18] ». Il se lance donc dans des « travaux apostoliques[19] », cherchant à faire valoir son amour avec une énergie qui force l'attention[20]. Car les plus mauvaises actions sont permises au saint qui élève ses pensées jusqu'à se croire au-dessus du péché. Étant d'une nature exclusivement spirituelle, le péché n'existe que dans la pensée : « Tout est pur pour celui qui est pur », et le péché se trouve dans les pensées, non dans les actions[21].

Noll (Oliver) Cromwell

Personnage historique. Tête ronde, général en chef de l'armée du Parlement[22]. Entreprenant, ambitieux, fort, sage, modéré. Esprit sombre et subtil, mystérieux, impénétrable. Du bon sens et du courage. Des manières brusques. En véritable Anglais, il méprise la frivolité, déteste l'affectation, ne peut souffrir la cérémonie.

Des prétentions à la piété, des convictions même, mais clairement hypocrite à certaines périodes, par intérêt personnel[23] : « Sa religion fera toujours une grande question de doute, qu'il n'aurait peut-être pu éclaircir lui-même[23]. »

Scott est en pleine banqueroute lorsqu'il écrit ce livre, et son portrait de Cromwell est singulièrement noir. Il en fait un personnage presque démoniaque, hanté par le sang de Charles Ier, mais qui manigance pour s'emparer du royal fugitif[7].

L'auteur, qui a commencé sa Vie de Napoléon Buonaparte[3], voit aussi en Cromwell un génie de la conquête du pouvoir : ayant à commander et inspirer des soldats qui sont des doctrinaires calvinistes affûtés, Cromwell relève le défi en embarquant ses auditeurs dans des discours aux circonvolutions brumeuses, sans cesse distendues d'incidentes interminables, accumulant détours, réserves et exceptions[7], s'égarant dans un « labyrinthe de parenthèses ». Il est alors « l'orateur le plus inintelligible qui ait jamais intrigué ses auditeurs[24] ». Il a cependant un discours clair et énergique quand il veut se faire comprendre.

Autres personnages

  • Sir Henry Lee, chevalier baronnet de Ditchley, 65 ans, veuf, grand maĂ®tre de la capitainerie de Woodstock, anglican, « cavalier ». Fier, hautain, inflexible, irritable. Un amour de l'ordre qui va jusqu'Ă  la minutie. Des qualitĂ©s plus solides que brillantes. Opiniâtre en matière de religion, de politique et de goĂ»t. Cite Ă  tout bout de champ « le vieux Will » (William Shakespeare).
  • Bevis, chien de sir Henry, descendant d'un chien de Richard II.
  • Alice Lee, fille de sir Henry. Orpheline de mère, elle a Ă©tĂ© Ă©duquĂ©e avec son frère et son cousin. Il en rĂ©sulte une franchise qui ne connaĂ®t ni la crainte, ni le soupçon. ÉlevĂ©e dans les sentiments du loyalisme exaltĂ© des cavaliers envers le roi.
  • RĂ©vĂ©rend Nehemiah Holdenough, vieux ministre presbytĂ©rien de Woodstock. Excellent homme, mais d'un caractère violent qu'il ne peut toujours maĂ®triser. Autrefois chapelain du major-gĂ©nĂ©ral Harrison, il a exhortĂ© des soldats au massacre d'un « prĂŞtre de Baal » (un prĂŞtre anglican), dont il a dĂ©couvert un peu tard qu'il Ă©tait son « frère », son plus cher ami d'universitĂ©. Toujours prĂŞt Ă  en dĂ©coudre avec Satan, dont il devine la prĂ©sence en tous lieux.
  • Le maire de Woodstock, zĂ©lĂ© presbytĂ©rien, rĂ©unissant « l'embonpoint Ă  la dignitĂ© », lent, gonflĂ© de son importance, hâbleur, mais poltron.
  • Jocelyn Joliffe, garde forestier de Woodstock. Amoureux de PhoebĂ©. Compagnon de beuverie de Tomkins le Fidèle, il exerce une surveillance rigoureuse sur tous les mouvements de ce dernier. Brave comme un lion, mais craint les revenants.
  • Colonel Albert Lee, cavalier, fils de sir Henry.
  • Colonel Markham Everard, neveu de sir Henry, rĂ©publicain, tĂŞte ronde, presbytĂ©rien. Probe, ferme. Vif, impatient, ardent, impĂ©tueux jusqu'Ă  la prĂ©cipitation. Parvient Ă  dissimuler ou mĂŞme Ă  dompter ce caractère violent, qui ressort lorsqu'il est fortement Ă©mu. Vigoureux, autoritaire, dĂ©terminĂ©. Naturellement franc et sans dĂ©tours. Pourtant, sir Henry lui reproche de savoir « faire des distinctions », d'ĂŞtre capable de se battre contre la prĂ©rogative royale sans avoir le moindre mauvais dessein contre la personne du roi. Et son ami Wildrake le raille pour avoir portĂ© les armes contre le roi « en toute affection et loyautĂ©[25] » Ă  l'Ă©gard de ce mĂŞme roi. Dans ce qu'Everard appelle son « honneur », Cromwell voit plutĂ´t une « humeur scrupuleuse[26] ».
Portrait ovale, en buste, en armure, heaume posé près de lui.
Le major-général Thomas Harrison.
  • Les trois lords commissaires du sĂ©questre :
    • Colonel John Desborough, personnage historique. RĂ©gicide. Beau-frère de Cromwell, independent. Stupide et indolent. « Fort comme un taureau et peureux comme un mouton. » Pillard insatiable.
    • Major-gĂ©nĂ©ral Thomas Harrison, personnage historique. Un des juges rĂ©gicides. Membre du club londonien de la Rota (en)[27]. Un des principaux chefs des fanatiques appelĂ©s hommes de la cinquième monarchie. Quand il n'est pas affectĂ© par cette « dĂ©mence partielle », il se montre « aussi habile dans les voies du monde que bon soldat » et ne laisse Ă©chapper aucune occasion d'amĂ©liorer sa fortune. Il se justifie en disant qu'« il faut que les saints aient les moyens de se procurer de bons harnais et des chevaux frais pour s'opposer aux profanes et aux impies ». Il est « un des hommes les plus cruels et les plus sanguinaires de l'armĂ©e de Cromwell » : on ne sait si sa folie est due Ă  son ancien mĂ©tier de boucher ou Ă  son fanatisme frĂ©nĂ©tique, qui lui fait regarder ceux qui s'opposent Ă  lui comme s'opposant Ă  la volontĂ© divine. Justifie toujours le massacre des fuyards ou des prisonniers par quelque fausse application de l'Écriture. Poursuivi par de sombres remords, qu'il masque adroitement de ses idĂ©es exaltĂ©es. Courageux, obstinĂ©, grossier, ignorant, prĂ©somptueux. Il se considère comme « le champion Ă©lu pour combattre et pour vaincre le grand dragon et la bĂŞte qui sortira de la mer ». C'est lui qui commandera « l'aile gauche et les deux rĂ©giments du centre lorsque les saints combattront les lĂ©gions innombrables de Gog et de Magog ».
    • Joshua Bletson. Il se montre bon orateur Ă  la Chambre des communes, dont il est membre pour le bourg de Littlefaith. MĂ©prisant, persuadĂ© de sa supĂ©rioritĂ©, mais sur le plan intellectuel seulement, car il n'a pas de courage physique. Traite cependant les autres de poltrons. Il frĂ©quente le club de la Rota. Froid sceptique. Esprit fort, philosophe athĂ©e, nĂ©anmoins superstitieux. Place la Bible sous son oreiller pour se dĂ©fendre des fantĂ´mes. RĂ©publicain sincère, mais peu disposĂ© Ă  devenir martyr pour autant : il est prĂŞt Ă  se soumettre Ă  Cromwell ou Ă  quiconque disposerait de l'autoritĂ©. N'admettant aucun des principes fondamentaux du christianisme, il est surveillĂ© par les Ă©piscopaux et par les presbytĂ©riens. Il se cache donc parmi les independents, qui prĂ´nent une absolue tolĂ©rance. Il se prĂ©tend dĂ©sintĂ©ressĂ©.
  • PhoebĂ© Mayflower, petite amie de Jocelyn Joliffe. Orpheline très attachĂ©e Ă  la famille Lee.
  • Capitaine Roger Wildrake, cavalier se faisant passer pour une tĂŞte ronde, ami de Markham Everard depuis l'universitĂ© et l'Ă©cole de droit. En dĂ©pit de sa liaison avec celui-ci, il reste fidèle Ă  ses principes politiques. Assez imprudent pour les afficher publiquement. A Ă©tĂ© capitaine dans la cavalerie lĂ©gère du colonel Thomas Lunsford (en), unitĂ© prĂ©tendument composĂ©e de « mangeurs d'enfants ». Sensible, gĂ©nĂ©reux, loyal, mais curieux, impatient, inconsidĂ©rĂ©, insouciant, dĂ©bauchĂ©. IndisciplinĂ©. S'attache peu Ă  la morale. IntrĂ©pide, mĂŞme si sa jactance peut en faire douter. Content de soi, effrontĂ©. Une gaietĂ© extravagante. Incapable de laisser les choses en l'Ă©tat, quand elles vont bien. Cherche en toute occasion Ă  argumenter et Ă  s'attirer une querelle.
  • Capitaine Gilbert Pearson, jeune aide de camp de Cromwell. D'une rude franchise : il parle en soldat plutĂ´t qu'en saint. Il ne sait ni prĂŞcher ni prier, mais il sait obĂ©ir aux ordres.
  • Louis Kerneguy, page d'Albert Lee. En rĂ©alitĂ©, le futur Charles II. Sagace, entreprenant, prudent, patient, courageux, rĂ©solu. Des connaissances militaires. Ni vaniteux ni rancunier. Affable. Pas prĂ©cisĂ©ment aimable, mais jovial. Spirituel et gai. De la verve satirique. ÉgoĂŻste, dissipĂ©. Une morale dĂ©pravĂ©e. Épicurien, il peut, au milieu des plus cruels embarras et des pires dangers, s'abandonner aux plaisirs du moment. Voluptueux de bonne humeur, mais Ă  cĹ“ur dur, sauf quand ses passions interviennent. Il manque de fermetĂ© pour leur rĂ©sister. Mais il n'est pas sujet Ă  de violents accès dĂ©vorants. Ses amours sont plutĂ´t une affaire d'habitudes et de mode que d'affection et de tendresse. Sceptique envers les deux sexes relativement Ă  la vertu.
  • Docteur Anthony Rochecliffe. Joseph Albany de son vrai nom. Ancien recteur anglican de la ville de Woodstock. Infatigable conspirateur. Sagace, vaniteux. IntrĂ©pide, entreprenant, beaucoup de ressource. Le danger et l'intrigue constituent son Ă©lĂ©ment naturel. Il se dit l'âme et le moteur de tous les complots tramĂ©s en faveur du roi depuis 1642. Quelquefois trop ardent Ă  pousser Ă  des actions dangereuses des personnes qui finissent pendues. PassionnĂ© de mĂ©canique.
  • Caporal Grâce-soit-ici Humgudgeon, un des prĂ©dicateurs des soldats de Cromwell.
  • Zorobabel Robins, vieux soldat expĂ©rimentĂ©, thĂ©ologien militaire, independent, vĂ©tĂ©ran des troupes de Cromwell. RĂ©pugne Ă  verser le sang inutilement.
  • Strickaltrhrow-le-MisĂ©ricordieux, vieil Écossais rigide, thĂ©ologien militaire, vĂ©tĂ©ran des troupes de Cromwell. Avide de sang : « Car il est Ă©crit : Maudit celui dont le glaive ne prend point part au carnage[28] ! »

Accueil

Le livre connaît un très grand succès. La réaction des critiques est mitigée. Ils soupçonnent Scott de n'écrire plus que pour l'argent — ou encore de déformer l'Histoire pour imposer ses vues politiques. Mais, dans la situation financière désastreuse où il se trouve, l'écrivain ne prête plus guère attention à l'avis des critiques. Il est heureux que le public se montre enthousiaste et que les ventes soient excellentes, en Angleterre comme en Écosse[4].

Traductions

Premières éditions en français

  • Woodstock ou le Cavalier : histoire du temps de Cromwell, annĂ©e 1651, trad. Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret, Paris, Gosselin, 1826, 4 vol. in-12[29].
  • Woodstock ou le Cavalier : histoire de l'annĂ©e 1651, trad. Albert MontĂ©mont, Paris, Armand-AubrĂ©e, 1830, in-8[29].
  • Woodstock, dans Ĺ’uvres complètes de Walter Scott, t. X-1, trad. Louis Vivien, Paris, Pourrat, 1838-1839[30].

Édition récente

Woodstock, coll. « Poche intérieur », trad. Defauconpret, Paris, Florent-Massot, 1994.

Adaptations

  • Le , on joue au théâtre de la Porte-Saint-Martin, Ă  Paris, Charles Stuart ou le Château de Woodstock, mĂ©lodrame en trois actes de FĂ©lix D. C. [F. de Coizy, Boirie et A. BĂ©raud], tirĂ© du roman de Scott. PubliĂ© Ă  Paris, Quoy, 1826[31].
  • Camille Roqueplan, Les Puritains d'Écosse, huile sur toile, MusĂ©e de la vie romantique, Paris. La scène reprĂ©sentĂ©e n’est pas dans le roman du mĂŞme nom. Il s'agit plus certainement de la première scène de Woodstock (qui se passe en Angleterre), oĂą Joseph Tomkins prend en chaire la place du rĂ©vĂ©rend Holdenough. Au premier plan figure un lĂ©vrier qui n'est pas non plus dans le roman Les Puritains d'Écosse, mais pourrait bien ĂŞtre Bevis.

Notes et références

  1. (en) « The Talisman (Tales of the Crusaders) », sur walterscott.lib.ed.ac.uk, (consulté le ).
  2. (en) « The Life of Napoleon Buonaparte », sur walterscott.lib.ed.ac.uk, (consulté le ).
  3. Walter Scott, Vie de NapolĂ©on Buonaparte : prĂ©cĂ©dĂ©e d'un tableau prĂ©liminaire de la RĂ©volution française, Paris,Treuttel et WĂĽrtz, Gosselin, 1827, 9 vol. in-8. Notice bibliographique FRBNF31339954, sur catalogue.bnf.fr (consultĂ© le ).
  4. (en) « Woodstock or The Cavalier », sur walterscott.lib.ed.ac.uk, (consulté le ).
  5. (en) Dan Morgan, James Narron, « The Panic of 1825 and the Most Fantastic Financial Swindle of All Time », sur libertystreeteconomics.newyorkfed.org, (consulté le ).
  6. (en) « Financial Hardship », sur walterscott.lib.ed.ac.uk, (consulté le ).
  7. Henri Suhamy, op. cit., p. 378 et 379.
  8. Henri Suhamy, Sir Walter Scott, Fallois, 1993, p. 375.
  9. C'est Markham Everard qui parle. Walter Scott, Woodstock, coll. « Poche intérieur », trad. Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret, Paris, Florent-Massot, 1994, p. 140.
  10. Henri Suhamy, op. cit., p. 376.
  11. Woodstock, Florent-Massot, 1994, Ă©d. cit., p. 110, 111 et 140.
  12. Woodstock, Florent-Massot, 1994, Ă©d. cit., p. 162.
  13. Walter Scott, « Introduction », Woodstock, Florent-Massot, 1994, éd. cit., p. 11-19. — (en) Camden Pelham, The Chronicles of Crime; or, The New Newgate Calendar, sur archive.org, Londres, Tegg, 1841, t. I, p. 405-408.
  14. Walter Scott, Woodstock ou le Cavalier : histoire de l'année mil six cent cinquante et un, sur archive.org, trad. Defauconpret, Paris, Furne, 1830, p. 8.
  15. Note d'Ă©diteur, dans Walter Scott, Woodstock ou le Cavalier, Furne, 1830, Ă©d. cit., p. 8, note 1.
  16. Famille du Saint-Amour, ou famille d'amour, ou famille de charité, ou ranters, secte fondée par David George de Delft, qui se prend pour le Messie. Les familistes se répartissent en différentes sectes : grindletoniens, familistes des montages, des vallées, de l'Ordre du collet, du troupeau épars… Il leur est permis de se conformer aux pratiques de toute secte dominante, et d'obéir aux ordres des autorités, quel que soit le péché commis en s'y soumettant. Woodstock, Florent-Massot, 1994, éd. cit., p. 405, note 1.
  17. Woodstock, Florent-Massot, 1994, Ă©d. cit., p. 415.
  18. Woodstock, Florent-Massot, 1994, Ă©d. cit., p. 411.
  19. Woodstock, Florent-Massot, 1994, Ă©d. cit., p. 407.
  20. Woodstock, Florent-Massot, 1994, Ă©d. cit., p. 409.
  21. Woodstock, Florent-Massot, 1994, Ă©d. cit., p. 412.
  22. Il ne devient lord Protecteur de la république qu'en 1653. Scott lui donne ce titre avec un peu d'avance : l'action du roman se passe en 1652. Woodstock, Florent-Massot, 1994, éd. cit., p. 28.
  23. Woodstock, Florent-Massot, 1994, Ă©d. cit., p. 121.
  24. Woodstock, Florent-Massot, 1994, Ă©d. cit., p. 120.
  25. Woodstock, Florent-Massot, 1994, Ă©d. cit., p. 141.
  26. Woodstock, Florent-Massot, 1994, Ă©d. cit., p. 430.
  27. Woodstock, Florent-Massot, 1994, Ă©d. cit., p. 52.
  28. Woodstock, Florent-Massot, 1994, Ă©d. cit., p. 492.
  29. Joseph-Marie Quérard, La France littéraire ou Dictionnaire bibliographique des savants, historiens, et gens de lettres de la France, sur books.google.fr, Firmin Didot, 1836, t. VIII, p. 572 (consulté le ).
  30. sur catalogue.bnf.fr (consulté le ).
  31. Notice bibliographique FRBNF31339889, sur catalogue.bnf.fr (consulté le ).

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