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William Gilpin (gouverneur)

William Gilpin ( - ) était un explorateur américain du XIXe siècle, homme politique, spéculateur foncier et écrivain futuriste sur l'Ouest américain. Il servit en tant qu'officier dans l'armée des États-Unis pendant plusieurs guerres. Il accompagna par ailleurs John C. Frémont lors de sa deuxième expédition dans l'Ouest et joua un rôle déterminant dans la formation du gouvernement du territoire de l'Oregon. Homme politique et écrivain, il était un adepte invétéré de la Destinée manifeste et un relais visionnaire de la nouvelle implantation dans l'Ouest, contribuant à jeter les bases de ses écrits pour une théorie moderne de la succession des civilisations.

William Gilpin
Fonction
Gouverneur du Territoire du Colorado
-
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  80 ans)
Denver
SĂ©pulture
Mount Olivet Cemetery (en)
Nationalité
Formation
Activités
signature de William Gilpin (gouverneur)
Signature

Gilpin fut le premier gouverneur du territoire du Colorado. Son administration fut absorbée en grande partie par la défense du nouveau territoire au début de la guerre de Sécession et fut mise à mal au bout d'un an seulement après la mise à jour de malversations financières. À l'issue de sa carrière politique, il fit fortune en tant que spéculateur foncier au Nouveau-Mexique, bien que ses transactions furent douteuses et sans doute illégales.

Jeunesse

Gilpin est né près de Philadelphie, en Pennsylvanie[1]. Il est le fils de Joshua Gilpin, marchand et fabricant de papier. Il est né dans une riche famille de quakers et fut instruit par des tuteurs privés. Il étudia en Angleterre pendant deux ans avant de fréquenter l'Université de Pennsylvanie, où il obtint son diplôme en 1833. Il suivit la scolarité de West Point de 1834 à 1835, mais ne fut pas diplômé.

En , il fut commissionné en tant que sous-lieutenant au 2e régiment de dragons et servit au cours des guerres séminoles. Il a également servi comme recruteur dans le Missouri. Là, il fut attiré par les opportunités à la zone frontalière et par la perspective d'une expansion de la nation vers l'ouest. Après avoir démissionné en , il s'installa à Saint-Louis, Missouri, où il devint rédacteur en chef d'un journal et ouvrit un cabinet d'avocats. Après trois années à Saint-Louis, il traversa l'État pour se rendre dans la ville d'Independence, où il rencontra des migrants sur le point de s'embarquer sur la piste de l'Oregon.

Nord-ouest pacifique

En 1843, il rencontra John C. Frémont le long de la piste de Santa Fe et s'embarqua avec lui vers l'ouest dans son expédition pour trouver un itinéraire afin de franchir la ligne de partage des eaux. En traversant la région du Colorado actuel, il trouva des preuves de la présence d'or dans les placers. Mais ces informations ne furent pas utilisées pendant au moins une décennie. Lorsque le groupe atteint Walla Walla dans le territoire de l'Oregon, Gilpin continua seul vers l'ouest, tandis que Frémont se rendit en Californie. À l'époque, les États-Unis et le Royaume-Uni administraient conjointement la région de l'Oregon, mais dans les faits, il était contrôlé par la Compagnie de la Baie d'Hudson à Fort Vancouver.

Gilpin s’installa au sein de la communautĂ© grandissante de colons amĂ©ricains de la vallĂ©e de la Willamette et participa activement Ă  l’organisation d’un gouvernement provisoire. Lors de la convention historique Ă  Champoeg, il aida Ă  rĂ©diger une pĂ©tition demandant le soutien du gouvernement provisoire du Congrès des États-Unis. Gilpin lui-mĂŞme fut chargĂ© de porter la pĂ©tition dans les territoires de l'est. De retour dans le Missouri, il contribua Ă  faire connaĂ®tre la rĂ©gion Nord-Ouest Pacifique et attisa la « fièvre de l'Oregon Â». Il remit la pĂ©tition au Congrès en 1845, puis Ă©crivit des mĂ©moires de ses voyages dans le nord-ouest du Pacifique pour souligner le potentiel commercial et de colonisation.

La région aurifère du Centre

En 1846, au cours de la guerre américano-mexicaine, il fut nommé commandant du 1er régiment d'infanterie à cheval du Missouri et se rendit à Chihuahua pour mener à bien une campagne sans effusion de sang visant à conquérir le Nouveau-Mexique. Son action brillante fut reconnue et il reçut plus tard le commandement d'un bataillon d'infanterie à cheval pour protéger la piste de Santa Fe contre les attaques des Amérindiens. Gilpin fut également impliqué dans le désastre de Fort Mann, juste à l'ouest de l'actuelle Dodge City, Kansas. L'homme que Gilpin désigna comme responsable du poste provoqua des ravages et Gilpin tenta de remédier aux incidents provoqués[2].

Après la fin de la guerre, en 1848, il revint dans le Missouri et reprit sa pratique du droit. Il tenta également sans succès une carrière politique dans cet État. En 1859, les premières intuitions de Gilpin au sujet de l'or du Colorado s'avérèrent correctes et la région devint soudainement la cible de milliers de prospecteurs enthousiastes et pleins d'espoir au cours de la ruée vers l'or du Colorado qui s'ensuivit.

Cette année-là, Gilpin publia une histoire futuriste de la région intitulée The Central Gold Region, dans laquelle il écrivait : « Le destin du peuple américain est de soumettre le continent ». Dans ce livre, il prédit que la vallée du Mississippi deviendra le centre de la civilisation occidentale avec la nouvelle colonie de Denver comme capitale, basée en partie sur son emplacement à proximité du 40e parallèle nord. Il prévoyait aussi que toutes les grandes villes du monde situées le long de cette latitude seraient finalement reliées par des lignes de chemin de fer et proposait une ligne de chemin de fer sur le détroit de Béring reliant l'Amérique du Nord à l'Asie.

Tout au long de sa carrière politique, Gilpin fut fermement convaincu que l’Ouest amĂ©ricain serait non seulement conquis mais qu’il finirait par avoir une population très nombreuse. Il Ă©tait un fervent partisan de la thĂ©orie climatologique de « la pluie suivant la charrue Â», qui fut dĂ©mystifiĂ©e. Selon cette thĂ©orie, la colonisation dans les terres arides de l’Ouest augmenterait les prĂ©cipitations dans la rĂ©gion, la rendant aussi fertile et verte que l’Est des États-Unis.

Gouverneur du Colorado

Au début des années 1860, la crise au Kansas incita Gilpin à rejoindre le parti républicain, le mettant ainsi en désaccord avec de nombreux citoyens du Missouri. Son alignement politique avec le nouveau gouvernement du président américain Abraham Lincoln fut récompensé en 1861 lorsque ce dernier le nomma gouverneur du nouveau territoire du Colorado. Son choix par rapport au favori local William Larimer surprit beaucoup de gens et fut motivé en partie par le fait que Gilpin était soutenu par le gouverneur du Missouri, un État esclavagiste que Lincoln souhaitait conserver au sein de l'Union.

Le registre officiel du gouvernement des États-Unis pour 1861 indique que Gilpin Ă©tait Ă  la fois gouverneur du Colorado (avec un salaire de 1 500 dollars par an) et gouverneur et surintendant d'office de la superintendance du bureau indien du Colorado (2 500 dollars par an)[3].

Guerre de SĂ©cession

Le gouverneur Gilpin quitta le Missouri et arriva à Denver le , sous les acclamations de la foule[4]. Malgré cet accueil chaleureux, son administration fut en butte à des difficultés dès le début. Le territoire avait été créé et organisé au début de la guerre civile et faisait face à un ensemble complexe de menaces, notamment de la part des sympathisants confédérés sur son territoire. À cela s'ajoutaient la possibilité d'une invasion confédérée venue de l'extérieur et des tensions avec les Amérindiens (en particulier les Arapahos et les Cheyennes) à la suite du retrait des troupes de l'armée américaine dans la région pour d'autres affectations.

Les menaces imminentes auxquelles le territoire Ă©tait exposĂ© incitèrent Gilpin Ă  agir rapidement sans autorisation du gouvernement fĂ©dĂ©ral. Il nomma un Ă©tat-major de l'armĂ©e territoriale et, malgrĂ© le fait qu'il ne disposait pas de fonds affectĂ©s Ă  des fins militaires, il commença Ă  lever des troupes. Sans fonds, il eut l'audace de distribuer 375 000 $ de traites sur le trĂ©sor fĂ©dĂ©ral, dans l'espoir que le gouvernement fĂ©dĂ©ral les honorerait plus tard. Il affirma par la suite qu'il avait reçu une autorisation verbale de Lincoln pour ces projets avant son dĂ©part pour le Colorado.

Au dĂ©but, la plupart des marchands et des citoyens du territoire Ă©taient disposĂ©s Ă  soutenir la campagne de levĂ©e de fonds de Gilpin. Mais des doutes commencèrent Ă  poindre au travers du territoire après que des rumeurs firent Ă©tat du fait que le gouvernement fĂ©dĂ©ral n'avait pas l'intention d'assumer ces traites. Ă€ l'Ă©tĂ© 1861, beaucoup de citoyens du territoire Ă©taient en colère et des pĂ©titions furent lancĂ©es pour demander la destitution de Gilpin. Le mouvement contre lui fut alimentĂ© par la colère de William N. Byers, puissant rĂ©dacteur en chef du Rocky Mountain News, dont le journal avait Ă©tĂ© ignorĂ© au profit d’un rival lors de l’attribution du contrat d’imprimerie de l'État. AttaquĂ© dans son propre État, Gilpin se rendit Ă  Washington pour plaider sa cause en faveur de la validation des projets. En dĂ©pit de la controverse, les fonds dĂ©jĂ  recueillis grâce aux traitĂ©es imprimĂ©es permirent la crĂ©ation du 1er rĂ©giment de volontaires du Colorado, largement ridiculisĂ© sous le nom de « Gilpin's Pet Lambs Â» (« les agneaux de compagnie de Gilpin Â»). Le rĂ©giment se forma et s'entraĂ®na pendant l'Ă©tĂ© et l'automne 1861 au camp Weld, près de Denver.

La crĂ©ation et l’entraĂ®nement du rĂ©giment se rĂ©vĂ©lèrent très utiles lorsque les ConfĂ©dĂ©rĂ©s lancèrent une invasion vers le nord Ă  travers le territoire du Nouveau-Mexique au printemps 1862. L'invasion, appelĂ©e aujourd'hui campagne du Nouveau-Mexique, visait Ă  s'emparer du Colorado, riche en minĂ©raux, et Ă©ventuellement de la Californie. Le 1er rĂ©giment des volontaires du Colorado joua un rĂ´le crucial dans la lutte contre les confĂ©dĂ©rĂ©s, dĂ©faisant les Texans au cours de la bataille de Glorieta Pass, connue sous le nom de « Gettysburg de l'Ouest Â».

Malgré l'énorme succès du régiment, le territoire était embourbé dans des problèmes financiers causés par les projets de loi de Gilpin, qui avaient immobilisé la majeure partie des fonds en circulation sans aucune aucune anticipation. Finalement, le Trésor fédéral régla les traites sur présentation des justificatifs de leurs détenteurs. La résolution arriva trop tard pour Gilpin. Le , Lincoln le destitua du poste de gouverneur du territoire et le remplaça par John Evans[5].

La concession foncière Sangre de Cristo

En 1863, Gilpin et un syndicat d’investisseurs Ă©trangers rachètent la concession foncière de Charles H. Beaubien qui faisait 1 038 196 acres (4 201,43 km2). Cette concession fut souvent appelĂ©e concession de terres Sangre de Cristo sur les versants est des montagnes au sud-est du Colorado. L'acquisition se fit au prix d'environ 4 cents l’acre (41 000 $). Gilpin et ses investisseurs tentèrent ensuite d'expulser les rĂ©sidents de la propriĂ©tĂ©. Les litiges sur la propriĂ©tĂ© continuent encore Ă  ce jour. Il Ă©tait Ă©galement l'un des premiers propriĂ©taires de la subvention no 4 Luis Maria Baca[6].

Il mourut en 1894 à Denver, Colorado, après avoir été renversé par un cheval et un buggy. Il fut enterré au cimetière Mount Olivet (Wheat Ridge) dans le comté de Jefferson, au Colorado .

Notes et références

  1. « William Gilpin », Colorado State Archives (consulté le )
  2. Site de recherche de la piste de Santa Fe, Ă  l'adresse http://santafetrailresearch.com/research/fort-mann-ra-white.html
  3. Register of Officers and Agents, Civil, Military, and Naval, in the Service of the United States on the Thirtieth September, 1861 (Washington, DC: Imprimerie gouvernementale, 1862), p. 14, 87.
  4. J.E. Wharton and D.O. Wilhelm, « History of Denver with a Full and Complete Business Directory », Leona L. Gustafson, (consulté le )
  5. Rocky Mountain News du 20 mai 1862 et Rocky Mountain News du 21 mai 1862.
  6. Les concessions de terrains entre l'Espagne et le Mexique: Une brève introduction - colorado.gov - Récupérée le 6 mars 2008

Voir Ă©galement

Articles connexes

Liens externes

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